Chapitre 12
Jafar lâcha une bordée de jurons après avoir franchi la porte de son bureau. Rachid s'y trouvait en train de consulter son ordinateur portable.
- Je suis assurément conscient que vous êtes occupé votre majesté mais vous venons de recevoir un mail important.
- De qui s'agit-il ? S'enquit Jafar en parvenant jusqu'à son fauteuil.
- Nicolas Varello, un homme d'affaires qui souhait s'associer à votre projet, expliqua Rachid en tournant l'ordinateur dans sa direction.
Jafar consulta le mail brièvement car il n'était pas d'humeur à parler affaires.
- Nous verrons cela plus tard, décréta-t-il en fermant l'ordinateur sèchement.
- Je vois que vous n'êtes pas de bonne humeur et pourtant vous l'étiez il y a moins d'une heure, nota Rachid en prenant place dans le fauteuil.
- Cette femme va me rendre dingue ! Siffla-t-il entre ses dents.
- Vous parlez d'Eloïse ?
- Non, je parle de Belle Moor.
- Je l'ai aperçu tout à l'heure, c'est une belle jeune femme, et elle semble particulièrement amère d'être ici.
Jafar étouffa un rire sec en faisant les cents pas.
- Si seulement elle était seulement amère, mais elle fait tout pour mettre mes nerfs à rude épreuve.
- Je pense qu'elle ne le fait pas exprès, déclara Rachid avec prudence : C'est une situation pour le moins difficile pour elle. Vous êtes rentré dans sa vie bien rangée et vous l'avez sans doute déstabilisée.
Les belles sagesses de Rachid ne l'aidaient en rien bien au contraire.
- Elle n'est pas...
Interrompu par quelques coups portés à la porte, Jafar serra les mâchoires puis ouvrit la porte à la volée.
Jafar observa d'un air dédaigneux Carole Ford, la mère d'Eloïse en songeant à la renvoyer sans politesse mais décida de prendre sur lui.
- Puis-je vous aider ? Demanda-t-il d'une voix qui trahissait son impatience.
- Votre altesse, salua-t-elle en exécutant une courbette exagérée ; Je suis venue vous parler d'une affaire urgente.
Sans prendre la peine d'attendre d'être invitée à pénétrer dans son bureau, cette dernière entra, d'une démarche soigneusement maîtrisée.
- Si vous êtes venue me parler de Belle Moor sachez que vous risqueriez d'aggraver la situation, déclara Jafar en refermant la porte sèchement.
- Je crois qu'il y a eu un affreux malentendu votre altesse, dit-elle d'une voix lente...si lente qu'il crut s'endormir.
- Je ne pense pas qu'il y ait un malentendu madame Ford, je pense plutôt que vous êtes au pied du mur et votre présence ici est juste un moyen pour vous de rattraper votre erreur de m'avoir crû stupide.
Carole se passa une main près du cou, sourire figé, le regard si expressif qu'il en devinait son désarroi.
- Voilà comment ça va se passer, reprit-il en ne lui laissant pas le choix d'écouter ; Mademoiselle Moor nous fait grâce de sa présence pour faire taire la presse et vous, de votre côté je vous suggère de tenir votre rôle auprès des invités. N'essayez pas de rentrer en contacte avec elle et à la fin de cette soirée si je suis satisfait, j'envisagerai de peut-être je dis bien peut-être, donner mon feu vert pour ce mariage.
Carole le dévisagea longuement avant de lui sourire.
- Comptez sur moi pour que cette soirée se passe à merveille, déclara-t-elle d'une voix légère.
Et alors qu'elle s'apprêtait à partir, Jafar la retint par le bras.
- Si jamais, les intentions de votre fille sont tout autres que d'aimer mon cousin, je peux aisément vous assurer que vous êtes tombée sur la mauvaise famille, murmura-t-il d'une voix menaçante.
Puis il se pencha en avant pour ajouter :
- Veuillez garder ceci à l'esprit.
Il relâcha son bras, admirant les pâleurs qui habitaient son visage puis l'observa partir.
- Vous pensez qu'elle n'est pas amoureuse de Zuyad ? S'inquiéta Rachid en se levant.
Jafar espérait se tromper, il voulait à tout prix croire en ce mariage mais Eloïse n'était pas la seule qui le faisait douter.
- Zuyad l'est-il ? Lança-t-il en regardant Rachid, laissant ses doutes se déceler sur son visage.
- Vous pensez que votre cousin n'est pas amoureux d'elle ?
