Chapitre 3 :
Il entend frapper à sa porte, lui qui n'a pas quitté sa chambre ni même son lit depuis ses premières larmes, et il sursaute. Il ne veut affronter personne après ces heures précédentes. Non pas qu'une personne est au courant qu'il est sur les nerfs et que Kirishima l'a vu pleurer sur son propre sort mais l'idée de descendre est inimaginable pour lui.
Encore un bruit à la porte. Peut-être que s'il continue d'ignorer, elle abandonnera.
« Bakugo ? » chuchote une voix masculine qu'il ne connaît que trop bien maintenant.
Merde, Kirishima.
« Je t'ai apporté ton repas, et... j'suis désolé pour tout à l'heure, commence-t-il alors que le blond l'entend soupirer depuis l'extérieur, j'ai pensé que tu viendrais mais j'ai eu tord. »
L'explosif entend sa porte s'ouvrir et, d'un seul coup, il s'enfonce dans ses couvertures pour ne pas avoir à le regarder. Il arrive à percevoir quelques bruits dont le frottement du verre contre le bois. Il comprend qu'il s'agit d'une assiette posée sur son propre bureau, au coin de la chambre.
« Eh bien... je vais te laisser. »
« Ne... ! Attends. »
Il enlève les couvertures sur son corps puis se redresse sans croiser le regard du rouge.
« Quoi ? » s'inquiète alors Kirishima.
« J'suis désolé. » s'excuse Bakugo en se raclant la gorge, sous l'air étonné de son ami, qui n'en revient pas d'entendre ça de sa bouche.
« De quoi, mec ? »
« Sur ma panique... et pour le repas je tiens à te remercier... sincèrement. »
L'entendre être aussi gentil - bizarre ? - inquiète son ami. Jamais n'a-t-il aperçu ce genre de comportement en lui. Il s'approche donc dangereusement et s'installe à ses côtés avant de se perdre dans ses pensées.
« Tu sais... que tu t'excuses... c'est viril de ta part ! Mais... j'essaie juste d'être un bon pote. »
« Je suppose que je ne peux absolument rien dire sur ça... » marmonne le blond.
Le rouge fronce des sourcils.
« C'est-à-dire ? »
« J'ai jamais eu de bons potes... sauf ce salaud de Deku et encore... j'pense pas que ce soit un bon exemple d'amitié. »
Kirishima se met à rire de lui avant de sourire amicalement. L'explosif relève aussitôt la tête et le sourire de celui-ci s'estompe d'un coup.
« Mec, tu ressembles... »
Le blond se doute parfaitement que sa face doit être dans un piteux état mais il n'arrive à rien sortir de sa bouche, remplaçant au lieu de ça, un frêle sourire pour cacher sa gêne.
« À quoi ? À un putain de loser ? »
« Non... plutôt comme si tu venais de rentrer d'une dure journée... est-ce... enfin, tu veux que j'fasse quelque chose pour toi ? »
Il s'approche davantage du blond.
« Qu'est-ce que tu pourrais faire à ça ? »
« Tu peux me parler et moi juste t'écouter. »
Le blond se mordille la lèvre inférieur, il est parfaitement conscient de ce qu'il désire cependant il ne sait pas comment le formuler.
« Je jure que si tu t'fous d'moi, tu... »
« Je ne rigolerai jamais de toi, mec. »
Il se laisse alors tomber contre le mur de sa chambre puis lui fait mine de s'approcher encore, le rouge prend un air interrogateur mais cède et s'avance pour s'asseoir à ses côtés. Seulement, la tête du blond se pose sur son épaule, et Kirishima sursaute, sous le choque. Après un long moment de silence, Katsuki se relève et trouve plusieurs rougeurs se promenant sur le visage de son ami.
« Je te mets mal à l'aise ? »
« Qu-quoi ? N-nan je vais bien... je suis simplement surpris... j'pensais pas que tu ferais... enfin... j'suis surpris. »
Le blond se crispe, sentant un filet écarlate s'étendre sur les pores de ses joues. À présent c'est lui qui se sent le plus embarrassé des deux. Il tente de se redresser mais le porc-épic le bloque.
« Mec, détends-toi. »
Il sent ensuite quelque chose perler délicatement sur ses joues et lorsqu'il touche discrètement l'une d'elles, ses larmes coulent le long de sa paume jusqu'à s'éloigner loin de son champ de vision brumeux. Il croise les doigts pour que Eijiro ne s'en aperçoit pas, plutôt tâche difficile.
