Chapitre 11
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Insista Vladimir en fixant Béatrice d'un regard noir.
- Je suis venue pour te parler, dit-elle sèchement avant d'écarquiller les yeux consciente qu'elle venait de faire une regrettable erreur.
La jeune femme sur sa droite se leva précipitamment en récupérant ses affaires à la hâte.
- Restez mademoiselle Graham.
- Oh euh non, je vais vous laisser, bredouilla-t-elle en serrant son cahier de note contre sa poitrine. De toute façon je dois passer un coup de fil.
Vladimir décrocha une œillade assassine en direction de Béatrice tandis qu'elle partait en direction de la porte.
- Pour quelle raison tordue tu es venue me voir, gronda-t-il en passant derrière son bureau.
Vladimir ignorait s'il était en colère contre lui ou contre Béatrice qui venait d'interrompre un moment aussi fragile que prometteur. Enfin, la jeune femme s'était livrée en lui offrant un fragment de sa vie. Un fragment qui était à la l'origine de ses nombreuses réticences à s'ouvrir totalement à ce monde pourtant si délicieux.
- Je peux savoir qui c'est ? Demanda-t-elle d'une voix qui trahissait la jalousie lisible dans ses yeux.
- Une étudiante en littérature qui travaille sur un sujet qui nécessite mon aide, répondit-il en se laissant tomber dans son fauteuil l'esprit ailleurs.
Il s'ennuyait, cette future conversation allait l'ennuyer.
- Tu es sûr qu'il s'agit seulement d'une simple étudiante ? Parce que vous aviez l'air très proche quand...
- Bon sang vas-tu me dire pour quelle raison tu es ici ? Sans ma permission qui plus est.
Béatrice était sa dernière relation, et pas la plus évidente. Pour lui, il s'agissait d'une mémorable erreur. Il avait cru trouver en elle le petit quelque chose qu'il cherchait depuis une éternité. Hélas il s'était heurté à une soumise au double visage. Folle, instable, il avait très vite compris les motivations de celle-ci.
- J'ai bien réfléchie et je pense que nous devrions reprendre là où...
- Nous n'allons rien reprendre, la coupa-t-il sèchement avant de vider son verre. Tu n'as pas encore compris ? Il n'y a plus rien entre nous Béatrice c'est fini depuis des mois et je n'ai pas l'intention de revenir sur ma décision.
- J'ai fait des erreurs, je le sais, j'étais trop envahissante et j....
- Des erreurs ? Nathaniel, Enzo, Nikki, et bien d'autres encore ne qualifieraient pas ton comportement ainsi.
Béatrice serra les dents puis tenta une ultime approche.
Vladimir leva sa main pour la stopper.
- Cette relation était une erreur Béatrice, je n'ai pas la moindre intention de revenir en arrière. Je te déconseille d'insister.
Sévèrement, Vladimir se leva en imposant sa volonté de la voir disparaître de sa vie.
- Et donc tu as l'intention de me remplacer par cette étudiante ? S'enquit-elle d'une voix sèche.
Vladimir émit un rire diabolique.
- Ma vie ne te regarde pas...
- En effet, sa vie ne te regarde pas, claqua une voix.
Nathaniel émergea en silence dans son bureau, le regarda froid. Béatrice baissa les yeux avant de partir comme une furie, rageuse.
- Je vais mettre des alarmes un peu partout autour de ma propriété dès aujourd'hui, dit-il en roulant des épaules pour dénouer ses muscles tendus.
- Méfie-toi d'elle Vladimir, je te conseille vivement d'intervenir comme moi je l'ai fait.
Nathaniel se posta devant la fenêtre, il le rejoignit et c'est ensemble qu'ils regardèrent Béatrice partir. Autrefois, elle était presque parvenue à les monter l'un contre l'autre. Des années d'amitié remises en question à cause de cette femme.
- Je savais qu'elle viendrait te voir, lui confia-t-il en sortant une cigarette de sa veste noire. Dimanche j'ai eu la mauvaise surprise de la trouver chez-moi, désespérée à l'idée que je la reprenne.
- J'en était sûr, soupira Vladimir en se tournant pour aviser la porte entrouverte.
- Nikki m'a rapporté qu'une certaine Lydia Graham était rentré dans ta vie dans l'intention de t'interviewer c'est vrai ?
- Les nouvelles vont vite, nota-t-il sans masquer son irritation.
- En effet, surtout lorsqu'il s'agit de toi, confirma Nathaniel en quittant la fenêtre pour parvenir à son bureau. Nikki a noté également qu'elle avait marqué ton intérêt.
Il retint un sourire.
- Elle est spéciale, très mystérieuse, elle m'intrigue.
- Elle est ici ?
- Oui, répondit-il en sachant pertinemment ce qu'il cherchait à savoir.
