𝙏𝙊𝙈𝙀 2 : 𝙋𝙧𝙤𝙡𝙤𝙜𝙪𝙚
- Tu aurais peut-être dû retirer le cran de sécurité, lança Nathaniel sur un ton hésitant.
Cigarette serrée entre ses lèvres déformées par un rictus, Vladimir leva un sourcil en regardant son arme.
- Tu as raison mon ami.
Vladimir retira le cran de sécurité puis leva son arme en direction de l'homme qui était sur sa longue et interminable liste noir. Le coup partit en direction de sa cible.
- Je pense que tu n'as plus compas dans l'œil Vladimir, tu as trop bu.
Il pouffa en tirant sur sa cigarette et cracha la fumée dans la direction d'Enzo.
Sans quitter des yeux son ami, il tira à nouveau.
- Et voilà, fit-il fièrement en rangeant son arme.
- Je pense toujours que tu as trop bu et que tu devrais ralentir la cadence concernant cette liste, insista Enzo.
- Et pourquoi ralentir alors que je m'amuse tant ? S'exclama-t-il en écartant les bras avec l'esquisse d'un sourire diabolique.
- Ah oui ? Tu t'amuse ou tu essayes de passer le temps ? S'enquit Enzo en lui arrachant la bouteille des mains pour boire une gorgée.
Vladimir n'avait ni l'envie ni le désir de poursuivre cette conversation.
- Il n'y a plus rien à dire mon ami.
- Au contraire je crois que si, insista Enzo en contournant le cadavre pour se poster devant lui. Accélérer la tuerie de nos ennemis ne fera pas revenir Lydia. Il est temps que tu bouges avant qu'un autre le fasse à ta place.
- Notre amitié est si belle Enzo pourquoi tout gâcher maintenant avec ce genre de conversation qui pourrait te mener droit...à ses côtés ? S'enquit Vladimir en pointant l'homme sans vie à terre.
- Je prends le risque parce que personne ne semble vouloir offenser le patron, et il se trouve que moi aussi je suis le patron.
- Que veux-tu m'entendre dire exactement ? S'agaça-t-il.
- Je ne veux rien entendre de particulier je veux comprendre pourquoi tu l'as laissé partir alors qu'elle semblait être celle que tu cherchais ?
- Je n'avais pas d'avenir à lui offrir et vous le savez très bien, répondit Vladimir amèrement. Je n'ai pas de place pour les sentiments.
- Tu en es certain ? Lança Nathaniel en se levant. Si tu n'avais pas de place pour des sentiments alors pour quelle raison tu as passé les deux derniers mois à tué pour passer le temps ?
Vladimir le fusilla du regard avant de subitement se radoucir.
- Parce que ça m'aide à me détendre.
- Ça t'aide surtout à fuir la réalité et la voici Vladimir, répliqua Enzo. Lydia est partie, elle ne reviendra pas. Ça m'étonne encore que tu n'aies même pas tenté de savoir si elle allait bien.
- Oh mais rassure-toi mon ami, je ne t'ai pas attendu pour dresser des chiens de garde près de son domicile pour...
Vladimir s'interrompit conscient qu'il en avait trop dit car déjà Enzo lui lança un regard interrogatif. Que croyait-il ? Qu'il était insensible à ce point ? Il ne supportait pas l'absence de la jeune femme et encore moins de la savoir si loin d'ici. Chacune de ses entrailles brûlait de la retrouver et de l'arracher à sa vie si bien rangée pour la ramener ici.
- Elle t'a dit qu'elle t'aimait et tu es parti, Lydia a repris sa vie et tôt ou tard elle va rencontrer un homme qui la rendra heureuse et toi tu auras tout perdu.
Vladimir serra les dents et s'approcha vers Enzo poings serrés.
- Est-ce mon procès ? As-tu l'intention de me faire culpabiliser plus que je le suis déjà ?
- Ce n'est pas mon attention, ce que je veux c'est t'entendre admettre que tu as foiré. Tu n'aurais pas dû lui donner cette sensation d'être comme les autres et surtout tu n'aurais pas dû la repousser quand elle a tenté de te comprendre tu aurais dû lui dire la vérité à propos de ton père.
- Oh ! Génial ! Mais pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt ? Fit-il sarcastique.
