Chapitre 11




  - Ne faites pas cette tête mademoiselle Moor, ce que je m'apprête à vous annoncer ne vaut pas la peine d'être aussi pâle.

Belle dut se faire violence pour revenir à la réalité.

- Alors que quoi s'agit-il ? Demanda-t-elle en retenant son souffle.

Après l'avoir couverte d'un regard mystérieux il déclara :

- Mon chauffeur ne pourra pas vous ramener, ce qui signifie qu'il vous faudra rester ici cette nuit. Demain matin, je vous ramènerai.

Belle prit un moment pour imprimer ce qu'il venait de lui dire.

- Mais pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt ? Je serais venue par mes propres moyens.

- Au risque de vous perdre ? Répliqua-t-il d'une voix sombre.

Encore une fois, l'homme la regardait avec humeur, seulement cette fois-ci, c'est lui qui avait les cartes en mains. Elle n'avait aucun moyen de partir d'ici, et même si elle avait de quoi partir, Belle ignorait quelle route emprunter pour rejoindre la ville.

- Vous le saviez depuis le début n'est-ce pas ?

- En effet, je le savais, mais si je vous l'avais dit, vous ne seriez pas venue n'est-ce pas ?

- En effet, affirma-t-elle agacée ; Je n'ai pas ma place ici, je m'étais mis dans la tête que...

- Écoutez, la coupa-t-il rictus aux lèvres ; Cette situation m'est tout aussi pénible qu'elle l'est pour vous.

Belle frémit et recula d'un pas. Dans son regard de cendre, une lueur dangereuse y dansait.

- S'il s'agissait que de moi, je serais déjà parti depuis longtemps, croyez-moi, reprit-il d'une voix grave.

- Pour quelle raison faites-vous cela ? Osa-t-elle demander en le dévisageant.

Sa question semblait l'avoir dérouté.

- Je vous l'ai déjà dit miss Moor, il s'agit de la réputation de ma famille.

- De votre réputation, rectifia Belle en se pinçant les lèvres nerveusement alors qu'il l'observait mâchoires serrées.

- Oui, c'est le cas, il s'agit essentiellement de ma réputation parce que je suis le sultan Al-Zyhar, puissant monarque d'un pays qui compte sur moi. Et sans vouloir me perdre dans les détails, ces trois dernières années n'ont pas été en ma faveur.

Belle croisa les bras alors que son cœur n'avait de cesse de battre contre ses tempes.

- Je ne ressens aucune envie, aucun désir de rester ici à New-York, à écouter des chants de noël dans ce froid glacial, articula-t-il d'une voix sombre.

- Vous n'aimez pas l'esprit de Noël ? Demanda-t-elle en esquissant un grand sourire.

- Je ne fête pas noël, répondit-il en s'approchant ; mais vous êtes jeune et vous semblez intrépide comme une enfant désireuse alors je ne vous en veux pas.

Piquée au vif, Belle perdit l'éclat de son sourire.

- En effet, je suis jeune et vous en revanche vous ressemblez à un vieillard aigri, mais je ne vous en veux pas, passer le cape de la quarantaine doit être difficile.

Cette fois-ci, le sultan l'observa avec une lueur à la fois dangereuse et amusée.

- J'ai trente-deux ans.

- Ah vraiment ? S'exclama Belle en faisant mine d'en être choquée ; Dans ce cas si je peux me permettre vous devriez envisager de sourire de temps en temps cela pourrait vous éviter de sévères rides.

Belle réprima un frisson, consciente qu'elle allait trop loin et surtout...qu'elle mentait...

Les belles rides sévères qu'il portait fièrement sur son visage lui donnaient un air sombre et glacé mais si ténébreux que n'importe quelle femme serait sous le charme.

- Petite insolente...

Réprimant un frisson d'angoisse, Belle sentit sa bouche s'asséchait soudain alors qu'il se rapprochait lentement vers elle, une brûlante lueur au fond des yeux.

- Ce n'est pas...ce que je voulais dire je...

- Vraiment ? dit-il dune voix qu'elle crut rauque.

Soudain elle sentit son dos rencontrer quelque chose de dure.

L'espace d'une seconde Belle eut l'impression que tout son être brûlait sous le regard du sultan.

- Vous avez une chance considérable, mademoiselle Moor, déclara-t-il en posant sa main sur le mur ; Si vous étiez dans mon palais, en revanche, les choses seraient grandement différentes.

- C'est-à-dire ? Êtes-vous subtilement en train de me dire que vous êtes un tortionnaire qui...

- Je ne dirais pas ça, la coupa-t-il d'une voix doucereuse.

