29. La fin ?

Cléo se leva avec la sensation qu'à partir d'aujourd'hui, tout allait être différent. 

Après tout, il était en couple.

Pour la deuxième fois de sa vie et pour la première fois avec un garçon. Il était rempli de félicité et ressentait l'excitation d'un petit garçon, trop pressé d'annoncer la nouvelle à Newton, Maya et aux jumeaux.

Hier avait été magique. Il avait ressenti des choses qu'il pensait impossible, des sensations qui lui semblaient venues d'un autre monde. C'était tellement génial qu'ils avaient recommencé le matin même.

"Cléo ? L'avait interpellé Angel après qu'ils se soient allongés sur le dos, essoufflés par l'effort physique.

- Oui ?

- Rappelle moi que je dois te demander quelque chose ce soir.

- Pourquoi pas maintenant ?

- Parce que j'ai la tête embrouillée d'amour, de sexe... et de faim ! Viens, on va manger.

Cléo avait froncé les sourcils :

- Rien de grave ?

Angel s'était approché pour lui embrasser le front :

- Non joli garçon, rien de grave."

Et le cœur de Cléo avait fondu à ce surnom.

*

"C'est officiel ?!

Cléo hocha vivement la tête.

- OH MY GOD !

- Enfin, pas trop tôt !

Pour une fois dans leur vie, Newton et Maya semblaient se supporter. Enfin, disons plutôt que Newton tolérait la présence de Maya pour cette nouvelle si réjouissante.

- Nickel, on peut se faire des double date maintenant ! S'exclama son meilleur ami.

- Euh...

- Et maintenant, les gens vont arrêter de croire qu'on va se mettre ensemble !

- Je sais pas si...

Newton et maya se prirent les mains théâtralement :

- Notre petit Cléo a bien grandi !

Le blond lâcha un petit rire. Ça lui faisait plaisir de voir les personnes à qui ils tenait le plus être aussi heureux pour lui. Il eu un petit -vraiment petit, pincement au cœur en se disant que cette fois, il avait définitivement tourné la page avec Maya.

- Calmez vous, ça fait même pas vingt-quatre heures. Si ça se trouve demain, je serais célibataire à nouveau, qui sait...

- N'importe quoi, vous être trop amoureux l'un de l'autre ça se voit à dix kilomètres. Les gens du lycée sont juste aveugles.

- D'ailleurs à ce propos... évitez de le balancer à n'importe qui. On s'est pas mis d'accord sur le fait de le dire ou non donc...

- Oh, oui pardon.

- Et... vos mères ? Osa demander Newton.

Cléo esquissa un sourire. Leurs mères n'étaient pas bêtes. Si elles connaissaient un minimum leurs fils elles se doutaient sûrement de ce qui se tramaient entre eux.

- Mh... j'imagine qu'on devra faire des présentations officielles... mais bon, à mon avis, elles ne seront pas trop surprises.

- Ah ça c'est cl-

- Quiet please ! "

Les trois jeunes sursautèrent, surpris. Ils l'avaient oublié, mais ils étaient quand même en cours d'anglais.

*

"Je vais voir mon père ce midi, chuchota Cléo à l'oreille d'Angel.

Ce dernier se retourna ; son visage était si proche. Ils étaient à côté des casiers, devant tout le monde, mais Cléo s'en fichait pas mal. Il observa son... copain -c'était encore bizarre de se dire ça, et se dit que vraiment, il était chanceux. Qui pourrait se vanter d'avoir un amoureux aussi beau qu'Angel ? Dans la tête de Cléo, c'était impossible.

- A quoi tu penses joli garçon ? L'interpela le châtain, constatant son silence.

- A toi évidemment.

- Mh, j'aurais dû m'en douter. Mais bon, quand on sera vieux et moche, tu ne pourras plus me regarder comme ça. Alors, profite en.

- Je ne vois pas comment tu pourrais être moche, même vieux, rétorqua Cléo.

Et il était sincère.

Angel rougit.

- N'importe quoi. C'est plutôt toi qui seras toujours le plus beau.

- Dis donc, c'est un concours ?

- Nan, laisse tomber. On vieillira tous les deux en étant toujours hyper beaux gosses. Ça te va ?

- Parfaitement.

Et Cléo failli l'embrasser. Mais quand même ; peut-être pas devant tout le monde.

- On devrait le crier sur les toits, lança Angel, comme si il avait lu dans ses pensées.

- Ouais, sûrement, souffla Cléo. Mais laisse moi le dire d'abord à mes parents. Ensuite, on se roulera des énormes pelles à huit heures devant le lycée.

Angel lâcha un rire :

- Berk. Mais oui, prend tout ton temps. Tu... tu vas en parler à ton père ce midi ?

- Je... oui, je vais le faire.

Cléo était quasiment certain que son père ne dirait rien. Il n'avait jamais présenté le moindre signe d'homophobie, alors il ne voyait pas pourquoi ça se passerait mal. Mais il appréhendait tout de même : quelques fois, quand ça touche à leur enfants, les parents se comportent différemment.

