Chapitre 15



Pensivement Vladimir amorça l'un des nombreux virages serrés en songeant à la suite qui l'attendait lui et Lydia. Sa première pensée fut de savoir si elle était rentrée chez lui et de préférence en un seul morceau. D'ordinaire il n'avait aucune objection sur la liberté qu'il donnait à ses soumises mais avec Lydia il devait reconnaître qu'il avait eu beaucoup de mal à la laisser partir ce matin seule. Lorsque sa villa émergea devant ses yeux entourée d'arbres enneigés son premier instinct fut de regarder si la voiture qu'il lui avait donnée pour se déplacer était garée dans l'allée. Dès qu'il la vit, un étrange soulagement se mit à l'envahir. Ses muscles se crispèrent à la simple pensée de la revoir. Il avait l'impression que ça faisait une éternité. Son désir n'avait de cesse de grandir depuis qu'il avait cédé à la tentation de la faire sienne. Il pouvait encore ressentir les effets dévastateurs qu'il avait ressenti pressé contre son corps tiède et magnifique.

Vladimir gara la voiture près de l'entrée et s'empressa de grimper les marches qui la séparaient d'elle.

Discrètement il ouvrit la porte dans l'intention de la surprendre mais en réalité c'est elle qui le surprit. Vladimir referma la porte derrière lui et demeura immobile, savourant la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Assise près de la cheminée, cheveux relevés dans un chignon maladroit elle frappait le clavier de son ordinateur portable énergiquement. Derrière elle les flammes vacillaient avec la même fougue comme si elles avaient reconnues cette jeune femme jadis nue sur ce tapis, éprise de la même passion que leur crépitements.

Vladimir sentit sa gorge s'enflammer tandis qu'il avançait vers elle. Enfin, son regard se déporta sur lui et un léger sursaut s'ensuivit.

- Oh...je ne vous...je ne t'ai pas entendu, bredouilla-t-elle en abaissant l'écran de son ordinateur.

Des rougeurs par milliers couvraient déjà son visage et il comprit sans effort ce qu'elle faisait.

- Tu es rentrée depuis longtemps ?

Cette question lui brûlait les lèvres depuis plusieurs secondes. Il s'était interdit de tracer son téléphone portable afin de se tester lui-même. Le résultat en était désastreux.

- Depuis plus de deux heures je dirais, répondit-elle en changeant de position.

Elle se retrouva sur les genoux, plus précisément dans la position seiza tant appréciée pour méditer.

Vladimir inspiration profondément conscient qu'elle n'avait aucune idée ce que cela lui procurait de la voir ainsi. Un léger sourire fendit ses lèvres. Il pouvait presque entendre les battements de son cœur s'accélérer.

- Tu as bien avancé ? Demanda-t-il en pointant du doigt son ordinateur.

- Assez oui, je suis plutôt contente, répondit-elle regardant celui-ci. J'ai croisé Nikki au café que tu m'as recommandé.

Vladimir n'était même pas surpris de l'apprendre.

- Je parie que votre discussion était tournée vers moi, je me trompe ?

Elle se mordit la lèvre légèrement gênée.

- En effet, admit-elle en tirant sur ses doigts.

Il s'installa sur le fauteuil en face d'elle.

- Et puis-je savoir ce qu'elle t'a dit ?

Il connaissait Nikki suffisamment pour savoir qu'elle ne s'était pas contentée d'une simple mise en garde.

- Elle voulait savoir si j'étais sûre de savoir dans quoi je m'embarquais. Elle m'a expliqué beaucoup sur les dominants et sur son expérience personnelle.

Vladimir hocha pensivement de la tête sans la quitter des yeux pour déceler si elle lui cachait autre chose. Il ne trouva rien d'anormal. Ses yeux scintillaient sous le soleil hivernal...tout simplement.

- Elle tient beaucoup à toi, ajouta-t-elle d'un murmure en cessant de tirer ses doigts.

- Nikki et moi nous, nous connaissons depuis longtemps. Elle compte aussi beaucoup pour moi.

