Chapitre 22
- Si vous voulez bien me suivre mademoiselle...
Belle esquissa un faible sourire en direction du garde qui pour une raison méconnue était dressé devant sa porte de chambre depuis son arrivée et elle ne manquerait pas de soulever ce point avec le sultan.
Le cœur battant à la chamade elle suivit l'homme avant que ce dernier la laisse dans une pièce absolument renversante tant par sa beauté que par les secrets qui remplissaient les murs.
Belle avait l'impression d'avoir été aspirée dans un conte des mille et une nuits.
Son regard se porta sur la grande table garnie de coupes en argents qui regorgeaient de fruits exotiques. Timidement elle s'approcha pour glisser ses doigts sur le bois massif de la table alors qu'une brise d'air faisait flotter les rideaux.
Puis soudain, Belle retint son souffle en percevant un bruit de porte derrière elle. Un étrange frisson la parcourut. Elle savait sans le moindre doute qu'il s'agissait de lui.
Au prix d'un effort surhumain elle se retourna pour l'affronter.
Immédiatement sa voix se mua en un souffle léger, et son cœur n'était plus qu'une succession de battements irréguliers.
Il portait une djellaba semblable à son regard obscur. Les muscles saillaient sous le tissu qui épousait ses larges épaules.
Belle cligna des yeux pour recouvrer l'esprit qui s'éparpillait dangereusement.
- Je suis ravi de vous revoir, déclara-t-il de sa voix chaude et teintée d'un fort accent.
Elle tenta de s'éclaircir la voix pour lui répondre mais celle-ci semblait éteinte.
- Vous avez perdue votre voix ? Demanda le sultan en s'approchant à l'allure d'un félin.
- N..non, bredouilla-t-elle en remettant une mèche rebelle derrière son oreille.
- Vous avez faim ? S'enquit-il d'une voix grave.
Une fois en face d'elle, il se mit à la dévisager avec sa paire d'yeux menaçante et son expression impassible ne lui laissait aucune chance de lire dans ses pensées.
- Avant d'envisager de dîner je voudrais savoir pour quelle raison il y a un garde posté à la porte de ma chambre ?
- Simple mesure de précaution, murmura-t-il d'une voix absente.
Belle déglutit péniblement sous le poids de son regard intense et troublant.
- De quoi avez-vous peur ? Que je prenne la fuite ?
Le sultan planta son regard sans le sien puis esquissa un sourire.
- Aucun risque de ce côté là mademoiselle Moor, murmura-t-il sûr de lui.
- Vous en êtes sûr ? Demanda-t-elle en le défiant du regard.
- Absolument certain, affirma-t-il d'une voix mystérieuse.
Sans lui laisser le temps de répliquer il la guida vers la table et lui tira la chaise, frôlant au passage son épaule droite ce qui eut bon de la troubler davantage.
Il fallait ce l'avouer même si elle se sentait dans le péché. Cet homme viril l'attirait comme un aimant...
Elle avait l'impression de découvrir son corps et ses réactions affolantes chaque fois qu'il posait son regard sur elle.
Cependant, la raison qui maintenait son équilibre lui murmurait de prendre garde car ils étaient diamétralement opposés.
Lui était un souverain implacable et elle une jeune serveuse dont l'avenir était incertain. Pour toutes ces raisons elle devait impérativement reprendre le contrôle de ses pensées.
Et puis en toute honnêteté, elle était assurément persuadée qu'il côtoyait des femmes bien plus sophistiqués au style aristocratique.
- pour répondre à votre question avec plus de sérieux, commença-t-il après s'être installé en face d'elle ; s'il y a un garde à votre porte c'est pour votre sécurité et cela fait partie des règles établies.
- Des règles que vous avez établies, rectifia-t-elle en dépliant sa serviette.
Il se passa le pouce sur sa bouche sans la quitter des yeux.
- En effet ce sont les miennes, affirma-t-il en se levant brusquement.
L'espace considérable qu'il y avait entre eux parut soudain se rétrécir. Belle sentit ses joues s'enflammer quand elle comprit qu'il se dirigeait droit vers elle. Il s'arrêta à sa hauteur et posa ses larges mains sur les accoudoirs de sa chaise.
- Pourquoi, cherchez vous sans cesse le défi mademoiselle Moor ? Est-ce avec tout le monde ou seulement avec moi ?
Il restait quelques centimètres entre leurs visages. Son souffle chaud se posa sur son visage comme une dangereuse caresse qu'elle ne put ignorer.
- Aussi troublant que cela puisse paraitre votre altesse en temps de grande nervosité je la combat avec cette méthode, avoua-t-elle sans regret.
Il s'écarta soudain, scrutant sa bouche sans vergogne alors qu'elle pouvait déceler ses mâchoires tressauter convulsivement.
