Chapitre 47




- Vous désirez vraiment poursuivre cette discussion inspecteur ? Demanda Vladimir l'air menaçant.

Il vrilla son regard noir dans le sien et l'inspecteur qu'il connaissait très bien, inclina la tête en guise d'excuse.

- Vous trouverez vingt hommes sur deux kilomètres autour du lac, n'espérez pas que leur mort soit très belles à voir, c'est tout ce que vous aurez comme informations.

Il s'effaça sans demander son reste. Enfin seul avec elle, il porta sa main tiède contre ses lèvres alors qu'elle dormait profondément depuis plus d'une heure. Sa mère et son père qu'il avait invité pour annoncer leur fiançailles attendaient dans le couloir qu'il veuille bien leur laisser la place. Il était incapable de la quitter. Un sentiment amer lui noua la gorge. Aujourd'hui il aurait pu la perdre.

- Je peux entrer ?

Trop occupé à vérifier sa respiration, Vladimir ne répondit pas et laissa Vadim entrer dans la chambre.

- Notre chambre donne sur le lac, murmura-t-il en serrant sa main dans les siennes. Il va falloir déménager, je ne peux pas envisager de la laisser revenir là-bas après ce qu'elle vient de subir.

- Je comprends.

- J'ai failli la perdre, ajouta-t-il à voix basse mais rageuse.

- Je sais, dit Vadim en restant à l'écart.

Jamais il n'oublierait cette scène qui tournait en boucle dans sa tête. Elle en train de se débattre dans ce lac dont l'eau était si froide qu'elle en était ressorti le visage gelé, blanc, éteint, frappé par la mort.

- C'est terminé maintenant, tu as fait ce qu'il fallait faire. Les hommes qu'il a payés étaient tous des anciens tolards en libération conditionnels, c'est à peine croyable qu'ils aient accepté d'être payé une misère pour envisager de tuer un homme sans savoir qui tu étais.

Vladimir eut un rire amer.

- Parce que leurs intentions n'étaient pas celles que tu crois Vadim, d'ailleurs Isaak non plus n'en avait aucune idée. Ils l'auraient piégé à leur tour s'il était parvenu à me prendre Lydia. L'un d'entre eux avait si peur de mourir qu'il m'a révélé que seule la fille comptait pour eux.

Vadim ferma les yeux et se passa une main sur le visage.

- Je ne veux plus en parler, articula-t-il en caressant le visage endormi de la jeune femme.

- Tu as passé une partie de ta vie sans jamais avoir besoin de protéger quelqu'un. Ce qu'il s'est passé aujourd'hui n'était pas de ta faute Vladimir.

- J'ai pensé qu'à traquer cet homme, je n'ai pas pensé une seule fois à ce qui aurait pu lui arriver en la laissant seule, murmura-t-il amèrement. Il faut que j'apprenne à penser pour deux maintenant. Je ne peux plus commettre d'erreur.

Vadim étira un léger sourire puis s'éclipsa pour le laisser seul. Il se mit à fixer sa joue blessée et ne put s'empêcher de l'imaginer seule, apeurée, faisant face à son agresseur toute seule. Son seul regret c'était de ne pas lui avoir exprimé ses sentiments concernant l'enfant qu'elle aurait pu porter. Il l'avait quitté sur une note froide et amère et ne put s'empêcher d'imaginer qu'il aurait pu la perdre. Il se leva et déposa un baiser sur son front à peine tiède et quitta la chambre pour laisser la place à ses parents.

Quand la porte se referma, il ressentit un étrange sentiment qui l'obligea à inspirer profondément. Il brûlait de retourner dans cette chambre, pour la protéger de tout, même de ses parents. Cette pensée irrationnelle lui comprima la gorge et il se passa une main sur le visage pour se ressaisir.

Le sang séché sur sa chemise attira l'attention de quelques infirmières qui s'empressaient de détourner les yeux à son passage.

Agacé, il se dirigea vers le couloir adjacent pour y trouver Charlie près de la machine à café. Dans un silence de plomb il se posta à ses côtés, en face de la machine.

- Vous en voulez un ? Proposa-t-il.

- Ce que je veux savoir c'est pourquoi vous, vous êtes comporté étrangement avec Lydia, m'incitant à vous soupçonner d'être celui qui lui voulait du mal.

Charlie étouffa un triste rire en récupérant son café.

- J'avais une sœur autrefois, commença-t-il en lui tendant le gobelet qu'il accepta. Elle était jeune, naïve et elle aimait se rebeller constamment. Un jour elle a fait la rencontre d'un homme riche et plus âgé qu'elle. Persuadée d'être amoureuse elle s'est enfuie avec lui.

Vladimir demeura silencieux et attendit la fin de son histoire en espérant que celle-ci soit convaincante.

