Chapitre 5 : Un réveil difficile

Natsu, debout...

Pas de réponse. Aucun mouvement, même pas l'ombre d'une grimace... Le réveil sonnait déjà depuis un bon quart d'heure, pourtant !

Natsu ! hurla excédé Rakheid, en lui balançant son oreiller sur la tête. Lève-toi !

Laisse-moi dormir... ronchonna la voix toute endormie du rosé qui venait de rattraper d'une seule main le coussin sans même avoir ouvert les yeux.

Il s'en saisit, le tamponna et le cala sous sa tête avant de retomber dans les vapes.

Bordel ! Natsu ! DEBOUT !

Non... je dors... répondit le cadet en se pelotonnant dans son lit.

C'est les Sélections aujourd'hui, rappelle-toi ! gronda l'ainé.

M'en fous...

Naaaaaatsuuuu !!! hurla Rakheid excédé.

Ça sert à rien. Inutile! C'est un piège, une blague à la con... Dormir, j'en ai besoin. Je suis crevé. 

À ces mots, Natsu tourna le dos à son frère et retomba immédiatement dans un profond sommeil. Rakheid avait dormi moins d'une heure, mais cette sonnerie était si forte qu'il lui était impossible d'en faire abstraction. Pire qu'un avertisseur militaire ! Personne ne pouvait y résister, hormis ce diablotin de Natsu !

Il se leva et jeta un regard attendri sur son petit frère. Le réveiller avait toujours été une tâche ardue. À la maison, tout le monde en avait abandonné l'idée; s'il était en retard, tant pis pour lui ! Mais aujourd'hui, il ne pouvait pas se le permettre. L'enjeu était trop important.

Rakheid espérait que ces Sélections fassent éclater au grand jour le talent de son cadet. Natsu le méritait. Rakheid pourrait ainsi cesser de culpabiliser. Son cadet avait renoncé à tout pour le sauver. Pourtant, c'était à lui de le protéger, c'était lui l'ainé, le capitaine !

Il s'approcha du lit et se saisit à toute vitesse de la couette, avant que le rosé ne s'en empare. C'était tout un savoir-faire acquis par une longue expérience. Natsu avait des réflexes qui dépassaient l'entendement. Le plus jeune des Dragnir d'un bond sauta sur son lit, debout, les yeux envoyant des éclairs :

Rends-la-moi tout de suite ! hurla-t-il prêt à en découdre.

Super ! Tu es déjà debout, sourit Rakheid, pas du tout impressionné. Allez, on y va !

Le garçon aux cheveux roses se laissa retomber sur son lit en se frottant les yeux :

Rak', ça sert à rien. J'y vais pas.

Non, répondit le plus âgé.

Natsu souffla.

Vu ta tête, t'as même pas dormi, alors laisse tomber !

Natsu... l'avertit Rakheid d'une voix menaçante.

On le sait tous les deux que ça sert à rien, reprit le rosé la mine renfrognée. Je ne serai jamais recruté. Cette convocation, c'est une erreur. C'est le seul moyen que la Fédération a trouvé pour me faire payer mon sit-in ! -Il marqua une pause, se frotta encore les yeux et reprit d'une voix glaciale-  Et si je me trompe, on sait tous les deux ce qui se passera quand le vieux sera là... Franchement, j'ai pas envie d'endurer encore ça !

Écoute, Natsu ! l'interpella Rakheid passablement énervé. Fallait pas venir ici si tu étais sûr que c'était une erreur ! Tu as fait le trajet tout seul sur ton scooter sans prévenir personne. Je n'ose même pas imaginer le nombre d'heures que tu as mis pour faire ces trois cents kilomètres ! Tu es venu, alors maintenant, tu assumes ! Tu te lèves et tu y vas !

Je n'ai pas envie de me faire jeter... marmonna le cadet d'une petite voix en regardant le sol.

Il s'était assis en tailleur sur son lit, à la manière d'un Indien dans son tipi. Pour une fois, aucun sourire ne s'étendait sur son visage, ni aucune malice. Il était parfaitement sérieux, c'était rare, terriblement rare. Rakheid savait que son petit frère était ému. Natsu, pour une fois, n'avait rien du gamin téméraire qui fonçait tête baissée en cherchant par n'importe quel moyen à se divertir. Le vrai Natsu était devant lui, celui capable de résoudre n'importe quel problème, celui bien plus mâture que son âge, celui qui ne savait pas dissimuler ses blessures...

Mon frère a peur, c'est historique ! se moqua l'ainé, camouflant sa peine sous un masque joyeux.

Il n'aimait pas voir cette lueur mesurée et réfléchie dans le regard de son petit frère. Ça lui rappelait de trop mauvais souvenirs. Natsu devait rester ce garçon à l'esprit libre que rien n'arrêtait. Et c'était son travail à lui, son grand frère, de lui rendre cette insouciance et cette liberté, qu'il avait perdues depuis un an.

J'ai pas peur, j'ai juste pas envie, répondit le rosé en croisant les bras d'un air enfantin et boudeur.

