Chapitre 2
Lydia avait l'impression de faire une regrettable erreur mais il était malheureusement trop tard pour y remédier. Afin d'éviter cet ultime recours, Lydia avait sillonné les villes à la recherche d'un établissement capable de répondre à toutes ses questions. Hélas elle s'était heurtée à plusieurs situation délicate notamment la dernière. Un homme d'une cinquantaine d'années s'était proposé pour son interview avant qu'elle le soupçonne d'être un pervers dont les intentions malvenues étaient à vomir. Maintenant, elle se retrouvait dans un avion censé l'emmener au dernier endroit qu'elle avait sur sa liste. Pour Lydia, il s'agissait d'une folie. Elle avait l'impression de plonger dans un univers totalement méconnu à commencer par le pays en question. Un sentiment de tristesse lui comprima la poitrine lorsqu'elle déposa sa valise sur le lit de la chambre d'hôtel. Les vacances de noël était la période qu'elle aimait le plus. Savoir qu'elle risquait de la passer seule loin de ses proches rendait son voyage morose.
- Bienvenu à Moscou mademoiselle, lança poliment la directrice de l'hôtel dans un anglais presque parfait.
- Merci, lui dit-elle en dépliant sa feuille, pourriez-vous m'indiquer où je pourrais trouver cet endroit ?
Lydia tendit la feuille afin qu'elle puisse lire l'adresse.
Le visage de la russe devint pâle. Mal à l'aise elle se recula en fuyant son regard.
- Puis-je savoir pour quelle raison vous désirez vous rendre là-bas ? Demanda-t-elle d'une voix à la politesse forcée.
- Je dois y rencontrer le patron, pourquoi ?
- Si j'ai un conseil à vous donner mademoiselle c'est d'éviter les hommes qui s'y trouvent, croyez-moi sur parole, si vous voulez danser ou boire un verre, Moscou regorge d'endroit bien moins dangereux.
Lydia fronça des sourcils en la suivant des yeux jusqu'à ce que la porte se referme sur elle.
Allant jusqu'à la fenêtre pour admirer la vue, Lydia expira lentement tout en songeant à la suite de ce périlleux voyage. Selon les dires de cette femme, elle devait se maintenir à distance de ce club pourtant réputé. Devait-elle l'écouter ou au contraire foncer tête baissée vers l'inconnu.
- Tu n'as pas fait tout ce voyage pour reculer maintenant, se murmura-t-elle à elle-même en retirant son manteau.
Il était plus de dix-huit heures, Lydia n'éprouvait pas la moindre fatigue car elle avait profité de ce long vol pour se reposer. De ce fait, Lydia prit son ordinateur portable et l'alluma afin de peaufiner le début de ce long travail.
Les livres qu'elle avait emprunté à la bibliothèque l'avaient plongé au cœur du sujet. Non sans rougir, Lydia avait parcouru les pages du premier livre. Cela lui avait permis d'avoir une idée sur ce qu'il l'attendait ce soir, en espérant y trouver des informations sur le patron du club. Vladimir Voliakov.
Allait-il accepter de répondre à ses questions ? À quoi ressemblait-il ? Avait-il la même allure que cet homme qu'elle avait rencontré deux jours plus tôt ?
Pour le savoir, Lydia allait devoir dépasser les limites de la prudence dès ce soir.
Se changer ? Lydia y avait songé seulement elle ignorait ce qu'il fallait porter. Il fallait qu'elle dégage une attitude professionnelle. Elle n'était pas là pour s'amuser.
Alors elle se glissa dans une robe serrée près du corps dissimulée par son long manteau rouge.
Elle s'empara de ses affaires puis quitta sa chambre d'hôtel à la recherche d'un taxi. Les flocons de neige semblaient plus épais que lorsqu'elle était arrivée. Le monde avait l'air si différent ici qu'elle se sentait presque obligé de dresser un mur défensif autour d'elle et ce fut pire lorsqu'elle arriva devant le grand établissement. Seule sur le trottoir, elle observait les femmes et les hommes qui pénétraient à l'intérieur. Raffinés, élégants, tous semblaient en joie à l'idée d'entrer dans ce lieu qui pourtant regorgeait de secrets qu'elle espérait bien percer.
Lorsqu'elle pénétra dans le hall, Lydia sentit son pouls s'accélérer.
Les murs étaient tapissés de couleur pourpre, comme l'était son visage. Sa première réaction fut d'observer tous ces inconnus qui se dirigeaient vers deux portes. À ce moment-là, Lydia se souvint de l'article qu'elle avait lu. Deux portes, deux choix. Dans son esprit des centaines de phrases des livres qu'elle avait épluché planaient comme un épais nuage qui ne semblait pas vouloir s'en aller. Dire qu'elle n'avait pas senti son ventre se nouer d'une chaleur étrange serait mentir. Cependant ce soir, elle avait la sensation étrange que c'est son corps tout entier qui brûlait à la simple idée de passer cette porte. Par prudence, Lydia décida de pénétrer dans l'autre pièce et y trouva un bar, une piste de danse ainsi qu'un sillon de canapés en cuir, des espaces privés où les habitués ressemblaient à des hommes d'affaires fortunés.
- Tu es perdue trésor ?
Lydia se tourna vers la femme qui venait de l'aborder.