- J'ignore s'ils s'aiment, rectifia Jafar en se passant une main sur son visage ; Pour l'heure il faut se préparer, les invités ne vont pas tarder.
Rachid n'insista pas mais quitta son bureau tourmenté...
De l'autre côté du couloir, Belle commençait tout juste à se préparer quand elle reçut un message de Gary. Elle s'empressa de lui répondre pour le rassurer et retourna dans la salle de bains pour s'y préparer.
Elle enfila la robe rouge en faisant preuve de prudence car celle-ci semblait aussi fragile qu'un tissu de soie. Lorsqu'elle se vit dedans, Belle retint son souffle.
La coupe était parfaite et presque dessinée pour elle. Pendant un instant, Belle eut beaucoup de mal à se reconnaître. Elle n'avait pas pour habitude de porter ce genre de tenue mettant en valeur sa féminité.
Elle quitta la salle de bains pour mettre les chaussures laissées près du lit puis enferma sa masse de cheveux dans une queue-de-cheval basse à l'aide du ruban qu'elle avait trouvé dans le dressing.
Une fois sûre d'être prête Belle tourna sur elle-même ne sachant quoi faire jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur le sultan.
Encore...
En ouvrant la porte, Jafar avait envisagé toutes les possibilités mais il était loin de s'attendre à la trouver prête, au centre de la pièce toute vêtue de rouge.
Cette robe à dentelles ne faisaient que rehausser sa silhouette et mettait en valeur sa poitrine dont la naissance laiteuse était subtilement révélée par les sillons de dentelles. Achevant de regarder cette œuvre d'art, Jafar plongea son regard dans le sien et faillit se perdre dans cet océan dont les profondeurs lui paraissaient infranchissables.
- Mademoiselle Moor, vous êtes absolument divine, parvint-il à déclarer alors qu'un désir fiché entre ses reins devenait violent à mesure qu'il s'approchait.
- Vous en êtes sûr ? Demanda-t-elle en tirant sur la robe.
- Absolument certain.
Trop certain même, songea-t-il en s'attardant sur ses jambes.
Belle sentit son cœur s'emballer. Cette fois-ci l'homme qui l'avait quitté deux heures plus tôt était en costard et chemise immaculée. Une bouffée de chaleur s'empara d'elle lorsqu'il s'approcha d'elle alors que ses yeux sombres balayaient encore sa silhouette du regard.
- Allez-vous rester avec moi ? Toute la soirée ?
Il plissa des yeux, interloqué par cette question.
- Cela vous pose-t-il un problème ? S'enquit-il d'une voix grave.
- Aucun, seulement vous avez très certainement autre chose à faire non ? Après tout vous êtes le plus important de la soirée.
- L'attention sera portée sur les futurs mariés, assura-t-il en esquissant l'ombre d'un sourire.
- Que suis-je censé faire ? Demanda-t-elle en le suivant dans le couloir.
Et tandis qu'ils marchaient côte à côte, la main du sultan se posa sur son dos. Belle réprima une première décharge électrique mais n'eut pu réprimer l'autre.
Il te guide ! S'écria-t-elle intérieurement.
- Vous êtes censé sourire, et faire preuve de délicatesse si jamais vous êtes confronté à votre ex belle-mère.
- Et s'il me prend l'envie de l'étrangler ? Lança-t-elle pour détendre l'atmosphère.
- Je serais en mesure de vous arrêter à temps, susurra-t-il à son oreille.
- Parfait, parvint-elle à dire sans le regarder.
Ils poursuivirent leur chemin en silence jusqu'à l'achèvement des marches. De là, Belle fut submergée par une vive angoisse.
- Respirez, lui conseilla-t-il en pressant ses doigts sur sa colonne vertébrale.
Facile à dire, songea Belle en s'avançant vers cette foule d'invités qui inévitablement, se tourna vers eux.
Le sultan s'empressa alors de déclarer quelques mots à l'adresse des futurs mariés. Très vite, la foule se dispersa aux quatre coins du grand et vaste salon, lui donnant enfin la liberté de respirer normalement.
- J'ignore comment vous faites pour supporter tous ces regards posés sur vous toutes la journée, commenta-t-elle en acceptant la coupe de champagne qu'il lui tendait.
Leurs doigts se frôlèrent, et son cœur fit un bond périlleux.
À cet instant, Belle se demanda si elle survivrait à cette paire de yeux cendré qui n'avait de cesse d'augmenter les battements de son coeur.
Irrémédiablement...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top