« Veux-tu parler de ce qui te tracasse aujourd'hui, ou c'est trop tôt encore ? »
Il secoue lentement la tête. Il ne fait pas confiance à son corps. Cependant le blond s'éloigne hâtivement de lui puis le tire de nouveau pour l'enlacer de toutes ses forces. Action plutôt étonnante venant de lui. Son visage se presse contre son torse alors qu'il tente désespérément de retenir ses sanglots. En vain, il renifle.
« Bakugo... » souffle son ami en dessinant de petits cercles sur son dos.
La chemise de Kirishima s'imbibe de ses larmes alors que le concerné l'empoigne brusquement, malheureusement, il ne peut rien faire d'autre que pleurer sur son sort. Il ancre son visage dans ce vêtement pour retenir ses hurlements afin de ne pas attirer l'attention de ses camarades non loin de cette chambre. Lorsque ses pleurs s'arrêtent pour de bon, le rouge le repousse doucement pour le regarder droit dans les yeux et peut-être tenter de récolter des informations sur la raison de son état. Bakugo, étrangement, se sent en sécurité dans ses larges bras. Bien plus en tout cas que ces longues nuits et semaines précédentes.
« Hé... » craque Kirishima.
Il renifle bruyamment.
« Tu vas bien ? »
« Tu comptes l'demander combien d'fois ? »
Le rouge ne peut s'empêcher de rire alors même que son ami affiche un air triste.
« Autant de fois jusqu'à ce que tu me dises enfin la vérité, mec... »
Il essuie ses propres yeux.
« J'vais pas bien... pas bien du tout, mais ce n'est pas ton problème. Okay ? »
« Attends... pardon ? Pas mon problème ? Bordel, j'suis ton pote, merde ! Si tu souffres, tu sais bien que ce sentiment m'emporte aussi dans cette merde ! »
Le blond lève les yeux au ciel.
« La ferme, que t'es niais. »
« M-mais... j'plaisante pas ! J'suis triste de te voir dans cet état, j'veux juste que tu sois bien, que t'ailles bien ! »
Son ami aux cheveux rougeâtres le regarde avec insistance, mais il n'arrive pas à décrypter l'émotion dans ses yeux.
« J'peux pas te laisser seul ! » ajoute encore Kirishima après un court silence pesant.
« Ne sois pas ridicule. »
« Je ne suis pas ridicule ! Je ne te laisserais pas tout seul ! Même la nuit si tu me le demandes, Bakugo ! Tu le sais ! »
Le blond relâche ses muscles et se détend, il n'arrive pas à l'expliquer, mais l'entendre dire toutes ces belles choses l'apaise un peu.
« Tu partiras pas, même si je te demande de dégager... n'est-ce pas ? »
« T'as tout compris ! »
Il lève les yeux au ciel encore une fois.
« D'accord... mais je veux dormir. »
« Oh ! Heu... o-oui ! » bégaye Kirishima en hésitant entre s'installer sur la chaise de bureau ou bien rester sur son lit.
Bakugo se met à rire franchement.
« Tu sais... tu peux rester sur le lit si tu veux... »
Leurs yeux se rencontrent et ils détournent en même temps le regard, c'est si gênant. Bakugo soupire le premier et repousse définitivement la couverture. Ce porc-épic ne s'arrêtera donc jamais, pense-t-il. Il ferme alors rapidement les yeux car il sait bien qu'il continuera de stresser tant qu'il ne roupille pas. Peut-être peut-il simuler.
« Tu veux que j'éteigne les lumières ? »
« Mmh... ouais. »
Il se lève donc et plonge la pièce dans le noir avant de s'installer de nouveau sur le lit, se mettant face au mur avant de fermer les yeux. Il pose sa main sur le bras du colérique en dessinant des cercles avec son pouce. Le blond désire l'éloigner de lui mais son corps est si lourd et pour la première fois depuis des semaines, il arrive à s'endormir. Lorsqu'il se réveille le matin, Kirishima n'est déjà plus là et il mêle entre le soulagement et la déception. Il se trouve maintenant con, et pathétique, oui, pathétique de s'être confié, peu importe si c'est un ami, alors, à cause de sa foutue fierté, il a fait son possible pour éviter une tignasse rouge montant en piques. Une fois le déjeuner arrivé, le blond envisage encore à se cacher mais il décide de ne pas écouter sa tête pour une fois, il n'est pas du genre à s'affaiblir pour si peu, ce n'est ni un perdant, ni un lâche, se rassure-t-il. Kirishima prend son siège et l'accueille avec un sourire.
