— Trêve de plaisanterie, les gars, lança d'un coup Loki au beau milieu d'une bonne blague. Vos hôtesses, vous comptez vous les faire ?

Aussitôt, les sourires des garçons s'effacèrent. Ils rivèrent, penauds, leurs nez dans leurs assiettes. Lyon, devenu rouge comme une tomate, recracha sans manière son verre d'eau, trop embarrassé après avoir eu une image scabreuse de son hôtesse en tête.

— La mienne, elle est super bonne ! continua Loki en essayant de prendre une pose de beau gosse: lèvres légèrement retroussées, tête posée sur un bras accoudé à la table, lunettes sur la pointe du nez, yeux louvoyants. Dommage pour lui, il n'était pas très doué. Elle fait partie des mannequins du journal Basketteur. Mirajane Strauss, vous devez la connaitre ! C'est MON hôtesse ! D'ailleurs, j'ai un rencard ce soir !

— C'est quoi cette position Léo ? le taquina Grey qui connaissait bien le rouquin. T'es ridicule !

Loki se raidit, mais ne bougea pas d'un poil, il se devait d'être classe en toutes circonstances, à l'image de Grey, son capitaine.

— Je... je fais comme toi ! hésita-t-il embarrassé.

Grey ouvrit grand la bouche complètement dépité, pendant que Natsu et Lyon se bidonnaient ouvertement.

— Mirajane Strauss ? les interrompit Dan. T'es verni, elle est canon.

— Et c'est ma chérie ! Se vanta Loki.

— Ta chérie, vraiment ? se moqua Grey, un brin revanchard. À mon avis, il délire. Au collège, il se prend râteau sur râteau. Rarement vu un gars en ramasser autant !

Loki croisa les bras boudeur, mais n'osa pas contredire son capitaine. Grey avait trop de dossiers sur ses échecs amoureux.

— Moi, la mienne, c'est une intello... râla Dan. Toujours le nez dans un bouquin.

— La mienne, c'est un pot de colle, maugréa Grey en lançant un regard appuyé à Natsu.

— Elle doit sûrement être en train de ruminer dans son coin ! ricana le rosé qui se souvenait de la tête ulcérée de la Mirabelle.

— Mon hôtesse, c'est Erza Scarlett, se précipita Lyon, tout excité. Vous devez la connaitre, c'est une as du basket ! Il ricana bêtement, légèrement contrarié. Face à elle, il n'avait pas pu en placer une, c'était frustrant. On a d'ailleurs prévu de se faire un petit 2vs2 à la fin des Sélections !

— C'est une battante Erza! confirma le capitaine de Fairy Tail, la mine perplexe. On a fait un stage ensemble cet hiver. Elle est impressionnante ! Un petit conseil, Lyon, ne te mesure pas à elle, tu vas te faire laminer, à t'en dégoûter de reposer le pied sur un terrain.

— Haha ! Gloussa Loki. C'est à cause d'elle que tu envisageais d'arrêter le basket ?

— Quand une fille te fout une raclée, oui ça fait douter, bougonna Grey en toute franchise.

— Et toi Natsu, c'est qui ton hôtesse ? Jolie brin de fille ? demanda Dan tout émoustillé.

— Elle est pas mal, répondit Natsu perdu dans ses pensées.

— Pas mal ? C'est une belle blonde tout en rondeur, plutôt canon ! expliqua Loki la bouche en cœur. Elle t'attendait tout à l'heure...

— Ah bon ? Se précipita le rosé en se redressant d'un coup les yeux pétillants. Quand ça ?

— Et tu oses dire que tu la trouves juste pas mal ? Ironisa Grey mort de rire devant la réaction du joueur d'Hargéon.

Natsu rougit.

— Avant ton épreuve supplémentaire... enchaina Loki. Elle t'attendait derrière la porte. Mais, tu n'es jamais sorti.

— C'est la fille de Jude Heartfilia, annonça Lyon pensif.

— Sérieux ? s'écrièrent les joueurs, hormis Natsu qui n'avait aucune idée de qui cela pouvait être.