Le souffle coupé Belle sentit son cœur rater un battement.

- Et dire que vous n'avez eu de cesse de répéter que vous ne me feriez pas de mal.

- Qui parle de vous faire du mal ? S'enquit l'homme en plissant des yeux ; Non, miss Moor j'ai en possession des moyens nettement plus agréable pour me faire comprendre.

Alors que ses joues devinrent cramoisies, le sultan lui, arborait un sourire presque diabolique.

Son corps massif n'était plus quelques centimètres du sien. Elle respirait avec difficulté mais suffisamment pour que sa poitrine se soulève, attirant ainsi le regard de ce dernier.

- Essayez de ne plus braver l'interdit jusqu'à demain matin, lui conseilla-t-il en s'écartant, lui rendant ainsi, un semblant de liberté.

Un lourd silence s'abattit dans la pièce.

- Je n'ai même pas prit des vêtements de rechange.

- Ne vous en faites pas pour ce détail, intervint Jafar en détaillant la jeune femme poings serrés afin de réduire le désir indescriptible qu'il ressentait.

Elle se mordit les lèvres et ce geste totalement innocent suffit à emballer ses sens.

- Vous trouverez de quoi vous vêtir dans le dressing à votre gauche, reprit-il en parvenant avec faiblesse à éteindre le son rauque de sa voix.

L'air gêné, elle pivota sur elle-même, observant la chambre avec émerveillement. On aurait presque dit une petite fille devant l'inaccessible.

- Je suis embarrassée, vous n'avez pas plus petit ?

Réprimant sa surprise, il fit mine de réfléchir.

- J'ignore si nous avons un placard à balais qui aurait pu correspondre à attente miss Moor mais je peux vous proposer plus grand.

Les joues en feu elle pinça une grimace en étudiant le lit. Jafar dut alors lutter contre des images d'elle, étendue sur ce grand lit, cheveux auréolés sur l'oreiller.

- Merci, c'est très beau, je ne saurais comment vous remercier, déclara-t-elle en mettant fin à la sensuelle torpeur dans laquelle il était piégé.

- Vous le faites déjà, affirma Jafar en détaillant sa tenue vestimentaire.

Timidement elle retira son manteau, dévoilant la robe qu'elle avait dans l'intention de mettre ce soir.

- Sans vouloir vous offenser, la robe c'est non.

- Je vous demande pardon ? S'enquit celle-ci en avisant sa robe noire d'une simplicité déconcertante.

- Elle est trop simple et on dirait que vous allez à un enterrement, je commence même à me demander si vous ne vous êtes pas habillée dans le noir.

Offensée, elle fronça des sourcils mais resta volontairement muette.

- Il faudra vous en contenter je n'ai que ça, répondit-elle simplement.

- Pas tout à fait, contrat-il en allant jusqu'au dressing.

Jafar avait anticipé ce détail et pas pour les raisons qu'elle croyait. Le salaire de la jeune femme ne lui permettait pas ce que lui pouvait se permettre. Alors il avait pris la décision de faire venir quelques robes du soir avec l'espoir que l'une d'entre elles corresponde à ses propres attentes.

- Si vous avez l'intention de me faire porter une robe comme celle d'Eloïse vous pouvez oublier, dit-elle d'une voix presque paniquée.

Jafar se retourna et réprima toute colère lorsqu'il aperçut dans ses yeux bleus une lueur d'angoisse y naître.

- Vous n'êtes pas ce genre de femme et c'est un grand honneur pour moi d'avoir en face de moi une femme qui respecte son corps et qui ne cherche pas à l'utiliser, déclara Jafar en décrochant du portant la robe rouge.

- Bien que je devine l'élégance affolante de vos courbes, ajouta Jafar d'une voix chaude.

La jeune femme s'en empara sans protester et l'étudia avec attention.

- Est-ce qu'elle vous plaît ?

- Elle est vraiment très belle mais...

- Mais ? Pouvez-vous simplement vous contenter de me remercier.

- Merci, dit-elle en posant sur ses lèvres un sourire en coin.

Satisfait, Jafar quitta le dressing d'un pas déterminé.

- Je vous laisse vous préparer, je viendrais vous chercher tout à l'heure.

Belle se surprit à fixer le dos musclé du sultan avant qu'il se retourne, un sourire frémissant aux lèvres.

- Si vous avez dans l'intention de fuir par le balcon sachez qu'une armée d'hommes entoure la demeure.

- Pour quelle raison voudrais-je fuir ?

- Je dirais plutôt " qui " désirez-vous fuir...

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