1. L'aléa désigna un bel éphèbe
"La prochaine qui passe la porte, elle est pour toi !
- Quoi ? Non ! C'est ton jeu, c'est toi qui commence !
Cléo était outré que son meilleur ami l'est désigné. Il n'avait aucune envie de jouer à son jeu stupide.
Il regarda Newton qui affichait une moue déçue, et rit doucement.
- T'es chiant Cléo, soupira Abraham, juste derrière eux.
L'intéressé se retourna vers lui et observa ainsi les deux jumeaux qui lui faisait face. Bien qu'ils ne se ressemblent en rien, Cleo avait tendance à dire qu'ils étaient peints de la même manière. Une même énergie se dégageait d'eux, et ils formaient un tableaux harmonieux.
- Arrête de nous mater, ricana Azaël en sortant Cléo de ses pensées.
Ce dernier leva les yeux au ciels.
- Bon, du coup qui commence ? Insista Newton.
- Toi, rétorqua Cléo.
- T'es chiant, répéta Abraham.
- Les gars... je viens juste de me séparer de Maya, je peux pas de suite me concentrer sur une autre fille.
- Ou un garçon, ajouta Azaël.
- T'es lourd Aza'.
- Bon, je vais commencer du coup, conclu Newton.
Tous les autres acquiescèrent. Leur nouvelle classe en était au stade où l'on attend plus que les retardataires. Il restait au moins une dizaine de places vacquantes, il était alors certain que des gens allaient entrer dans la salle. De plus, leur professeur principal n'était pas encore là.
Les quatre garçons, étant au fond de la classe, ils se relevèrent légèrement pour voir qui passerai la porte et deviendrai la cible de Newton. Ce dernier croisa les doigts sous la table.
La porte s'ouvrit aussi timidement que la personne qui entra dans la pièce. C'était une jeune fille asiatique, qui, ma foi, selon son regard, semblait bien plaire au concerné. Ses cheveux étaient étonnement longs, allant jusqu'à taquiner le bas de son dos. Elle était légèrement maquillée d'un long trait d'eye liner. Un jean boyfriend et une ceinture en cuir marquaient sa taille. Pour couronner le tout, une paire de Dr Martins trônait à ses pieds. S'en était suffisamment assez pour convaincre Newton, grand amateur de rock.
- Elle est parfaite ! Je la prends !
- De toute façon, t'as pas le choix.
Sentant certainement un regard sur elle, la jeune fille leur adressa un sourire gêné et parti s'assoir à la droite d'une rousse qui paraissait la connaître. Cléo se tourna vers son meilleur ami :
- Je connais la meuf à côté d'elle : elle est en musique avec moi. Si tu veux, j'irais lui demander deux trois trucs sur elle.
Newton approuva fortement son idée avec un hochement de tête.
- Il est complément con ce jeu, fit remarquer Cléo. Juste parce que cette meuf est entrée au bon moment, Newt' doit sortir avec elle ?
L'intéressé roulé des yeux, tout en gardant le sourire :
- Mais non, pas forcément. On doit juste séduire nos cibles et... qu'il y est des petits trucs à raconter quoi.
- Et si on veut pas de la personne ? S'enquit Azaël.
- Bah, c'est juste un jeu, pas la peine de se mettre la pression, le rassura son jumeau.
- Tss... y a que Newt' pour trouver des idées à la con comme ça... Bref, c'est mon tour.
Azaël n'ajouta rien et croisa les bras, le regard en direction de la porte. Presque immédiatement, la porte s'ouvrit de nouveau, cette fois non par sur une fille mais un garçon.
- Oh, fit Newton. Si tu veux, tu peux refuser hein.
Azaël esquissa un sourire :
- Que ce soit un mec ou une meuf, ça m'importe peut et tu le sais.
- Euh... c'est vrai. Désolé, j'avais oublié.
- Comment peux-tu oublié ce genre de chose ? Lui reprocha son meilleur ami.
- T'inquiète Cléo, je m'en fous. Et pour ce qui est de ma cible, je la garde. Elle m'intéresse bien...
Tout le temps qu'ils discutent, la fameuse cible ne s'était toujours pas assise. C'était un garçon qui paraissait plus jeune que les autres élèves. Il semblait plus se rapprocher des seize ans que des dix-huit ans que la plupart des élèves de cette classe allaient acquérir au cours de l'année.
Il était encore plus blond que Cléo, et sa coupe de cheveux ressemblait étrangement à celle d'Azaël. Des lunettes ronde lui accordaient un air sérieux mais paradoxalement un air innocent également. Ou alors c'était peut être ses yeux, qui, furtifs, parcouraient la salle à la recherche d'une place. Ils le faisait ressembler à un enfant curieux. Ils petillaient joliment d'un vert clair presque pastel. Des yeux ma foi très rares.