- C'est la première fois de ma vie que j'ai affaire à une femme aussi honnête, confia-t-il en se redressant lentement, lui donnant ainsi la liberté de reprendre son souffle.
Il continua à la regarder puis rajouta :
- Cependant je voudrais savoir ce qui vous rend aussi nerveuse ?
- Je pensais que c'était assez suffisamment flagrant pour que vous, vous en rendiez compte, s'empressa-t-elle de dire en soutenant son regard.
Il pencha la tête sur le côté tout en esquissant un sourire énigmatique.
- Ne me dites pas que je suis la cause de votre nervosité, surtout après avoir pris la décision de venir ici, chez moi que plus est de votre plein gré.
Belle plissa des yeux devant l'air moqueur du sultan.
- Etonnant n'est-ce pas ? Lança-t-elle en crispant un sourire qui se mua en une grimace significative.
Le sultan se mit à rire doucement puis reprit sa place à son plus grand soulagement.
- Servez-vous avant que ça refroidisse.
Son ton n'évoquait pas l'invitation ou le conseille mais un ordre qui la fit sourciller.
- Est-ce une habitude de donner des ordres ? Osa-t-elle demander en se servant dans le grand plat principal.
- Une habitude sans doute mais je dois reconnaitre que j'aime vous en donner pour mieux vous voir les contrer, répondit-il en plissant des yeux à son tour : Il faut dire que vous êtes à ce jour la première personne à me tenir tête.
Malgré le feu qui lui montait aux joues Belle haussa des épaules.
- Il faut un début à tout.
Il se frotta alors le menton l'air intrigué.
- Peut-être parce que je vous ai laissé faire...
Belle reposa la cuillère lentement alors qu'elle sentait le poids de son regard sur elle.
- Autrement dit je devrais être reconnaissante d'être encore en vie ? Dit-elle d'une voix troublée par l'atmosphère qui régnait dans le vaste salon.
- C'est à peu près ça sauf que je ne tue pas les femmes, seulement ceux qui sont une menace pour mon pays.
Belle ne put s'empêcher de tressaillir alors qu'il la regardait avec une lueur étincelante dans les yeux. Il fallait couper court à cette conversation avant que celle-ci dérape, songea-t-elle en baissant les yeux vers son assiette qu'elle commença à déguster avec appétit. Le ciel l'avait probablement entendu puisqu'il ne chercha pas à la rendre plus longtemps mal à l'aise. Ils échangèrent sur des sujets divers jusqu'au dessert. Le ventre plein elle se lécha inconsciemment les lèvres avant de les tremper dans son verre d'eau sans remarquer l'observation intense du sultan.
Jafar était sur le point de devenir fou si ce n'était pas déjà fait.
Il ne savait même plus depuis combien de temps ses mains étaient agrippées aux accoudoirs de la chaise.
La volonté qu'il mettait dans cette épreuve était peu à peu affaiblie par le désir qu'elle éveillait en lui si bien qu'il dut lutter en vain contre l'impulsion de l'embrasser...ne serait-ce qu'une seule fois.
Lorsqu'elle pose son verre ce fut pour lui comme l'achèvement d'une longue et insupportable torture.
- C'était un repas plus que fabuleux, lança-t-elle avec un sourire timide.
Ce sourire cachait bien des choses...notamment son envie de le fuir. Pas besoin de lire dans ses pensées il suffit juste d'étudier son langage corporel.
- Je suis ravie qu'il vous ait plus, parvint-il à dire alors que sa gorge retenait l'afflux d'une voix rauque.
- J'aimerais savoir s'il était possible de quitter le palais demain pour découvrir les merveilles de Rhayad.
- Bien entendu, nous partirons demain après le déjeuner.
Nous ? Pourquoi nous ?
- Il est absolument or de question de vous laisser seule, je viendrais avec vous.
N'y tenant plus Jafar se leva pour la rejoindre.
- Vous voyez que vous avez envie de me fuir ? Dit-il en la pointant du doigt.
Comme elle commençait à ouvrir la bouche Jafar poursuivit.
- Cependant j'ignore la raison qui vous pousse à prendre la poudre d'escampette.
Jafar la vit se lever avant qu'il ne l'atteigne.
- Vous vous trompez, je n'ai pas la moindre envie de vous fuir en ce moment, bredouilla-t-elle les joues enflammées.
- Votre visage vous trahi Belle.
- Ah oui ? Et que voyez-vous sur mon visage ?
Le défi qu'elle venait de lui lancer fut pour lui comme un cadeau précieux.
Jafar leva sa main pour atteindre sa joue puis vit dans ses yeux une lueur d'espoir s'y former...comme si elle désirait plus que tout qu'il l'embrasse.
Jafar prit alors d'assaut cette bouche qu'il avait tant désiré...
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