28. Les coups d'un soir

"Et je crois que je t'aime" 

Angel avait l'impression qu'il n'allait plus pouvoir un jour respirer si Cléo ne lui répondait pas. Il avait réfléchi si longtemps à lui dire ça, ces trois petits mots, mais ils étaient pourtant sortis de sa bouche sans crier garde. Comme un secret avoué trop vite, comme une flèche décochée par accident. Et si Cléo fuyait ? Et si il ne l'aimait pas en retour ? Et si...

- Tu crois ? 

Angel revint à la réalité et tomba dans des yeux vairons qui le regardaient immensément. Même dans un moment pareil, Cléo ne manquait pas de répartie. 

- Non, j'en suis sûr. Je t'aime, répéta Angel le cœur battant.

Réponds moi, réponds moi, réponds moi. Il cru s'évanouir jusqu'à ce que...

- Moi aussi.

- Toi aussi quoi ? Osa t-il demander dans un souffle.

- Moi aussi je t'aime Angel Ameziane.

Oh mon dieu. Ces trois mots prononcés dans la bouche de Cléo, c'était le paradis.

- Le paradis ?

Angel avait pensé à voix haute. Il rougit violemment.

- C'est ironique, continua Cléo, puisque c'est toi qui est censé être l'ange... à cause de ton prénom.

Cléo le regardait d'un manière indescriptible, une manière qu'Angel n'avait jamais vu dans les yeux de personne. C'est donc ça d'être aimé. Le châtain rit doucement à la remarque du blond.

- C'est un peu ironique parce que je n'en suis pas un.

Cléo haussa les épaules :

- Et alors ? Personne ne l'est.

Si, toi. Mais Angel se retint de lui dire, parce qu'il ne voulait pas passer pour un mec déjà trop amoureux. Enfin, c'était sûrement trop tard pour ça. Mince.

- Est-ce que c'est différent d'aimer un garçon ?

Angel voulait poser la question parce que ça l'intriguait. Lui qui avait toujours aimé les hommes, il avait du mal à concevoir la sensation d'aimer une femme. Cette fois, ce fut Cléo qui rit à sa question.

- Ce n'est pas une question d'homme ou de femme. J'aimais Maya parce que c'était Maya. Toi je t'aime parce que tu es toi. Et je n'aimerai jamais personne d'autre comme je t'aime, comme je n'aimerai jamais personne comme j'ai aimé Maya.

Le châtain comprenait. Son problème à lui n'était pas finalement qu'il n'avait jamais aimé de femme, mais plutôt qu'il n'avait jamais été initié à de l'amour sain.

- J'espère bien que tu n'aimeras jamais personne d'autre que moi, parce qu'il n'y aura personne après moi. Personne qui fasse le poids. 

Cléo haussa un sourcil, sourire en coin :

- Tu es bien sûr de toi monsieur Ameziane...

- J'ai pas raison ?

Sur ces mots, Angel s'avança un peu plus dans sur le canapé, jusqu'à ce que ces lèvres frôlent celles de Cléo. Il avait un soudain regain de confiance. Leurs souffles se mélangeaient et chacun pouvait presque entendre le cœur de l'autre battre. Et son cœur bat pour moi, pensa Angel ; et alors cette pensée lui sembla être la plus belle du monde.

- Je ne sais pas, il faudrait me le prouver, répondit Cléo sans lâcher une seule seconde son regard du sien.

Alors Angel s'approcha encore plus et Cléo tendit ses lèvres, s'attendant à un baiser, mais à la place le châtain fondit dans son cou. Son amant hoqueta de surprise mais se laisser prendre au jeu en écartant ses cheveux pour laisser de la place aux dents d'Angel qui le mordillèrent gentiment.

- Il me semble..., commença le châtain.

Et il descendit plus bas sur l'épaule de Cléo.

- ... que nous n'avions....

Et il passa sa langue sur sa clavicule découverte.

- ... pas fini...

Et Cléo soupira doucement de béatitude.

- ... ce que nous avions commencé dans ce placard, finit-il tout en posant cette fois ses lèvres sur celle du blond.

Le jeune garçon lui rendit son baiser, avec plus de hargne et de passion. Il mordilla son piercing  -par chance, Angel le portait aujourd'hui, introduit sa langue dans sa bouche et lui agrippa les cheveux. Les deux garçons lâchèrent un soupire plaintif d'une seule voix. 

Ils étaient tellement amoureux et se désiraient tellement.

A ce baiser, c'est un ouragan qui se déclencha dans les entrailles d'Angel ; il cru un instant qu'il avait la mer en lui et qu'un millier de bateaux allaient faire naufrage. Cléo lui maintint la tête hors de l'eau en tirant de plus belle sur ses cheveux, le faisant légèrement gémir.

- Angel...

C'était Cléo, son beau Cléo qui appelait faiblement son nom.

- Oui ? Souffla l'intéressé entre deux baisers.

- C'est fou comme je t'aime.

C'était trop pour Angel qui cru exploser -d'amour, de tension, de l'intérieur, de tout.

- Putain.

Et il saisit le bas de son dos pour le plaquer allongé contre le canapé. Les deux garçons intensifièrent leur baiser. C'était sexy, brut et lascif. Leurs deux corps comme un seul, ils finirent par mutuellement comprendre le désir de l'autre. Ils étaient... intensément heureux.

- Est-ce que tu..., commença Angel presque timidement.

Si Angel avait de l'expérience -bien qu'une piètre, il ne savait pas jusqu'où était prêt à aller Cléo. Il avait peur de gâcher le moment en faisant un geste de travers, qui pourrait effrayer son amant.