- Elle sait ce que nous sommes ?
- Oui, inutile de lui cacher.
L'étonnement se lut sur le visage de son ami.
- Et elle n'a pas eu peur ?
- Si, bien entendu mais j'ai su trouver les bons mots pour la rassurer. Je n'ai pas l'intention de lui faire du mal.
- Je le sais, dit Nathaniel en écrasant sa cigarette pensivement. Je suis surpris, ce n'est pas dans tes habitudes de faire entrer une inconnue dans ta vie sans avoir éplucher chaque parcelle de sa vie.
Vladimir grimaça car en effet il fallait plus qu'une simple carte d'identité pour qu'il offre sa confiance aussi facilement. Cependant il avait senti au premier regard que malgré ses doutes, Lydia Graham ne représentait pas le moindre danger. Le seul danger qu'elle représentait jusqu'ici c'est de le faire flancher et d'affamer le monstre qui rêvait de la faire sienne.
- Je l'ai accusé à tort, elle a toute ma confiance à présent, maintenant je dois avoir la sienne.
Ils se lancèrent un regard qu'ils étaient les seuls à comprendre mais cette fois-ci, Nathaniel demeura silencieux. Vladimir comprit très vite que c'était son expression fermée qui l'empêchait de parler.
- Je te laisse, j'ai des affaires à régler, j'espère te voir au club très vite.
Vladimir ne répondit pas, trop occuper à songer aux révélations de la jeune femme. Maintenant il comprenait mieux pourquoi elle paraissait si triste. Lorsqu'il sondait son regard, il pouvait sentir le poids de la solitude dans ses yeux. La tristesse emplissait son visage, creusant sa beauté. Elle n'était pas complète, elle était comme prisonnière d'un vide abyssal. Son corps ne rêvait que d'être enfin libéré, de s'exprimer. Vladimir ne s'était jamais retrouvé devant un tel portrait, une telle interprétation. Il avait l'impression d'avoir enfin trouvé ce qu'il cherchait depuis des années. Tout semblait réel en elle. Pas un seul mensonge était lisible dans ses yeux. Il s'agissait seulement d'une jeune femme profondément meurtrie en quête de savoir avec le désir profond de combler cette solitude qu'elle portait constamment dans les lueurs significatives qui dansaient dans ses yeux...
Lydia s'installa sur le grand lit et glissa ses doigts sur les draps. La mauvaise nouvelle qu'elle venait de recevoir de la part de sa mère venait de creuser un peu plus sa tristesse se passer les fêtes de fin d'année seule.
Bien que désolée, sa mère n'avait pas caché son excitation de passer noël sous les tropiques à des kilomètres d'elle. Lydia ne pouvait pas en vouloir à Charlie d'avoir un travail si prenant mais au fond d'elle, Lydia se surprit à la maudire une fraction de seconde.
- Vous avez reçu une mauvaise nouvelle ?
Son accent russe la fit frémir. Elle releva la tête en constatant qu'il se trouvait dans l'encadrement de la porte, les bras croisés.
- Ma mère vient de m'annoncer qu'elle ne sera pas présente pour les fêtes, c'est une nouvelle que j'ai du mal à digérer mais au fond de moi je m'y étais déjà préparée.
Il fronça des sourcils l'air soucieux.
- Noël semble cher à votre cœur, nota-t-il en s'approchant.
Ses pas frappaient lentement le sol mais le son traduisait son impérieuse volonté de la rejoindre.
Lydia inspira profondément.
- Chaque année j'ai pour vœux d'être heureuse et d'oublier que mon père est parti refaire sa vie un 25 décembre, me laissant comme cadeaux la tristesse de lui dire au revoir à travers la fenêtre.
- Je suis navré de l'apprendre.
- Ne le soyez pas, dit-elle en se levant les mains moites. Depuis je l'ai revu et nos liens se sont resserré au fil du temps. C'est juste que j'essaye d'oublier à quel point ça m'a rendu malheureuse.
Il s'arrêta devant elle, l'expression grave. Lydia chercha donc un moyen de contourner le sujet.
- Ça serait intrusif de ma part si je demandais qui était cette femme tout à l'heure ?
- Ma dernière soumise et on ne peut pas dire que j'en garde un très bon souvenir. Elle est folle, et n'a eu aucune honte de devenir celle de mon ami le plus précieux pour ensuite tenter de nous monter l'un contre l'autre.
- Oh....et que voulait-elle ?
- D'abord m'exposer sa jalouse envers vous puis ensuite je l'ai mise dehors avec l'espoir qu'elle ait compris.
- Est-ce que ça vous arrive souvent d'être confronté à des femmes qui insistent même quand c'est terminé ?
- Disons qu'elles ont du mal à se défaire d'un corps aussi merveilleux, répondit-il d'une voix savoureuse.
