Chapitre 9 : Un amour sans lendemain

Saphir avait régulièrement tendu des mouchoirs à sa patiente qui pleurait.

- Il avait promis qu'il viendrait, cette dernière avait répété pour la énième fois en sanglotant. Je pensais que cette fois-ci, il serait sérieux...qu'il nous prendrait finalement au sérieux, elle avait rajouté avant de se moucher bruyamment.

La thérapeute écoutait attentivement sa patiente. Elle avait patiemment attendu que le moment de détresse passe pour essayer de retirer quelque chose de productive de sa cliente. Grâce à son expérience, elle savait que ce moment était proche et que bientôt, la colère ferait son apparition, bien qu'elle serait de courte durée.

Bientôt, la jeune femme avait essuyé rageusement ses larmes sans utiliser le dernier mouchoir qui pendait dans sa main gauche.

- C'est fini! Elle avait lâché de façon catégorique.

- Votre relation? La psychologue avait demandé sachant pertinemment la réponse.

- Oui! C'est fini! Ce connard me fait plus pleurer qu'autre chose, elle s'était justifiée.

- Qu'entendez-vous par là? Saphir avait demandé.

Saphir qui suivait le jeune couple depuis quelques semaines savait presque tout de leur relation tumultueuse.

Rencontrer il y a quelques années, 4 années pour être exacte, les deux jeunes personnes avaient rapidement sauté les étapes. Chaque étape avait leurs lots de drame : tromperie, violence, promesses non tenues et on en passe.

Ils avaient eu deux enfants : un petit garçon de deux ans et une petite fille qui venait de fêter ses trois mois.

- Je l'aime...je l'aime vraiment...mais il me fait tout le temps du mal.

Saphir connaissait trop bien cette situation.

- Pour chaque moment de bonheur qu'on a passé ensemble, il y a eu trois moments d'horreur qui ont suivi, elle avait dit, les larmes recommençant à couler. Parfois, j'ai l'impression qu'il prend plaisir à me faire du mal, elle avait ajouté troublée.

- Est-ce que vous dîtes ça en référence à la fois qu'il est parti flirter avec la fille au club devant vous? Saphir avait demandé voulant que Leyla soit claire dans ses pensées.

- Oui, elle avait répondu en sanglotant. Il y a tellement eu des moments comme cela, elle avait avoué désespérée.

Saphir était restée silencieuse, laissant à la cliente, Leyla Hernandez, l'occasion de continuer si elle en avait envie.

- Il n'y a pas longtemps, on s'est disputé...

- Pourquoi?

- Il rentrait tard chaque soir et partait tôt dès le matin.

- Il allait où?

- Pas au travail, en tout cas!

- Comment il a réagi quand vous l'avez confronté?

- Il m'a traité de folle et m'a dit qu'une folle n'était pas capable de prendre soin de ses enfants. Il a pris les enfants et il a disparu.

Saphir avait eu le réflexe de toucher son ventre. Son cœur avait littéralement fendu en entendant cela. Ce petit être qui n'existait pas vraiment était la seule chose qui la rendait désormais heureuse et elle ne pouvait pas imaginer ce que ça ferait si elle venait à être séparé de lui, même si elle ne l'avait pas encore eu.

Elle avait raclé sa gorge pour faire disparaître toute trace d'émotions et avait tendu un autre mouchoir à la jeune maman assise en face d'elle.

- Il est revenu quand?

- Après plusieurs jours.

Saphir voulait se lever et aller prendre la femme dans ses bras.

- Comment vous vous êtes senties?

- Mon monde s'était écroulé, elle avait avoué, la peine s'affichant sur son beau visage. Tout ce que j'aime dans ce monde m'avait été enlevé, elle avait continué en cachant son visage entre ses deux mains.

- Pourquoi n'êtes-vous pas partie avec les enfants quand il est revenu afin d'éviter que cela ne se reproduise? Elle avait demandé.

- Parce que je l'aime lui aussi tout autant que les enfants. Je ne veux pas être séparée de lui non plus.