— Ben oui... continua le joueur de Lamia Scale, ils l'ont dit ce matin. Il s'agit de Lucy Heartfilia !

— Oh mais quel canon ! s'écria Loki. Celle-là, il me la faut ! Une Heartfilia à mon tableau de chasse, imaginez !...

— Elle est à moi ! gronda Natsu le regard noir en posant les mains à plat sur la table. C'est mon hôtesse ! Tu ne la touches pas, tu ne l'approches pas, tu ne la regardes même pas.

Sa voix était empreinte d'une menace glacée. Il avait parlé tout bas. Pas besoin d'en faire plus, son autorité était écrasante. Loki déglutit avec difficulté, il se recula doucement, en levant les mains en l'air méfiant.

— Bien sûr ! Pas de souci... répondit-il d'une voix blanche. Je blaguais... Désolé, je ne savais pas que...

— Juste pas mal, hein? se moquèrent Grey et Lyon en pouffant comme des gamins.

Natsu se gratta la nuque et sourit légèrement. On lisait en lui comme dans un livre. Ses émotions, il ne savait pas les cacher, il était au courant, ça le gonflait, mais que voulez-vous ? Il était né comme ça.

— Elle est parfaite, vous êtes contents ? rétorqua-t-il en croisant les bras, faisant mine de bouder, mais toujours avec cette petite lueur malicieuse au fond des yeux.

— Rassure-moi... hésita Lyon. Tu connais au moins la renommée de la famille Heartfilia ?

— Sérieux ! T'as le béguin à ce point ? intervint dans la foulée Dan en explosant de rire.

— C'est possible, lui répondit Natsu, un petit sourire gêné aux lèvres et les joues en feu. Cette fille, elle est super. Je me fous de sa famille. Lucy... Elle est belle, elle m'a trouvé un vestiaire, elle a rangé mes affaires, et mieux encore, elle a pris soin de mon bandeau de Konoha.

— Ah ! Exact ! c'est toi qui portais ce bandeau ! se rappela Grey en éclatant de rire à son tour. Je t'ai pris pour un vrai connard au début ! Mais, quand j'ai appris cette histoire de placard à balai, j'ai capté. Oser un truc pareil... Franchement, t'as tapé fort !

Tous les garçons acquiescèrent vivement et se regardèrent dans le blanc des yeux. Ce qu'avait fait Natsu ce matin : porter le bandeau de Konoha. Chacun avait compris. On les croyait populaires, on les croyait toujours à faire la fête. Il n'en était rien. Leur vie, ils la passaient à jouer au basket, à lutter contre la fatigue, à s'entrainer pendant des heures et à sourire aux sponsors... Ils n'avaient pas d'ami, ils passaient leur temps à se méfier de tout le monde : coéquipiers, entraineurs, professeurs, sponsors... Une trahison n'était jamais loin.

Alors, Natsu, son mental, sa solitude... Le bandeau de Konoha, c'était comme un symbole. Le rosé se jouait du système, c'était un immense doigt d'honneur qu'il avait fait aux entraineurs, et par cet acte, il avait acquis leur respect.

A cet instant, un éclat de voix rompit le brouhaha des conversations. Un claquement sourd le suivit, ainsi qu'un fracas de verre qui s'explosait au sol.

— Et merde ! s'écria Grey les sourcils froncés. Il recommence !!!

Orga, le géant vert de Sabor Tooth refaisait des siennes. Il avait fini de manger, c'était son heure de parader au milieu des tables afin de faire valoir à chaque candidat, que c'était lui qui menait la danse.

Il s'était donc levé, errant au milieu des tables, à la recherche de sa proie. Il aurait pu directement foncer sur ces idiots de Cuattro Cerberus, mais il avait le temps, il irait plus tard. En premier lieu, les candidats devaient se rappeler qu'il fallait qu'ils restent sur leurs gardes. Le grand Orga Nanagia était dans la place !