- Six mois plus tard elle est revenue à la maison, et m'a imploré de l'aider. Il l'avait lâchement quitté comme je l'avais prédit. Son chagrin était si dévastateur qu'elle s'est ouvert les veines dans la salle de bains.

Charlie se tourna vers lui, le regard dans le vague.

- Je n'ai pas été assez vigilant et elle en est morte, alors quand je vous ai vu, j'ai eu l'impression que Lydia allait vivre la même expérience. J'ai voulu la protéger maladroitement. Je voulais l'éloigner de vous. Mais aujourd'hui, je réalise que j'ai eu tort, l'histoire de ma soeur n'a rien de comparable avec celle que vit Lydia.

- J'aurai pu vous tuer, dit Vladimir gravement. J'étais persuadé que vos gestes envers elle étaient...

- Déplacés ? Le coupa-t-il en grimaçant. Je suis navré que vous ayez cru que c'était le cas. Je crois que nous avons commis une erreur l'un comme l'autre. Je serais son beau-père aussi longtemps que sa mère voudra de moi et je sais que je dois encore faire mes preuves auprès de son père. Vous l'avez sauvé aujourd'hui et je ne saurai comment vous remercier.

Convaincu, Vladimir inclina la tête et accepta sa poignée de main.

- Les apparences sont parfois trompeuses, lui dit-il avant que ce dernier s'efface pour reprendre sa place sur la chaise en face de la porte.

Vladimir but une gorgée de café en levant les yeux sur l'écran de télévision dont le son était coupé. Une journaliste se tenait en premier plan alors que derrière elle, il y avait l'orée d'un bois qu'il reconnut pour l'avoir pratiqué il y a bien longtemps.

- Vous pouvez monter le son, demanda-t-il à la femme qui se tenait à l'accueil.

Si le titre était limpide, les explications de la journaliste russe étaient sans précédent.

" Je me trouve derrière une forêt au sud de Moscou et selon les dernières informations, des randonneurs ont retrouvé un homme décapité puis les autorités qui ont sillonnés les alentours en ont retrouvés huit autres. Au total neuf hommes ont trouvés la mort dans des circonstances atroces et les autorités cherche à savoir s'il existe un lien avec celui qui à trouvé la mort dans des circonstances similaires plus tôt dans la journée.

- Tu crois qu'il en a fini ou qu'il s'agit seulement d'un début ? S'inquiéta Vadim.

Vladimir termina son café et haussa des épaules car il n'avait aucun réponse à lui fournir.

- Je l'ignore, mais je sais au moins une chose, il faut le laisser, crois-moi Vadim, laissons-le. Il s'agit là du meilleur conseil que je peux te fournir en ces heures si sombres.

Vadim accueillit son conseil d'un signe de tête.

- Vladimir ! Lydia te demande, lança son père au loin.

Il écrasa le gobelet dans sa main et s'empressa de rejoindre la chambre. Il dépassa sa mère qui venait de franchir la porte et la referma derrière lui. Les yeux ouverts, laissant enfin filtrer les belles lueurs dans ses prunelles, elle esquissa un sourire en tendant sa main vers lui. Il avait juste eu le temps de laver son visage mais ses vêtements témoignaient de la violence qui s'était déroulée trois heures plus tôt.

Vladimir pressa ses lèvres sur la sienne en savourant leur chaleur.

- Comment tu te sens ? S'enquit en caressant son visage.

- Mieux, beaucoup mieux, murmura-t-elle d'une voix endormie.

- Je suis désolé, je n'aurai jamais dû te laisser seule.

Elle trembla en secouant légèrement la tête.

- Tu m'as sauvé, tu n'as rien à te reprocher.

- J'ai négligé ta sécurité et je...

- Tu as fait ce qu'il fallait, tout ce qui compte c'est nous maintenant, le coupa-t-elle en posant sa main sur la sienne. Je t'aime tant.

Vladimir sentir alors son cœur brûler devant cette jeune femme qui avait bouleversé sa vie en quelques mois seulement.

- Je t'aime, murmura-t-il en effleurant sa bouche avec son pouce. À partir de maintenant nous, nous quitteront plus.

Elle sourit en fermant les yeux.

- Cette idée me va, murmura-t-elle d'une voix émue.

- Je vais t'offrir la vie que tu mérites Lydia Graham, chuchota-t-il contre sa bouche, épris d'un sentiment si fort qu'il sentit son cœur s'accélérer.

- Voliakov, murmura-t-elle en esquissant un sourire rêveur. Je préfère Lydia Voliakov.

Il plaqua ses mains sur son visage et captura ses lèvres éperdument. Bientôt elle deviendra sa femme et il lui tardait de lui faire un enfant, de vivre avec cette femme exceptionnelle et forte et de lui rendre ce qu'elle avait lui donné, ce qu'elle avait de plus précieux et qu'elle lui avait offert sans jamais douter un seul instant.

Son cœur...

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