Lydia ne put s'empêcher de sourire en oubliant presque qu'elle s'était mise à rougir.
En effet, ce corps semblait merveilleux un peu trop même.
- Ce que j'ai du mal à comprendre c'est le temps que vous laissez s'écouler entre deux soumises. Vous avez dit que c'était une drogue et pourtant vous n'avez pas l'air pressé d'en trouver une nouvelle.
Le point qu'elle venait de soulever semblait lui plaire.
- Parce que je ne choisi pas au hasard mademoiselle Graham, dit-il sur un ton lent et mystérieux. Il ne s'agit pas d'un jeu mais d'une décision très sérieuse la preuve en est avec Béatrice. Après un examen de deux mois j'ai quand même réussi à passer à côté d'un détail crucial.
Lydia se pinça la lèvre.
- Quel est cet examen ?
Il sourit puis lui exposa son dos musclé alors qu'il quittait la chambre. Lydia le suivit et emprunta l'escalier comme lui.
- Tout d'abords il s'agit d'une liste dressée pour savoir quels fantasmes occultes dans l'esprit puis ensuite une liste de mes exigences, les règles que j'impose.
Il marqua une pause alors qu'il s'affairait dans sa cuisine ultra équipée. Lydia cherchait déjà à évincer une question dans sa tête mais il était trop tard elle était déjà en train de se la poser.
Quelles étaient ses exigeantes et ses règles ?
- Ma volonté fait loi, ajouta-t-il gravement.
Ses yeux perçant capturèrent les siens et Lydia fut paralysée par la force qu'il mettait dans son regard.
Cette phrase lui était-elle destinée ?
- Ensuite il y a un rendez-vous dans lequel j'échange avec elle pour chasser les doutes qui peuvent me faire refuser. Je lui pose une série de questions, j'efface de sa liste ce que je me refuse de lui offrir. Parfois certaines sont friandes de conditions extrêmes et j'ai tendance à les renvoyer sans chercher à creuser plus loin.
Lydia s'approcha timidement vers le plan de travail.
- Elles étaient déjà toutes expérimentées ?
- Oui, répondit-il sans la quitter des yeux.
- Vous avez l'air déçu à vous entendre, remarqua-t-elle.
Sans la lâcher des yeux il poursuivit :
- Il m'a fallu du temps pour comprendre que cela m'ennuyer fortement.
- Qu'elles soient expérimentées ?
- Oui, à la fin et notamment avec Béatrice j'avais l'impression d'être avec un robot formaté et j'ai fini par détester alors que d'autres aiment ça.
Il fit le tour du plan de travail et lui tendit le sandwich qu'il venait de préparer.
- Manger, s'il vous plait.
Les yeux rivés sur sa gorge tatouée elle ouvrit la bouche pour en prendre un morceau.
- Vous avez l'air de détester une femme qui ne mange pas.
- La santé est primordiale à mes yeux.
Le regard qu'il lui lança traduisait la force et la maîtrise. Plus il parlait plus Lydia était confrontée à des questions qu'elle ne se serait jamais posé une semaine plus tôt.
- Ai-je répondu à vos questions comme il se doit ?
- Oui, bien plus que je l'espérais.
Il combla l'espace qui les séparait.
- Avez-vous d'autres questions ? Demanda-t-il d'une voix rauque.
Un frisson naquit au creux de ses reins.
- Non monsieur Voliakov, murmura-t-elle en détournant les yeux.
Il prit son menton entre ses long doigts puissant. Un courant électrique courut sur ses mâchoires.
- J'aimerais connaître vos pensées maintenant, murmura-t-il d'une voix exigeante et douce à la fois. Quelles pensées vous animent Lydia ?
Des milliers de pensées l'animaient. Son corps brûlait à l'idée d'être à sa merci. Il était si dur, si viril, si imposant qu'elle imaginait son corps se briser entre ses mains. Des sensations sévères l'obligeaient à résister contre les battements irréguliers de son corps.
- J'essayais de me mettre à la place de ces femmes.
Il resserra sa prise l'obligeant à incliner sa tête en arrière.
- Vous ne pouvez pas vous mettre à leur place trésor, car chaque femme est unique et à sa propre destinée. Tenter de ressentir leur plaisir n'est qu'une illusion.
Il s'approcha de ses lèvres et se mit à les fixer d'un regard dur. Lydia cessa de respirer, envahie par lente chaleur indicible. Ce moment était à peine croyable. Ce n'était pas possible. Elle jeune étudiante saisit au menton par un implacable mafieux dangereux dont les lèvres aux traits exigeants étaient penchées près des siennes.
Hypnotisée Lydia attendit un geste, une parole de sa part.
- Je crois que j'ai trouvé ce que je cherche.
- Quoi ? S'enquit Lydia dans un souffle.
- Vous, c'est vous que je cherche...
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