Son humeur était cruelle, cette tapette rose l'avait sacrément asticoté ce matin. Sa cible, c'était lui ! Mais, il devait la jouer fine. Zeleph et compagnie l'avaient à l'œil. Cependant, il ne se faisait pas de souci. Vu le tempérament de la tignasse rose, ça allait être un jeu d'enfant de le faire sortir de ses gonds ! La seule difficulté était de ne pas se faire virer avec lui.

Orga avait essayé de se liguer avec les membres de Fantom Lord, afin de les envoyer faire le sale boulot à sa place. Ils avaient refusé. Ce Dragnir, ce sans-clan avait joué un match avec eux, leur coach leur avait interdit d'avoir des histoires avec lui. Ces mauviettes avaient juste accepté de faire "écran". C'était mieux que rien, après tout on ne discutait pas les ordres de son entraîneur.

Cet enfoiré de tignasse rose avait des appuis... ça allait être un régal de le faire sortir. D'autant plus que Jiemma, son propre entraineur, avait été clair.

« Il n'a rien à faire ici, avait-il juré un peu plus tôt. La présence de ce sans-clan est une honte pour notre championnat. On devrait plutôt l'éloigner de son taré de père !».

Orga adorait son directeur, ce que son mentor disait, il l'appliquait aussi sec. L'heure du rosé avait sonné.

Il s'approcha l'air de rien de la table des «fillettes» de Blue Pegasus et de La Tour du Paradis. Il les avait déjà bien esquintées hier soir. Ils avaient fait une partie en compagnie de Sting sur un vieux terrain dans un parc de la ville. Orga ne leur avait pas laissé une minute de répit. A force de se recevoir le ballon en pleine tête, les pauvres avaient quitté le terrain, bras dessus bras dessous, complètement sonnés. Tout ça sous les yeux du grand Sting ! Quel pied !

Le géant de Sabor Tooth sourit méchamment et s'arrêta devant leur table.

— Alors, fillettes... ça va depuis hier ? Qu'est-ce que vous m'avez fait pitié ! Vous êtes sûrs de savoir jouer au basket ? Il poussa une exclamation grasse et cruelle en même temps que ses compagnons se plaçaient derrière lui, laissant le champ libre à Orga de faire tous les gestes mal placés qu'il désirait.

Eave Tearn et Hibiki de Blue Pegasus fixèrent le fond de leurs assiettes en arrêtant de respirer. C'est bien, bons chiens ! pensa Orga.

Le petit blond à la peau mate, nommé Shôh et le grand mou du nom de Simon, tous les deux joueurs de La Tour du Paradis, levèrent des yeux effrayés. Ils se risquèrent à croiser son regard. Le géant vert sourit de toutes ses dents, voici l'ouverture qu'il attendait.

D'un geste brusque, il attrapa Simon au collet et envoya de son autre main son assiette et son verre s'écraser contre le sol. Un immense fracas retentit. Toutes les personnes dans la salle se retournèrent et observèrent avec crainte le candidat aux cheveux verts. Il avait l'attention de tout le monde. Parfait !

— Ben alors, mon grassouillet, t'es maladroit ? ricana-t-il en lui fichant son poing discrètement dans les côtes.

*****

— Et merde ! s'écria le capitaine de Fairy Tail les sourcils froncés. Il recommence !

En une seconde, Natsu avait sauté sur ses deux pieds. Grey se saisit aussitôt de son poignet et le prévint d'une voix sourde:

— Ne fais rien Natsu. Laisse-les gérer, ce ne sont pas tes affaires !

— C'est hors de question ! rugit le rosé déjà prêt à en découdre.

— Laisse tomber ! Ils n'attendent que ça. Ce déjeuner organisé à la dernière minute en vase clos... Les jurys ont tout prévu ! C'est un piège ! Un piège contre toi, Natsu !

Le jeune Dragnir enfonça ses ongles de toutes ses forces dans la paume de ses mains et jeta un coup d'œil à la table où Orga soulevait maintenant ce mastodonte avec une facilité déconcertante. Simon était un joueur gigantesque, mais ça ne posait aucune difficulté au brocoli.

