Chapitre 43 : Tic-tac... L'heure de grâce
- Danse pour moi s'il te plait... murmura Natsu d'une voix suave.
La jeune fille déglutit. Elle accepta. Pour lui, elle le ferait.
Occultant le reste du monde, les deux adolescents se rendirent avec calme au centre du terrain.
Natsu pressa la main de sa belle tout au long du trajet, ne pouvant empêcher son pouce de caresser sa peau douce. C'était sa façon à lui de l'encourager, sa façon à lui de la rassurer. Il savait que pour la blondinette, danser devant tout ce monde n'était pas chose aisée.
Il se souvenait de ce qu'elle lui avait raconté : pendant des années, elle avait vécu recluse chez son père. Il n'aurait jamais imaginé qu'elle allait se laisser convaincre aussi facilement. Cependant, la danse, elle l'avait dans la peau, elle ne pouvait le nier. Dès qu'il l'avait croisée, chevauchant son tape-cul, il l'avait ressenti. Il avait hâte de pouvoir l'admirer.
Elle allait danser, danser pour lui... Son cœur tressauta, il resserra sa prise.
Il était touché. Qu'elle accepte... pour lui ! Il inspira, son cœur tambourinant à grands coups dans sa cage thoracique.
Aussitôt, un léger vertige secoua sa nuque. Il s'en voulut. Lucy devait être terrifiée ! Il s'arrêta.
- Lucy, je ne veux te forcer à rien... Ne le fais pas, si tu ne le sens pas ! dit-il tout doucement.
Il la fit rouler dans ses bras et se plaça en face d'elle. Il sonda son regard, approchant ses yeux au plus près des siens. Ce qu'il y vit le fit tressaillir. La jeune fille montrait un visage calme, concentré... et excité ! Le souffle court, il recula d'un pas et la relâcha, le désir gonflant dans ses veines.
Perplexe, Lucy releva lentement ses iris chocolat. Natsu recula encore, une étrange émotion au creux du ventre.
- Ne t'en fais pas, rétorqua-t-elle se méprenant sur sa réaction. Tu avais raison. C'est à moi de prendre en main mon destin. Danser, c'est vrai, j'adore ça ! Il me tarde... il me tarde de pouvoir m'élancer.
Sans réussir à se contrôler, le rosé amena sa main le long de la joue de la blonde, chère à son cœur, et la fit glisser lentement contre son visage.
Lucy, le cœur battant, ferma les yeux et vint se blottir contre sa paume.
- Je te regarderai, souffla-t-il en plongeant ses yeux dans les siens. Je ne raterai pas une miette. Mais... Son rire retentit légèrement rauque, légèrement embarrassé. Ne compte pas sur moi pour te rejoindre ! À part la danse des canards, j'y connais rien.
- Ça m'étonnerait ! s'exclama la jeune Heartfilia en riant. S'il le faut, je te donnerai des cours particuliers !
Elle se hasarda à terminer ses propos par un clin d'œil coquin. Les yeux de Natsu s'illuminèrent avant que des images plus que lascives ne se dessinent dans sa tête. Il ricana bêtement en se grattant le haut du crâne, en même temps que Lucy réalisait un peu tard quel sous-entendu il avait pu percevoir.
Les adolescents rirent de concert, quelque peu désorientés, puis reprirent leur avancée main dans la main.
Deux pas plus loin, les voilà arrivés, les yeux pétillants, le corps frémissant devant l'adrénaline qui n'allait pas tarder à les submerger. Il était l'heure de se séparer. Le rosé lâcha la main de Lucy à contrecœur, non sans lui avoir au préalable passé délicatement un bras dans le dos dans une caresse qui la fit une nouvelle fois frémir.
- Ça va bien se passer, murmura-t-il en effleurant ses cheveux du bout des lèvres. Je serai tout près.
- Pour toi... Je danserai pour toi ! répondit la jeune fille les yeux brillants.
- Je marquerai pour toi, souffla-t-il.
Et, ils se séparèrent. Elle, allant au-devant de la ligne des pom-pom-girls. Lui, rejoignant l'attroupement des cinq joueurs.
Lucy prit une profonde inspiration. Natsu venait de lui insuffler la dose de courage, dont elle avait besoin. Il lui avait montré le culot que chacun devait employer. Danser... Elle le souhaitait. Elle avait peur, mais elle tiendrait. Pour lui... Elle en était capable. Oser se faire confiance. Oser se placer à la vue de tous. Elle était prête.
