onze
La première sensation qui percute le jeune homme à son réveil est l'absence de la chaleur au bout de ses doigts. La main de Steve n'est plus là, tout comme son corps dans le lit d'à côté, mais ses draps sont cependant toujours froissés après la nuit.
De minces rayons de soleil transpercent les rideaux, illuminant la partie arrière de la pièce tandis que la lumière plus sobre d'une lampe provient de l'avant. James reste enveloppé dans les couvertures, les bras et les genoux ramenés contre la poitrine. Un mal de tête le lance, mais il arrive tout de même à penser plus ou moins clairement, les événements de la veille resurgissant petit à petit.
Lorsque sa déclaration à Steve lui revient, il ne peut s'empêcher d'enfouir sa tête dans l'oreille, honteux, se demandant encore et encore s'il avait rêvé cet épisode ou s'il avait vraiment osé révéler son secret le plus inavouable. Mais au fait, quelle heure est-il ? Il devait impérativement rentrer avant le réveil de Tom.
Après s'être redressé, s'appuyant sur les coudes, le fleuriste arrive à distinguer qu'il est six heures et quart alors il s'extirpe du lit. À l'extrémité de celui-ci sont posés ses vêtements, propres et soigneusement pliés. Son cœur fait un soubresaut dans sa poitrine — il se promet de remercier Steve une fois de plus. Ses affaires dans les bras, il passe ensuite à la salle de bain, puis, après avoir passé cinq bonnes minutes à se persuader que son ami ne le rejettera pas — ou tout du moins, pas tout de suite —, il se décide à confronter Steve.
Il ne regrette toutefois pas entièrement sa confession. Peut-être que, avec un peu de magie inattendue, d'absurde chance, quelque chose de bien en sortirait.
James réajuste le col de sa chemise et se dirige vers la cuisine, les yeux papillonnant au sol avec gêne. Quand il approche du bar, une odeur appétissante soulève son estomac qui a commencé à se remettre de l'alcool de la veille. Il n'avait bu que deux verres, mais ils avaient été la goutte d'eau ayant fait déborder le vase qu'était l'accumulation des émotions de la journée précédente. Maintenant, le brun ne dirait certainement pas non à une pâtisserie.
— Bon matin, Steve se tourne vers lui, les joues toutes roses et un sourire tirant le coin de ses lèvres.
Il porte un simple t-shirt blanc rentré dans son pantalon marron et semble être aux prises avec la cafetière.
— Bon matin, répond Bucky, évitant d'attarder son regard sur lui. Il est quasiment sûr d'être aussi rouge que lui.
— Bien dormi ? Tu veux du café ? demande le blond, s'asseyant en face de lui en plaçant devant eux une assiette de gaufres. Sers-toi.
— Oui, et je veux bien, merci. Et toi ? le fleuriste se rappelle du contact de Steve et se racle la gorge, rougissant encore plus dans son poing. Merci pour mes vêtements d'ailleurs. Et pour m'avoir abrité, enfin, merci pour tout.
— Arrête de me remercier, c'est normal, Steve lui sert une tasse de café avant de mordre dans sa gaufre.
Ils prennent le petit déjeuner en silence, chacun tiraillé par la déclaration de la nuit dernière. James se dit que Steve avait oublié, que ce n'avait été qu'un rêve et que ce devait être mieux comme cela. Mais le jeune homme blond n'est pas du même avis.
— Bucky, concernant hier soir.. voyant que le fleuriste s'apprête à le couper, Steve poursuit avant qu'il n'en ait l'occasion. J'aurais dû te répondre, mais je n'étais pas sûr de savoir quoi faire après tout ce qu'il s'est passé, il marque une pause, ses iris se posant sur le visage du brun. Est-ce que... C'est vrai ?
James déglutit, la poitrine serrée comme si des fleurs invisibles germaient dans ses poumons. Il pouvait nier, mettant cela sur le compte de la fatigue, mais ce n'était pas juste. Il avait aussi le droit de croire en une sorte de bonheur, celui qu'il voulait partager avec Steve.
— Oui, avoue-t-il, affrontant enfin la couleur grisée des pupilles de Steve. Je ne savais pas comment te le faire savoir autrement.
— Je, le blond se déplace à côté de lui, les traits de son visage adoucis. Avec les comètes bleutées sous ses yeux et ses cheveux négligemment repoussés, il parait si vulnérable, presque encore somnolant. Je peux ? demande-t-il en s'avançant de Bucky avec hésitation.
— Oui, répond ce dernier en un souffle, se laissant aller à lui.
Les doigts du blond s'accrochent doucement à son épaule, puis il se penche vers lui et bientôt, leurs nez se frôlent. Le fleuriste n'a aucune idée de comment cela pouvait être réel, mais même si ce n'était pas le cas, il ne voudrait émerger du songe pour rien au monde.