Contrairement à la fille de tout à l'heure, il ne remarqua pas les quatre paires d'yeux posées sur lui. Il sembla soulagé lorsqu'il vit enfin une personne qui lui lui était visiblement connue, et d'un pas calme, le sourire aux lèvres, il s'avance jusqu'à son ami et le checka. Ce dernier possédait d'étonnants cheveux roses.
Sortit de sa contemplation, Azaël se tourna vers ses amis :
- Personne ne connaît son voisin cette fois ?
- Mhh... non je crois pas, répondit Cléo les sourcils froncés. Pourtant, il me dit quelque chose.
- Normal, avec des cheveux pareils, il doit pas passer inaperçu.
- Mais moi Aza', j'ai mieux : je connais personnellement ta cible !
- C'est vrai Newt' ?
- Bah, pourquoi je mentirais ?
Les autres hausserent les épaules.
- Il était dans ma classe en seconde, et on était potes, poursuivit Newton. En première on s'est éloigné vu qu'on était plus dans la même classe, mais on se parle toujours de temps en temps. Je suis trop content qu'il soit avec nous cette année ! On dirait qu'il est timide au premier abord, mais en fait pas du tout ! Et surtout, détail important : il est gay et célibataire.
- C'est vrai que maintenant que tu le dis, j'ai déjà du te voir parler avec lui ou lui faire la bise...
Azaël affichait un air satisfait :
- C'est parfait. Tu connais son nom ? J'vais le chercher sur insta.
- Maël Alzieu, si je ne me trompe pas sur son nom de famille.
- De... quoi ?! S'exclama Azaël.
Il avait crié fort et par conséquent toute la classe se retourna vers eux.
- Merde, parle moins fort ! L'enguela Newton.
- Tu fais plus de bruit que lui Newt'...
En réalité, la plupart des gens connaissaient déjà ce groupe d'amis, qui se faisait régulièrement remarquer. De toute façon ils étaient assez populaires pour que personne ne leur dise rien.
- Euh... les gars, commença Azaël.
- Ouais ?
- Il se pourrait... éventuellement... que je me sois tapé la sœur de ce gars à une soirée.
Les trois amis se regardèrent consternés, puis éclatèrent de rire.
- Aza', t'es un tueur ! Lança son frère en lui tapant l'épaule.
- Bah écoute, comme ça tu pourras te faire la fratrie !
- Hey, taisez vous, je veux pas qu'il entende... et puis, je vais pas coucher avec lui, enfin peut-être mais je...
- Oh, c'est trop mignon !
- T'es déjà amoureux ?
- Putain Abra' tu soûles ! Pour la peine, c'est toi qui passe le prochain. Et t'as pas le droit de refuser !
- Ça risque pas ! Enfin, sauf si c'est un gars, désolé mais c'est pas moi le déviant de la fratrie.
- Connard !
- Adopté !
- Vos gueules, quelqu'un entre !
Ils se tournèrent tous vers la porte. Une dame blonde, âgée d'une trentaine d'année probablement, entra dans la pièce. Certains élèves bavaient déjà sur ses formes généreuses et ses lèvres pulpeuse : aucun doute, il s'agissait de leur professeure principale.
Abraham eu un mouvement de panique. Les trois autres sourire bêtement devant cette situation improbable. Cependant aucun ne pu faire de comentaire, le temps que la professeure s'excuse de son retard et fasse l'appel. Cléo jeta un regard à Abraham, qui, très clairement, stressait.
- Merde, comment on fait ? Demanda de dernier.
Azaël ricana :
- À ton avis ?
- C'est complètement illégal !
- T'as pas le droit de refuser, fir remarquer Newton
- Tu l'as dis toi-même, dit Cléo pour en rajouter une couche.
- Oh aller, on te demande pas de sortir ou même de coucher avec elle, juste essaye de la draguer, voir ce que ça donne, insista son frère.
- Vous êtes complément malades...
- Bah alors on dit plus rien ?
- Va niquer ta... putain non, c'est la mienne aussi !
Cette fois, tout le groupe éclata de rire de bon coeur, ce qui leur valu un regard acerbe de la jeune femme qui se tenait au tableau :
"Dis donc, si vous commencez l'année comme ça, vous êtes mal partis !"