Craindre de se faire humilier, ça s'appelle de la peur, Natsu... renchérit le plus âgé des Dragnir en faisant face à son petit frère.

Le cadet cligna plusieurs fois des yeux en réfléchissant.

OK... J'ai compris, grogna-t-il. J'y vais. Rendors-toi. Moi, j'ai peur de rien... mais... argh ! J'ai quand même vachement envie de dormir !

Tu rigoles, j'espère ! s'exclama Rakheid. Je n'ai pas fait toute cette route à te courir après pour me la couler douce et ne pas admirer tes prouesses ! Je t'accompagne évidemment !

***

Natsu se plaignit tout le trajet. Il n'arrêta sa complainte que lorsqu'ils arrivèrent devant les portes du centre des Sélections.

C'est super grand ! ne purent s'empêcher de dire les deux frères.

Ils étaient à peine en retard et c'était une prouesse : presser Natsu n'était pas donné à tout le monde. Malheureusement, les grilles étaient déjà fermées. Le rosé avança et toucha le portail en ricanant :

Je suis venu, j'ai vu et j'ai tenté! gloussa-t-il. C'est fermé, tu vois ? Il est trop tard. -Il fit demi-tour- Je retourne me coucher, bâilla-t-il.

Rakheid soupira en secouant la tête. Son frère était vraiment un sombre idiot doublé d'un gamin terriblement têtu. S'il croyait s'en sortir comme ça ! Il prit sur lui, avança jusqu'au portail et sonna. La lourde grille s'ouvrit immédiatement. Natsu s'immobilisa à quelques mètres, sans se retourner et maugréa, trop doucement pour que son frère ne reconnaisse le juron employé.

Un petit homme aux cheveux noirs et à la fine moustache grise fit son apparition :

C'est pour ? demanda-t-il.

On vient pour les Sélections, répondit Rakheid, voyant son petit frère toujours immobile, qui restait le dos tourné.

Il ne pouvait l'en blâmer. S'il s'avérait que cette convocation était fausse, Natsu aurait du mal à s'en remettre. Il ne l'avouerait jamais, mais son rêve était d'être recruté en dépit de ce qu'il avait été. Tête de mule comme il était, il refuserait toujours de se servir de son fichu passé !

Votre convocation ? demanda le gardien.

Natsu se raidit. Comment avait-il pu être aussi bête? Cette convocation, ce bout de papier reçu il y a plus d'un mois, il l'avait laissé sous son lit par crainte que leur père ne tombe dessus.

No stress, murmura Rakheid voyant la tension envahir son jeune frère, tout en tendant le fameux sésame.

Tu l'as récupérée ? souffla le rosé stupéfait.

Je te connais par cœur Natsu... Quand j'ai vu que tu étais parti, je suis immédiatement allé la chercher.

Merci, mon frère !, répondit Natsu ému en se tournant à moitié vers son frère.

Bon... Dragnir... Dragnir, chercha le gardien pendant ce temps sur sa liste.

Les deux frères se figèrent. L'heure de vérité n'allait pas tarder à sonner.

Dragnir Natsu, reprit le petit homme. Vous êtes le dernier de ma liste... Vous pouvez entrer !

Toute la pression accumulée à l'intérieur du garçon aux cheveux roses depuis la réception de cette lettre s'évanouit d'un seul coup. Il se retourna, un gigantesque sourire collé aux lèvres. Rakheid l'observa attentivement, il lui parut soudain plus grand, plus fort, plus sûr de lui... Comme le Natsu d'avant ! Il lui avait manqué !

Dépêchez-vous ! Vous êtes en retard, pressa le gardien.

Je peux l'accompagner ? demanda Rakheid.

Seuls les entraineurs sont autorisés à rentrer ce matin, récita le maitre du portail. Quelle équipe ?

Je... Je n'en ai pas, répondit Natsu.

Le petit homme eut du mal à cacher sa surprise. Il reprit à toute allure son registre :

«Dragnir Natsu... ville : Hargéon... équipe : néant !». Il écarquilla les yeux.

Je confirme, vous êtes bien sur la liste, un joueur sans équipe, je n'ai jamais vu ça. Vous, vous êtes qui ? demanda-t-il à Rakheid.

Son frère, répondit simplement l'ainé.

Le gardien pesta contre la mauvaise organisation, sur le fait qu'il n'avait pas été prévenu, qu'il n'aimait pas à avoir à décider et sur d'autres sujets que les deux frères ne prirent pas le temps d'écouter.

Entrez tous les deux... Si on vous le demande, dites que vous êtes son coach. Rendez-vous dans le premier gymnase, la cérémonie d'intronisation a déjà commencé. Heureusement, en suivant l'ordre de passage, vous serez les derniers à passer. Asseyez-vous dans les gradins et attendez d'être appelés. Bonne chance jeune homme, un joueur sans équipe... j'espère que vous n'aurez pas de problème !

Il referma la grille, pendant que Natsu soufflait tout l'air de ses poumons.

C'est parti, déclara Rakheid.

Je m'enflamme, renchérit Natsu.

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