- Et tu lui diras quoi ?

Les deux garçons se regardaient droit dans les yeux, Angel surplombant légèrement Cléo.

- Que j'ai rencontré un garçon merveilleux et que j'en suis tombé amoureux."

*

"J'ai hâte que tu me le présente !"

C'était ce qu'avait répondu son père lorsque Cléo lui avait annoncé la nouvelle. Il avait le cœur léger ; bien que la présentation n'allait pas se faire tout de suite, puisque son père repartait dès le lendemain en Équateur. Il voulait continuer son tour du monde, pour "rattraper tout le temps perdu derrière un bureau" selon ses dires.

Cléo avait le temps de repasser chez lui en vitesse pour prendre des vêtements de sport pour cette après-midi. Il détestait le handball -en fait il détestait tous les sports d'équipe sans exception, mais voir Angel en short de sport et en t-shirt moulant lui donnait soudain une motivation particulière. 

Il s'approchait de sa maison quand il aperçu une silhouette qui campait devant sa porte. 

Ne me dites pas que...

C'était bien Mathias, campé devant sa maison. Lui et son air arrogant dont il ne se départait jamais. 

Quelle plaie. 

Cléo se planta devant lui, silencieux. Il n'allait tout de même pas se rabaisser à engager la conversation. Il s'apprêtait à donner un coup d'épaule au brun pour simplement rentrer chez lui, mais ce dernier lui attrapa l'épaule. 

"Cousin. 

- Ta gueule. 

C'était sorti tout seul. Cléo ne pouvait juste plus le supporter. 

- On est plus cousins, continua t-il. On l'a jamais vraiment été. Mon père n'entretient pas de relation familiale avec ta mère. C'est fini, on peut se comporter comme des inconnus. 

- Comment t'as fait ?!

Cléo fronça les sourcils. On aurait dit que Mathias n'avait pas entendu ce qu'il venait de dire. Le brun, d'habitude si beau et si confiant, apparaissait pâle et cerné. Les yeux rougis, comme si il avait pleuré. Il avait les pupilles légèrement dilatées. Le blond grimaça de dégout : 

- Je sais pas c'que tu racontes. Et t'oses te pointer chez moi défoncé. T'es vraiment un clochard. 

- Comment t'as fait... ? Répéta Mathias, plus plaintivement. 

Malgré lui, Cléo se sentit intrigué. 

- Comment j'ai fait quoi ? 

Mathias lui serrait si fort l'épaule qu'il commençait à lui faire mal. 

- Angel... 

Cléo se tendit à l'entente du nom de son copain dans la bouche de son ancien tortionnaire. 

- ... comment tu... pourquoi il t'aime ? Pourquoi toi ?!

C'était donc ça ? Une crise de jalousie ? 

- T'es ridicule, lui cracha Cléo en se dégageant fermant de son bras. 

Mathias tanga légèrement mais se rattrapa à la poignée de la porte d'entrée. Cléo en avait assez vu et entendu. Il poussa le brun sur le côté pour enfin rentrer chez lui, mais Mathias continua : 

- Il sera toujours à moi. Il t'a peut-être pardonné pour lui avoir menti, mais il suffit que je revienne, que je lui montre que je tiens à lui et... 

- Ta gueule, répéta le blond pour la deuxième fois. 

C'était tout ce qu'il trouvait à dire, parce que dépenser sa salive pour Mathias lui paraissait invraisemblable. A ses yeux, c'était juste un cas désespéré et irrécupérable. 

- Je le connais mieux que toi, souffla Mathias. Je l'ai vu sous tous ses angles, je le connais par cœur. 

Cléo enclencha la poignée. Mieux valait l'ignorer et le laisser parler seul dans la rue, comme un fou. Mais alors qu'il passait la porte, le brun lâcha : 

- Je sais comment il rit, ce qu'il mange, ce qu'il lit, comment sont ses cheveux le matin, où sont ses grains de beauté, comment il pleure... et comment il jouit."

Cléo à ce stade de sa vie n'avait jamais jusque là compris le terme de "colère sourde". 

Mais alors que Mathias prononçait ces derniers mots, il lui sembla que le monde s'arrêtait. Il n'y avait plus que lui et Mathias ; et de lui à lui, une envie de lui faire du mal

C'est alors que sans même sans rendre compte, son poing avait atterri dans sa mâchoire

Mathias tomba au sol dans un cri de stupeur et de douleur. Cléo se demanda pourquoi jusque là il ne l'avait jamais, parce qu'actuellement, ce coup apparaissait comme la chose la plus satisfaisante qu'il ait jamais fait. 

Le brun lui semblait si faible et si miséreux, là sur le sol se tenant le visage, les larmes commençant à rouler sur ces joues. 

"comment il jouit" 

Et les paroles de Mathias lui revinrent en tête, alors il lui assena un coup de pied. Mathias hurla de douleur. Cléo se mit à califourchon sur lui et lui envoya un deuxième coup au visage, puis un troisième. 

