Chapitre 16
Au petit matin, Belle s'était levée à l'aube comme prévu. Elle quitta le pyjama en coton que lui avait prêté le sultan pour remettre ses vêtements froissés. Délicatement elle reposa les chaussures près du lit et allongea la robe magnifique sur le couvre-lit. Pendant un bref instant Belle avait l'impression d'être cendrillon sur le point de retourner à sa triste vie.
Chassant cette curieuse pensée Belle avisa la porte mais sut que si elle l'ouvrait elle avait plus de chances d'attirer l'attention que si elle passait par le balcon.
Déterminée elle ouvrit les portes et fut frappé par le vent glacial. Étirant une grimace elle activa son GPS sur son téléphone pour qu'il détecte l'endroit où elle se trouvait.
Puis son regard se porta sur l'immense portail infranchissable. Les murs étaient hauts mais les arbres qui les sillonnaient lui donnaient une chance de les franchir.
- D'après vous miss Moor, quelles sont les probabilités que vous vous rompiez le cou ?
Belle poussa un cri à la hauteur de sa frayeur. Elle se retourna et se retrouva nez à nez avec l'homme qui la hantait jour comme de nuit.
Ses yeux brillaient d'une dangereuse lueur. Il l'observait sévèrement, immobile à l'entrée du balcon.
- Qu'est-ce que vous faites ici ? Demanda-t-elle d'une voix tremblante.
- Je vous retourne la question ! Siffla-t-il en comblant l'espace qui les séparait ; Je peux savoir ce que vous êtes en train de faire.
- J'admire la vue, mentit-elle maladroitement.
- Petite menteuse, gronda-t-il en encerclant son bras pour la ramener à l'intérieur.
Belle réprima un frisson d'angoisse incontrôlable alors qu'il refermait les portes vitrées.
- Je pensais que tous le monde dormait encore et je...
- Je suis l'un de ces hommes qui se lèvent tôt, la coupa-t-il brutalement en lui prenant son téléphone des mains.
Scandalisée Belle écarquilla les yeux.
- J'ignorais que l'on avait besoin d'un GPS pour étudier la vue, dit-il en lui rendant son téléphone ; Êtes-vous idiote ou seulement imprudente ?
- Les deux peut-être, dit-elle sèchement.
Ce n'était pas le même homme, nota-t-elle parcourue par un froid glacial. Rictus aux lèvres, son regard noir porté sur elle était menaçant voire mécontent.
- Je vous ai promis qu'un chauffeur vous ramènerez, pour quelle raison tordue vous désirez encore me fuir ?
- C'est la situation que je tente de fuir, pas vous particulièrement, répondit-elle en affrontant son regard non sans vaciller.
- Dans ce cas je vous suggère de patienter encore un peu au lieu de vous mettre en danger inutilement, répliqua-t-il sèchement ; À présent suivez-moi.
C'était un ordre tranchant et qui n'avait pas le droit à la réplique.
Belle le suivit les mains moites.
Il était si rapide qu'elle avait du mal à le rattraper. Il ouvrit deux grandes portes à la volée et lui indiqua la chaise en face de la sienne.
Belle remarqua que la table était garnie de délicieuses pâtisseries.
- Lorsque je suis venu à votre rencontre la première fois j'ai crû que vous étiez simplement désarmée et naïve dans ce chalet dont le toit menaçait de s'effondrer.
Il marqua une pause dans laquelle il lui servit une tasse de thé.
- Jusqu'à aujourd'hui, car je réalise que vous êtes tout simplement stupide.
- Mon père disait toujours que l'instinct survie peut nous inciter à faire des choses stupides, rétorqua-t-elle en haussant des épaules.
- L'instinct de survie ne vous sera d'aucune utilité s'il me prend l'envie de vous étrangler, répliqua le sultan d'une douceur menaçante.
Belle frémit de peur mais tenta de ne rien montrer.
- Nous sommes des inconnus l'un pour l'autre, alors pourquoi auriez-vous envie de m'étrangler ?
- Parce que vous avez franchie la limité de ma faible patience.
- Bientôt, je ne serais plus qu'un souvenir, soyez patient quelques minutes votre altesse, le babysitting est bientôt fini, déclara Belle avec humeur.
- Au vu de votre comportement irresponsable je veux bien endosser ce rôle mais ne vous y trompez pas mademoiselle Moor, vous employez des mots qui pourraient dangereusement prendre acte sur-le-champ si je le voulais, dit-il d'une voix étrangement douce.