Il émit un rire sec en poursuivant :
- Et puis tu as raison c'est tellement facile de lui dire la vérité ! Lydia j'ai oublié de te dire que j'ai buté mon père dans son sommeil au fait ! Quelle est ta position préféré ?
Il jeta un regard noir à Nathaniel qui s'était pétri dans le silence.
- Mon père a tué la mère de mon cousin, je suis bien placé pour te comprendre. Dire la vérité n'est pas facile mais...
- Moi je crois que depuis que tu as été rendre visite à Izzario tu as complètement pété un câble et c'est pire depuis l'apparition de June. J'ai peur pour toi mon ami. L'amour est en train de te griller le cerveaux.
- Le tiens n'est pas mieux, tu crois que tu es dans cet état pour quelle raison ? Rétorqua Enzo en plissant des yeux.
Vladimir respira profondément et se passant une main sur le visage.
- Laisse-moi vous rappeler que vous avez tous contribué à son départ en lui laissant croire qu'elle m'avait changé en pire.
- Tu avais changé en effet, tu étais froid et tu avais perdu ta charmante humeur. J'ai réalisé trop tard que tu étais en train de subir ce que moi-même j'ai subi. Nous voulions que tu montres à Lydia qui est le véritable Vladimir. Tu t'es perdu dans ta possessivité Vladimir, tout ce qui comptait pour toi c'était de la garder pour toi et le plus longtemps possible sauf que tu ne t'attendais pas à éprouver pour elle bien plus qu'un besoin de la dominer.
Un silence froid et pesant tomba dans la pièce sombre. L'odeur du sang devint étrangement forte.
Enzo avait raison mais il refusait encore de l'admettre.
Lydia était différente. Trop différente des autres. Son jeune âge et son esprit fluide et emballé tout d'abord, puis la sagesse qui affluait dans ses belles paroles puis enfin l'honnêteté. D'un revers de main il balaya de son esprit sa beauté parce que celle-ci l'empêchait de respirer.
Deux mois venaient de s'écouler et il avait passé son temps à cracher sa rage et sa colère dans un bain de sang et à aucun moment il s'était senti soulagé. Sexuellement il était au point mort, incapable de songer à étouffer son désir avec une autre. Torturé physiquement et mentalement il avait l'impression d'être prisonnier sans aucune issue. Et pourtant il y en avait une.
- Il faut que tu lui montres qui tu es, insista Enzo en déposant une enveloppe sur son bureau.
Vladimir avisa l'enveloppe d'un œil mauvais.
- Va la reconquérir avant qu'il soit trop tard, acheva Enzo en s'éloignant suivi de Nathaniel.
Deux hommes pénétrèrent dans son bureau pour enlever le flic qu'il venait de tuer.
Quand il fut seul, Vladimir prit un moment pour observer son bureau qui traduisait l'enfer de sa vie. Sombre, ensanglanté, il n'imaginait pas introduire Lydia dans ce monde qui ne lui appartenait pas et pourtant il en crevait d'envie. Elle l'aimait, ce qu'il avait redouté à maintes reprises. Il lui avait sans doute brisé le cœur. Agacé il pianota ses doigts sur son bureau le regard fixé sur l'enveloppe. Connaissant Enzo, celle-ci comportait des clichés de la jeune femme. Bien qu'il avait ordonné de la suivre afin de connaître ses déplacements Vladimir s'était interdit d'ordonner que l'on prenne des photos d'elle. Pourquoi ? Parce qu'il était persuadé qu'un seul regard suffirait à la faire flancher. Elle hantait son esprit jour et nuit depuis son départ. Il ne comptait plus le nombre de pulsions meurtrière qui l'avaient saisi à l'idée qu'un autre que lui la touche. Il ne comptait plus le nombre de fois où la fureur de son désir s'était manifesté. Il se leva brusquement et se mit à arpenter son bureau, le gorge serrée. Plus il réfléchissait plus il réalisait qu'il était le fautif. Il l'avait abandonné, livré à sa mère, laissé seule après avoir tout fait pour qu'elle se soumette à lui.
Il jura entre ses dents et rafla l'enveloppe posée sur son bureau pour l'ouvrir.
Enzo ne s'était pas seulement contenté de lui transmettre quelques clichés, il lui avait gentiment glissé une information qui fit brutalement tout basculer.
Gagné par la rage et la colère, Vladimir ouvrit la porte en arrachant presque la poignée et traversa le couloir d'un pas obscur et déterminé...
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