Chapitre 20




  - Ce qui signifie ? S'enquit Belle en sentant peu à peu le piège se refermer sur elle.

Il soupira lentement par le nez comme si cette complexe situation ne lui plaisait pas autant qu'elle ne l'aurait cru.

- Croyez-moi sur parole, si j'avais eu le temps d'intercepter cette photo, je ne vous demanderai pas ce que je m'apprête à vous demander.

- Inutile de vous donner cette peine, dit-elle d'une voix plus calme qu'elle ne l'aurait cru ; Vous voulez que j'aille dans votre pays pour jouer la femme énamourée ?

- Je suppose que vous allez m'imposer un refus mais je pense pouvoir vous convaincre, affirma-t-il en s'installant en face d'elle.

Belle fut surprise de ne pas déceler de l'arrogance dans sa réponse. Il était posé, serein, comme si pour lui, la bataille était déjà remportée.

- Vous espérez me convaincre de quitter mon travaille pour m'offrir un séjour à Rhayad sans avoir la garantie qu'il ne s'agit pas d'un piège.

L'expression du sultan se rembrunit.

- De quel piège parlez-vous ?

- Eloïse est à deux semaines de se marier et j'ai comme l'impression que vous êtes en mission, encore une fois.

- Le mariage de mon cousin n'a rien à voir avec notre problème, rétorqua-t-il d'une voix ferme ; Je vous ai imposer les fiançailles, je ne vous imposerai pas leur mariage.

Bizarrement, Belle le sentit sincère si bien qu'elle commençait à reconsidérer sa proposition.

- Je m'arrangerai pour que votre patron vous laisse des jours de repos, ajouta le sultan sûr de lui.

- Il ne s'agit pas de ça, mon patron me laisserait un mois de vacances si je n'étais pas au bord du gouffre financier. Il s'agit de mes loyers à payer, je ne peux pas m'absenter c'est un trop grand risque pour moi.

Il inclina faiblement de la tête, lui témoignant sa compassion.

- Si je vous dis que je peux vous aider je passerais pour un monstre vous donnant l'impression d'être achetée n'est-ce pas ?

- Oui, murmura-t-elle d'une voix qui trahissait sa tristesse ; Je n'ai pas besoin d'être prise en pitié.

- Je veux pourtant vous apporter mon aide parce que vous l'a mérité, insista-t-il en plongeant son regard dans le sien.

Belle sentit alors son cœur s'emballer par de violents battements.

- Il est inutile que je vous énumère les raisons qui me poussent à faire ça Belle, elles sont nombreuses et vous le savez.

Bien sûr, il faisait référence à l'héritage de son père et de ses nombreux sacrifices. Mais toutes ces raisons valaient-elles la peine qu'elle accepte ?

- Laissez-moi vous inviter à Rhayad, de plus c'est bientôt le nouvel an et nous avons de fabuleuse festivités en cette période.

Comme elle gardait le silence il se pencha en avant pour sonder son regard. Immédiatement elle eut l'impression que son esprit ne lui appartenait plus.

- Je vous promets de vous laissez repartir si vous ne vous sentez pas à l'aise.

- Donc si je comprends bien, si j'accepte de me montrer en votre compagnie j'y gagne un séjour tout frais payé et la joie de passer le réveillon à vos côtés alors que nous nous connaissons à peine.

Un sourire en coin se dessina sur les lèvres dures du sultan.

- N'est-ce pas plus agréable que de le passer seule ?

Il marquait un point.

- Vous n'allez pas regretter votre décision, insista-t-il d'une voix rauque.

- Je n'ai même pas de passeport, laissa-t-elle entendre comme si elle avait déjà accepter.

Pour la première fois de sa vie Belle se voulait aventurière et se lancer à corps perdu. Elle savait qu'il y aurait des risques, des peurs, des joies ou peut-être même des déceptions.

- Nous voyageront à bord de mon jet privé, répondit-il en savourant sa victoire.

- Si jamais vous trahissez...

- Je suis un homme de parole, la coupa-t-il brutalement ; Soyez certaine d'être bien traitée plus que vous ne pouvez l'espérer.

Il se leva soudain, la dominant de toute sa hauteur puis se baissa légèrement près de sa chaise.

- Belle Moor vous n'imaginez pas à quel point c'est un plaisir de vous savoir sous ma protection.

Les joues en feu elle se pinça la lèvre nerveusement mais l'affronta sans ciller.

- Je sais me défendre.

Il tiqua peu convaincu.

- Je n'ai pas encore eu le loisir de l'observer mais je sais assurément que vous êtes une femme qui sait ce qu'elle veut et qui n'a pas peur de l'inconnu. J'aime ça.

Belle lutta pour soutenir son regard qui se faisait plus profond, plus mystérieux.

- On a qu'une seule vie n'est-ce pas ?

Il ne répondit rien, puis son expression ne laissait plus aucune émotions transparaître.

- Vous devriez manger un peu, conseilla-t-il en se redressant.

Le ton autoritaire qu'il prenait avec elle n'avait rien de comparable à ceux qu'elle avait reçu pendant des années. Il vibrait presque d'une inquiétude dissimulée.

- Lorsque vous aurez terminé, nous quitteront cet endroit au plus vite.

