Chapitre 16 : Promesse
«J'en viens donc à ma deuxième question... Rakheid Dragnir... Es-tu prêt à te sacrifier pour ton petit frère?».
Rakheid prit une profonde inspiration, sa tête était en train de surchauffer, écrasée par l'amas de souvenirs : le toubib, les crises de manque, la terreur dans les yeux de son frère...
Natsu et lui étaient restés plus d'une semaine chez le toubib.
Tout ce temps passé n'avait été qu'un combat acharné contre lui-même : il avait passé son temps à vomir, emmuré dans des crises de tremblements frisant l'épilepsie. Heureusement que le docteur était là ! Les sédatifs. Les absences. Les nausées. La violence et la méchanceté dont il avait fait preuve. Il se souvenait de tout, de toute cette déchéance humaine. Il avait même fini par espérer que la mort vienne le prendre.
Mais, il y avait Natsu... son regard blessé, inquiet.
Natsu... Son roc, son point d'attache.
Au bout d'un peu plus de sept jours, ils avaient dû partir. Une vidéo venait de sortir en ligne : «Les plus beaux fails de Salamander !». Ils n'avaient guère le choix, il était temps de rentrer.
Ils partirent le cœur gros.
Chez le docteur, ils se sentaient en sécurité, et c'était probablement la première fois qu'un tel sentiment les habitait.
Les deux frères étaient arrivés perdus, épuisés. Ils y avaient trouvé un havre de paix, un endroit pour récupérer, se reconstruire, pour oublier...
Les premiers jours, Natsu était resté prostré, le regard vide, à observer le monde extérieur caché derrière une fenêtre. Sans rien dire. Sans rien voir. Il souffrait... terriblement ! Son corps était souillé, son âme meurtrie. Il paraissait brisé. Puis, petit à petit, son sourire était réapparu, à peine une esquisse mais pourtant bien réel. Sous ses airs rustres, le docteur s'était démené pour ne serait-ce que l'entrevoir et il avait réussi.
Quelle chance de l'avoir rencontré !
La vidéo avait eu son petit effet. En la visionnant, Natsu s'était souvenu du plaisir, de la joie qu'il ressentait dès qu'il jouait. Les mauvais souvenirs s'engluèrent sous un tas de saynètes de Natsu mort de rire se crapahutant avec son ballon.
Il avait aimé qu'une vidéo retranscrive enfin toutes ses tentatives ratées. Il l'avait regardée en boucle, hilare devant les échecs qui avaient engendré tant de bosses et de fous rires. Il avait passé plusieurs heures à raconter, tout joyeux au docteur, les circonstances mais aussi les conséquences de chaque séquence. Chaque chute l'avait fait progresser.
Son rire résonnait du sol au plafond, c'en était presque enivrant.
Le docteur et Rakheid ne cachèrent pas leur inquiétude. Cette vidéo faisait peser un énorme risque sur ses épaules. Ces fails étaient la preuve ultime que les vidéos n'étaient pas truquées : il avait échoué, là où, sur des vidéos plus anciennes, on le voyait réussir. En prime, elles contrevenaient avec les arrangements pris de la ligue clandestine. C'était dangereux. Natsu risquait sa vie !
Et il y avait pire.
Dans la dernière séquence, le visage de Natsu apparaissait au grand jour...
Au détour d'une chute rocambolesque, on le voyait basculer les pieds emmêlés dans sa précieuse écharpe. Il avait atterri lourdement, les fesses au sol, la tête découverte, un intense éclat de rire au travers de la gorge. La caméraman s'était avancée en contre-plongée, faisant un gros plan sur son visage. Natsu lui avait alors offert son plus beau sourire... Un désastre !
Natsu était trop jeune pour affronter le raz-de-marée médiatique qui ne pouvait que déferler sur lui. La Salamandre était une légende après tout !
Il était trop seul aussi, pas assez armé. Il risquait d'être happé dans une déferlante de combats, et ça ne pourrait que mal finir, surtout pour lui.
C'est ainsi que Natsu avait dû revenir à sa couleur naturelle : le rose.
Il n'avait pas discuté. Le docteur espérait que personne ne ferait le rapprochement avec ce joueur mystérieux aux cheveux ébène, capable de marquer n'importe quel panier, il avait vu juste.