Se rendant compte qu'ils n'avaient rien écouter depuis le début du cours, les quatres garçons reprimèrent leurs rires et Newton marmona un : "Ouais, désolé...". Satisfaite, la professeure, de son nom madame Roseline, retourna à ses explications, évoquant en grande partie la terminale et ses enjeux futurs. Comme à chaque début d'année scolaire, la majorité de la classe était attentive. Naturellement, ce calme n'allait pas tenir deux semaines. Une fois tous les professeurs bien analysés, les élèves savaient parfaitement comment se comporter avec chacun, poussant l'indicipline dans la limite du possible. Le but étant de s'amuser en cours tout en ayant un bon bulletin.
e silence fut rapidement brisé par Newton :
- Eh mais attendez, si la prof est là ça veut dire que Cléo n'aura personne !
Ce dernier pesta intérieurement. Il s'était bien évidemment fait la remarque mais avait pris soin de ne rien dire.
- T'inquiète, le rassura Abraham, y a toujours des retardataires.
- Si tu le dis...
- En plus, la prof n'a pas validé l'appel. Elle doit savoir qu'il manque des gens."
Et il ne croyait pas si bien dire, car c'est précisément à ce moment là qu'une silhouette longiligne se décida à entrer dans la salle. À la vue de cette personne, Cléo fut pris d'un élan de panique. Ses trois amis se retinrent de jurer.
Des cheveux noirs et lisses aux épaules, des yeux marrons tirant sur le vert et un petit nez retroussé : il n'y avait aucun doute, il s'agissait de Maya Matline, tout bonnement de son ex.
"Merde", chuchota ce dernier.
Il ne pu s'empêcher de l'admirer. Elle portait un jean aussi noir que ses bottines à talons, une chemise fluide blanche et bleue à rayures, ainsi qu'un sac à main qui lui servait de sac de cours. Comme toujours, elle était parfaitement bien apprêtée, classe et mature dans son genre. Elle ne se dépossédait jamais d'un air légèrement hautain, qui, selon Cléo, faisait tout son charme.
"Excusez moi pour le retard, déclara-t-elle d'une voix claire.
- Ce n'est rien, mais dépêchez-vous de vous assoir."
Et c'est ce qu'elle fit. De sa démarche élégante, elle traversa la pièce pour prendre place au fond de la classe. Peut être n'en était-elle pas consciente, mais tout le monde la suivait du regard, garçons comme filles. Elle dégageait une assurance incontestable. Une fois assise, seule la rangée du milieu la séparait de Cléo. Lorsqu'elle posa ses yeux sur lui, il sentit quelque chose courir furtivement dans son ventre. Il n'ose pas soutenir son regard. Après un court instant, elle finit par simplement lui sourire. Il n'arriva pas l'interpréter, mais il se doutait bien qu'il était très peu sincère. Il déglutit et se tourna vers Newton, paniqué :
" C'est mort, je la prends pas.
- T'es sérieux, s'indigna son meilleur ami en chuchotant. C'est l'occasion de la récupérer ! C'est le destin qui t'envoie un signe là !
- Destin de rien du tout, putain. Elle m'a trompée et en plus c'est elle qui m'a largué ! Tu crois vraiment que je veux me remettre avec elle ?
En vérité, c'était surtout une peur qui le prenait aux tripes.
- Bah, de toute façon, t'as pas le choix : c'est sûrement la dernière personne.
- Je m'en fous. Je joue pas.
Les jumeaux ne disaient rien ; néanmoins, ils tendaient l'oreille pour entendre l'intégralité de la discussion.
- Bon bon ok ! Mais si par malheur, un être vivant passe de nouveau cette porte, tu dois jurer que tu l'acceptera ! Peut importe ce que c'est ! Même le chien du proviseur, il compte !
Azaël ricana. Cléo quand à lui, quasiment certain que ça ne pourrait que lui être de bénéfique, accepta sans rechigner :
- Je préfère devenir zoophile plutôt que de retourner avec Maya !
- Alors ça, c'est une vraie parole d'honneur.
En bonne et due forme, il se serrèrent la main.
•
Au grand désespoir de Newton, il était déjà 8h20 et personne de plus n'était arrivé. Cléo était ravi, les jumeaux étaient déçus. De plus, la prof avait déclaré qu'enfin, il ne manquait plus personne. La bande avait tout de même pu apprendre le nom de la cible de Newton : Mayalène Alix. Abraham avait pris soin de remarquer que ça ressemblait au prénom de "Maya", et cela lui avait valu une pointe de compas dans la main.
Alors que le silence était total et que les plus distraits entamaient une évasion mentale, deux coups furent frappés à la porte. Somnolant déjà, Cléo sursauta et se redressa plus vite que tous les autre élèves de la classe. Tout le monde sortit de la torpeur infligée par la voix de madame Roseline.
