Prologue
"En un temps ancien, toutes les races, enfants de Dieu, vivaient et cohabitaient ensemble. C'était un exploit pour les démons et les anges. Ces êtres célestes étaient les filles de Dieu. Elles avaient tous les yeux gris, symbole de leur pouvoir purement psychique et aérien. Leur corps était svelte et assez musclé pour supporter leurs ailes de plume blanche comme la neige. On les appelait les gardiennes de l'âme en hommage à leur pouvoir et à la protection qu'elles offraient aux autres Étranges et aux humains. Elles étaient considérées comme les plus belles femmes du monde et étaient convoitées par tous les Étranges.
Les démons étaient, eux aussi, des enfants de Dieu. Fils du Père de toutes choses, ils avaient hérité de tous les vices de celui-ci. Certains avaient accumulé un seul vice dans leur corps et n'étaient guidés que par cette bassesse de leur Père, comme les incubes qui n'étaient guidés que par l'attirance sexuelle. Opposés depuis leur naissance à leurs sœurs, et malgré tous les conflits entre eux, ils arrivaient à maintenir l'équilibre entre vices et pureté. À la différence de leurs sœurs, les déchus ont une peau mate, des yeux sombres souvent rougeoyants, des épaules carrées, un visage aux traits durs.
Il existe trois autres races d'étrange : les métamorphes, les vampires et les elfes. Les métamorphes pouvaient prendre la forme qu'ils voulaient, mais préconisaient la forme animale. Leur transformation en forme animale représentait toujours leur nature profonde. Les vampires ne sont que l'expression de la noirceur profonde de Dieu. Ils étaient foncièrement mauvais et haineux, mais ils restaient entre eux ne se mêlant pas aux autres Étranges. Et les elfes étaient les plus vicieux. C'étaient des créatures malines, voleuse et très rusées. Les elfes étaient craints par les autres Étranges, mais pas comme les Vampires.
La dernière race d'Étrange était une race très chérie de Dieu. Cette race était composée de jeune fille capable de se transformer en biche. Bien sûr les similitudes avec les métamorphes étaient présente et pourtant, c'était tout autre. Ces jeunes filles étaient beaucoup plus puissante que les autres races. Elles possédaient ces yeux gris si caractéristiques des gardiennes et la peau mate des déchus.
Pourtant, lors d'une nuit sans lune, cette paix fragile éclata. Cette nuit d'encre, seulement éclairée par les étoiles, est importante pour les Étranges. Elle exacerbait les bassesses des fils maudits et affaiblissait les gardiennes de l'âme. La fine frontière paisible entre les deux espèces opposées, mais sœurs, se brisa sous les coups des damnés.
La guerre repartie de plus bêle, semant l'horreur et la mort partout. Dans leur combat, les gardiennes et damnés ne virent pas le désastre qu'ils causaient. Plusieurs combats avaient déjà eu lieu et toujours pour la même raison : les démons voulaient corrompre les autres Étranges. Et à chaque fois, ils s'étaient heurté à leurs sœurs, gardiennes du monde mortel et Étrange. C'est lorsqu'une fille de l'âme et un fils du vice tombèrent sur le corps d'une biche. La vue du corps les arrêta net dans leur bataille. Un cervidé, un être que leur Père avait créé pour contrebalancer leurs natures profondes. Cet animal pouvait se transformer en jeune fille et apaiser toutes les querelles. Une créature dotée de tous les dons de la nature pour contrôler ses frères et de tous les dons de l'esprit pour ses sœurs. Un des enfants les plus purs de Dieu était mort. Si un corps venait d'être trouvé alors des centaines d'autres devaient joncher les plaines.
Plongés dans l'effroi de leur crime, ces deux Étranges montèrent voir leur Père. Ils s'agenouillèrent en face de lui en baissant la tête. Le Père de toutes choses n'était pas vraiment de bonne humeur.
—Mes enfants, qu'avez vous fait ? On pouvait percevoir la douleur dans la voix de l'homme grisonnant.
La protectrice et le déchus grimacèrent. Ils n'étaient pas les représentants de leur espèce, mais une seule idée les obsédait se faire pardonner de leur pêcher.
—Excusez, père, le péché de vos propres enfants.
Dieu grimaça. Il avait bien vu la guerre qui déchirait ses enfants. Malheureusement, il ne pouvait rien faire. Les démons étaient nés de ses propres péchés et vices alors que les anges de la pureté qui l'habitait. Une dualité qui ne faisait qu'engendrer la peur et désastres lorsque ses fils se laissaient submerger.
Comment calmer cette rage qui s'emparait de ses filles et fils ? De plus la plupart de ses enfants étaient mort à cause des attaques bien trop mortelle des démons et des boucliers repoussants des anges.
— À partir de ce jour jusqu'à la réincarnation de mon enfant, commence Dieu d'une voix dure et stricte, vous les anges serez confinés aux cieux. Dit il en s'adressant à la jeune fille blonde comme le soleil. Et les démons seront confinés dans les tréfonds de la terre. Seuls vous deux conscients de vos erreurs pourront aller sur Terre et rechercher mon enfant.
