attaque surprise et fuite
La nuit était tombée plus vite que je ne l'aurai pensée. L'horloge indiquait vingt et une heures trente-deux lorsque Bastien s'endormit. La nuit me paraissait soudainement plus sombre, et plus menaçante aussi. J'étais à deux doigts de me blottir aux côtés de mon ami, mais je ne saurais pas quoi dire s'il se réveillait et me voyait faire ça. Je ne voulais pas qu'il s'imagine que je profitai de lui. Et puis je voulais garder un œil sur la partie extérieur du campement pour vérifier que personne n'était en train de nous espionner, même si je n'osais pas aller dehors au risque de tomber sur une embuscade qui m'attendait à peine trois pas devant moi, s'il y avait réellement un danger. Dans un milieu inconnu, tout pouvait arriver. Surtout quand on était dans une grande forêt où personne n'avait jamais dû mettre les pieds. Si ça se trouvait, il y avait des espèces pas encore connues de l'être humain pas loin de nous ! Cette idée, loin de me rassurer ou de me captiver comme cela aurait été le cas pour des passionnés de la nature tel que ma mère, m'effraya encore plus. La nuit allait être longue, très longue si aucun bruit ne venait troubler le calme pesant qui régnait. Je me surpris à vouloir que Bastien se réveille pour qu'on puisse parler tous les deux et qu'il soit à mes côtés si quelque chose arrivait. Je secouai la tête pour reprendre mes esprits. Pourquoi pensais-je à ça ? J'étais une grande femme, je n'avais besoin de personne pour exercer mon métier et ce que j'avais appris. Je devais me concentrer sur ce qu'il pouvait se passer dehors, même si c'était relativement calme pour le moment. Ce genre de pensée n'avait rien à faire dans la tête de quelqu'un qui avait juste pour objectif de survivre.
Un craquement retenti juste devant le camp. Surprise, je relevai la tête. Je faillis hurler de peur en voyant ce qui se tenait devant moi. Éclairée par la lumière du feu de camp, une silhouette humanoïde squelettique avec de long cheveux, la peau sale et des grands yeux noirs me fixaient. Elle ne devait pas faire plus d'un mètre cinquante. Des morceaux de feuilles déchiquetées lui servaient d'habits. D'après ce que je pouvais voir, c'était une femelle. Était-ce une humaine ? Avant que je puisse lui demander d'où elle venait, l'être se retourna et poussa un drôle de cris. Aussitôt, des gens qui lui ressemblaient, mais en format plus grand surgirent de nulle part et encerclèrent le camp. Je ne les avais pas entendu venir. Voilà ce qu'il se passait lorsque j'étais perdue dans mes pensées alors que je devais veiller sur ma sécurité !
- Bastien ! Bastien ! On a un problème ! Il y a des créatures bizarre devant le camp, je crois qu'on est encerclé ! hurlai-je pour réveiller mon ami, presque paralysée par la peur.
J'avais tout juste assez de sang froid pour parler tellement j'étais terrorisée.
- Bonjour, fit-il calmement. Combien sont-ils ?
- Je ne sais pas, mais ils sont plus que nous, c'est sûr. On ne pourra pas faire le poids longtemps. Il va falloir que nous fuyons, je ne pense pas que nous aillons d'autres choix.
- Tu penses qu'ils sont dangereux pour nous ?
- Si je te réveil, ce n'est pas pour que tu puisses les admirer ! On doit partir maintenant !
- Si tu le dis, je te fais confiance.
- Je suis désolée, je n'ai pas été concentrée et je n'ai pas vu le danger arriver...
- Ce n'est pas grave, me rassura-t-il. Ce qui compte c'est ce qu'il va se passer maintenant.
Son ton était tellement affectueux quand il me sortit ça que j'eus automatiquement envie d'y croire.
- Tu as raison, fis-je, soudain plus déterminée grâce à son discours. Dépêchons-nous avant qu'il ne soit trop tard pour tenter quelque chose.