"Fait chié" pensa t-il.
Ses trois amis échangèrent un regard complice. Ils ne cachaient pas leur hâte de voir qui allait passer le pas de la porte, et par conséquent la cible obligatoire du blond. Ce dernier se mordilla les lèvres d'appréhension. Foutu karma, il avait du faire quelque chose de mal. Il priait pour que madame Roseline lui interdise d'entrer, bien qu'il sache pertinemment que ça n'arriverait pas.
"Entrez !
La poignée tourna avec une lenteur insoutenable.
Enfin la porte s'ouvrit, dans un élan ralenti.
Cléo lacha un souffle à la vue de la personne qui se tenait maintenant devant la porte. Il ne sut pas si c'était de l'angoisse, de la surprise ou de l'admiration. Peut être bien les trois à la fois, successivement. Contrairement à lui, tout le monde, y compris la professeur semblait retenir son souffle.
Un garçon, c'était un garçon.
Et il était magnifique.
Cléo se senti bizarre, car il n'avait jamais pensé ça d'un homme. Il appréciait là tout ce qu'il voyait. Il appréciait ses cheveux chatains ondulés, ses sourcils fins légèrement froncés -marquant sûrement l'incompréhension d'être ainsi regardé-, ses cils étonnamment longs, sa mâchoire imberbe. Et surtout, il appréciait cet anneau argenté, qui ornait sa jolie bouche. C'est avec une pointe de regret que Cléo se rendit compte qu'il n'arrivait pas à voir le pigment de ses yeux.
Eux même qui s'évertuaient d'ailleurs à fixer madame Roseline. Le jeune homme se demanda si cela marquait de la fuite ou du désintéressement vis à vis du reste de la classe.
Putain
Cléo pouvait affirmer sans l'ombre d'un doute que si l'on devait choisir qui regarder entre Maya et lui, cela ne faisait aucun doute que tous les regards seraient tournés vers lui.
Après quelques secondes de contemplation générale, la professeure se décida à prendre la parole :
- Et bien... bonjour jeune homme, vous êtes ?
Il sembla se réveiller en même tant que les autres élèves, presque surpris qu'on s'adresse à lui.
- Euh, je suis nouveau.
Azaël ricanna ; la classe s'exclaffa en silence.
- C'est... c'est votre nom que je veux connaître, continua madame Roseline, quelque peu désemparée par la réponse du nouvel élève.
- Ah, oui bien sûr. Je m'appelle Angel Amezian.
À ces paroles, la classe remua un peu. Les élèves s'échangeaient des regards. "Un nom étrange pour un personnage étrange", pensa Cléo tout en continuant à l'observer.
- Je suis désolée, mais vous n'êtes pas sur la liste. Êtes-vous bien sûr de ne pas vous être trompé de classe ?
- En fait... je n'ai apparemment était placé dans aucune classe. Pourtant, je suis bien inscrit au lycée. Je suis passé par le secrétariat et le proviseur m'a dit que je devais aller en salle 108.
Il n'avait pas une voix particulièrement grave, mais son grain était rauque et légèrement éraillé. C'était apaisant de l'entendre parler.
- Oh euh, dans ce cas... Vous n'êtes sûrement pas sans savoir que cette classe mélange les L et les ES. Pouvez vous m'indiquer notre filière et vos options ? Que je ne me trompe pas d'emploi du temps.
- Je suis en L, avec option maths.
- Très bien. Ce n'est pas étonnant : tous les L ici font cette option, à part ceux qui font musique. Ce n'est pas pour rien que nous avons pu fusionner deux filières dans une même classe...
Cette fois, Angel ne répondit rien et prit simplement la feuille que la jeune femme lui tendait. Sans attendre quelques instructions, il s'assit nonchalamment au premier rang. A l'exception d'une place vacante devant Cléo, c'était la seule table complément libre.
- Bien. Maintenant que tout le monde est là, je vais reprendre mes explications. Et je compte sur l'un de vous pour faire visiter le lycée à Angel."
Le blond se tourna vers ses amis, encore plus paniqué que lorsque Maya avait passé la porte :
"Je peux pas les gars !
- T'as juré ! Et c'est pas pire que de la zoophilie !
- Mais putain Newt' je rigolais ! Je suis pas...
- Gay ? L'inerrompit Azaël. Ça, c'est ce qu'on va voir. Et puis, ne me fais pas croire qu'il n'est pas attirant. On a toujours envie d'intéresser les personnes intéressantes."
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