Les deux Étranges acquiescèrent. Ils choisissent d'honorer ce pacte avec leur père. À ce consentement, une marque se forma sur leur poignet. Une paire d'ailes angélique croisée d'une étoile pour la blonde. Pour le ténébreux, la représentation de ses pouvoirs élémentaires eux aussi croisés par une étoile.
À partir de ce jour, les damnés furent obligés de vivre sous terre, sans contact avec les hommes et les êtres célestes aux cieux."
Rayna ferma le livre de son enfance à la fin de l'histoire. Une larme coula sur sa joue. Ce livre était le seul vestige qu'elle avait retrouvé de son passé, dans les ruines de sa maison. Cela faisait deux jours qu'elle revenait sans cesse vers cet emplacement. Une tornade d'une force inimaginable, classée F 5 sur l'échelle de Fujita, avait balayé le quartier comme un fétu de paille. Plus aucune maison n'étaient debout ou alors on voyait un mur encore tremblant. La ville offrait un vrai paysage d'apocalypse. Sa maison n'a pas tenu, la seule chose qu'elle voyait devant elle était un terrain vague ravagé par la boue, les débris et les meubles. Tout avait été éventré par cette catastrophe.
Elle serra le livre contre sa poitrine. Elle était seule maintenant. Sa vie était un véritable chantier depuis deux jours. Elle venait tout juste de souffler ses dix-huit bougies quand la maison avait commencé à trembler. Croyant d'abord à tremblement de terre toute la famille s'était dirigée en dessous des tables. Rayna avait été la seule à avoir entendu la sirène. Cette alarme qui annonçait une tornade. Elle avait essayé d'emmener toute sa famille dans l'abri, mais elle n'eut que le temps de se réfugier dans la baignoire quand la maison commença à être démantelé par la catastrophe. La jeune fille avait assisté impuissante à la ruine de sa famille.
Elle était la seule rescapée de la famille Willord. Ses yeux se posèrent sur la carcasse éventrée de sa maison. Le porche était à ses pieds, le toit dans son jardin, sa chambre - enfin ce qui lui servait de chambre - se trouvait sur la route.
Autour d'elle, les habitants s'activaient pour reconstruire et déblayer, mais elle restait plantée devant l'emplacement vide de sa maison. Son livre toujours contre sa poitrine. Le cœur serré, les joues inondées de larmes, Rayna ne pouvait se résoudre à une vie sans ses parents, son frère. Vidée de toutes ses forces, elle s'effondra à genoux devant ce vide qui emplissait de plus en plus son cœur. Elle cria sa douleur en se courbant vers le sol. Ses larmes coulaient librement sur ses joues, elle laisser libre cours à sa douleur. Seul ce désert de solitude envahissait son âme.
Elle ne réagit même pas lorsque quelqu'un pose sa main sur son épaule. La jeune rousse s'était enfermée dans son monde de solitude et de douleur.
— Mademoiselle ? Vous allez bien ? Demande une voix masculine en secouant son épaule.
Rayna releva la tête, les joues ravagées pas les larmes, les yeux rouges et le nez qui coule. Sa tristesse est flagrante pour les autres. L'homme a un mouvement de surprise, mais il ne lâche pas l'épaule. Il va même jusqu'à retourner Rayna vers lui et à la prendre dans ses bras forts.
— Ça va aller. Vous allez voir, tout va redevenir comme avant. Il essayait de réconforter maladroitement la jeune femme, mais que dire dans ce genre de moment ?
Rayna s'accrocha à cet homme. Le seul à être venue vers elle. Le seul à ne pas avoir de pitié dans la voix. Peut-être ne sait il pas que sa famille a disparue et qu'elle est l'unique rescapée de celle-ci ? Tant pis, elle préférerait profiter d'un peu de réconfort même maladroit que rien du tout.
Le jeune homme avait les cheveux noirs comme les ténèbres, des bras forts. Une grande carrure, un visage bien carré et des yeux sombre avec une teinte rouge bordeaux. Rayna enfouie sa tête dans le cou de l'inconnu.
— Pourquoi eux ? Pourquoi suis-je la seule ? Murmura-t-elle en serrant la veste du jeune homme dans ses mains.
Un autre homme rejoignit le brun qui tenait Rayna dans ses bras. Il se pencha vers lui. Il jeta un coup d'œil à la jeune rousse et grimaça. Il avait entendu parler à la caserne de cette jeune fille qui avait perdu toute sa famille dans le drame d'il y a deux jours.
— Eldrys, tu devrais la laisser faire son deuil, chuchota l'autre homme en essayant de convaincre ce fameux Eldrys.
— Commandant, je ne peux pas vous obéir, le brun répondit avec virulence à son chef. Cette fille à besoin de réconfort, pas de solitude.