— Je ne peux pas laisser faire ça ! cracha Natsu les mâchoires serrées.

— Je connais Simon, pas toi ! reprit Grey sans lâcher le poignet du rosé. Il sait très bien ce qu'il doit faire. C'est un mauvais moment à passer. Orga ne lui fera rien. Par contre, si toi tu y vas, ça va dégénérer ! Tu risques ta place, Natsu. Ta réussite aux épreuves de ce matin... Tu leur fais peur ! –Il sourit faiblement– Même moi, je flippe, c'est pour te dire ! Les Signatures des Mages Sacrés, ce n'est pas rien. En plus... cette histoire te dépasse : certaines personnes rêvent de déboulonner Makarov... si tu dérapes, ça leur donnera enfin une excuse. Ne les laisse pas se servir de toi comme d'un pion.

— Je... je ne peux pas... laisser faire ça ! grogna Natsu entre les dents, se moquant bien de toutes ses raisons futiles qui le dépassaient. L'humiliation gratuite comme ça... ça me fout les nerfs en boule !

Il s'était tassé sur lui-même, son visage était crispé à force de se retenir d'intervenir.

— Natsu, prends le temps d'écouter Grey ! Conseilla Lyon en posant une main sur son épaule. Faut pas intervenir. Si tu les interromps, Simon va perdre toute crédibilité. Les juges n'auront aucune compassion. Il sera éliminé d'office. –Lyon avait une sainte horreur de ce genre de scène, mais malheureusement il en avait l'habitude. Avec le temps, il s'était résigné.– En intervenant, tu lui retires toutes ses chances de faire carrière !

Natsu grimaça, le corps tendu comme un arc. Il essayait de résister, vraiment ! Les paroles de Lyon avaient du sens. Mais faire ce choix de ne pas se battre équivalait à se replonger dans tout un tas d'atroces souvenirs, qu'il s'efforçait d'oublier.

Il serra les dents, ferma les yeux. Une ombre passa sous ses paupières. Un flash du passé. Un souvenir : douleur, humiliation.

De toutes ses forces, il le rejeta au loin.

Hors de question de s'en rappeler ! Plus jamais !

Il se mit à trembler. Il se rassit lentement, le corps tendu, les poings crispés. Il inspira tout doucement.

Ne pas tout mélanger... Ne pas perdre pied... Oublier le passé... Ne pas intervenir...

Il souffla.

Pendant ce temps, le géant vert riait crânement tout en secouant le corps du mastodonte au nez des joueurs qui l'entouraient. Bien caché derrière son paravent humain, il faisait de grands gestes, il prononçait bien fort des mots grossiers que Natsu n'écoutait pas. Simon se laissait faire. Il attendait.

— Prends sur toi ! ordonna Grey en insistant sur chaque mot.

Natsu croisa les bras et reporta avec difficulté son attention sur sa tablée.

Orga irradiait de joie. Secouer cette mauviette d'une seule main, le voir éviter son regard, c'était jouissif.

— Lâche-le maintenant, s'il-te-plait, s'écria dans un murmure une petite voix stridente à ses pieds.

Orga fit mine de chercher vaguement autour de lui, puis il baissa les yeux et tomba face à un gamin haut comme trois pommes.

— Qu'est-ce que tu veux, l'avorton ? hurla-t-il après le joueur ridicule de La Tour du Paradis. Shôh, il se souvenait de son nom. C'était un gamin sans intérêt qui savait à peine tenir un ballon.

Shôh se tassa sur sa chaise effrayé. Il faisait un quart de la taille du géant vert.

Orga fit un pas en avant et frappa le sol du pied en lâchant un gros «BOUHHHH !» détonnant. Shôh se mit à trembler comme une feuille en se recroquevillant sur lui-même. Le géant vert explosa de rire et vérifia vite fait l'endroit où se trouvait le miroir sans tain, là où se cachaient les juges. Son ami Dobengal était un as pour les repérer. Ce dernier lui fit un geste sur la droite. Parfait !

— N'interviens pas Shôh, implora Simon dans un souffle toujours suspendu à la main d'Orga.