J'attrapai mon sac d'expédition habituel qui n'avait pas trop souffert du crash et pris tout ce que je pouvais mettre dedans. Une lampe torche, des biscuits, une couverture, un maximum d'eau et un couteau. Je vis du coin de l'œil que Bastien en faisait de-même. Il apprenait vite, il allait avoir besoin de pas mal de connaissances pour survivre dans un milieu inconnu, car même un explorateur pourrait avoir du mal à fuir pour aller à une destination inconnue, son travail était d'explorer des choses précises. Dès que nous avions attrapés et mis sur notre dos nos sacs préparés en quatrième vitesse, nous nous ruons vers la sortie. « Suis-moi, on va aller vers la rivière, » annonçai-je à mon ami avant de me précipiter tout droit sur les envahisseurs.
Mon but était de déstabiliser les intrus, ce qui marcha plutôt bien puisqu'aucun d'eux ne bougea pendant une dizaine de secondes avant de se jeter sur nous. Ça m'avait laissé le temps de parcourir la moitié de la zone où le morceaux de l'avion étaient éparpillés. J'étais presque entrée dans la jungle mais une main m'agrippa le bras gauche. Je me débattis violemment et la créature me libéra. J'avais quand même perdu du terrain sur mes assaillants qui se faisaient toujours plus nombreux, comme s'ils apparaissaient au fur et à mesure. Je n'apercevais pas Bastien, mais j'étais sûre qu'il allait bien. En tout cas je l'espérais très fort. Je n'avais pas le temps de vérifier s'il était toujours derrière moi pour le moment, je risquai de me faire capturer et je n'avais pas hâte de voir à ce qu'il m'attendait si j'étais capturée. J'aperçus Bastien me doubler à ma droite puis disparaître devant moi. Je me faufilais entre les ennemis avec agilité, et toujours au dernier moment pour qu'ils n'aient pas le temps de réagir. Mais même après que je sortais du champs de débris de l'appareil, ils continuaient à me poursuivre. Je pensais qu'ils allaient abandonner la poursuite mais je m'étais visiblement trompée. On devait être sur leur territoire. Jusqu'où allais-je devoir aller ? Tout ce que je savais, c'était que je ne devais pas m'arrêter. Le problème, c'était que je commençais déjà à manquer de souffle et pas eux, cela leur donnait un gros avantage. Je slalomais entre les arbres, sortant parfois du chemin que j'avais pris un peu plus tôt dans la journée, histoire d'en semer quelque-uns, même si ça marchait rarement. J'arrivai tout de même à la rivière, grâce à une énergie puisée de nulle part. La première chose que j'aperçus fut un tronc d'arbre qui faisait pont au-dessus de l'eau, et Bastien en train de se débattre face aux intrus de l'autre côté de la rive. Il avait besoin d'aide !
Sans réfléchir, je sautai sur le tronc et courus en direction de mon ami. J'étais presque arrivée lorsque je sentis mon pied déraper un peu trop sur la droite. Mon menton heurta le bois, ce qui m'assomma à moitié. Je voulus me rattraper avec l'aide de mes mains, mais je ne pus que toucher la surface sans trouver d'appui ; le bois n'était pas encore tout à fait sec. J'atterris dans l'eau avec un gros « plouf ». Elle était si froide que ce fut comme si j'avais reçu un coup de fouet et cela me ramena à la réalité alors que je commençais à couler. Avec mes habits, je risquai d'être trop lourde pour garder la tête hors de l'eau, et même si j'étais une championne de natation, je risquai de couler ou de finir gelée. Je devais sortir d'ici le plus vite possible. Mais une grande partie de la rive était peuplée de créatures à la forme humanoïde qui semblaient m'attendre. C'est alors que Bastien apparu dans mon champs de vision au-dessus des êtres et sauta à l'eau, éclaboussant plusieurs petites créatures au passage. Il nagea vers moi et me tira jusqu'à la terre avec une facilité qui me surpris. Ce qui m'étonnai le plus, c'est qu'il ne semblait pas essoufflé du tout.
