Chapitre 9
Belle sentit sa bouche s'assécher comme si elle venait de courir un marathon. Son cœur s'emballa si vite qu'elle n'eut pas le temps de reprendre un semblant de respiration.
- Que voulez-vous dire ? Ne me dites pas que vous avez traverser la ville pour revenir à la charge ? Demanda-t-elle en se levant du canapé, le regard fixé sur la porte de son appartement.
- Et si c'était le cas mademoiselle Moor ? Que feriez-vous ? Demanda-t-il d'une voix grave surmonté d'une chaleur qui lui coupa le souffle.
- Vous n'êtes pas sérieux ? Demanda-t-elle d'un souffle.
Le revoir serait à la fois un supplice et une délicieuse torture. Pourquoi ? Parce qu'elle devait définitivement l'admettre...
Jafar Al-Zyhar était l'homme le plus séduisant et le plus intimidant qu'elle n'ait jamais connu. En revanche ce qu'elle peinait à comprendre c'est pour quelle raison se donnait-il autant de mal pour elle ?
Ne lui avait-elle pas dit qu'elle allait réfléchir ?
- Je vous ai dit que j'allais réfléchir, n'était-ce pas assez limpide ?
- Et je vous ai laissé la journée entière pour le faire.
Quelques coups firent vibrer sa porte d'entrée.
Belle réprima un frisson d'angoisse mais s'avança jusqu'à la porte comme si elle n'avait pas le choix de l'ouvrir.
Et il disait vrai...
Lorsqu'elle écarta la porte, sa haute et imposante silhouette lui apparut. Il portait le même manteau sombre, rehaussant la menace émanant de ce corps puissant. Le regard du sultan se posa sur sa silhouette qu'il embrassa du regard avant de recouvrer cette expression impassible. Gênée, Belle tira sur son pull dix fois trop grand pour elle mais qui lui descendait à mi-cuisses.
- Je n'ai jamais vu un homme aussi déterminé que vous, dit-elle en repoussant la porte.
- Et encore, vous n'avez rien vu, répondit-il d'une voix cassante.
Belle tentait en vain de réprimer les battements de son cœur mais c'était comme se battre contre l'inévitable. L'homme se redressa de toute sa hauteur et remit son téléphone dans sa poche intérieure sans la quitter des yeux.
- Que voulez-vous encore ? Demanda-t-elle sur la défensive.
- C'est très mal poli de ne pas inviter ses visiteurs.
- Vous n'êtes pas un visiteur mais plutôt un intrus qui semble incapable de saisir que j'ai besoin de temps pour réfléchir à votre invitation sordide, répliqua Belle en le regrettant amèrement la seconde suivante.
Une lueur menaçante perça l'éclat de ses yeux noirs.
- De quoi avez-vous peur ? Que je vous kidnappe ? Après une nuit entière passée avec moi vous douter encore de ma bonne foi ? Demanda-t-il d'une voix beaucoup trop douce pour être sincère.
- Je ne remet pas en doute votre bonne foi en revanche je sais reconnaître quand une situation est inquiétante et vous êtes inquiétant.
- Vous avez raison, affirma-t-il en appuyant sa main sur l'encadrement de la porte ; Et je serais d'avantage inquiétant si vous ne m'invitez pas à entrer.
Il se pencha légèrement pour jeter un coup d'œil dans l'appartement puis rajouta.
- À moins que vous ne soyez pas seule.
Effarée, Belle écarquilla les yeux.
- Même si c'était le cas je ne vois pas en quoi cela vous regarde, dit-elle sèchement.
Une lueur inquiétante voila son beau regard ténébreux.
Belle se pinça les lèvres car elle savait que le combat était perdu d'avance.
Elle se recula pour ouvrir la porte en grand et ce dernier ne mit pas longtemps pour investir les lieux comme si ces derniers lui appartenaient. Soudain, Belle eut l'impression que son salon devenait étriqué voire sur le point de se refermer sur elle.
- C'est charmant, commenta-t-il en se tournant vers elle.
- Merci, s'empressa-t-elle de dire en allant chercher son ordinateur ; En quoi puis-je vous aider monsieur Al-Zyhar ?
- Votre altesse, rectifia-t-il d'une voix douce mais dangereusement menaçante ; Ça vous écorcherez la langue de le dire ?
Belle haussa des épaules pour se donner un air détendu alors qu'en réalité, il n'en était rien.
- En quoi puis-je vous aidez votre altesse ? Répéta-t-elle en crispant un sourire.
Le sultan esquissa un sourire satisfait.