Yukino avait retiré la vidéo dès que Rakheid le lui avait demandé. Natsu l'avait très mal pris. Il en avait même fait tout un drame. Puis, il avait accepté, la tête basse...
Les deux frères avaient donc fui ce petit cocon protecteur que la maison du docteur leur offrait. Ils avaient choisi de rentrer à Hargéon à pieds : cela leur laissait le temps de guérir et de passer du temps ensemble. Les vacances de Pâques allaient commencer. Ils avaient appelé leurs parents et leur avaient dit qu'ils seraient de retour pour la rentrée. Ils avaient mis quinze jours pour parcourir les quelques trois cents kilomètres qui les séparaient de leur foyer. Ils avaient marché lentement, se reposant beaucoup, parlant énormément.
À leur arrivée, leur père était... très en colère...!
Par on ne savait quel miracle, il n'avait pas prévenu la police. Peut-être que quelque part, il se doutait de ce qui leur était arrivé.
Il ne les quitta plus d'une semelle : il faisait la navette de leurs écoles à la maison, il surveillait leurs devoirs, fermait les portes à clé... Il s'était transformé en véritable gardien de prison, donnant des corrections musclées pour un oui ou pour un non. Et ce fut Natsu la cible de sa fureur.
Rakheid était las. Il avait tout à reconstruire dans sa vie. Il avait réussi à devenir sobre : les kilomètres parcourus l'avaient sevré, la tyrannie de son père l'avait empêché de goûter à nouveau à la tentation et il avait enfin pu se mettre à composer.
Pour Natsu, ce fut plus dur. Leur père ne le lâchait plus : interdiction formelle de toucher à un ballon, de voir ses amis, de mettre ne serait-ce qu'un seul pied dehors.
Pendant quelques mois, Natsu accepta son sort. Il resta sagement au côté de son frère. L'isolement lui allait bien : il commença à oublier, il étudia énormément, fit beaucoup de sport tout seul, au fond du jardin. Son corps se modela, se renforça, son âme aussi. Et puis...
En septembre, les choses changèrent.
Le jour de la rentrée, le jeune Dragnir revint, des étoiles plein les yeux et demanda l'autorisation de rejoindre l'équipe de basket du collège. Il essuya un refus catégorique.
Sa relation avec son paternel devint explosive. Le rosé se fit irascible et fugueur. Il refusa la sanction : quoi que son père décide, quoi qu'il dise, Natsu l'avait décidé : il jouerait au basket, il intégrerait une équipe ! Il s'entraina le jour comme la nuit, s'inscrivit comme remplaçant. Il sortit par la fenêtre, le toit, la porte... Il trouvait toujours une solution. Il ne rendit plus aucun devoir, se mit à faire le plus de bêtises possibles. Son but était de faire enrager son père.
Son plan fonctionna à merveille : pour être enragé, Monsieur Dragnir Père l'était !
Il fit pleuvoir les coups sur son jeune fils, ce qui renforça encore plus la détermination de son cadet. Natsu avait fait du basket son cheval de bataille, pendant que son père avait rendu ce sport responsable de tous les malheurs de ses fils.
Irina, la belle-mère des garçons, ne sachant pas quoi faire, se résolut à appeler les services sociaux. Une assistante sociale fut nommée. C'était en décembre dernier.
Aux dernières nouvelles, elle avait proposé de placer Natsu dans un foyer... mais le rosé n'en parlait jamais.
Tous ses souvenirs entremêlés tournaient en boucle dans la tête de Rakheid. Il lui fallait à tout prix aider son frère. Natsu, par sa faute, avait tant souffert. Cependant, la tentation restait intense. Un seul faux-pas et l'ainé replongerait, il le savait.
Il releva alors la tête vers Racer qui l'observait, les yeux ne ratant rien de ses pérégrinations mentales.
— Je ne peux pas prendre le risque de replonger, articula lentement Rakheid. Je ne peux pas accepter ta proposition. Les yeux fermés, si je le pouvais, je me sacrifierai pour mon frère. Mais, j'ai fait une promesse...
— Je vois, conclut l'homme aux cheveux tirés en arrière en hochant doucement la tête. Je comprends. Y a pas à dire, vous avez de sacrés liens tous les deux ! Je ferai part de ta réponse au boss. Le basket a perdu un grand joueur aujourd'hui. Bonne chance Mage ! Que ça reste entre nous, mais je suis content que tu sois sevré...