- Si vite ! S'écria-t-elle en se levant lentement.

Jafar observa la jeune femme qui paraissait confuse et s'écarta doucement pour échapper à l'envie d'écouter son instinct qui lui soufflait dangereusement de l'embrasser.

Il n'y avait pas d'urgence pour partir si vite. Cependant il craignait qu'elle puisse changer d'avis comme elle l'avait fait par le passé.

Et ses craintes se confirmèrent une heure plus tard.

Cela faisait quelques minutes à peine que l'avion parcourait le ciel obscur qu'elle déclara ;

- J'ai changé d'avis.

Jafar abaissa son téléphone pour relever les yeux vers elle.

Pâle, confuse et en proie à un accès de panique, la jeune femme dévisageait l'intérieur du jet privé à la recherche d'une issu de secours.

- Très bien, voulez-vous que je vous équipe pour sauter en parachute ? Lança-t-il sur le ton de l'humour.

- Ce n'est pas drôle du tout !

Jafar se leva pour s'installer près d'elle.

- L'adrénaline est en train de jouer un rôle essentiel à votre panique, dans quelques minutes vous, vous sentirez mieux.

Ses grands yeux bleus frangés de longs cils déployés se posèrent sur lui. Sa respiration erratique devint plus apaisé et son teint livide reprenait peu à peu des couleurs.

- Comment faites-vous pour toujours avoir la solution à tout ? Demanda-t-elle d'une voix plus douce.

- Des années de pratique, dit-il en lui souriant.

Belle se racla la gorge alors qu'il reprenait sa place en face d'elle.

De nouveau impassible il croisa ses longues jambes et consulta son téléphone. Il donnait presque l'allusion d'avoir gagné et de s'en satisfaire secrètement.

Elle nota aussi la distance qu'il avait mis entre eux et ce n'était pas sans lui déplaire.

Plus il imposait cette distance plus Belle se sentait libre de réfléchir sans avoir cette impression d'être happée par ce regard cendré.

- Voulez-vous boire quelque chose ? Demanda-t-il à l'approche d'un homme qui se matérialisa devant eux.

- Un jus d'orange si c'est possible.

Il nota sa commande puis échangea quelques mots en arabe avec l'homme qui pivota les talons.

- Ce n'est pas fatiguant d'être riche ? Demanda-t-elle en étudiant l'habitacle luxueux.

- Non, puisque j'ai travaillé pour l'avoir, et je ne suis pas l'un de ces hommes qui flemmardent toutes la journée et qui frappe des mains pour avoir à sa portée une armée de serviteurs, répondit le sultan en la dévisageant comme si cette question l'avait heurtée.

- Bien que je n'es pas été toujours comme ça, ajouta-t-il d'une sombre voix.

- Vraiment ? S'enquit Belle piquée par la curiosité.

Fermé, il planta son regard ciselé dans le sien.

- Oui, à une époque lointaine j'étais un jeune homme assez arrogant, méprisant et je passais mon temps à profiter de l'argent qui n'était pas le mien. Un gosse gâté si je puis dire.

- Que s'est-il passé pour que vous changiez ? Demanda-t-elle d'une voix presque inaudible.

Belle était surprise qu'il se confie à elle.

- Mon père m'a donné une bonne leçon, lâcha-t-il brièvement en serrant les mâchoires.

- Laquelle ? Osa-t-elle demander.

- Il est mort sur un champs de bataille pour sauver toute une famille.

Émue, Belle baissa les yeux sur ses genoux, osant à peine le regarder.

- Je suis désolée.

- Autant que je l'étais pour vous, murmura le sultan d'une voix chaude accompagné d'un mince sourire.

Il soupira lentement puis reprit :

- Sa mort brutale m'a fait réaliser beaucoup de choses, notamment l'essentiel. J'étais le fils du sultan, et je me devais d'être un monarque à la hauteur de ce qu'il était et ce qu'il m'a laissé en héritage. Depuis ce jour, je me suis fait la promesse de régner en main de maitre sur le pays qu'il m'a laissé.

- Je suis certaine qu'il est fière de vous.

- Jusqu'ici je m'en sors bien, si bien sûr on oublie mon mariage chaotique qui est loin de ressembler au sien qui a duré plus de vingt-six avec la même et unique femme, que je n'ai malheureusement pas eu le temps de connaître ou même de m'en rappeler.

Pour la première fois, Belle décela une émotion sur son visage et sentit son cœur serrer.

- Assez parlé, décréta l'homme d'une voix grave et lointaine.

- Ou..oui vous avez raison, murmura Belle en se redressant sur son siège, ayant presque oublié où elle se trouvait.

Jafar étudia la jeune femme en silence. Peu habitué à la confidence Jafar n'avait pas hésité à lui offrir un fragment de sa vie.

Il avait gagné ce soir mais cette victoire avait un goût amer car il s'était promis de refouler toutes pensées toutes pulsions primitives.

Mais comment allait-il résister à cette mystérieuse jeune femme ? Comment pouvoir résister à l'appel féroce qu'elle lui inspirait ?

Pour le savoir, Jafar avait quelques jours devant lui et il était bien décidé à percer les mystères de la belle jeune femme.

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