quatre
Les heures filent et le soleil commence à entamer sa descente vers l'horizon, la teinte de sa lumière virant au pourpre et à l'orangé. Les lampadaires s'allument un par un, et William sort du magasin pour mettre en marche celui accroché au dessus de la porte ; l'Anglais se souvient toujours avec plaisir de l'été dernier, quand le faisceau lumineux avait attiré un groupe de lucioles juste après son installation.
Steve arrive en avance. Adossé à la vitre, la tête légèrement penchée en avant comme pour regarder une montre, il reste de dos en attendant l'heure exacte du rendez-vous. Dès que James le repère, il s'empresse d'appeler Tom pour qu'il les rejoigne.
— Bonsoir, James apparaît dans l'entrebâillement de la porte. Comment vas-tu ?
— Bonsoir, Steve se tourne vers lui, l'air plein d'entrain. Je vais bien, heureusement pas sous forme de flaque cette fois, répond-t-il sur le ton de la plaisanterie, s'avançant. Encore merci pour hier, voici ton pull.
—Ce n'est rien, tu es le bienvenu s'il pleut à nouveau. James récupère le vêtement, le posant au coin de la table la plus proche. Je te présente Tom, notre petite recrue.
— Enchanté, Tom, Steve sourit à l'adolescent, lui serrant la main. James m'a parlé de toi.
— De même, M. Steve, Tom lui rend un sourire timide, impressionné par sa carrure.
— Oh, Steve, William sort à son tour du magasin, un pot d'iris dans les bras. Content de vous revoir, vous allez bien ?
Ils discutent pendant un petit quart d'heure, une amitié naissant entre le petit groupe de fleuristes et Steve — James en vient presque à remercier l'orage inattendu qui avait causé leur rencontre. Puis lui et le blond décident de s'éclipser pour prendre leur café.
— D'ailleurs, tu as oublié ça hier, James sort de sa poche la carnet de Steve alors qu'ils longent la rue. Ne t'inquiète pas, je n'ai pas fouillé dedans. J'ai juste montré à Tom tes dessins d'hier, j'espère que ça ne t'ennuie pas ? Il les a trouvés très bien faits.
— C'est vrai ? Steve récupère l'objet, le rangeant dans la poche de sa veste ; comme il fait beau, il la garde suspendue par dessus son avant bras. C'est gentil, mais ce n'est pas grand chose.
— Je partage son avis, rétorque James avec un sourire en coin. Sinon, où est-ce que tu voudrais aller ?
Steve réfléchit quelques instants, balayant les alentours du regard. Les terrasses des cafés se remplissent et des rythmes dansants se font entendre par les portes ouvertes des bars — une typique soirée estivale.
— Je dirais qu'en fin de compte, j'ai bien envie d'une crêpe...
Malgré l'air coupable qu'il essaye d'afficher, ses yeux bleus sont vifs d'envie.
— Je te suis, James secoue la tête devant l'air enfantin de Steve. Avec grand plaisir.
Leurs pas se fondent à une multitude de bruits ambiants, contribuant à la cacophonie joyeuse qui envahit l'atmosphère.
Les deux jeunes gens continuent de bavarder, histoire d'en apprendre plus l'un sur l'autre — James découvre que Steve travaille comme serveur dans un café, qu'il pense s'engager dans l'armée. Ils évitent cependant les sujets fâcheux de la politique bien qu'ils brûlent toutes les lèvres, empoisonnant chaque gorgée de quiétude. À chaque fois que James se disait non, une nouvelle guerre n'arrivera jamais, les choses se détérioraient dans les journaux ou à la radio.
Le jeune homme brun veut éviter d'y penser, alors il change rapidement de sujet. C'est lui qui parle le plus, Steve étant plus réservé mais très attentif. Il sourit beaucoup, hoche la tête, pose des questions. Puis ils achètent leurs crêpes, continuent leur balade, commencent à se taquiner, rient.
— Il y a beaucoup trop de James, réfléchit Steve à voix haute, prenant une bouchée de sa crêpe baignant dans une confiture d'abricot. Il faut que je te trouve un surnom.
— Un surnom ? James se tourne vers lui, un brin étonné. Même Tom n'avait jamais suggéré de lui trouver un surnom. D'accord, pourquoi pas.
— En fait, j'y avais déjà pensé, avoue le blond. Quand tu m'as dit ton deuxième prénom : Buchanan. Bucky, ça sonne bien, non ?
Steve a la tête levée vers le firmament, les couleurs chaudes du crépuscule s'engouffrant dans ses cheveux blonds. James se dit qu'il aime l'écouter, mais que le regarder n'est pas déplaisant non plus.
— Bucky, répète le brun, goûtant aux sonorités du nom. Bucky, je crois que ça me plaît, affirme-t-il, regardant dans la même direction que Steve. Maintenant je pourrais appeler mon futur magasin « chez Bucky's ».
