Cela ne faisait que quelques jours que Kakashi avait pris la tête de la prison, pourtant, il était n'utilisait pas le bureau de Kahyô, mais une salle voisine.
Il ne se sentait pas digne de pénétrer dans l'espace de travail dans lequel l'ancienne dirigeante avait dû passer énormément de temps.
Malgré tout, certains dossiers de détenus y étaient rangés, il devait donc aller les chercher.

Face à la porte de la fameuse pièce, le ninja de Konoha prit une grande inspiration avant d'y enclencher la poignée.
S'ouvrait à lui un lieu propre et ordonné. Le parfum de sa propriétaire faisait remonter toutes sortes de sentiment dans l'homme qui y faisait quelques pas.
Ne voulant se faire prendre dans cet état lamentable, Kakashi referma la porte derrière lui, ce qui l'empêchait aussi de fuir ses souvenirs plus ou moins douloureux.
Il avait l'impression d'être remonté au temps où il passait sa vie ressasser la mort des êtres qui lui étaient chers.

S'assayant au sol, les cuisses contre le torse, l'ancien Kage prenait un peu de temps pour respirer, pour évacuer sa tristesse dans ses soupirs. Il avait assez de volonté pour ne pas permettre à ses larmes de couler, mais pas assez pour être vaillant.
Quelques minutes étaient passées quand il se lança dans la recherche des documents confidentiels.

Trouver cette paperasse ne posa aucun problème. Une feuille avait tout de même attiré son attention.
Il s'agissait d'une lettre qui avait dû être écrite juste avant le dernier incident, comme pouvait en témoigner les taches d'encre laissée par une plume posée dans la précipitation.
Kahyô n'avait pas indiqué le destinataire, il n'était cependant pas difficile de deviner qu'elle s'adressait à l'argenté.

"Je sais que c'est bête de t'écrire une lettre alors que tu arriveras ici probablement demain... Mais, il y a une chose que je voulais te montrer avant que tu ne partes.
Si j'oublie de te le donner, rappelle-le moi. Je sais que je peux compter sur ta mémoire.

J'aimerais tellement que..."

Kakashi ne put en lire plus puisqu'il était déjà arrivé au dernier mot de la page.
Il ne savait absolument pas ce qu'elle comptait lui offrir, et cela titillait sa curiosité.
Partager entre l'idée de trouver cet objet et la peur d'être déçu, le masqué s'apprêtait à quitter la salle sans demander son reste, lorsqu'un jeune homme ouvrit la porte sans s'annoncer.

"Maître Hokage ! Vous avez reçu une lettre de Konoha !

— ... Que dit-elle ? répondit-il platement.

— Euh... je regarde... Ah ! Sasuke viendra prochainement ici !

— ... Haaa... C'est tout ? soupirait le gris.

— Euh... Oui ! Enfin... Vous avez le soutien du Septième du Nom !

— Dans ce cas...

— C'est la lettre de Maître Kahyô ?

— ... En quoi cela te concerne-t-il ?

— Vous savez, Maître Kahyô et moi sommes assez proches ! Elle m'a beaucoup parler de ce quelle comptait vous offrir ! C'est d'ailleurs moi qui lui ai conseillé de vous écrire ça ! C'est qu'elle a tendance à être tête en l'air avec vous à des côtés !"

Kakashi avait grincé des dents au mot "proches", ainsi qu'à l'emploi du présent. Il ne laissait pourtant rien paraître, et tentait de s'éclipser de la pièce. Le jeune homme restait pourtant sur son chemin.

"Vous devriez le chercher. Maître Kahyô serait triste si vous partez sans.

— Qu'est-ce que tu en sais ?

— Elle y a consacré énormément de temps... De plus, elle a dû laisser un autre papier avec une sorte de discours explicatif, pour n'oublier aucun détail, aucun symbole qu'elle y a été implanté."

D'après ces mots, ce cadeau devait traduire un sentiment fort. La haine était peu probable, le masqué en déduisit son opposé. Il n'avait donc plus d'excuses pour ne pas trouver ce présent.

De nouveau seul dans ce bureau, l'Hatake fouinait un peu partout, tout en veillant à tout remettre en place.
Puis, il mit la main sur une petite boîte à bijoux. Celle-ci contenait une petite clochette transparente, lisse et froide au toucher, reposant sur un coussin de velours qui devait, à la base, servir de trône à une bague.
Il y avait aussi le mot que Kahyô devait lui adresser :

"Tiens, c'est pour toi.
Ça fait plusieurs années que je travaille dessus. Tous les jours, j'y ai insufflé mon chakra afin de rendre la glace plus pure et plus résistante.
Normalement, elle ne devrait jamais fondre, du moins, tant que tu ne la mets pas dans une fournaise trop longtemps...

Pour la forme, c'est suite à une discussion avec Naruto que j'ai eu l'idée d'en faire une clochette. Il m'a raconté à quel point tu étais attaché au travail d'équipe, et étant donné que la première épreuve que tu leur as fait passé était d'attraper des clochettes, je me suis dit que tu devais les aimer.

Pour la boîte... J'avoue que je me suis fait un petit plaisir et que j'ai acheté une bague pour moi. Puis, j'ai remarqué qu'il aurait été dommage de ne pas mettre la clochette dans un écrin.

Aussi... Je voulais te demander... Même si on ne se voit pas souvent dans l'année, même si des centaines de kilomètres nous séparent, même s'il ne s'agit que d'une relation longue distance... Acceptes-tu de sortir avec moi ?"

Kakashi avait le cœur serré.
"De toute façon, j'aurais refusé..." essayait-il de se rassurer. "J'aurais eu trop peur de te perdre... Au final, qu'on soit officiellement en couple ou non n'aurait rien changé... J'aurais autant mal dans les deux cas."

Une seule larme parvint à franchir ses paupières avant de disparaître dans son masque.
Il ne répondit pas quand quelqu'un frappa à la porte, il restait à fixer la clochette, suspendue à ses doigts par un unique fil rouge, fin et malgré tout résistant. Bientôt, sa vue se troublait légèrement, puisqu'il regardait dans le vide.
Une voix s'éleva depuis l'autre côté de l'ouverture de bois.

"Maître Hokage, un homme vient d'entrer dans la prison. Je crois qu'il s'agit de Sas-"

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Kakashi avait ouvert la porte en lui assénant un regard glacial.
D'un geste, il ordonna à ce que la personne se taise.
Il n'avait aucune envie de rencontrer son ancien élève maintenant. Celui-ci allait devoir attendre.
D'un pas pressé, il se dirigea vers la tombe de Kahyô et s'y recueillit.