Belle affronta sa paire d'yeux menaçante et décida d'arrêter cette guerre qu'elle était sur le point de perdre. Son comportement irrationnel mettait à mal ses propres pensées. En réalité, si elle voulait fuir cet endroit c'est parce qu'il regorgeait de choses qu'elle enviait secrètement. Elle était jalouse, parce que jamais elle ne parviendrait à accéder à ses rêves, ses espoirs. Elle avait presque honte d'elle-même. Honte d'être une serveuse au milieu de toute cette haute société. Il s'était servi d'elle autant que sa belle-famille. Car à la fin de cette parenthèse, elle allait retourner à sa vie. Elle n'avait rien gagné, si ce n'est la certitude que ce monde n'était pas le sien.
- Je veux juste rentrer chez-moi, finit-elle par dire en retenant un sillon de larmes.
Jafar plissa son regard en étudiant les yeux brillants de la jeune femme. Soudain sa colère disparut, très vite remplacée par un serrement au cœur.
Elle semblait tout à coup très triste et fuyait son regard en reniflant.
Il eut presque envie de se lever pour la réconforter peu importe s'il était à l'origine de ses tourments. Bon sang ! Qu'est-ce qu'il lui prenait ?
- Buvez votre thé et je vous raccompagne, déclara Jafar d'une voix plus amène.
Devant ce silence obstiné il se contenta de la regarder. Ses cheveux blonds faisaient ressortir sa peau diaphane et lisse. Ses yeux luisaient d'un voile brillant ce qui suffit à intensifier ce bleu saphir.
Il désirait cette jeune femme si bien qu'elle annihilait chacun de ses sens.
Hélas, Jafar savait qu'il devait garder ce désir pour lui au risque de passer pour le pire des monstres. Bien que têtue, elle était d'une rare beauté et d'une intelligence qui lui faisait presque oublier son âge.
Et c'est exactement pour cette raison qu'il devait impérativement se tenir à l'écart avant que l'autre partie de lui réponde à cette tentation.
Une heure plus tard il s'arrêta à hauteur de son immeuble en sachant qu'il ne la reverrait probable jamais. Son séjour New-York s'achevait au plus tard ce soir.
Il serra convulsivement les mâchoires et ouvrit sèchement la portière pour s'empresser d'ouvrir la sienne.
- Merci, murmura-t-elle d'une voix à peine audible.
Il pouvait déceler son pouls s'affoler sans même la toucher.
Pour faire durer l'instant il l'accompagna jusqu'à sa porte tout en avisant celle en face de la sienne.
- Je vous remercie de m'avoir raccompagné, dit-elle en esquissant un sourire timide.
- Cela ne m'a demandé aucun effort, au contraire, déclara Jafar en plongeant son regard dans le sien.
Jafar écarta les pans de son manteau pour récupérer l'enveloppe.
- Tenez c'est pour vous ?
Elle avisa l'enveloppe d'un oeil méfiant puis la prit.
- J'espère que ce n'est pas.....
- Rassurez-vous, cette enveloppe ne contient pas un pot de vin pour vous remercier.
- Mais elle contient de l'argent, constata la jeune femme en l'ouvrant.
- J'ai parlé au propriétaire du chalet, pour moi il était injuste qu'ils conservent la somme d'argent que vous leur avez donné. Vous avez passée une seule nuit là-bas et dans des conditions exécrables. Je suis donc parvenu à ce qu'ils vous rendent la somme qui vous revient.
Surprise, elle battit lentement des cils.
- Mer...merci mais vous n'étiez pas obligé.
- Considérez ceci comme un cadeau de noël.
Belle en eut le souffle coupé. Touchée elle baissa les yeux sur l'enveloppe. En fin de compte elle ne partait pas sans rien, songea-t-elle en relevant les yeux sur le sultan.
- Merci infiniment.
- Prenez soins de vous Belle, je vous remercie pour m'avoir aidé à calmer la presse et je vous souhaite de ne plus jamais recroiser ma route.
Belle cilla puis esquissa un sourire.
- Votre sincérité me touche.
- Je suis toujours sincère à quoi bon mentir, déclara-t-il en se penchant légèrement ; Nous savons l'un comme l'autre que nous étions prisonniers dans un rôle mais à présent...
Il se recula, laissant le silence répondre à sa place.
- Au revoir Belle.
Sans un mot elle regarda ce bel homme au regard menaçant disparaître dans le couloir en sachant qu'elle ne le reverrait jamais.
Et c'était peut-être mieux ainsi...
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