Chapitre 29



Lydia ferma l'écran de son ordinateur en exhalant un soupir satisfait. Son travail était enfin terminé. Elle y avait mis toute sa passion et tout le savoir qu'elle avait acquis durant ces dernières semaines. Très vite l'achèvement de son travail prit une tournure amère. Bientôt elle allait devoir quitter la Russie et essentiellement Vladimir. Une douleur sourde l'empêcha de respirer. Elle n'avait aucune envie de le quitter. Pour Lydia il était maintenant plus possible de fuir ses sentiments pour lui. Le seul soucis c'est qu'elle ignorait les siens. Éprouvait-il les mêmes sentiments ? Était-il prêt à la laisser partir ? L'idée de ne plus jamais le revoir lui était tout aussi insupportable que la perspective de ne plus lui appartenir.

Ils avaient passé noël ensemble ainsi que la nouvelle année. Lydia esquissa un faible sourire aux merveilleux souvenirs qu'elle en gardait.

Vladimir était devenu son professeur puis ensuite son maître et à présent son amant.

Un seul problème venait tourmenter l'horizon.

Il refusait toujours qu'elle l'embrasse et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Ce refus lui brisait le cœur car Lydia avait l'impression d'être au même niveau que les femmes qui avaient autrefois partagé sa vie.

Lydia déglutit péniblement en passant une main dans ses cheveux.

Elle s'emballait, elle était jeune et envahie d'imagination. Un peu trop.

- À quoi tu penses Lydia ?

Elle quitta sa torpeur en se tournant vers Nikki qui venait d'entrer dans le bar.

- À beaucoup de choses, murmura-t-elle en laissant entrevoir sa tristesse.

- Ton séjour est sur le point de s'achever et tu te demandes si Vladimir va te laisser partir sans te retenir, devina Nikki en lui caressant le dos.

- C'est à peu près ça en effet.

- Est-ce que tu as le sentiment d'avoir réussi là où les autres on échoué ?

Lydia haussa des épaules en inspirant profondément.

- Je l'ignore, et j'ai peur que tout ceci ne soit qu'une illusion de ma part. Nous savions depuis le départ que cette histoire allait connaître une fin.

- Depuis qu'il est avec toi je ne le reconnais plus.

- Comment ça ? S'enquit Lydia en retenant son souffle.

- Il n'est plus le même, il est froid, énervé, distant, songeur, c'est plutôt bon signe mais légèrement inquiétant.

Pas pour elle, songea-t-elle en sentant un goût amer envahir sa bouche.

- Je ne voulais pas le changer, je ne veux pas le changer au contraire je veux voir le vrai Vladimir.

Nikki eut un triste sourire.

- Je crois qu'il n'est plus le même parce qu'il a trouvé ce qu'il cherche depuis des années et je crois qu'il va tout foutre en l'air et qu'il va s'en mordre les doigts.

Lydia sentit son sang se glacer. Il s'agissait d'une prémonition presque réelle...un peu trop même.

- Je ne veux pas qu'il soit tourmenté à cause de moi, ce n'est pas ce que je veux.

- Que veux-tu chérie ? S'enquit Nikki d'une voix sincère et rassurante.

Lydia détourna les yeux, le cœur battant.

- Je veux lui appartenir, je veux qu'il me montre que je suis différente des autres et je veux qu'il me montre qui se cache derrière cette façade que j'ai moi-même créé.

Nikki déposa un baiser sur le sommet de sa tête puis glissa son index sous son menton en lui souriant.

- Tu trouveras toute seule ce qu'il faut faire, tu es la seule qui détient les clés de ce que tu veux.

Lydia la suivit des yeux alors qu'elle partait en direction de l'autre bar. L'esprit tourmenté Lydia n'eut malheureusement pas le temps de méditer sur les paroles de Nikki car le mafieux à l'origine de son désespoir entra dans la salle en se dirigeant droit vers elle. Sans le savoir Nikki venait de confirmer ce que les autres avant elle lui avaient dit. Sergeï, Enzo, Nathaniel...

Tous tenaient le même discours.

Vladimir n'était plus le même, il était tourmenté et d'après eux il s'agissait d'une bonne nouvelle comme d'une mauvaise.

- Désolé trésor c'était plus long que prévu.

- Oh ça ne fait rien, répondit-elle en forçant un sourire. Je devais terminé de toute façon.

Il s'installa sur la banquette en cuir.

- Tu as fini ?

- Oui, enfin, répondit Lydia en frottant ses paumes moites sur ses jambes qui tremblaient sans qu'elle puisse les arrêter.

- J'espère sincèrement que tu obtiendras la note qu'il te faut trésor.

- Tu sais ce que ça signifie Vladimir ?

Impassible il caressa ses cheveux sans lui donner le moindre signe d'espoir.

- Cela signifie que j'ai été un excellent professeur.

- Cela signifie que je vais devoir partir.

- Non, dit-il catégoriquement.

Il prit son ordinateur portable qu'il fourra dans la sacoche et lui fit signe de se lever.

Nul besoin de lire dans ses pensées pour comprendre que cette conversation allait se poursuivre ailleurs.