- Je reprends vite mon souffle, se justifia-t-il lorsque je lui posai la question. Il faut qu'on se dépêche, on a peut-être une chance de les perdre dans la forêt si on monte aux arbres très vite. Si on arrive à les perdre une minute, ça nous laisse le temps de grimper et ils ne savent pas où on est passé. Tu penses que tu peux en être capable ? Sinon tu peux rester caché ici et je viendrai te chercher une fois que je les aurais tous semé dans la forêt.
- Et risquer que tu te perdes et que personne ne me retrouve ? Je préfère venir avec toi. Tu auras besoin de ma force de combattante si tu dois t'affronter à ces choses.
- Oui, j'ai déjà failli me faire attraper au moins une dizaines de fois.
Il se leva et je le suivis. Mes lambeaux de vêtements étaient lourds d'eau mais je préférai les garder sur moi pour le moment. Je pouvais réussir à suivre Bastien même s'il était visiblement mieux adapté pour la course que moi et qu'il n'était pas ralentit par sa tenue. C'était un de mes seuls défauts d'aventurière : j'étais trop lente. Ils avaient été à deux doigts de me refuser à l'académie à cause de ça. Je m'efforçais donc de le suivre même si je voyais bien qu'il ralentissait assez souvent pour m'attendre. Mais j'avais beau faire de mon mieux, je ne le rattraperai jamais s'il ne faisait pas de pauses. De plus, les petites créatures continuaient à nous poursuivre, et leurs pas se faisait de plus en plus proche. Bastien m'indiqua un arbre à une cinquantaine de mètres, piqua un sprint et monta dedans. En moins de vingt secondes, il avait déjà disparu entre les feuilles.
Je puisais dans mes restes d'énergie pour faire un virage serré et monter juste après dans un arbre non loin. De cette manière, mes poursuivants penseraient que j'aurais disparu comme par magie. Ça les fera réfléchir un peu et ils nous laisseront tranquillement un moment. Mais en tournant, je trébuchai sur des racines qui sortaient du sol d'une dizaine de centimètres et m'étalai au sol. Je me relevai aussitôt mais j'avais perdu de précieuses secondes. Je m'agrippais aux branches d'un arbre et montai à toute vitesse dedans, mais les créature les plus rapide avaient déjà eu le temps de me voir monter. Ils émettaient des bruits étrange, comme s'ils se parlaient entre eux, ce qui était probablement le cas s'ils avaient un langage. La plupart avaient le regard tourné vers les branches, non loin d'où j'étais caché. « Ils t'ont repéré ! s'exclama Bastien de l'arbre d'à côté.
- Merci, je suis au courant. Je fais quoi ?
- Tu penses que tu arriverais à passer d'un arbre à l'autre sans attirer leur attention ?
Je savais que j'étais agile, mais j'avais aussi le vertige, et ça, il ne le savait pas. Tu peux le faire, j'en suis sûr, m'encouragea mon ami. Sinon je te rattraperai. »
Je ne savais pas pourquoi, mais cette idée me rassurait et ça ne semblait presque impossible qu'il m'arrive quelque chose en tendant ça tout d'un coup. J'étais sûre qu'avec lui il ne m'arriverait rien. Je pris une grande respiration et sautais... dans ses bras. Il me rattrapa sans difficulté et ajouta :
- Tu vois ? Tu es encore en vie, et grâce à moi en plus. Dépêchons-nous d'y aller maintenant !
Nous sautions d'arbres en arbres, Bastien était beaucoup plus sûr que moi pour faire ça, je n'avais aucun doute, comme s'il avait fait ça toute sa vie, ce qui était peut-être le cas. A chaque fois qu'on devait sauter ou qu'il fallait contourner le tronc, il était obligé de m'attendre et de m'encourager.
- Tu n'en as pas marre de moi ? Devoir m'attendre à chaque fois, et limite me porter... lui demandais-je alors que je devais passer au-dessus d'une mare qui se situait quinze mètres plus bas.
- Non. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne m'embête pas. J'avoue qu'avec d'autre gens, ça m'aurait lassé, mais pas avec toi.
Un peu rassurée de ne pas trop importuner mon ami, je sautai dans ses bras une énième fois. Il me rattrapa, me déposa délicatement au sol et nous pûmes continuer.
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