Elle ferma les yeux.
Imaginer qu'elle était seule, chez elle, avec comme unique spectateur ses ours en peluche et ses poupées.
Elle souffla.
La première note retentit. Les premières paroles «First I was afraid...»
Lucy lâcha prise. La musique l'emporta, elle se laissa couler au milieu des flots, noyer sous les mots célébrés par la chanteuse. Elle se déhancha, ondula, tournoya. Derrière, les pom-pom-girls suivirent ses gestes, avec grâce et sens du spectacle. Bientôt, la foule se déhancha elle aussi. C'était un ballet... un ballet féerique !
Natsu fut incapable de prononcer un mot, incapable de quitter des yeux l'âme chaloupant devant lui. Il avait prévu d'utiliser ce temps pour expliquer son nouveau défi. Peine perdue ! Voir Lucy évoluer sur la piste, les yeux mi-clos, les muscles en tension, les cheveux gravitant autour d'elle...
Il ne voyait qu'elle. Son rythme cardiaque s'accorda sur le sien. Il s'humidifia les lèvres. Une douce pression naquit dans son bas-ventre. Lucy... Elle était incroyable. Sur le point de suffoquer, il enregistra, il enregistra chaque détail, chaque courbure, chaque inspiration : ses pieds glissant sur le parquet, ses bras ondulants, ses jambes vibrant la cadence. Belle... belle à couper le souffle !
- Natsu ! tempêta Grey en claquant plusieurs fois ses doigts sous le nez du joueur d'Hargéon. Concentre-toi !
- Plus tard, marmonna le rosé.
Rien... rien ne pouvait justifier qu'il s'en détache ! Jouer au basket n'était rien par rapport à ce spectacle !
Les garçons à côté de lui gloussèrent. Il n'en avait rien à faire. Pas une seconde, il ne voulait rater ! Imprimer. Imprimer toute cette grâce pour un jour s'en rappeler.
Alors, les dernières notes retentirent. Lucy figea son corps et se força à se redresser. Sa tension était à son comble. Les spectateurs avaient-ils aimé ? Elle n'en avait aucune idée. L'angoisse la souleva, la souleva jusqu'à ce qu'un tonnerre d'applaudissements retentisse tout autour d'elle. Figée, n'y croyant pas ses yeux, elle tourna la tête vers le rosé. Il la couvait du regard, un sourire resplendissant, il l'applaudit, il s'avança, se saisit de sa main et murmura le cœur battant :
«Un ange... C'était magnifique Lucy !».
Puis, dans la seconde, il fit marche arrière, la laissant face à son public, la laissant vivre son premier triomphe, sa première émotion aussi intense, son moment à elle.
Il retourna vers les autres et expliqua sa strat'. Minerva en profita pour reprendre la main sur les événements et se trémoussa au son d'une musique endiablée. Quant à Lucy, elle ne fut pas en reste. Aussitôt sa prestation terminée, Zeleph vint la féliciter et l'amena auprès du Roi, qui voulait lui être présenté. Natsu observa la scène du coin de l'œil, d'abord inquiet, puis très vite rassuré.
- Natsu ! s'écria Grey particulièrement agacé. Tu nous écoutes ? Je ne comprends rien à ce que tu dis !
- Euh... moi non plus ! s'excusa Dobengal.
Lyon, lui, était hilare :
- Oh lâchez-lui la grappe ! Vous voyez bien que notre cher Dragnir est en train de vivre son premier émoi amoureux !
- Ta gueule ! fulmina Natsu en riant malgré tout du bout des lèvres. Désolé, j'avoue, je ne suis pas concentré. Elle danse bien.
- Qui ? se moqua Lyon. La brune?
- Lucy ! se précipita le rosé avant de comprendre le piège tendu par le joueur de Lamia Scale. Oui. Bah, comme ça... c'est plus un secret pour personne. Interdiction de l'approcher !
- On avait déjà compris au déjeuner vu la manière dont tu as rembarré Loki, s'esclaffa Lyon plié en deux.
Natsu esquissa un petit sourire désolé.
- Cacher mes émotions... C'est pas mon fort ! -Il secoua la tête pour se rafraîchir les idées. Son regard se durcit ; avec sérieux, il poussa sur ses jambes et pinça des lèvres- Bref ! Les gars, je répète et c'est la dernière fois ! Voilà ce qu'on va faire...