- Oui, répondit Cléo sans sourciller, sans lâcher une seule fois son regard.

Angel eut l'impression un instant que son cerveau se vidait pour mieux intégrer cette nouvelle information. Il ferma les yeux et les rouvrit, pour tomber dans les yeux d'un Cléo qui ne renvoyaient aucune lueur de stress ou d'appréhension. Il avait été bête de penser que Cléo ne voulait pas ça avec lui.

- Je t'aime et tu es important pour moi, murmura Cléo au creux de son cou.

C'était ça. Ce n'était pas de Cléo dont il doutait mais de lui même. Ce dont il avait peur, ce n'était pas de faire fuir le blond, mais de fuir lui-même ce moment. Et Cléo, son merveilleux Cléo, l'avait bien compris.

- Est-ce que tu le sais, que tu es important pour moi ? Insista le blond en lui caressant doucement les cheveux.

Oui, il le savait. Cléo lui faisait ressentir tous les jours.

- Je t'aime.

C'est tout ce que pu répondre Angel, et ça sonnait comme un "oui". Le blond l'embrassa alors plus doucement cette fois, tout en tirant maladroitement sur ton-shirt -puisqu'il était un peu coincé sous son poids. Le châtain l'aida en s'en débarrassant. Il vit son amant rougir légèrement à la vue de son corps.

- A ton tour maintenant.

Et il déboutonna uns à uns les boutons de la chemise de Cléo. A mesure que le corps du blond se dévoilait, son amour pour lui grandissait. Il n'avait jamais autant désiré quelqu'un de sa vie, il n'avait jamais eu autant envie de tellement s'imprégner d'une personne que leurs corps n'en feraient qu'un. 

Il l'embrassa partout là où il pouvait parce qu'il ne voyait pas comment laisser une parcelle de Cléo intouchée. Il était si glorieux, là sous lui, qu'Angel se sentit honoré de pouvoir ne serait-ce que l'effleurer. Le blond avait les yeux fermés et semblait se laisser allait au bonheur. Angel passa la main dans ses mèches dorés pour lui dégager du visage. Cléo ressemblait à un être divin.

- C'est vraiment toi l'ange entre nous deux, souffla t-il.

Le blond voulut sûrement protester, mais Angel anticipa et le fit taire avec un énième baiser. 

Il commençait à faire chaud sur ce canapé.

Comme pour ce venger, Cléo posa sa main, là en bas, sur la partie du corps la plus sensible d'Angel actuellement.

- Oh merde, souffla plaintivement ce dernier.

Comment décrire la sensation qu'il ressentait à chaque fois que Cléo le touchait ? Du bonheur à l'état pur. Une euphorie sensuelle s'empara de lui. Il ne pouvait plus attendre.

- Cléo..., commença t-il difficilement alors que les caresses de son amant le rendaient fou.

- Oui ?

- Il faut monter. S'il te plait. Je tiens plus.

Cléo stoppa un instant ses gestes, avant de rire doucement :

- Effectivement, il ne faudrait pas souiller le mobilier de ta mère."

*

Angel était sincèrement convaincu que Cléo était la plus belle créature ici bas. La volupté de son corps dans les draps le rendait fanatique, le son de sa voix l'avait ensorcelé. Il ne savait pas si après ce moment passé ensemble il pourrait un jour ne plus avoir envie de le refaire, encore et encore.

Il ferme les yeux et repensa au moment béni où leurs corps avaient fusionnés. Son visage tourmenté de plaisir et ses mains accrochées, partout sur lui, lui revinrent en mémoire. La manière dont il avait gémit son prénom au moment de l'extase. Ses murmures et ses "je t'aime" incessants. Le moment où il l'avait enlacé alors qu'ils haletaient sur le lit. Personne ne l'avait jamais enlacé après l'acte.

Cléo avait été parfait.

Cléo était parfait.

Angel caressa doucement les cheveux du jeune homme qui dormait paisiblement à côté de lui. Puis le sentit se retourner.

"Désolé, je t'ai réveillé ? Chuchota-t-il.

Le blond sourit dans la pénombre.

- Non, t'inquiète. J'arrive pas à dormir, je suis trop excité.

Angel leva un sourcil inquisiteur et Cléo éclata de rire.

- Pas dans ce sens là, idiot. C'est juste que... je sais pas, on s'aime. C'est fou non ?

- Ouais, qui l'aurait cru à la rentrée de septembre ?

- Même moi, j'y croyais pas.

- Logique, tu savais pas que tu pouvais aimer un garçon.

- Nuance : je n'aime pas un garçon, je t'aime toi. 

Angel rit à son tour en le prenant dans les bras.

- C'est vrai, je ne suis pas n'importe qui.

- Mh...

- Tu vas t'endormir ?

- Pas avant de savoir...

- Oui ?

- Est-ce que...

Cléo se stoppa un instant. Et bien que la pénombre l'empêche de le voir, Angel savait très bien qu'il venait de rougir.

- Je t'écoute, l'encouragea t-il.

- Est-ce que... est-ce qu'on est officiellement ensemble ?

Angel sourit en se disant qu'il ne s'était même pas posé la question. Pour lui c'était maintenant une évidence.

- A ton avis joli garçon ? Est-ce que je suis du genre à faire dans les coups d'un soir ?

- T'es bête, protesta Cléo en lui donnant un faible coup sur l'épaule.

Le châtain s'approcha de son visage et posa délicatement ses lèvres sur les siennes.

- On fête notre premier jour ensemble et tu es officiellement mon petit copain."

Que ce jour dure toujours.

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