— Et pour la Salamandre ? s'enquit l'homme au tatouage, inquiet.
— Il lui reste un an pour nous payer, répondit Racer en grimaçant. Le nom de Salamandre va réapparaitre dans les prochains jours, c'est certain : soit parce que ton frère ne réussira pas à contenir ses capacités exceptionnelles, soit parce que nous donnerons un coup de pouce pour qu'il soit découvert... - Il s'avachit une seconde sur lui-même. Le Mage Blanc... La Salamandre... Ces gamins l'avaient marqué.- Sache que le boss ne renoncera jamais à ton frère. Fais attention à lui, Mage. C'est une perle rare. Si j'ai un conseil, trouve-lui un mentor... SaborFairy, c'est peut-être une bonne idée !
Racer fit alors un simple signe de la main, et disparut au coin de la rue. L'ainé ne bougea pas pendant un moment, l'esprit emmêlé entre regret, espoir et souvenir.
*****
Une perle de sueur était en train de glisser subrepticement le long de la tempe du rosé. Il ne la sentit même pas, toute son attention était focalisée sur la maitrise imparfaite de son geste d'écriture : essayer de former des lettres un tant soit peu arrondies et d'une taille acceptable, écrire sur les lignes. Quel effort pour lui! Natsu en tirait même légèrement la langue, signe de sa grande concentration mais aussi et surtout de sa maladresse...
D'un coup, il lâcha son crayon, qui roula sur sa copie avant d'atterrir à ses pieds. Il se leva, arracha sa feuille et se précipita au bureau de la surveillante.
«Voilà ! dit-il dans un souffle en tendant son devoir. C'est fait !».
— Bravo, Monsieur Dragnir ! Vous avez tenu. Très bien, veuillez signer le registre et je vous rends votre liberté.
Porlyusica prit du bout des doigts le devoir et lui tendit une feuille d'émargement. Soudain, elle la récupéra à toute vitesse :
— Attendez ! s'écria-t-elle tout en fixant la feuille d'appel avec des yeux de merlan frit. Monsieur Dragnir, je suis désolée... Vous n'avez pas fini !
— Par...pardon ?
— Vous devez passer une épreuve de Spécialité !
— De ?... De spécialité ? C'est quoi ce truc ? rugit Natsu qui n'avait qu'une seule chose en tête : SORTIR !
— À votre inscription aux Sélections, vous avez coché la case «spécialité». Il vous reste une dernière épreuve à passer !
— Mais !!!! J'ai rien coché du tout moi ! J'en ai rien à foutre de votre spécialité à la noix. Merci pour tout, je me casse !
Il fit demi-tour et prit ses jambes à son cou afin de sortir de cette salle au plus vite.
— Monsieur Dragnir ! Vous n'avez pas le choix !
Natsu s'arrêta bien malgré lui la main sur la poignée de la porte. Il se retourna désespéré.
— Madame, avec tout le respect que je vous dois, il est hors de question que je passe cette épreuve. Vous avez dit trois épreuves, je m'y suis tenu. Maintenant, je sors. Donne-moi cette feuille, j'écris mon nom, et basta !
Il revint sur ses pas à coup de grandes enjambées agacées. Ses muscles endoloris d'être trop restés assis étaient ravis de se mouvoir. Vivement les épreuves de basket ! La Salamandre ne rêvait que d'une chose, s'épandre et partir à la conquête des Sélections. Alors peu importe leur machin chose de spécialité, son nom suffirait, il irait manger et hop terrain-ballon-panier !
— Monsieur Dragnir. Vous ne comprenez pas. Vous devez réussir cette épreuve ! Un minimum de douze est...
— Douze aussi ? hurla Natsu d'un coup très en colère. Vous vous foutez de moi ? Bordel ! Qui a coché cette case ? Qui ? Qui m'a inscrit dans vos stupides Sélections ? Des Sélections de basket où on ne joue pas au basket, où on passe des heures assis sans bouger, où c'est un ordinateur qui choisit les candidats...!
Il frappa de toutes ses forces sur le bureau de la femme aux cheveux roses. Le bois craqua. La surveillante ne cilla même pas.
