Chapitre 8 : Les craintes persistantes
Elle avait pris ses larges mains et les avaient déposées sur son ventre à peine arrondi.
Nicholas avait baissé le regard pour le déposer sur le ventre. Son cœur avait battu beaucoup trop vite contre sa poitrine. Saphir l'avait confirmé...encore une fois...être enceinte, mais, il n'avait pas vu son ventre.
Et là, il avait sa main sur ce qui était leur enfant.
- Reviens, s'il te plaît. Saphir l'avait supplié. Pour lui...pour lui et moi...reviens, mon amour.
Les larmes avaient recommencé à couleur sur la joue de la future maman. L'absence de réaction de la part de Nicholas l'avait rendu inquiète, anxieuse, mal.
Nicholas avait repris tous ses sens. Il avait repris un peu de contenance et avait enlevé ses mains.
Cette fois, c'était lui qui s'était éloigné.
- Je serai là pour cet enfant, Saphir. Mais, c'est tout ce que je peux faire. Toi et moi, c'est fini.
Et il était parti, laissant un Saphir inerte au beau milieu du salon, avec son cœur à ses pieds.
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Saphir n'aurait jamais pensé qu'une personne pouvait être en pénurie de larmes. Mais voilà que là, sur le moment, elle l'était.
Elle avait voulu pleurer. Elle avait voulu crier. Elle avait voulu frapper quelque chose...ou quelqu'un...ou juste Nicholas. Elle avait voulu essayer de le faire autant de mal qu'il lui avait fait. Mais elle était restée aussi inerte qu'une statue, les yeux sur la porte d'entrée.
Les paroles de Nicholas tournaient en boucles dans son cerveau. Il serait là pour l'enfant, mais c'est tout ce qu'il pouvait faire!
Dans un moment de rage soudaine, elle avait pris l'objet le plus proche de sa main, un pot de fleur, et l'avait lancé vers la porte, d'où était parti Nicholas.
Le bruit sourd n'avait fait qu'augmenter sa soif de vengeance. Oui, elle voulait se venger de Nicholas. Là tout de suite, s'il était devant elle, elle l'aurait giflé tellement fort...aussi fort qu'elle le pouvait.
Mais il n'était pas là, alors il avait fallu trouver un autre objet a jeté contre le mur. Elle avait follement parcouru la pièce du regard afin de trouver sa prochaine victime. Elle avait fini par en trouver une parfaite : un tableau acheté par Nicholas.
Elle s'était déplacée avec rage vers ledit objet, l'avait enlevé de son emplacement et l'avait lancé aussi loin qu'elle le pouvait après avoir ri diaboliquement.
Son massacre ne s'était pas limité à seulement ses deux objets. Saphir avait fini par écraser, sur le sol ou contre le mur, tout objet ayant été acheté par Nicholas ou l'ayant appartenu.
En regardant le résultat de sa rage, là, les larmes étaient revenues. Le chaos dans la pièce représentait exactement le chaos dans sa vie. Tout était brisé. Son cœur était brisé, sa vie était foutue, son futur n'existait plus.
Tout comme la pièce, il n'y avait plus d'espoir.
Elle s'était assise sur le sofa, avait pris son visage dans ses mains et avait pleuré.
C'était tout ce qu'elle faisait récemment. Pleurer, pleurer et pleurer.
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Éric avait trouvé sa fiancée bizarrement silencieuse pendant le souper. Elle n'avait pas dit un traître mot de la soirée. Alexandra n'a jamais été bavarde, mais elle essayait toujours de créer une conversation juste pour faire plaisir à Éric, qui n'avait jamais cessé d'apprécier leur moment en tête à tête, où Alexandra se laissait aller et parlait beaucoup plus qu'elle le ferait en temps normal.
Il avait essayé de lancer lui-même une conversation, mais sa fiancée avait levé la tête, l'avait longuement regardé et avait baissé sa tête dans son plat.
Dès ce moment, il savait qui y avait quelque chose qui n'allait pas. Connaissant Alexandra, il savait que cela ne servirait à rien d'essayer de la faire parler. Elle resterait aussi muette qu'une tombe.