Il leva la main vers elle pour lui caresser la joue.

- J'ai été surprise lorsque la fameuse Katia connaissait déjà ma commande avant même de l'avoir passée, lui dit-elle sur un ton faussement ironique.

- Et tu n'as encore rien vu trésor, dit-il en se levant pour ôter sa veste.

- En lisant les livres que j'ai en ma possession la plupart des dominants exigent des soumises de faire du sport, de s'entretenir avec des exercice quotidiens, déclara-t-elle en le suivant dans la cuisine.

- Ces livres reflètent une certaine réalité je te l'accorde mais il ne s'agit pas de la véritable vie. Je n'ai pas l'intention de t'imposer des exercices intensifs. Le seul sport que tu vas pratiquer il sera avec moi.

Ses joues s'empourprèrent poliment et il adorait ça.

- Ce que je veux, c'est une femme en bonne santé et je compte bien veiller sur la tienne, ajouta-t-il en posant ses mains sur le comptoir.

Ses yeux ne quittaient plus les siens. Vladimir crispa ses doigts sur le marbre pour s'empêcher de lui sauter dessus. C'était presque une torture absolue.

- Il y a autre chose qui m'inquiète, c'est pour la voiture que tu m'as prêtée. J'ai peur de l'abîmer.

- Tu veux un chauffeur à la place ?

Elle ouvrit la bouche puis la referma, décontenancée.

Elle n'avait pas l'habitude d'être entourée de luxe et de privilège comme ceux qu'il lui exposait. Il s'approcha et posa ses mains sur ses épaules et se mit à caresser ses bras pour l'apaiser.

- Même si tu l'abîmes, cela m'importe peu tant qu'il ne t'arrive rien.

Elle esquissa une grimace en laissant errer son regard sur sa chemise puis soudain elle fronça des sourcils.

- Tu as du...sang sur le col de ta chemise.

Il s'attendait à ce qu'elle tombe dans les pommes ou qu'elle se recule pour le dévisager comme un monstre mais n'en fit rien.

- Une partie de golf un peu compliquée, répondit Vladimir en souriant intérieurement.

Lui montrer à quel point il pouvait se montrer diabolique n'allait pas l'aider à se détendre au contraire.

- Je n'ai pas envie de savoir, murmura-t-elle en pinçant ses lèvres qu'il hâta de saisir avec sa bouche pour mettre fin à cette conversation.

Insatiable, Vladimir l'embrassa avec une lenteur délibérée car il voulait savourer la douceur de ses lèvres. Jamais il n'avait autant apprécié embrasser une femme. Il glissa sa main dans sa nuque pour presser davantage ses lèvres contre les siennes. Il sentit ses mains de pianiste se poser ses épaules alors qu'elle tentait désespérément de se grandir en se hissant sur la pointe des pieds. Des centaines de milliers de fantasmes surgirent dans son esprit. Il relâcha ses lèvres en savourant l'écoute de ses faibles soupirs qui réclamaient davantage. Il prit ses joues entre ses doigts, cherchant une lueur de peur et il la trouva...dissimulée derrière l'épais désir qui se lisait sur son visage.

- Tu as peur je peux le voir dans tes yeux, ce qui m'indique que je dois prendre mon temps avec toi. Précipiter les choses me ramènerait à te voir me fuir tout de suite, déclara-t-il d'une voix grave.

- Je n'ai pas la moindre envie de fuir, murmura-t-elle en glissant ses doigts fins sur son poignet.

- Tant mieux car je n'ai pas la moindre envie de chasser, chuchota-t-il en glissant son pouce sur ses lèvres.

- Tu ne me laisserais pas partir si je te le demandais ?

Vladimir n'avait aucune réponse à lui offrir car il l'ignorait lui-même. Il avait l'impression de la connaître depuis des mois. Jamais il ne s'était retrouvé dans une telle situation. La laisser partir ? Oui...mais seulement pour mieux la ramener à lui.