- L'entendre de votre bouche lui donne une connotation si délicieuse, déclara-t-il d'une voix chaude et si sombre qu'elle faillit lâcher son ordinateur.
Consciente qu'elle rougissait Belle se réfugia derrière le comptoir de sa cuisine et se retourna pour fuir sa paire d'yeux d'une intensité troublante.
- Je suis venu dans le but d'obtenir une réponse de votre part, reprit-il avec sérieux ; Je suis désolé si je me montre insistant mais ça n'a rien de personnelle. Je dois avertir la presse avant demain, afin que celle-ci se prépare à vous voir.
Belle ferma les yeux brièvement pour échapper à l'image du sultan qui s'imprimait dans son esprit alors même qu'il se trouvait derrière elle.
- Je sais à quel point cette situation vous rebute mais il me faut impérativement une réponse.
- Un coup de fil aurait suffit à l'obtenir, lui fit-elle remarquer en trouvant la force de se retourner.
Et elle n'aurait jamais dû...
Il s'était rapproché du comptoir, arborant une expression sérieuse, presque sévère.
- Je tenais à venir en personne pour avoir votre réponse de vive voix, ainsi je serais persuadé d'avoir votre parole, car il faut dire que vous m'avez déjà menti, très mal je vous l'accorde.
Belle croisa les bras contre sa poitrine, les dents serrées.
- C'est vrai je vous ai menti car vous êtes venu en me jetant une bombe à la figure, se justifia-t-elle en s'approchant du comptoir qui les séparait de quelques centimètres : J'étais sous le choc, mon passé a ressurgi du nulle part et je voulais à tout prix vous voir partir.
- Jusqu'à ce que ma présence vous sois indispensable autant que la vôtre le sera demain soir.
Belle se pinça les lèvres, observant avec attention l'expression sérieuse du sultan. Il y avait quelque chose en lui de très troublant et qu'elle ne parvenait pas à déterminer. C'était comme si ses traits ciselés étaient porteurs d'un sombre secret. Pourtant, et devant toute la dangerosité qu'il lui inspirait Belle ne parvenait pas à rompre avec l'étrange chaleur qui l'inondait. Puis soudain, elle réalisa que c'était la première fois qu'un homme aussi important lui accordait un regard et qui ne lui inspirait pas de la perversité. Avant de trouver son boulot de serveuse à temps plein, Belle avait enchainé les jobs et l'un d'entre eux constituait à déambuler entre des hommes et des femmes fortunés, plateau d'argent à la main. Elle avait dû affronter des regards de concupiscences ainsi que le dédain des femmes sans un mot.
Avec cette expérience dont elle gardait un très mauvais souvenir, elle savait pertinemment que demain la situation ne serait pas moins différente.
- je serais là, dit-elle enfin.
- J'espère que vous tiendrez parole, dit-il sur un ton abrupt.
- Quelle chance j'aurai de me débarrasser de vous si jamais je ne venais pas ? Répliqua-t-elle en affrontant son regard rembruni.
- Sans doute aucune, croyez-moi mademoiselle Moor, la dernière chose à faire c'est de me mettre en colère.
Belle frémit mais demeura silencieuse. Le sultan semblait tendu et il lui donnait même l'impression de ne pas être lui-même. C'était comme s'il s'évertuait à se donner l'image d'un homme calme mais qui sans le savoir, était trahi par la dureté de ses traits.
- Rassurez-vous, je serais présente, murmura-t-elle sans lui masquer son manque d'enthousiasme.
Impassible, les mâchoires crispées, il inclina légèrement sa tête en guise de réponse. Mal à l'aise, Belle baissa les yeux sur son ordinateur mais pouvait sentir le poids de son regard sur elle.
- Un chauffeur passera vous chercher à dix-sept heures précise, ne soyez pas en retard, déclara-t-il d'une voix plus amène qui l'incita à relever les yeux.
Lorsqu'elle le vit s'approcher de la porte, Belle décida de quitter son refuge pour le raccompagner mais une fois près de lui, elle eut l'impression de reperdre le contrôle de son corps et de son esprit.
- Vous venez de me faire une promesse et c'est à mon tour de vous en faire une, déclara-t-il rictus aux lèvres.
Retenant son souffle, Belle attendit qu'il reprenne.
- Je vous fais la promesse que tout se passera bien.
Facile à dire songea-t-elle en forçant un sourire léger. Malheureusement elle savait au fond de son être qu'elle se jetait à corps perdu dans un piège...une fosse dans laquelle le sultan semblait en être le maître et elle...
Sa proie...
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