Chapitre 41




Belle était tellement sous le choc qu'elle resta figer comme une statue de cire. Son époux ne lâchait pas son regard alors qu'une étincelle de colère brillait dans ses yeux. Après un temps suspendue hors du temps Belle reprit ses esprits et déglutit péniblement pour l'affronter.

- Co...comment as-tu fait pour me trouver aussi vite ?

- Facile, commença-t-il d'une de gorge qui ne faisait aucun doute sur la colère qu'il ressentait : j'ai contacté les deux seules personnes qui auraient pu t'aider à savoir ton ancien patron et ton ami. Aucun des deux ont eu des nouvelles de toi alors j'ai contacté les propriétaires du chalet qui m'ont confirmé qu'une jeune femme sous le nom Al-Zyhar avait réservé le chalet pour quelques jours.

Belle battit des cils énergiquement.

- Vas-tu me dire quelle folie s'est emparée de toi ! Gronda-t-il le regard sévère ; J'étais fou d'inquiétude ! Il aurait pu t'arriver n'importe quoi !

- Je suis assez grande pour me garder toute seule Jafar, je savais exactement ce que je faisais, répliqua Belle sèchement.

Le début des hostilités étaient lancé, songea-t-elle le cœur battant à la chamade.

- Tu es l'épouse d'un sultan ce que tu sembles avoir oublié !

- Je n'ai pas oublié et...

- Cela a-t-il un rapport avec notre dispute ? Coupa-t-il nerveusement, alors que les veines de son cou palpitaient sous l'effet de la colère.

- Tu penses que je suis partie pour notre dispute ? Je ne suis pas une enfant Jafar, je suis capable de gérer une dispute sans prévoir un caprice par la suite pour obtenir ce que je veux.

Ses mâchoires tressautèrent alors qu'il la dévisageait les traits tendus.

- Alors c'est bien plus profond que ça j'avais raison, dit-il rictus amer.

- Oui ça l'est mais ce n'est pas pour les raisons que tu as évoqué Jafar, répondit Belle avec colère tandis qu'elle se retournait pour rejoindre le foyer principal.

Ses pas lourds se rapprochèrent et il saisit son bras pour qu'elle le regarde.

- Si ce n'est pas les raisons que j'ai évoqué hier soir alors qu'est-ce c'est ? Ta vie avec moi ne te satisfait pas ? Tu veux plus de liberté ? Je...

- Oh bon sang ! S'écria Belle en cherchant à se dégager de son emprise ; Comment oses-tu croire que j'ai pu remettre en question ma vie avec toi !

Le sang chauffé à blanc Jafar relâcha son bras et la laissa s'éloigner. Il tenta de réprimer la folie qui imprégnait tous ses sens. Il était si fou d'elle qu'il était en train de perdre la raison.

- Je suis partie parce que je me suis soudainement sentie dans l'insécurité et dans la peur, reprit-elle en se glissant derrière le canapé comme si elle le craignait.

- Tu as peur de moi ? Demanda-t-il d'un souffle.

Les yeux baissés elle acquiesça presque à mi-voix.

- Belle...

- J'ai peur de toi et j'ai aussi peur de devoir livrer une bataille contre ton pays perdue d'avance.

- Pourquoi devrais-tu te battre contre mon pays Belle ? S'enquit Jafar avec impatience et incrédulité.

- Parce que je suis enceinte, déclara-t-elle en relevant la tête, les yeux brillants.

Belle réprima un hoquet alors qu'elle observait sa réaction. Elle était loin de s'attendre à ce qu'il écarquille les yeux et qu'il exhale un souffle.

Armée de courage elle essuya sa joue et poursuivit tête baissée.

- J'avais du retard sur mes règles alors...j'ai fait deux tests de grossesse le jour où tu m'as trouvé enfermée dans la salle de bains. Ils se sont avérés positifs.

Elle releva les yeux, inquiète par la liberté de parole qu'il lui laissait sans l'interrompre. Elle réprima un frisson car il la couvait d'un regard troublant.

- J'étais perdue et j'ignorais quoi faire alors je suis partie à la clinique, poursuivit-elle en reniflant ; Je pensais y trouver un soutien mais je me suis trompée.

Belle lâcha un rire triste mêlé à de l'amertume.

- Le docteur Kulale s'est empressé de m'accuser d'être une menteuse et d'avoir presque tout organisé pour te piéger, c'est à peine si elle ne voulait pas mettre un terme à cet enfant sur-le-champ.

La réaction du sultan ne se fit pas attendre. Il s'élança dans sa direction, mâchoires serrées puis s'arrêta brutalement.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit Belle ? Demanda-t-il d'une voix troublée.

- J'ai tenté de te le dire hier soir ! S'exclama Belle avec colère et tristesse ; J'ai essayé de te faire passé un message mais tu as refusé d'écouter Jafar.

Il se passa une main derrière la nuque visiblement conscient qu'il avait fauté.

Terrassée par un sentiment d'abandon alors qu'il se trouvait à quelques mètres Belle grimaça.

- Et même si je te l'avais dit, m'aurais-tu crû Jafar ? Alors que tu es prisonnier d'un passé que je refuse de combattre.