— Monsieur Dragnir, ça suffit ! coupa court Porlyusica en se levant et en le foudroyant du regard. Cessez vos enfantillages et arrêtez de vous donner en spectacle. Maintenant, vous prenez cette feuille ! Répondez aux questions ! Vous sortirez après !
Natsu tiqua. Il était rouge de colère. Il regarda la vieille. Elle restait de marbre, parfaitement maitresse de ses émotions. Mais... son aura... Son aura était terrifiante ! Elle s'étendait au-dessus d'elle, elle prenait tout l'espace.
Le rosé cligna des yeux. Sa tête se mit à tanguer. Il recula d'un pas. Un instant, le monde lui parut flou. Il souffla. Y avait un truc bizarre... une impression de contrôle mental... Il secoua la tête. N'importe quoi ! Il gonfla ses joues, agacé.
Et bien qu'étant particulièrement téméraire, il fut contraint de prendre sa feuille et de retourner s'assoir. Il était incapable de faire autrement.
Il soupira encore, maugréa tout son saoul, ramassa avec hargne son crayon, bailla aux corneilles sans élégance, meugla presque, mais il finit par se remettre au travail à moitié assis, à moitié debout, histoire de mettre ses muscles en tension. Porlyusica ne le quitta plus du regard, elle croisa les bras sur sa poitrine, prête à intervenir à nouveau au moindre faux pas.
*****
Une notification familière retentit sur le téléphone de Lucy. Trois paires d'yeux se tournèrent aussitôt vers elle.
— Ça y est ? Il a fini ? s'exclama Mirajane.
— En un peu moins de deux heures, il gère ! renchérit Erza.
— On n'a pas encore les résultats... mais oui, il a fini. Je vous laisse les filles, je le rejoins, dit Lucy réfléchissant déjà à comment elle allait l'accueillir: en tant qu'amie, inconnue, ou comme simple hôtesse ?
— Lucy ? hésita la blanche. Ça t'embête si je t'accompagne ? J'ai envie de faire sa connaissance.
— Tu parles, t'as juste envie de te rincer l'œil, la taquina Erza.
— Bien sûr, Mirajane ! répondit Lucy trop heureuse de ne pas se retrouver seule. Vous pouvez toutes venir, si vous voulez. Vos joueurs ne vont pas tarder à sortir aussi.
— Je dois d'abord voir les entraineurs, répondit Erza. On se rejoint au réfectoire.
— Je te suis Erza. Sting est sûrement là-bas, s'empressa Minerva, qui elle n'avait aucune envie de se retrouver nez à nez avec la tignasse rose.
Les filles se séparèrent. Lucy et Mirajane prirent le couloir en direction de la salle d'examen, elles jetèrent un œil partout au cas où Natsu serait déjà sorti, mais il n'était nulle part. Ne sachant plus où le trouver, elles se rendirent donc devant la porte d'examen.
À peine arrivées, un jeune garçon en sortit, avec de grosses larmes au bord des yeux. C'était un petit brun avec des yeux vert émeraude, plutôt mignon. Il était tout rouge, les joues boursouflées, il avait dû pleurer.
Il tomba nez à nez avec les filles de SaborFairy. Dès qu'il remarqua leur présence, il sécha ses larmes sur le revers de sa chemise.
— Ça va ? s'inquiéta Lucy. Tu tiens le coup ?
— Non, se plaignit le garçon au bord du gouffre. Je me suis fait recaler en maths. Je suis dégoûté ! S'ils m'avaient vu jouer, ils m'auraient pris ! Je vais faire quoi l'année prochaine ? Je suis foutu !
— Écoute, ne perds pas espoir ! poursuivit la blonde chagrinée. Si tu joues aussi bien que ça, tu n'as aucun souci à te faire. SaborFairy prend tous les ans des joueurs qui redoublent. Tiens, tu connais Gadjeel ?
— Il est super bon ! Bien sûr que je le connais !
— Ben, Gadjeel, continua Mirajane, il a été pris quand il a redoublé !
Le jeune joueur ne pleurait plus. Il avait l'air de reprendre confiance en lui. Les filles se firent une œillade réjouie, heureuses de lui avoir redonné espoir.
— Ah ! Je l'ignorais. Mais bon... Aucune envie de perdre une année. Y a d'autres équipes aussi...
— Aucune ne vaut SaborFairy, trancha Mirajane.
