Chapitre 19



En quittant la voiture, Belle savait qu'elle commettait peut-être une erreur avant de se rendre compte qu'il avait raison. Il avait traversé l'océan Pacifique uniquement pour elle et cette méfiance qui revenait sans cesse la mettre en garde la rendait presque égoïste.

Inspirant profondément, elle le suivit à l'intérieur de l'hôtel luxueux. Très vite, Belle ressentit le besoin de baisser les yeux pour échapper aux lourds regards portés sur elle.

Ils furent accueillis par un maître d'hôtel qui s'empressa de les conduire jusqu'aux ascenseur. Dans l'étroit habitacle Belle eut l'impression d'étouffer jusqu'à ce que les portes s'ouvrent sur un couloir silencieux.

- Je vous souhaite un agréable séjour votre altesse.

Belle réprima un frisson d'angoisse lorsque la porte se ferma lentement derrière eux.

Soudain quelque chose échappa à son contrôle. C'était comme si elle n'était plus maîtresse de son propre destin. Qui plus est, elle ne comprenait pas pour qu'elle raison il avait choisi de séjourner à l'hôtel.

- Pourquoi séjourner ici alors que vous posséder une belle demeure à quelques kilomètres d'ici ?

- Parce que cette dernière n'a pas été préparée pour mon arrivée, dit-il en lui retirant son manteau.

Belle étouffa un autre frisson pour se concentrer sur la suite luxueuse. Ornée de tableaux prestigieux, elle avait l'impression d'avoir basculé dans un autre univers dans lequel elle ne se sentait pas à l'aise.

- Détendez-vous, lui conseilla-t-il en plongeant son regard dans le sien.

- Facile à dire, rétorqua Belle en se balançant d'un pied sur l'autre.

- Je vais prendre en main la situation, affirma-t-il en ôtant la cravate qui nouait sa large gorge ; Alex Frost ne sera plus qu'un souvenir pour vous.

Elle vit dans ses yeux une flamme dangereuse y danser lui donnant l'impression qu'il savourait déjà la victoire qu'il gagnerait.

- Merci, dit-elle en croisant ses mains contre son ventre ; Cependant vous ne m'avez pas dit pour quelle raison je ne peux pas rentrer chez-moi.

- Je vais d'abord commander notre dîner, ensuite je prendrais le temps de vous expliquer.

Dans sa voix, Belle y décela une fermeté sans contestation possible.

- En attendant vous devriez investir la salle de bains, vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin, ajouta-t-il en pointant une porte sur la gauche.

Il se retourna sans d'autres explications pour attraper le combiné. Sans un mot Belle entra dans la salle de bain et effectivement elle trouva de quoi se rafraîchir, ainsi que des vêtements pour femmes. Belle ne put s'empêcher d'étouffer un rire sec en supposant qu'ils appartenaient à l'une de ses anciennes conquêtes avant de blêmir en découvrant une note avec la date d'aujourd'hui.

Avait-il réellement commander tous ceci uniquement pour elle ?

Gênée, elle ôta sa tenue de travaille pour enfiler un legging noir et une longue tunique blanche.

Elle quitta la salle de bains avec appréhension.

- J'étais presque certain que votre choix se porterait sur les plus modestes de la collection.

Une main sur le cœur Belle se retourna.

- Un jour je serais victime d'une attaque si vous continuez à surgir de nulle part.

Il émergea d'un coin sombre en arborant un sourire des plus ténébreux.

- Je suis navré, je vous attendais et le temps me paraissait long.

- Pas aussi long que s'annonce cette soirée, rétorqua Belle.

- En effet, affirma-t-il en allongeant sa main pour l'inviter au salon.

Le cœur battant elle essaya par tout les moyens de sonder son regard en quête d'informations mais n'y trouva rien d'autre qu'une expression impassible.

Deux minutes plus tard alors qu'elle s'installait autour de la table dressée pour deux, un chariot fut installé sur sa gauche.

- J'espère que vous avez faim mademoiselle Moor.

- Mon estomac est noué, avoua-t-elle en dévisageant les lèvres sèches les mets présentés.

- Il n'y a aucune raison pour qu'il soit noué, dit-il en soulevant les cloches.

- J'ai un mauvais pressentiment.

Les plissa des yeux comme deux fentes impénétrables.

- Vraiment ? S'enquit-il en levant un sourcil.

- Si vous me disiez ce qu'il se passe peut-être que je n'aurais pas le sentiment que quelque chose se passe.

Il se pencha, posant son avant-bras sur la nappe blanche.

- Nous avons un soucis avec la presse, déclara-t-il d'une voix qui avait reprit tout son sérieux.

- Encore ? S'enquit-elle d'une voix qui laissait paraître son désespoir.

- Cette fois-ci cela ne concerne pas Eloïse ni même Zuyad, cela nous concerne.

Belle cilla sous le regard sombre du sultan. Alors son pressentiment n'était pas qu'une sombre idée de sa part, songea-t-elle alors que ses mains devenaient moites.

- Ce...c'est pour...enfin...balbutia-t-elle alors qu'il l'observait avec une telle intensité qu'elle avait l'impression que ses propres pensées ne lui appartenaient plus.

- Nous avons été prit en photos par des photographes et depuis, la presse de Rhayad se déchaîne et la vôtre aussi.