- Oui et non, répondit-il en toute honnêteté.

- Comment c'est terminé...

- Brutalement et sans s'épancher sur les détails. Comme je te l'ai dit, elles étaient formatées et je déteste ça.

- Que veux-tu dire par-là ?

Il lâcha ses belles joues en riant légèrement.

- Je ne te le dirais pas trésor, murmura-t-il d'une voix volontairement mystérieuse avant de s'éloigner vers l'escalier.

- Pour quelle raison ? S'enquit-elle en le suivant.

- Parce que te le dire reviendra à t'aider à l'éviter. Ce n'est pas comme ça que sa fonctionne, dit-il en ouvrant les portes dans son antre.

Telle une biche entravée par les filets d'un chasseur elle s'arrêta dans l'encadrement et se mit à tout observer. Vladimir suivit la trajectoire de ses yeux et lorsque ses derniers se posèrent sur le lit sombre, il sourit de nouveau intérieurement. Bientôt, très bientôt elle sera à lui, dans son lit, esclave du désir.

- Entre, n'aie pas peur.

Elle pénétra à l'intérieur en glissant derrière son oreilles des mèches inexistantes.

- Je ne veux pas que tu te réfères aux expériences des autres et encore moins de celles qui on fait partie de ma vie. Il ne s'agit pas d'un dessin à recopier. Si je t'ai choisie c'est parce que tu es différente.

- Justement, il est là le problème. Je suis différente et j'ai peur de ne pas être à la hauteur.

- Et moi, c'est exactement ce que je veux, renchérit Vladimir d'une voix rauque. Je te veux nocive dans tous  les domaines, je veux pouvoir t'apprendre et en apprécier chaque seconde.

Il combla l'espace qui les séparait.

- C'est ce que je veux, répéta-t-il en serrant les mâchoires. Je te veux tel que tu es.

Une émotion passa dans ses yeux qu'elle tenta de réprimer. Il comprenait sa peur mais refusait qu'elle arrache ce qu'il y avait en elle pour devenir l'inverse de ce qu'il voulait.

- Tu as compris ?

- Oui.

Il retira sa chemise tachée de sang alors qu'elle suivait des yeux et silencieusement les lignes de son tatouage.

- Ce soir nous sortons, tu trouveras ce qu'il te faut dans ta chambre. Je te veux en rouge, ensuite tu disposeras tes affaires dans cette chambre.

Elle cilla une seconde.

- Ici ? Répéta-t-elle abasourdie.

Lydia était au bord de l'évanouissement. Son cœur battait à vive allure alors qu'elle ne pouvait pas quitter des yeux son torse massif. Les informations parvenaient difficilement à s'inscrire dans son esprit car il l'a troublé. Son corps souffrait d'un manque absolu qu'il était le seul à pouvoir combler et il le savait...

- Oui, ici, confirma-t-il d'une voix caressante. Il n'est d'aucune utilité que tu restes à l'autre bout du couloir à présent. Tu as même eu beaucoup de chance ce matin lorsque je t'ai retrouvé dans cette chambre ça m'a mis en colère.

- Je pensais que c'était le plus convenable à faire...

- Dorénavant tu demeures dans cette chambre, dans mon lit à mes côtés.

Lydia inspira difficilement alors que des sensations remontaient le long de sa colonne vertébrale.

- Je vais chercher mes affaires.

Il la retint par le bras pour l'attirer à lui. Son visage était à quelques centimètres du sien. Ses yeux noirs prirent une dureté qui la fit frémir.

- Tu n'imagines pas à quel point je me contrôle en ce moment même, murmura-t-il d'une voix gutturale. Tu n'as pas idée de l'effet monstrueux que tu as sur moi Lydia Graham.

- Et toi sur moi, murmura-t-elle en retour.

En guise de réponse il grogna avant d'écraser ses lèvres contre les siennes. C'était sauvage, exigeant, brûlant.

Il relâcha sa bouche et glissa à son oreille :

- Il me tarde d'être à ce soir...

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