— Oui, ça fait bien dans un CV...
— Dis-moi... intervint Lucy. Je m'occupe de Natsu Dragnir. Il a fini, mais je ne le trouve pas... Il est sorti ?
— Dragnir ? se moqua le garçonnet. Le gars aux Signatures ? Ahah ! Le pauvre... Il a une épreuve en plus. J'ai cru qu'il allait tout exploser !
— Une épreuve en plus ?
— Ouais, continua-t-il en ricanant. Ça doit être pour compenser son zéro de moyenne... Le gars est nul ! Franchement, zéro de moyenne et le type, il finit les trois épreuves en deux secondes. Ça pue la triche à plein nez ! Et puis, vous l'avez vu courir ? On raconte qu'il a sauté le mur des trois mètres sans les mains. Un tricheur, c'est sûr ! Vous verrez, les Signatures, bientôt on apprendra qu'elles étaient fausses.
Pour l'instant, tout le monde se pavane à ses pieds ! Il a même eu le droit de sortir en plein milieu de l'examen... si c'est pas du favoritisme, ça ! Franchement, c'est dégueulasse ! Y a vraiment un souci de recrutement cette année. C'est vraiment une école pourrie ! Tout le monde dit qu'il faut aller à Oracion Seis, je commence enfin à capter pourquoi !
— Euh... tu ne pleurais pas il y a deux secondes parce que tu avais foiré les maths ? demanda Lucy les poings sur les hanches en s'avançant méchamment sur le candidat.
Le garçon lui jeta un regard noir, rougit et partit en courant. Mirajane éclata de rire.
— Oh Lucy ! s'écria-t-elle. J'adore ta franchise. Je comprends pourquoi Erza t'apprécie autant.
— Je n'ai dit que la vérité...
— S'en prendre à ton Natsu, on est d'accord, ça ne se fait pas ! s'esclaffa Mira en lui faisant un immense clin d'œil.
— Je n'ai jamais dit ça ! s'écria Lucy rapidement, très rapidement, trop rapidement.
— Oh ! ça va, on a bien compris que c'était ton petit Nat-chou! insista la blanche.
— Hein ? Le mien ? N'importe quoi !!! s'emporta Lucy, bien décidée à ne pas se faire chambrer par Mirajane aussi.
— Erza m'a tout raconté... votre rencontre hier, vos regards en coin... Elle a même utilisé le mot «coup de foudre»!
— Erza est complètement tarée ! se fâcha la demoiselle Heartfilia.
— Tu sais comment on me surnomme ? demanda Mirajane sans s'offusquer de la réaction de la blonde aux yeux noisette. «La cupidémonne», tu sais pourquoi ? J'ai un pouvoir pour former les couples. Je ne me trompe jamais. Fais-moi confiance je saurai tout de suite s'il a craqué sur toi !
— Mais... mais..
— C'est inutile de me mentir... Je sais déjà que tu as craqué sur lui, ça se voit comme une verrue au milieu du visage.
Lucy s'apprêta à rétorquer, à s'égosiller, à crier au mensonge, mais elle referma la bouche. Le regard de Mirajane était limpide, pur : aucune trace de moquerie ou de perversion. Elle ne jugeait pas, elle savait. Alors Lucy prit une immense inspiration et mit sa timidité et son orgueil de côté.
— Merci Mira... dit-elle le feu aux joues. C'est vrai. Dès que je l'ai aperçu hier, j'ai ressenti quelque chose. Et ce matin aussi... Ça me fait quelque chose de lui parler, de le voir... Me sens toute drôle... Je bégaie... Je rougis...
— Le coup de foudre !!! s'écria Mirajane trop heureuse en tapant des mains hystérique. Oh Lucy ! C'est tellement rare ! -Elle marqua une pause, elle se tourna sur la blonde et lui lança un regard mauvais- Je te préviens, continua-t-elle. Tu n'as pas intérêt à ce que ce soit passager. -Ses sourcils se froncèrent- Les gens qui tombent amoureux toutes les deux minutes, je ne supporte pas ! L'amour, c'est magnifique, c'est grandiose, mais l'amour, le vrai, ce n'est pas éphémère. Ça doit durer... hum... au moins trois mois !!!
Elle explosa alors de rire, pendant que son téléphone émettait un discret bip... Son joueur avait fini !
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