Belle rit nerveusement.

- Ce n'est qu'une photo, elle ne reflète en rien la réalité.

Le regard du guerrier s'assombrit de nouveau.

- C'est beaucoup plus compliqué que vous semblez le penser, contrat-il de sa voix chaude teintée d'un accent à faire frémir une armée constituée d'ennemis.

Belle cligna plusieurs fois des yeux, pour lui imposer son désarroi.

- Je suis un homme connu partout dans le monde, les rumeurs vont très vite et sont parfois difficiles à faire taire. Ça l'est pour cette photo.

- Qu'a-t-elle de si particulière ? Chaque instant passé avec vous n'ont été qu'un théâtre et une peur constante que je ne parvenais pas à réprimer.

Une lueur mystérieuse passa dans son regard.

- La dernière fois que j'ai été vu avec une femme date. Il y a un an si ce n'est pas plus. Alors il était presque évident que la presse allait s'affoler et j'en assume l'entière responsabilité. Vous êtes de dos et moi dans le viseur de l'objectif. Le regard que je vous porte est loin d'être neutre et sans équivoque.

Les joues en feu, le rythme cardiaque affolé, Belle le dévisagea longuement sans trouver la force de lui répondre alors que lui...avait le regard fixé sur sa bouche, les mâchoires serrées.

- Je donne l'air d'un animal sauvage sur le point de fondre sur sa proie, acheva Jafar en essayant au mieux d'écarter le désir qui l'empêchait de se concentrer pleinement sur l'essentiel.

- J'ai dû sans doute vous énerver à ce moment-là, dit-elle en espérant trouver une explication plausible.

Mais pour Jafar cette photo était aussi limpide que le regard qu'il lui portait en cet instant.

Mais à sa plus grande frustration, elle ne semblait pas le voir. C'était presque à se demander si elle avait déjà été séduite par le passé, si on oubliait Alex Frost qui bientôt regrettera amèrement d'être né.

- Peu importe, conclut-il sèchement pour mettre fin à ce regard perdu qu'elle lui portait ; À présent vous savez les raisons qui vous empêche de rentrer chez-vous.

- Et puis-je savoir comment vais-je faire pour retrouver mon appartement ?

Jafar l'ignorait, du moins les solutions qu'il avait entre ses mains n'allaient pas lui plaire et de son côté...il s'agissait d'un grand danger.

- Ils vont bien finir par se calmer, insista la jeune femme dont les yeux scintillaient comme deux saphir.

Jafar se leva pour se détourner d'elle car ses pensées s'en trouvaient affectés et il ne parvenait pas à réfléchir.

Pourtant, au tréfonds de son être il connaissait la réponse.

S'il gardait la jeune femme à l'abri alors il attiserait l'excitation de la presse comme il l'avait fait pour Zafina. Rictus aux lèvres il se mit à contempler la vue plongée dans l'obscurité. Toutes ses conquêtes avec lesquelles l'avenir était aussi bref qu'une tempête de sable avaient toujours fait la une des tabloïds. De ce fait, les journalistes prenaient cette affaire moins au sérieux et annonçaient la fin de cette relation avant même qu'il ait pu y songer.

Mais Belle n'était pas sa maîtresse, c'était une innocente plongée dans un piège dont il était le seul responsable. De plus, prendre le risque de la faire venir à Rhayad mettrait sa propre vie sans dessus de sou. Car le simple fait de poser ses yeux sur elle provoquait en lui une myriade de sensations contradictoires.

- J'ai une solution mais je doute qu'elle vous plaise.

- Je vous écoute.

- Si je vous met à l'abri des photographes j'attiserai le feu.

- Mais pour quelle raison ?

Jafar se retourna lentement sans pouvoir contrôler l'amertume de ses pensées qui se peignit sur son visage.

- Parce que c'est ce que j'ai fait pour mon ex-femme lorsque je pensais qu'elle était celle qu'il me fallait, expliqua-t-il d'une voix rêche.

Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent puis se baissèrent. Il nota son silence respectueux puis reprit.

- Les autres femmes qui ont partagé un morceau de ma vie par le passé n'ont pas eut ce traitement de faveur car je savais que ce serait qu'une courte aventure. Alors je laissais la presse les photographier sans être inquiété. La presse savait sans l'ombre d'un doute que cette relation ne durerait pas.

Belle manquait de mot mais comprit le sens de son explication. Son instinct la poussa à envisager d'emprunter la sortie mais ses jambes refusaient de bouger.

- Sans le savoir, et en vous cachant d'Alex Frost vous avez éveillé la curiosité des paparazzis, termina-t-il plus doucement.

- Et donc vous suggérez que je m'expose devant eut pour leur faire comprendre que cette relation imaginaire n'aura jamais aucune chance ?

Le sultan la toisa de son regard acéré et elle fut très vite assaillie par une vague de frissons.

- Si c'est la solution pourquoi vous ne voulez pas me laisser rentrer chez-moi pour leur donner ce qu'ils veulent ?

Le sultan esquissa un sourire dévastateur puis s'approcha lentement vers la table.

- Parce que je ne parle pas de cette presse là mais celle de Rhayad, mademoiselle Moor, rectifia-t-il d'une voix de velours.

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