« Oï, mec ! » s'exclame son ami.
Il grogne en levant les yeux au ciel. Il s'attend à ce qu'il dise une chose à propos de cette nuit précédente, mais, à son grand étonnement, il n'en dit rien, au lieu de ça il raconte combien la classe est ennuyeuse et combien est-il pressé que la journée se termine, prenant ainsi son air énergique. Bakugo lui envoie un signe de tête reconnaissant et celui-ci comprend aussitôt. Il ne peut s'empêcher de se turlupiner l'esprit, peut-être qu'en réalité... il est juste mal à l'aise par rapport à cette histoire et se comporte comme si rien ne s'était passé la veille ? La pensée lui fait un peu de mal. Il est d'accord pour prétendre que ce n'est pas arrivé mais le fait qu'il réagisse comme ça lui donne l'impression qu'il est poignant.
« Eh ? »
Il sursaute.
« Quoi ? » crache Bakugo.
« Tu es dans la lune. »
L'explosif roule encore des yeux et la semaine se poursuit donc de la même manière. Le rouge reste toujours muet sur ce qu'il s'est passé et le blond commence à bouillonner de l'intérieur, il ne peut s'empêcher de se demander comment le porc-épic se sent après cette nuit qu'ils ont passé. Son subconscient lui transmet plusieurs images dans sa tête, notamment celle où il rougissait lorsqu'il le réconfortait. Il a essayé de trouver toutes les raisons possibles pour expliquer pourquoi aurait-il pu être aussi mal à l'aise mais, en vain, c'est peine perdue, et cela ne l'aide vraiment pas à dormir. Depuis cette nuit, les nuits blanches se répètent. Il se sent con, voilà la raison du pourquoi il refuse d'être dépendant d'un autre, et ce dont il certain est que, jamais plus, il ne refera la même erreur.
Vendredi le blond se retrouve dans un puit profond au fond de lui-même et la dernière chose qu'il désire est de poser son cul au cabinet de cette folle de psy, mais il l'a tout de même fait, parce qu'il n'a pas le choix. Il rentre ses cours dans son sac et le pose sur son épaule, partant de la classe en dernier. La tête rivée sur le sol et les mains dans les poches, il se promène à travers le bâtiment jusqu'à la petite salle près de l'infirmerie. Le bureau de consultation est un endroit connu pour être reposant, et pourtant, il en pense tout le contraire avec ces murs blanc immaculé, et vierge, sans rien dessus. La seule partie chaleureuse est le coin avec cette grande fenêtre donnant vue sur l'entrée.
« Excusez mon retard ! J'ai été retenue lors d'une réunion... vraiment fatigante... »
Elle pose son sac sur une des chaises et le blond s'installe rapidement sur un siège.
« Je pars toujours à l'heure habituelle alors j'ai pas attendu longtemps... » affirme-t-il aussitôt.
« Alors ce n'est la faute de personne, finalement ! Pensiez-vous que je vous aurais accusé ? » l'interroge-t-elle d'un bond.
Il lève les yeux au ciel.
« Nan mais j'veux pas être ici plus longtemps que j'le devrais. » avoue-t-il alors qu'il sert les poings, n'aimant pas qu'elle lui embrouille l'esprit.
« Bien... passons à autre chose pour l'instant. Pourquoi ne pas me parler de votre famille ? »
Elle utilise encore le même carnet.
« C'est... une famille normale. »
Pour lui, en tout cas.
« Frère et sœur ? »
« Nan, juste moi. »
« Vos parents s'entendent bien ? »
Il grogne.
« J'vois pas le rapport avec le pourquoi je suis ici ! » s'énerve le blond alors que ses traits se crispent à cause de son impatience.
« J'ai besoin d'en apprendre le plus pour voir qui vous êtes et cela m'aide à déterminer comment puis-je me rendre utile, pour ensuite vous aider à votre tour. »
Il claque sa langue contre son palet.
« Mon idiote de mère est bruyante... et mon père est exactement le contraire ! Mais... malgré ça... ils sont tombés amoureux. »
Elle acquiesce en notant.
« Avez-vous une petite amie ? »
« Nan. »
« Vous n'êtes pas intéressé par ça ? »
« J'vois pas l'intérêt d'être en couple. »
Elle soupire puis pose son stylo.