Ses ordres donnés, les cinq garçons écarquillèrent des yeux.
- Ça ne marchera jamais ! fulmina Dobengal. Natsu, tu perds pied !
- Ça matchera, fais-moi confiance ! répondit Natsu un grand sourire aux lèvres.
- Tu n'as jamais tenté ça, pourquoi orchestrer une figure que tu ne maitrises pas ? rugit le futur joueur clandestin.
- C'est plus fun ! répondit simplement le rosé en haussant des épaules.
Le joueur de Sabor Tooth fronça les sourcils. La Salamandre avait tellement de cordes à son arc. Pourquoi tenter un truc nouveau ? Un truc que personne n'avait jamais entrepris, un truc qui n'avait aucune chance de passer ?
- C'est quoi l'intérêt de faire quelque chose qu'on est sûr de réussir ? s'enquit le jeune Dragnir d'un air décidé.
- Mais... ! s'écria Dobengal, halluciné d'être le seul à oser lui dire que ce qu'il envisageait était beaucoup trop risqué. C'est le propre d'une représentation ! On réalise ce qu'on maitrise !
- Ah bon ?
Ce fut la seule réponse de Natsu...
Les joueurs à ses côtés l'observèrent stupéfaits.
- J'abandonne, ronchonna Dobengal dépité. Je ferai comme tu as dit.
Les autres se tournèrent vers Grey. Si lui ne suivait pas, personne ne suivrait. Le brun prit deux minutes de réflexion.
- Tu te prends pour le maitre de la gravité ? demanda-t-il moqueur. Rassure-moi, ton cerveau s'est remis à fonctionner ? J'ose espérer que tu ne fais pas ça juste pour épater cette fille.
Natsu le coupa.
- Cette fille a un nom et c'est Lucy ! bougonna-t-il. Et oui, pas de souci, j'ai toute ma tête ! Je suis sûr que ça peut le faire. Pas à 100 %, c'est vrai ! Il gloussa. Cela dit, prendre aucun risque, je ne vois pas l'intérêt. Il plissa la bouche et souda son regard au panier le plus proche. Sincèrement, faites-moi confiance, si ça marche, vous rentrerez dans les annales !
- Parfait pour épater la galerie... songea Grey à haute voix. Entrer dans les annales... -Il hésita, un peu, presque pas- Après tout, pourquoi pas ? Grey n'était pas flamboyant, c'était sa faille, il le savait. S'il devait faire partie des légendes, il fallait qu'il apprenne à marquer les esprits. Il prit une profonde inspiration. On tente, reprit-il décidé. Par contre, c'est toi... c'est toi qui frapperas le dernier ballon.
- Non ! riposta Natsu sèchement. Tu y arriveras !
- C'est toi ou on ne le fait pas ! Je ne négocierai pas ! trancha Grey.
Natsu déglutit difficilement. Il ne voulait pas prendre toute la lumière, il préférait la partager.
- Soit... répondit-il glacial. Vous attendez mon signal, puis on enchaine !
Il prit une profonde inspiration et se tourna vers Lucy. Une nouvelle fois, il laissa son regard glisser sur son corps. Elle avait pris place dans la tribune présidentielle. Décidément, le Roi ne cesserait de le surprendre. Les pom-pom-girls avaient bientôt fini. Dans une ou deux minutes, ce serait à eux de jouer.
Natsu fit rouler ses épaules, afin de diminuer la tension qui commençait sérieusement à s'y accumuler. Après ce dernier coup d'éclat, des dizaines de longueurs de piscine allaient être nécessaire pour dénouer ses muscles ; sinon demain, son bras risquait d'être paralysé. Il pouffa : un bon bain, il en rêvait. Il sautilla gaiement et s'empara d'un ballon. En place !
Les gars étaient prêts, en arc de cercle, à bonne distance du panier. La scène en tête. Tous les détails étaient réglés.
Natsu ricana fier de lui.
Jouer avec la gravité... Grey n'avait pas tort ! Il se savait sacrément culotté d'envisager un tel scénario. Pas sûr... vraiment pas sûr que ça passe ! Avec un peu de chance peut-être. Avec un brin de folie aussi.