— Tu parles encore le mollusque ? se moqua la brute épaisse en reportant son attention sur sa proie. T'es bien gras mon Simon. Je me demande si tu sais voler...

Orga tout en riant et en se pavanant, lança le mastodonte entre deux tables, à l'endroit indiqué par son fidèle Dobengal. Simon atterrit quelques mètres plus loin sur les fesses, dans un bruit peu glorieux. De nombreux rires fusèrent dans la salle.

— Non, il ne sait pas, c'est bien dommage, dit déçu le coéquipier d'Orga en se déplaçant furtivement sur le côté.

Ils étaient amis depuis l'enfance. Dobengal restait toujours en retrait derrière Orga. C'était un jeune homme fin au regard fuyant, spécialiste des coups en douce. Il était passé maitre pour se fondre dans le décor. C'était compliqué à gérer pendant un match. Et quand il devait vous marquer, c'était une vraie sangsue.

Les deux comparses s'avancèrent droit sur Simon, qui resta sagement au sol. L'épreuve de force était bientôt terminée.

— T'es qu'un lâche Simon ! tonna Orga en lui donnant un coup de pied bien senti dans les parties intimes. Tu fais pitié, sérieux. T'avoir comme coéquipier, jamais !

Il rigola. Simon se recroquevilla sur lui-même sans lâcher le moindre gémissement, pourtant dieu sait qu'il devait souffrir. Il resta cloué au sol, entouré par Orga, Dobengal et des deux joueurs de Fantom Lord qui s'étaient aussitôt approchés. L'attaque était finement rôdée, personne ne voyait rien et Simon ne se plaindrait pas. Ils avaient tout bon.

— Je me demande ce qu'il ferait si tu touchais à Shôh... murmura subrepticement Dobengal en zieutant en même temps vers la table de Natsu.

— Sa petite copine là-bas ? demanda pince sans rire Orga.

Les deux garçons se firent un clin d'œil machiavélique. Pas besoin d'en dire plus ! La tignasse rose n'allait jamais réussir à se retenir plus longtemps. Le plan fonctionnait.

— Oh ! Mais la tapette n'a pas fini son assiette ! s'écria le capitaine de Sabor Tooth en retournant à la tablée et en se ruant sur Shôh, qui tremblait de tout son long.

Le géant se saisit alors d'une grosse plâtrée de lasagnes à même la main et l'écrasa sur le jeune joueur qui en fut vite barbouillé. C'en fut trop pour Natsu. D'un regard noir, il se ramassa sur lui-même et cria à l'adresse de Lyon :

— Lyon ! Bouge de là !

Aussitôt, le joueur de Lamia Scale obéit sans discuter et sauta sur le tabouret laissé libre à ses côtés. Natsu dégageait une telle colère, une telle haine... Rien n'aurait pu le résoudre à arrêter.

— Natsu ! Ne fais pas ça ! supplia Grey.

Trop tard, le coup était déjà parti. Natsu s'était levé et d'un coup bien ajusté et d'une rare violence, avait frappé de toutes ses forces de son mollet à plat le tabouret abandonné par Lyon. Celui-ci partit à toute vitesse vers l'avant sans retomber au sol, et glissa telle une fusée directement sur Orga. Le tir était impeccable, l'angle parfait, la vitesse de frappe concordante avec la trajectoire.

Le géant de Sabor Tooth reçut le tranchant du tabouret en plein milieu de l'articulation à l'arrière des genoux. Ses jambes se plièrent sous l'impact. Un cri de douleur sortit de ses lèvres. Il relâcha aussi vite le pauvre Shôh bariolé de sauce qui tremblait encore et se retrouva au sol, les genoux à terre.

Orga brailla de toute la puissance de ses cordes vocales. Il se releva, jeta un regard haineux à l'assemblée et identifia directement l'auteur de cet outrage... un jeune garçon aux cheveux roses qui était debout face à lui, de l'autre côté de la pièce, une moue mi moqueuse mi haineuse dessinée sur le visage.