« Parfois, entretenir une relation peut aider à nous pousser vers nos objectifs. Vous pouvez trouver la personne sécurisante... »
« Ou bien ça donne juste aux criminels une façon d'nous atteindre en blessant cette personne... lorsque nous sommes héros professionnels. » déclare le blond, la coupant.
Il regarde par-dessus l'épaule de la femme.
« Mais vous n'êtes pas encore un héros professionnel, Bakugo ! Ne voulez-vous donc pas découvrir ce sentiment avant de justement entrer dans la bataille ? »
« Nan. » crache le blond en tentant de garder le plus grand des calmes.
« D'accord... mais vous avez dit avoir des amis, n'avez-vous pas peur que ces méchants s'en prennent à eux ? »
Il hésite. Il ne veut pas admettre qu'il n'a pas vraiment d'amis, à l'exception du porc-épic. Quoi que, con qu'il est, il a tout gâché.
« Mes amis savent prendre soin d'eux-même, j'ai pas à m'inquiéter pour ça. »
Ses yeux dérivent vers l'autre côté de la fenêtre, il se demande ce que fait Eijiro.
« À quoi pensez-vous ? »
« À rien. »
« Avez-vous dit à un de vos amis que vous veniez ici ? »
« Ouais. » avoue-t-il avant qu'ils ne restent silencieux pendant deux bonnes minutes.
Elle finit par sourire.
« Souhaitez-vous parler de quelque chose en particulier depuis vendredi dernier ? »
Il déglutit alors que des centaines d'images de ce triste week-end dérivent dans sa tête.
« Nan... pas vraiment. » ment-il.
« Pas vraiment ne veut pas dire non ! Vous n'êtes pas obligé de me dire tout dans les détails mais une partie pourrait m'aider à savoir ce que vous ressentez. » insiste-t-elle en mâchant maladroitement son stylo.
« J'pourrais avoir besoin d'conseils sur une chose, peut-être. » grogne-t-il, détestant demander quoi que ce soit aux autres.
Ses yeux s'élargissent d'étonnement.
« Quoi donc ? »
« Comment... faire quand notre tête nous marmonne deux choses différentes ? »
Elle se redresse en pique.
« Eh bien... le meilleur conseil que je peux donner est de prendre du temps pour y réfléchir. Parfois, quand nous ne pouvons pas choisir c'est parce que notre tête se bat contre ce que nous désirons vraiment. »
Il acquiesce et elle toussote, notant cela sur son petit carnet avant de vérifier sa montre et d'afficher une mine étonné.
« Ce sera tout pour aujourd'hui. Je vous souhaite une bonne fin de journée, repensez à notre discussion pour la semaine prochaine, s'il vous plaît ! »
Il n'attend pas une seconde et sautille de sa chaise pour sortir le plus rapidement possible de cette pièce, quittant ensuite le bâtiment. Son visage brûle d'embarras alors qu'il repense à ces questions. Le pire est qu'elle donne de bons conseils. Il mordille l'intérieur de sa joue alors qu'il entre dans le dortoir. Il se dirige ensuite dans la salle commune et y trouve le rouge. Comme par hasard, pense-t-il avec ironie.
Le visage de Kirishima s'illumine.
« Mec ! » s'exclame celui-ci.
Il se relève aussitôt de son siège et l'entière partie du corps de Bakugo se détend. Il échappe un soupir bruyant avant de marcher paresseusement jusqu'aux escaliers. Il trottine jusqu'au blond pour avancer à ses côtés.
« Comment c'était ? »
« Comme d'hab'. »
Il penche la tête sur le côté.
« Tu semblais inquiet lorsque t'es entré dans la salle. » commente Kirishima.
Si seulement il pouvait la fermer.
« J'peux t'demander c'qu'il en est ? »
Le blond lui lance un bref regard.
« Nan. »
« D'accord. » ajoute tristement son ami.
Bakugo grogne.
« Tch... c'est rien, t'as pas à t'inquiéter. »
Il relève la main puis ébouriffe les cheveux du rouge qui, lui, sursaute à ce rapide contact.
« La dernière fois que... »
« Écoute, je suis épuisé... j'vais dans ma chambre pour faire mes devoirs. On se voit plus tard. » change de sujet Bakugo.
« Ouais... on se voit au dîner... »
L'explosif grommelle discrètement, ignorant ce qu'il lui dit, puis arrive devant sa chambre, ouvre la porte et la ferme en un claquement.
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