Natsu gloussa une dernière fois, puis ses yeux devinrent de plus en plus opaques, sa mine de plus en plus sérieuse. Au loin, il entendit les dernières notes. Des applaudissements. Il ferma les yeux.
Concentration. Vitesse. Tempo.
Ses yeux s'ouvrirent en grand, en très grand. Ses pupilles se dilatèrent au maximum. À pas lents, dans un silence pesant, il se rendit de l'autre côté du terrain. Les spectateurs le suivirent du regard, ressentant au fond d'eux une tension grandissante. Le rosé s'arrêta sous un panier, à l'exact opposé de ses camarades. Il inspira profondément et sans prévenir, partit au galop, comme une flèche, si vite, si vite.
Grey et Dobengal étaient prêts, attentifs, attendant sa venue, comme des rocs. Il arriva sur eux à toute allure. Il était déjà là. Il prit appui sur l'un, bondit sur l'autre, prit de la hauteur et balança de toute ses forces son ballon contre le parquet.
La foule mugit, ne comprenant pas. Comment ça un ballon au sol ? Pourquoi ?
Le ballon claqua contre le sol et rebondit à la perpendiculaire dans les airs.
Natsu s'immobilisa, leva les yeux, regarda sa balle, la scruta. Elle monta droit devant... de plus en plus haut... presque au plafond ! Elle tressaillit, elle faiblit, puis commença à ralentir... et très vite, le ballon entreprit sa descente.
Attention. Bientôt. Encore un peu. Presque.
Natsu recula en sautillant en marche arrière. Le ballon déjà à mi-hauteur.
Patience. Patience.
« MAINTENANT ! » hurla-t-il en s'élançant.
Loki lança une balle molle en hauteur vers le panier, puis, Shôh un peu plus bas, Lyon encore plus, Dobengal encore, et Grey enfin à une dizaine de centimètres du panier.
Les ballons tous en vol, Natsu avait déjà fusé vers l'avant. Il s'élança contre le poteau du panier, et grimpa dessus à l'horizontal : un pied, deux pieds... Il s'éleva ainsi le plus haut possible, bondit, virevolta dans les airs et arrivé à la hauteur de son propre ballon... là, d'un coup, comme au billard, d'une seule main, il envoya sa balle s'écraser contre le ballon de Loki, qui cogna contre celui de Shôh et ainsi de suite jusqu'à ce que les six ballons, à la queue leu leu pénètrent à l'intérieur du cerceau.
La vache ! Ils avaient réussi !
Trop d'émotions !
Scène surréaliste !
Le public stupéfait se dressa comme un seul homme et dévala les gradins pour pénétrer sur le terrain. Les gardes, débordés ne purent les en empêcher. Acnologia les apaisa d'une rapide rotation de la main. Tant qu'on ne s'aventurait pas près de lui, il le tolérait. Il resta assis, songeur à regarder l'attroupement.
- Mon cher Zeleph, dit-il. J'ai dans l'idée que vous venez de trouver votre future équipe...
- Et le nom de son capitaine ! renchérit le directeur de SaborFairy, un poil euphorique.
Natsu et ses camarades furent pris dans la mêlée, échangeant à tout va des accolades et des poignées de main. L'euphorie était générale, le jeune Dragnir émerveillé.
Il se sentait léger, capable de changer le monde, capable de réussir tout ce qu'il entreprenait, sans barrière, sans filtre. Sous le coup de cette révélation, il se laissa emporter en riant par la foule, qui divaguait bienheureuse dans tous les sens. Il chercha Lucy. Ce moment, il voulait le partager avec elle.
Par mégarde, comprimé au milieu du public, le rosé bouscula un homme. Il se tourna pour s'excuser et, comme un fait exprès, se trouva face au dos imposant et au collier de boules rouges si reconnaissable du juge de Sabor Tooth, Jiemma Orland. Natsu avala difficilement sa salive, se rappelant honteusement de son attitude passée. Il avait frappé cet homme ! Prenant son courage à deux mains, il attrapa un pan de la chemise du colosse et tira dessus. L'homme se retourna furieux et se figea en l'apercevant.
- Toi ! s'écria Jiemma écumant de rage dès qu'il comprit quel était le vermisseau qui osait ainsi s'en prendre à sa tunique.
Natsu leva les yeux, déglutit lentement, sans lâcher prise. Il devait le faire.
- Monsieur, dit-il d'une petite voix hésitante. Monsieur... je... je ne vous ai jamais remercié.