Le chef soupira. Ce n'était pas la première fois que le ténébreux faisait ce genre de coup. Il était le genre d'homme qui veut sauver la veuve et l'orphelin. Pourtant, malgré leur profession de pompier, ils ne pouvaient pas sauver tout le monde. La preuve venait d'arriver, cette tornade F 5 avait emporté 130 vies. Laissant des femmes sans maris ou enfants, des enfants sans parents ou sans frère et sœurs. Des orphelins à cause d'une catastrophe épouvantable.
Le commandant laissa faire son meilleur homme. Si Eldrys estimait que cette jeune fille avait besoin de réconfort alors la meilleure chose à faire était de lui faire confiance. C'était un homme étrange pour son commandant. Des fois, il avait l'impression que cet homme obscur avait bien trop vécue et la seconde qui suit, il reprend une attitude insouciante typique de la jeunesse. Eldrys était l'égal à un mystère dans l'esprit du commandant.
Eldrys, de son côté, berçait doucement Rayna dans ses bras. Il lui chuchotait des paroles réconfortantes dans l'oreille. Tout pour la faire sortir de son monde. Le jeune homme connaissait bien cela, il y a un temps où il avait fait pareil malgré sa nature profonde. Son père lui avait donné une tâche à accomplir avec son cousin et depuis il n'avait plus jamais revu sa famille.
Rayna émergeait enfin de son monde de souffrance. Elle regarda le brun dans les yeux. Il avait quelque chose de spécial. Son contact la réchauffait tellement qu'elle ne pouvait fermer les yeux dessus. Elle avait l'impression que les yeux du jeune homme devenaient rouges.
Eldrys la regarda à son tour. Elle lui semblait si familière avec ces cheveux auburn et ses yeux gris. Son nez droit et son teint pâle comme une poupée. Son cou gracile lui donnait envie de passer ses doigts dessus pour découvrir tous les recoins de celui-ci. Et sa chevelure auburn bouclée et douce, elle lui faisait penser aux feuilles d'automne. Dans ses bras, la jeune femme paraissait si petite, qu'il n'avait qu'une envie : l'envelopper dans ses bras fort et la garder dans sa chaleur. Étrangement, il n'avait pas envie qu'elle souffre encore plus.
Se rendant compte de sa position, Rayna posa une main sur les pectoraux du beau brun pour s'éloigner de son corps masculin.
— Excusez moi Monsieur, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, elle s'excusait piteusement. Vous devez avoir du travail à faire. Ne vous occupez pas de moi.
Eldrys était étonné de la réponse de la jeune fille. Pour tant, il décelait bien vite la pointe d'amertume et de douleur dans la voix de Rayna. Il passa sa main sous le menton fin de la jeune rousse.
— Mes collègues sont bien assez pour aider les citoyens à déblayer. Vous vous avez besoin de quelqu'un sur qui compter pour l'instant, il parlait doucement avec une voix chaleureuse et pleine de réconfort.
Une nouvelle fois, les larmes coulèrent et inondaient les joues de Rayna. Revenue au monde réel, la jeune fille se rendit compte que ce n'était pas un cauchemar et que sa famille l'avait quittée à jamais.
— Vous avez perdu votre famille. Le seul remède n'est pas la solitude loin de là.
Ces paroles réconfortèrent la jeune femme. Sa poitrine se colla à celle d'Eldrys. Elle voulait ressentir cette présence rassurante, une présence qui lui permettait de tenir la tête hors de l'eau.
Le jeune brun, lui, préféra caresser doucement le dos de la rousse. Il sentait clairement les larmes inonder son cou et son t-shirt. Il n'en avait cure, la seule chose qu'il veut c'est de réconforter ce petit bout de femme qui tremblait entre ses bras.
Il regarda autour d'eux. Le quartier était vraiment en ruine et pourtant personne ne se laissait aller. Les pompiers, les policiers et les ambulanciers s'activaient pour déblayer et essayer de retrouver des corps ou des rescapés. C'est comme ça que sa meilleure amie avait retrouvé la jeune femme entre ses bras.
Sa blonde de meilleure amie était policière et proche de sa caserne. Elle était têtue, obstinée, mais c'était aussi la gentillesse incarnée et la patience. Dix minutes après le passage de la tornade, son coéquipier et elle s'étaient dépêché d'arriver sur les lieux du drame. Ils avaient été alertés par un chasseur de Tornade. Il avait vu sur son radar une formation énorme de nuages. Lorsqu'il a vu la colonne d'air tourbillonnant, le chasseur avait vite compris que la tornade se dirigeait vers la ville. Rapidement, il avait alerté la police du danger et était sorti de la ville pour se mettre à l'abri.
Eldrys, grâce à la description de sa meilleure amie, avait reconnu cet homme bourru dans les citoyens. C'était le premier sur les lieux qui avait retrouvé Madame Connor errant dans les décombres complètement hagarde. Il lui en était reconnaissant, grâce à cet homme, beaucoup de monde avait pu être évacué. Malheureusement, beaucoup avaient aussi disparu ou décédé.
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