Steve dépose un baiser sur ses lèvres, rapidement et tendrement, déversant une chaleur exquise dans le bas-ventre du jeune homme brun. Il a goût de café, de dentifrice à la menthe, et de fins heureuses. James se promet de ne jamais le laisser partir.
Il se recule finalement, clignant plusieurs fois des yeux, ses joues étonnamment plus pâles. Il prend plusieurs inspirations, un sourire se formant graduellement sur son visage alors qu'il semble tout aussi abasourdi que James.
— C'est la première fois..., lâche Steve. Tu es.., il cherche ses mots, et leurs mains s'entremêlent instinctivement. Je n'ai jamais connu quelqu'un comme toi.
James laisse échapper un soupire abrupte, se rendant compte qu'il retenait sa respiration depuis plusieurs secondes. Il sourit à Steve, un sourire sincère et rassuré, alors même qu'il n'est pas tout à fait capable d'assimiler la tournure des événements.
— Moi non plus, je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme toi.
Steve rit doucement à ces paroles, ne brisant pas leur contact visuel. Bucky glisse son pouce le long du sien d'un geste répétitif et affectueux, chaque terminaison nerveuse en alerte. Il a encore peur d'y croire pleinement, mais il semble que ses sentiments s'avèrent être partagés.
Les jointures de leurs doigts se délient et ils s'embrassent à nouveau. La main gauche de Steve se pose sur le tabouret de James et ce dernier la recouvre avec la sienne, sa dextre remontant pendant ce temps le long de la nuque du blond où ses doigts se mettent à tortiller ses cheveux.
Deux choses si abîmées, ensemble, deviennent étonnamment cohérentes.
Lorsqu'ils se détachent, Steve enfouit sa tête dans la poitrine du jeune homme et il le serre contre lui, caressant ses cheveux en gardant le menton appuyé sur le haut de son crâne.
— On doit être très prudents maintenant, murmure-t-il.
— Oui.
James ferme les yeux, ne voulant sentir que Steve contre lui.
— Peggy et moi faisons semblant d'être ensemble, déclare le blond, relavant la tête. Des mèches éparses retombent sur ses sourcils, et son visage a gagné en gravité. Elle sait. Je lui fais confiance.
Bucky hoche la tête, compréhensif ; voilà donc pourquoi Steve et elle semblaient si proches. Le brun sent un poids quitter ses épaules, et il regrette de s'être senti si mal alors que la jeune femme avait été adorable envers Steve. Cela avait été si facile de se tromper.
— Je me suis laissé prendre au jeu, il ébauche un sourire penaud. J'ai vraiment cru que vous formiez un couple.
— J'ai essayé de faire en sorte que tu ne t'en aperçoives pas, mais merci d'être resté, un sourire de soulagé rehaussé la commissure des lèvres de Steve. Je crois que j'ai toujours su que j'aimais les hommes comme les femmes. C'était tellement étrange, mais je le savais.
— J'ai toujours voulu refouler ce sentiment, mais je crois avoir toujours aimé les hommes, confesse James, déposant un rapide baiser sur sa main. Plutôt embêtant, sachant que c'est interdit.
Malgré le ton dérisoire de la phrase, ils ont tous deux conscience de l'atrocité des lois. Que valent les accusations d'un gouvernement qui lui-même est prêt à éradiquer des innocents au nom de convictions artificielles ? Au fond, en quoi cela est-il si différent des crimes que ce pays condamne chez ses voisins ?
James repousse ces interrogations terrifiantes. Changer le monde, si seulement, mais le monde fait peur et n'aime pas les changements.
— Bucky, est-ce que cette histoire avec Peggy te dérange ? s'inquiète Steve, toujours attentionné.
— Non, pas du tout, James secoue la tête pour le rassurer. J'espère que ça ne dérange pas Peggy.
— Ne t'inquiète pas pour ça, le blond lui jette un demi-sourire. Nous avons tous besoin d'une couverture.
— Très bien.
James se souvient de la photo de Peggy accompagnée d'une autre jeune femme et ne pose aucune question supplémentaire, pensant avoir compris.
Steve et lui finissent ensuite de prendre le petit-déjeuner, puis, après avoir débarrassé la table et échangé une dernière étreinte, quittent l'appartement. Tom doit encore être endormi, mais le temps presse.
—
je n'ai qu'une chose à dire: enfin
sinon, je vais revoir endgame demain, et même si ce sera toujours très émotionnel, j'ai hâte de tous les retrouver ♥
edit: j'ai pleuré encore plus que la première fois... ils me manquent tant
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