Métisse, aux tatouages prononcés, elle resplendissait d'une aura de confiance. Rien, absolument rien ne semblait lui faire peur.
- En réalité je cherche Voliakov, savez-vous où je peux le trouver ? Demanda-t-elle en approchant du bar.
L'inconnue lâcha une expression à la limite de la désolation, comme si elle éprouvait de la pitié pour elle.
- Oh trésor, quoi qu'il ait pu te dire, il faut impérativement que tu l'oublies.
- Je vous demande pardon ? S'enquit Lydia en fronçant des sourcils.
- Tu es encore l'une de ces nombreuses conquêtes n'est-ce pas ? Il t'a dit qu'il ne voulait plus de toi mais tu t'accroches désespérément parce que tu brûles à l'idée d'être un jour celle qui aura la chance d'être sa...
- Je crois que vous faites erreur, la coupa-t-elle en étouffant un rire nerveux. Je suis Lydia Graham, je viens des États-Unis. Je suis étudiante et j'ai espoir qu'il pourra m'accorder un peu de son temps pour une interview.
L'inconnue la toisa de haut en bas sans savoir quoi dire.
- Oh...
Mal à l'aise, Lydia combla le dernier espace qui les séparait.
- Je suis désolée trésor j'ai cru que tu étais...merde tu es étudiante ?
Lydia acquiesça sans savoir s'il s'agissait d'un reproche de sa part.
- Tu n'es pas un peu trop jeune pour être ici ? Tu as quoi ? Dix-huit ans ?
- Vingt-quatre en réalité, je suis en faculté.
Elle leva un sourcil étonné.
- Je suis Nikki, une amie de Vladimir, et si je dois te répondre honnêtement tu devrais partir immédiatement. Tu n'as aucune idée dans quel genre d'endroit tu viens de mettre les pieds.
Lydia ne ressentit aucun mépris dans sa voix juste un sage conseil qu'elle chercha à éviter car son sujet d'étude lui importait trop pour envisager de faire marche arrière.
- Je dois vraiment le voir, insista-t-elle.
La fameuse Nikki la dévisagea longuement sans émettre un mot. Elle eut même l'impression d'être étudiée comme un futur projet d'étude.
- Explique-moi ce qui t'amène ici et je pourrais peut-être t'aider.
Lydia saisit alors cette chance et lui expliqua la raison de sa venue. Pas une seule seconde elle entreprit de la juger ou bien même tentée de se rire d'elle.
- Ton prof est barge j'aime ça, nota-t-elle en lui tendant un verre de champagne.
- Où bien je n'ai pas de chance d'avoir tiré un tel sujet.
Nikki pouffa de rire.
- Trésor tu te trompes, c'est de loin le meilleur sujet que tu aies pu tirer. N'es-tu pas curieuse de comprendre ces hommes et ces femmes qui s'adonnent à ce genre de pratique sexuelle ? Après tout qu'est-ce qu'il y a de si différent que la pratique de base ? Au final l'un comme l'autre finit par obtenir l'orgasme désiré.
Très bonne question, songea-t-elle en abaissant les yeux sur ses notes qu'elle avait rédigé le matin même. Lydia n'avait pas de réponse à lui apporter car elle-même n'avait jamais connu l'orgasme qu'elle décrivait.
Était-ce la faute d'Isaac ou de la sienne ? Lydia referma le cours de ses pensées car elle voulait à tout prix effacer cette période néfaste de sa vie.
- Tu veux vraiment t'entretenir avec Vladimir Voliakov en personne ? Insista-t-elle.
- Je n'ai pas vraiment le choix, répondit Lydia en sentant son estomac se nouer.
- Vladimir Voliakov n'est pas un homme ordinaire chérie et cet endroit n'a rien d'ordinaire. Tu es lentement en train de glisser vers un sombre côté dont tu ne soupçonnes pas l'existence.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il a de différent des précédents propriétaires pervers que j'ai pu rencontrer ? S'enquit Lydia en étouffant un rire nerveux. Il a des dizaines de soumises enfermées dans un donjon ? Plaisanta-t-elle en posant sa coupe de champagne sur le comptoir.
Nikki l'observa attentivement, ne laissant aucun détail lui échapper.
- Le jour où il la trouvera crois-moi trésor la moitié des personnes de ce club auront l'impression qu'ils seront suivi par la mort à chaque instant de leur vie, y compris moi, répondit Nikki avec un léger sourire.
La gorge serrée, Lydia tenta de reprendre une bouffée d'oxygène.
- Vladimir Voliakov est mon patron, c'est un patron particulier. Un homme dangereux qui n'a pas peur de se salir les mains. Sois tu l'affrontes soit tu cours, à toi de choisir.
Lydia était tétanisée par la peur qui l'animait. Hélas elle ne pouvait pas reculer.
- Il s'agit seulement d'une interview, précisa-t-elle.
- Dans ce cas ma belle, tu le trouveras derrière l'autre porte.
Sur ce, elle lui sourit étrangement et s'éloigna en la laissant seule avec cette information cruciale.
Derrière l'autre porte...
Lorsqu'elle se retrouva en face de celle-ci, Lydia se mordit la lèvre en hésitant à la pousser. Une étrange sensation la poussa à l'ouvrir, une sensation de plus en plus forte qui guida sa paume de main à se poser sur le velours de la porte qu'elle poussa soudain...sans savoir ce qu'il s'y cachait...
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