Ses yeux rougirent à l'évocation de cette humiliation qu'il avait subie. Il passa vite fait une main devant ses yeux pour empêcher d'insidieux souvenirs de s'implanter dans sa tête. Puis, il se figea. Son sang sembla quitter ses veines. Il blanchit jusqu'à devenir pâle comme un mort. C'était Jiemma qui les avait séparés. C'était la seule personne à avoir osé prendre sa défense... comme ça, gratuitement, sans rien connaitre de lui. La seule personne à avoir osé ouvrir cette satanée porte !
Et lui... Natsu. Argh ! Qu'avait-il fait ? Une vague de bile lui ravagea l'œsophage. Putain ! Qu'avait-il fait ?
Le jeune homme se redressa alors de toute sa stature, les yeux parfaitement secs.
- Ce jour-là, je n'ai pas été capable de vous remercier... clama-t-il sans honte ni gêne. Vous m'avez secouru. Jamais je n'aurais dû vous frapper. Je suis désolé.
À ces mots, le rosé soupira, voilà c'était dit. Une chose de moins sur la longue liste des choses qu'il devait réparer. Le front haut, le regard droit, Natsu attendit la réplique cinglante du directeur. Il la méritait après tout. Ce juge, ce directeur respecté, n'avait-il pas subi les assauts d'un ado en colère, qui s'était injustement vengé sur lui...?
Jiemma leva la main en l'air et grommela bien fort. L'adolescent ferma les yeux, mais au lieu de recevoir un barrissement dans les oreilles accompagné d'une gifle, une large main vint se poser sur son épaule. Le jeune Dragnir frémit, son cœur tressauta. Se pourrait-il que...?
Cet homme, il l'avait frappé, frappé avec toutes les connaissances acquises de la ligue clandestine. Le juge avait morflé, c'était sûr.
Jiemma posa alors un regard d'une grande tendresse sur l'adolescent et dit d'une voix grave de baryton :
- J'ai mal réagi quand je t'ai reconnu. Ta couleur de cheveux a changé ! Je me suis fourvoyé. C'est moi qui m'excuse ! J'ai cru que ce qui s'était passé lors de ce match : ton père, toi... J'ai pensé que c'était une mise en scène pour te faire entrer ici. Un moyen pour obtenir les Signatures des Joueurs Sacrés. J'y ai vu une tentative de fraude. Je me trompais. Je suis heureux d'avoir pu t'aider, heureux de t'avoir vu jouer aujourd'hui.
- Vous... vous ne me prenez plus pour un espion ? demanda Natsu d'une voix d'enfant.
Il devait l'admettre : ça l'avait vexé, il n'avait rien voulu montrer, mais... comme un tout petit, il avait besoin d'être rassuré.
- Non, répondit le juge en souriant. Non. Je sais qui tu es. C'est étonnant. C'est bluffant ! L'entraineur Eligoal a bien fait de me confirmer ton identité. Il soupira, il insuffla un petit peu de force dans l'épaule du rosé. Dis-moi... reprit-il tout bas. Les choses sont rentrées dans l'ordre avec ton père ?
Natsu ne put que tourner le regard vers son paternel... là, toujours devant le terrain, bloqué derrière des gardes. Rakheid derrière lui. L'adolescent soupira.
« Non... pas vraiment ! » marmonna-t-il.
Il se recroquevilla légèrement et reporta son attention sur Jiemma.
- Je vais y aller... continua-t-il en chancelant presque.
Il ne pouvait plus retarder l'échéance. Son père était là. Cela faisait déjà un moment qu'il l'attendait.
- Je suis là, gamin, déclara Jiemma avec une sorte de tendresse dans la voix. Si besoin, je serai encore là. Tu peux compter sur moi.
Natsu hocha la tête, une suée froide serpentant le long de son dos. Les poumons oppressés, le cœur battant, il fit demi-tour. Une chose de réglée, une autre en attente.
Il marcha, il avança tout droit. Le chemin vers son géniteur lui parut durer des heures. Si loin. L'heure de lui faire face.
Courber la tête ou bien frapper fort. Tic-tac.
Il ignorait...
Il ignorait comment il allait réagir. Tic-tac !
Tout était possible.
Il était le courage, il était la lâcheté. Tic-tac.
Il était le feu, il était la glace. Tic-tac.
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