Alexandra était le genre de personne qui calculait tout ce qu'elle disait ou faisait. Elle n'était pas du genre à laisser quoi que ce soit au hasard. Ces émotions suivaient cette règle stricte. Peu importe comment elle se sentait, il fallait qu'elle analyse l'émotion ou le sentiment en question pour trouver son origine et appréhender ses conséquences.
Le silence mortuaire montrait à quelle phase de réflexion se trouvait la jeune femme. Elle était en train d'examiner ses émotions ou sentiments. Éric savait qu'il avait juste à être patient et qu'au moment propice, il saurait ce qui se tramait dans la tête de sa bien-aimée.
Après le souper calme et long, il avait décidé de tout débarrasser et ranger lui-même. Pendant ce temps, Alexandra était partie vers le salon avec un verre de vin, qu'elle n'avait même pas toucher.
Le soir venu, le couple était monté, à l'étage, se préparer pour aller dormir. C'était Éric qui était le dernier à quitter la salle de bain. En rentrant dans la chambre, il l'avait trouvée assise, dos à lui.
Doucement, il s'était approché et s'était assis à côté d'elle, mais à une distance raisonnable.
Les deux amoureux étaient restés en silence pendant plusieurs longues minutes.
- J'ai peur, Alexandra avait lâché au bout d'un moment.
Elle avait bruyamment respiré.
- J'ai peur de te perdre, elle avait rajouté en regardant devant elle.
- Pourquoi tu me perdrais? Éric avait demandé perplexe.
- À cause du mariage. Les gens changent après le mariage. L'amour part après le mariage. C'est prouvé scientifiquement que presque la moitié des mariés divorce, en moyenne, après 3 ou 4 ans.
- Je ne comptais pas arrêter de t'aimer de sitôt, Éric avait lâché dans un périlleux tentative d'adoucir l'atmosphère.
- J'ai vu Nicholas aujourd'hui.
Éric avait compris finalement la source de ce moment d'incertitude.
- Il s'en fout complètement de Saphir. Si lui, il peut cesser d'aimer Saphir aussi facilement, nous non plus, nous ne sommes pas à l'abri.
- Tu ne peux pas nous comparer à eux. Nous n'avons rien à voir avec eux.
- Je suis d'accord avec toi. Mais, ils étaient des modèles pour...
- Toi! Il l'avait coupée doucement. Pas pour nous. Juste pour toi!
Il s'était rapproché d'Alexandra.
- Moi, Alex, je n'ai pas besoin de modèle pour apprendre à t'aimer. Ça se fait tout seul, il l'avait dit calmement.
- Je ne pense pas pouvoir vivre sans toi. Plus maintenant! Alexandra avait confié. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi, même dans les plus sombres des moments.
- Je n'ai jamais pensé à partir. Peu importe la situation, nous trouverons une porte de sortie, Il avait murmuré proche des lèvres de sa fiancée.
Le souffle chaud d'Alexandre s'était écrasé contre les lèvres d'Éric.
- Nous ne pouvons pas ignorer les faits, Éric.
- Quels faits? Tout ce que j'ai compris, c'est qu'il y a plus de la moitié des mariages qui réussissent, il avait dit en souriant. Je pense que notre mariage sera réussi.
Il avait embrassé Alexandra.
- Je sais que ce qui arrive à Saphir te rend triste, mais ça ne devrait pas affecter notre couple. Je veux que nous fassions nos propres erreurs, que nous les réparons ensemble et que nous continuons à nous aimer. Si ce n'est pas trop te demander.
Alexandra avait rendu à Éric son baiser. Elle n'avait rien répondu. Éric avait apaisé un peu ses craintes, mais il y en avait encore à combattre.
Saphir et Nicholas étaient ses modèles. Elle avait toujours pu contempler la force de leur amour et le voir se briser en des morceaux atomiques, en si peu de temps, l'avait rendue anxieuse à propos de son propre mariage à venir.
C'est un sentiment qu'elle ne pouvait pas chasser malheureusement, puisque les conséquences étaient presque toujours désastreuses.
Elle ne voulait pas décevoir Éric. Elle voulait vraiment être sa femme, mais à quel point, elle ne le savait pas!
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