- Évidemment que je t'aurais crû Belle ! Gronda-t-il avec force.

Il marqua une pause pour prendre une grande inspiration. Immobile, Belle sentit son corps se raidir dans l'attente.

- Zafina s'est tirée une balle dans le pied sans aide de ma part. L'adultère était facile à prouver puisqu'elle n'a pas cessé de faire des voyages à l'étranger.

Jafar dévisagea avec douleur la jeune femme derrière le canapé comme si elle voulait se protéger de lui. Des émotions indéfinissables se percutaient les unes contre les autres. Une vague de culpabilité le submergea car il était le seul coupable et ne pouvait pas blâmer Belle d'avoir pris la fuite. Aveuglé par cette détermination dérisoire il n'avait pas essayé de comprendre ce qu'elle avait tenté de lui dire la veille. Pourtant il se souvenait de ses yeux brillants et de ses lèvres tremblantes de chagrin. Il baissa un instant son regard sur son ventre tout en réalisant peu à peu qu'elle portait un miracle.

Son miracle.

Consumé par le remord Jafar reprit en espérant pouvoir rattraper son erreur et la prendre enfin dans ses bras.

- Comment as-tu pu croire une seule seconde que je ne te croirais pas ?

- Parce que tu ne voulais plus que nous en parlions Jafar, et à chaque fois tu...

- Comment as-tu pu croire que je ne te croirais pas ? Répéta Jafar en faisant un pas vers elle : À l'instant précis où je suis venu te chercher à New-York je ne t'ai pas quitté une seule seconde. Chaque jour de chaque nuit nous étions ensemble, tu m'as offert ta virginité comme une preuve irréfutable de ton amour alors que moi, je jouais l'amnésique car je refusais du moins je ne voulais pas y croire.

Belle sentit son cœur fondre sous les douces paroles de son mari.

- Je sais, avec ferveur et détermination que tu es celle que je veux et que j'ai toujours voulu. Jamais il m'est venu à l'esprit que tu puisses me tromper, ajouta-t-il en faisant de nouveau un pas vers elle.

- Mais les autres pourraient le penser Jafar, les dates ne correspondent pas et tu as brisé la tradition.

Il arbora un triste sourire.

- Mon peuple a foi en moi, alors s'il a foi en moi il aura confiance en toi et je n'ai pas besoin de leur prouver quoi que ce soit habibti car ils savent qui je suis et toi...

Il marqua une pause pour briser le dernier espace qui les séparait.

- Toi, tu n'as rien à me prouver car je sais au plus profond de mon être que cet enfant est le mien, je l'ai moi-même souhaité, articula Jafar d'une voix profonde.

Il vit dans ses prunelles un voile transparent et ce dernier se transforma en une traînée de larmes.

Était-ce des larmes de bonheur ? De soulagement ?

Saisi d'une impulsion il la prit dans ses bras, emprisonnant son corps tremblant contre le sien. Jafar exhala un soupir de soulagement quand elle s'accrocha à ses épaules.

- Pardonne-moi d'avoir été si stupide chérie, murmura-t-il en déposant un baiser dans ses cheveux.

- Tu réalises que j'ai dû partir pour avoir enfin la conversation dont je rêvais ? Demanda-t-elle d'une voix émue.

Jafar posa son index sur son menton afin qu'elle lève son regard bleu vers lui.

- À l'avenir promets-moi de me rappeler l'insoutenable douleur que j'ai ressenti ce soir, dit-il d'une voix rauque.

- Je veux que tu oublies ton passé Jafar, je veux pouvoir avancer avec toi sans craindre qu'il se dresse entre nous.

Jafar sentit une douleur comprimer son cœur.

- Tu es celle qui m'aide à l'oublier, chuchota-t-il avant de couvrir ses lèvres d'un baiser chargé de promesses silencieuses.

Belle avait la gorge si nouée qu'elle accepta son baiser et le vœu éternel qu'il constituait.

Il s'écarta légèrement puis posa ses mains sur ses hanches.

- Tu...es certaines ? Assurément certaine d'être enceinte ? Demanda-t-il maladroitement.

- Oui, affirma-t-elle avec un rire joyeux.

Alors qu'elle ne s'y attendait pas, il se mit à genoux et fit pression sur ses hanches pour qu'elle s'approche.

Il murmura en arabe avant de déposer un baiser sur son ventre. Belle glissa ses doigts dans ses cheveux de jais alors que des larmes de bonheur couraient sur ses joues...jusqu'à ce qu'elle découvre horrifiée les phalanges abîmées de sa main droite.

- Jafar ? Que s'est-il passé ? Pourquoi ta main est-elle blessée ?

Il s'écarta légèrement les yeux fixés sur son ventre et elle sentit ses doigts se crispés sur ses hanches.

- Je t'expliquerai tout en temps voulu habibti, répondit-il d'une voix énigmatique.

Puis il releva la tête.

La mine sombre, les yeux menaçants il déclara ;

- Mais avant ça, je vais devoir régler deux ou trois choses qui ne méritent aucun pardon...

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