Saphir était restée sans dire un mot et avait laissé la patiente entendre ses propres mots.

- Donc, est-ce fini votre relation avec lui? Elle avait demandé à Leyla, une fois que le silence n'était plus nécessaire.

En réponse à cette question, qui était aussi évident que le nez au milieu du visage, la jeune femme avait redoublé ses larmes.

***********

Parmi les quatre patients qu'avaient eu Saphir ce jour-là, seule Leyla était restait encrée dans ses pensées.

Dans le cas de Saphir, c'était toujours impossible de séparer son travail de sa vie privée. Elle était trop empathique. Et souvent, elle pouvait associer les problèmes de ses patients à ses propres problèmes.

C'était le cas de Leyla Hernandez, cette jeune femme de 26 ans, qui était trop amoureuse de son violent petit ami Luis.

Nicholas n'était pas violent. Jamais de la vie, il ferait physiquement mal à Saphir, à part quand ils avaient conçu l'être qu'ils attendaient. Même là, ce n'était pas juste de dire qu'il l'avait faite du mal. Après tout, nous ne pouvons pas appeler la police parce que notre mari nous a férocement baisé!

Nicholas ne l'avait pas non plus faite vivre un enfer dès les premiers instants de leur relation. Au contraire, avant tous leurs problèmes conjugaux de la dernière année, qu'avait bien refoulé Saphir, le couple avait été heureux à chaque seconde de leur histoire d'amour.

Enfin, ils avaient pris leur temps dans leur relation, contrairement à Hernandez et Garcia. Ils avaient passé chaque étape au moment opportun, sans laisser la pression de la famille et des amis les atteindre. Après tout, ils ont attendu 9 ans pour se fiancer et se marier.

Saphir n'avait donc rien en commun avec Leyla à part le fait qu'elles étaient éperdument amoureuses de leurs sources de douleur et que l'enfant ou les enfants impliqués dans la situation ne rendait rien plus facile.

Après son excès de colère de la veille, Saphir avait calmement pris une décision. Il avait pris la décision d'exclure complètement Nicholas de la vie de l'enfant qu'elle attendait, au moins pendant la période de grossesse, car il serait impossible juridiquement parlant de le tenir éloigner après la naissance, même si c'est ce qu'elle voulait faire.

Il serait normal de penser qu'elle était méchante, sans cœur et irrationnelle. Mais, elle était autre chose. Elle était blessée. Elle voulait donc empêcher de se blesser davantage.

N'est-ce pas ce que nous faisons quand nous sommes blessés? N'est-ce pas le but des pansements? Nous empêcher de blesser plus une blessure?

Elle n'était donc ni méchante, ni sans cœur et encore moins irrationnelle. Saphir savait pertinemment ce que ça faisait un nouveau bébé dans un couple. Ça leur rapprochait et créait une bulle qui explosait tôt ou tard.

C'est la raison pour laquelle certains couples mariés concevaient un enfant pendant leur moment de crise. Cette solution marchait habituellement, mais pour une très courte durée, pour ne pas dire dès la naissance des bébés.

Même si les mots qui étaient sortis de la bouche de Nicholas, la veille, avait brisé son cœur, le matin, pendant sa période de nausée, Saphir avait voulu qu'il soit là, proche d'elle pour l'aider. Elle avait beau essayer de le détester, de lui être indifférent comme lui, il l'était, mais elle n'y était pas arrivée. Elle l'aimait tellement et savait qu'elle l'aimerait pendant tellement longtemps encore.

L'avoir proche d'elle pendant cette période en sachant qu'il ne serait là que pour l'enfant ne ferait qu'augmenter sa peine et le temps qu'il la fallait pour l'oublier. Elle voulait que la douleur cesse. Elle voulait ne plus pleurer et accepter le fait que c'était fini.

La seule façon d'y arriver c'était de le tenir éloigner aussi longtemps qu'il le fallait et qu'elle pouvait. Parce que sinon, c'était elle qui paierait les conséquences fâcheuses de l'agrandissement d'un amour sans lendemain.

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