Mathias le suppliait d'arrêtait mais Cléo n'entendait rien. La fameuse colère sourde

Alors que le sang commençait à maculer ses poings et son t-shirt, Cléo entendit une phrase résonner dans sa tête. 

"C'est vraiment toi l'ange entre nous deux". 

Angel lui avait dit ça alors qu'ils se déclaraient leur amour. 

Cléo s'arrêta net. La vision du visage déformé de Mathias lui donna soudain la nausée. Le corps de son cousin sous son poids lui sembla soudain très pesant. Il s'écarta bien vite, laissant Mathias gisant sur le sol. Cette vision lui rappela un souvenir fugace de son passé. 

Quand il était un sale con. Quand il avait payé de ses méfaits avec un travail d'intérêt général dans une association pour malentendants. 

Mais même si il se dégoûtait, il ne culpabilisait pas. Mathias avait eu ce qu'il méritait. Voyant ce dernier se relever -bien que péniblement, Cléo eut la certitude qu'il n'aurait pas grand chose d'autre que de gros hématomes -et peut-être un point de suture à l'arcade. Après tout, il n'avait pas tant de force que ça. 

Alors, il tourna les talons et rentra chez lui. 

*

Son haut changé et ses mains nettoyées, Cléo retournait au lycée en cogitant. Il devait parler à Angel de ce qui c'était passé aujourd'hui. Ils ne pouvaient quand même pas passer le premier jour de leur de vie de couple basée sur un énième mensonge. Et puis, l'histoire impliquait Mathis donc Angel avait le droit plus que quiconque de le savoir. 

Mais parler de ça à Angel impliquait de lui parler de son passé. Et Cléo avait l'impression que le châtain le trouvait parfait et il avait peur de désacraliser l'image qu'il avait de lui. Il soupira fortement, déjà angoissé à l'idée d'avoir cette discussion avec son nouveau copain. Mais il le fallait. 

Cléo avait tellement cogité sur son trajet qu'il en avait oublié de regarder son téléphone. Il ne le savait pas encore, mais il allait le regretter amèrement. 

Il commença à comprendre que quelque chose n'allait pas lorsqu'il vit Newton -et tous les autres, tout le groupe exceptée Maya, courir vers lui sitôt qu'il passa le portail. Leurs visages étaient déformés par l'inquiétude. 

"Cléo ! L'apostropha Romain, que le blond n'avait jamais entendu crier. 

- Tu sais où est Angel ? Il t'as appelé ?! 

Pourquoi parlaient-ils d'Angel ? N'avait-il pas mangé avec eux à la pause du midi au self ? Le blond entrouvrit la bouche pour répondre, mais il se retrouve figé devant l'assaut de questions de son groupe d'ami. 

- Stop ! Hurla soudain Newton. 

Et le brouhaha cessa, laissant place à un silence tout aussi inquiétant. Cléo chercha du réconfort ou une explication dans le yeux de son meilleur ami, mais il n'y vit que de la peur et de la pitié. 

- Qu'est-ce qui se passe ? Parvint à articuler Cléo, la voix basse et tremblante. 

Newton baissa les yeux. 

- Il... il s'est passé un truc après manger. 

La poitrine de Cléo se soulevait de façon erratique ; il était peu à peu gagné par une angoisse inexplicable. 

- Une... vidéo. Une vidéo a été envoyée dans le groupe Wattsap de la promo des terminales. 

Newton n'avait pas besoin d'en dire plus. Cléo savait de quelle vidéo il s'agissait. La vidéo qui avait déjà fait du mal à Angel il y avait moins d'un an. Et le blond savait pertinemment qu'on reconnaissait très bien le châtain dessus. 

- C'est Mathias n'est-ce pas ? C'est lui ? 

- Ouais, souffla Newton. Enfin en tout cas, c'est ce que le pseudo suggère. 

- Tout le monde l'a vue ? 

Personne n'osa répondre. 

- Putain répondez-moi !!

Dans le coin de l'œil, il vit Charline et Romain qui pleuraient en silence. 

- La... la vidéo a été partagée à tout le lycée après ça, finit par lâcher Abraham. 

Cléo sentit une sueur froide le parcourir instantanément. C'était un cauchemar. 

- Où est Angel ? Souffla t-il. 

- P -personne ne sait. Il est parti en courant quand il a commencé à comprendre ce qui se passait. 

- Maya a couru chez toi pour te chercher. Mais tu devais déjà être en chemin. 

- Sa mère ne répond pas", ajouta Romain. 

Cléo eut soudain un déclic et sorti son téléphone. 

8 appels manqués. 

Tous venaient d'Angel. 

Il ne réfléchit pas plus longtemps et l'appela. Une fois, deux fois, quinze fois. 

Le châtain ne répondit pas. 

Ce jour fut le dernier où Cléo vit son amoureux. Parce qu'Angel ne revint jamais. 

*

NDA : après un long temps d'attente (dsl j'étais débordée par les cours) voilà un chapitre haut en couleur !! désolée de jouer avec vos sentiments :( 

Mais rassurez vous, ce n'est pas la fin !! 

A la semaine prochaine pour une nouveau chapitre :) 


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