- Tu n'es pas obligé de partir, lâcha-t-il en fermant la porte de la villa sèchement.

- Je le dois pourtant, mais je peux revenir si tu le veux bien.

- Tu peux très bien rester ici et envoyer ton travail à ton professeur d'ici, rétorqua le mafieux le regard noir.

- Pourquoi tu veux que je reste ? Demanda-t-elle en croisant les bras comme si un vaste courant d'air venait de cisailler sa peau.

Il pencha sa tête comme s'il avait mal entendu.

- Cela me paraît évident non ? Je ne veux pas que tu partes Lydia.

- Dis-moi pourquoi Vladimir, pourquoi veux-tu que je reste alors que tu refuses toujours que je t'embrasse et je ne suis pas stupide j'ai bien compris pourquoi.

Il lâcha un juron en traversant le salon comme un fou furieux.

- Je ne peux pas t'offrir davantage mais je sais au fond de moi que c'est toi que je veux.

- Et ensuite ? Dans un an voire quatre que va-t-il se passer ?

- Je ne lis pas encore dans l'avenir, répondit-il d'une voix glaciale.

- Moi non plus Vladimir mais je sais que moi j'attends plus de cette relation que toi.

Il se retourna violemment comme si ces mots venaient de heurter un point sensible.

- Je t'avais pourtant prévenue Lydia, lui dit-il sur un ton menaçant qu'il regretta aussitôt.

- Tu m'as dit que j'étais celle que tu attendais, ces mots me suffisent pour avoir des sentiments pour toi. Tu aurais dû éviter ce genre de propos si tu n'avais pas l'intention de me rendre différente des autres, rétorqua Lydia d'une voix sèche.

- Te rendre différente des autres ? Répéta-t-il.

- Tu refuses que je t'embrasse cela me suffit pour comprendre que je suis qu'une soumise de plus à ta collection, dit-elle amèrement.

- Tu sais que c'est faux ! Gronda-t-il les yeux noirs. Tu n'es pas comme les autres.

- Alors prouve-le moi, dis-moi ce qu'il s'est passé avec ton père ?

Il étira une grimace en serrant les mâchoires. Devant son silence, Lydia comprit avec douleur qu'il ne dirait rien.

- Il y a des choses que je préfère que tu ignores, crois-moi c'est mieux comme ça.

- Et si moi je veux les connaître ?

- Alors je suis désolé mais je ne dirais rien, lâcha-t-il sans ambages.

Il s'approcha en respirant bruyamment.

- Lydia s'il te plaît, ne complique pas les choses alors que tout allait si bien.

- Pas si bien que ça si j'en crois tes amis, répliqua-t-elle en affrontant son regard. D'après eux tu n'es plus le même depuis que je suis avec toi. D'après eux, tu ne me montres pas qui est le véritable Vladimir.

Rictus aux lèvres il se mit à la dévisager froidement.

- Parce que je suis en train de vivre la pire chose qu'un dominant peut vivre et j'essaye de m'adapter à la situation ! Siffla-t-il agacé.

Lydia sentit son cœur se serrer. Leur connexion si particulière était en train de vaciller. Dans une dernière tentative désastreuse elle tenta de s'approcher afin de l'embrasser mais il prit ses poignets en la repoussant à nouveau.

- Ne fait pas ça, dit-il tout bas.

- Parce que si tu me laisses faire cela voudra dire que tu m'ouvres ton cœur et tu le refuses, acheva-t-elle en résistant aux larmes qui lui piquaient les yeux.

- Ma vie n'a pas de place pour ça Lydia, murmura-t-il d'une voix désolée. Ma vie est trop dangereuse pour laisser ce genre de sentiment entrer en ligne de compte.

- Alors je suis ta soumise juste pour le plaisir de...

- Tu n'as aucune idée de ce dont tu parles Lydia, la coupa-t-il dents serrées. Je te conseille vivement d'arrêter.

- Je suis désolée, murmura-t-elle en reniflant, je n'aurais pas dû laisser mes sentiments prendre le dessus, j'aurai dû être plus prudente.

En détresse, Lydia tenta de fuir à tout prix cette dispute. En fait, elle voulait fuir tout court pour que son cœur arrête de saigner.

- C'est moi qui suis désolé, rétorqua-t-il en prenant son visage en coupe.

Son regard était noir et ses mâchoires pétri de colère.

- Il faut que tu saches une chose très importante Lydia, commença-t-il à voix basse. Où que tu ailles, je te retrouverai, ne l'oublie jamais. Quelle que soit la décision que tu prendras, je te retrouverai à n'importe quel prix.

Il posa sa bouche sur ses la sienne pour la blessé d'un baiser impérieux et possessif puis s'écarta lentement, les mâchoires contractées.

Lydia toucha ses lèvres du bout des doigts en sachant que c'était peut-être la dernière fois qu'il l'embrassait. Il avait beau se montrer menaçant, Lydia était persuadée qu'il ne se donnerait pas la peine de la retrouver si elle osait dire ce qu'il refusait obstinément d'entendre.

- Je t'aime Vladimir, et c'est pour cette raison qui te rebute tant que tu ne te donnera pas la peine de me retrouver...

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