— N'oublie pas de mentionner le fait que ce soit mon idée, sourit le blond.
— Mais bien sûr, Stevie, James lève les yeux au ciel.
— Stevie ?
— Quoi ? Il faut bien que je te rende la pareille, rit Bucky, prenant lui-aussi une grande bouchée de sa crêpe. La confiture à la framboise fond dans sa bouche avec délice.
— Est-ce que je dois aussi ouvrir un magasin à côté du tien et l'appeler « chez Stevie's » ?
James s'esclaffe, portant une main à sa bouche pour éviter tout accident malencontreux avec la nourriture. Il avale difficilement, l'action entrecoupée d'éclats de rire, ce qui fait également rire Steve et ils se retrouvent bientôt à rire sans pouvoir s'arrêter au beau milieu de la rue.
Ils doivent avoir l'air bête, mais le brun s'en fiche.
— On se connaît seulement depuis deux jours... Pourquoi ? James se redresse difficilement, toujours secoué par le rire.
— J'en sais rien Bucky, Steve balaye une larme invisible, le visage douloureux à force de sourire. Il faut croire qu'on s'entend bien.
— Ah bon ? Je ne m'en étais pas rendu compte, le fleuriste essaie de prendre un air soudain sévère, mais son visage se décompose en un quart de seconde. Je plaisante.
— Ah bon ? Je ne m'en étais pas rendu compte.
Bucky secoue la tête, souriant sincèrement à Steve. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas si bien amusé avec quelqu'un d'autre que Tom ou William.
Une heure passe, et des touches d'aquarelle plus foncées viennent s'emparer du ciel, toutes les traînées orange et roses finissant par s'y confondre. Les deux jeunes gens décident avec une pointe de regret qu'il est temps de rentrer, mais Steve insiste tout de même pour raccompagner James.
Ils sont plus calmes sur le chemin du retour, l'euphorie étant retombée en même temps que le soleil, et la ville commence à se vider, comme si les passants ont été échangés contre les lucarnes de lumière apparaissant aux fenêtres.
La température a également chuté, et Steve a passé sa veste par dessus sa chemise blanche tandis que Bucky se frotte les mains pour les réchauffer. L'écho de leurs chaussures tapant contre l'asphalte résonne, accompagnant la conversation qu'ils mènent d'une voix plus basse.
Ils ne tardent pas à arriver devant le magasin de fleurs, qui parait issu d'un tableau impressionniste avec sa devanture bleue et toutes ses plantes rangées. Une musique affaiblie en provient, mêlée à des voix encore plus étouffées, et une lampe est allumée au fond.
— Qu'est-ce qu'il se passe là-dedans ? chuchote Steve, jetant un coup d'œil interrogateur à James.
— On va très vite le savoir.
Le brun pousse la porte, invitant Steve à le suivre. Comme d'habitude, ils sont accueillis par le parfum rafraîchissant des plantes, et à l'intérieur, les sons sont plus intenses.
Après avoir traversé le magasin, les deux jeunes gens découvrent bientôt avec stupéfaction que le lecteur de vinyles a été tiré au centre de l'arrière-boutique, étant à présent installé à la place de la table qui a été décalée et sur laquelle trônent une théière et des tasses.
Et au centre de tout ça, William et Tom dansent.
Ils ne se rendent pas tout de suite compte de l'arrivée de James et Steve alors ils continuent de se trémousser au rythme de la musique, Tom essayant joyeusement d'imiter Willian. Ce dernier rit, ne portant pas grande attention aux mouvements de son corps bien que ses gestes soient, malgré la nonchalance leur étant portée, plus fluides et coordonnés que ceux du garçon.
Dès qu'il prend pleinement conscience de ce qui se déroule sous ses yeux, un sourire ému envahit les traits de James. Si seulement ils pouvaient être comme ça pour toujours, heureux et inconscients et dansant dans leur petit magasin de fleurs bruxellois.
Steve, qui remarque le changement sur le visage de Bucky, lui lance un regard compatissant.
— Depuis quand... ? demande le jeune fleuriste lorsque ses yeux croisent enfin les prunelles pétillantes de William.
— Vous n'êtes pas les seuls à pouvoir vous amuser ! lance-t-il gaiement en guise de réponse, repartant pour une nouvelle danse.
—
j'espère que ce chapitre vous a plu ! c'est sûrement l'un de mes préférés, j'adore cette complicité naissante entre steve et bucky (;
je vais voir avengers: endgame ce soir, et ne me sens pas émotionnellement prête : ( si vous l'avez déjà vu, n'hésitez à m'envoyer un dm pour qu'on en parle<3
je vous laisse sur ce gif de steve/chris heureux, j'espère que vous allez bien x
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