Prologue

Le ciel fait un caprice d’après certains. Moi je célèbre cette immensité sans fin, qui n’a jamais été aussi juste qu’à cet instant. Parce qu’il a raison. Il a raison de pleurer, surprenant tous les météorologues qui n’avaient aucunement prévu cette averse qui humidifie l’air printanier du Dakota.

Il pleut Ann, même le ciel pleure ton départ.

Après avoir snobé le parapluie que me tend ma mère, mes pas piétinent l’eau et le gazon, jusqu’au cercueil de mon amour… Ann Perry, mon amour. Il est fermé. Il a fallu la préserver de l’eau. Pour quelles raisons au juste ? J’en ris d’avance. Se noierait-elle ? Comme s’il était possible de mourir deux fois. Et quand on sait combien ma blanche colombe raffolait de fraicheur, il m’est impossible de ne pas trouver la situation assez cocasse.

La pluie persiste, même qu’elle s’intensifie. Je ne suis pas particulièrement superstitieux, je crois que je trouve un certain réconfort à me dire que le ciel souffre avec moi. Qu’il me comprend et me vient en aide. Personne ne peut voir mes larmes sous cette grande douche froide, dont les trous sont logés dans mon cœur. Je veux saigner. C’est déjà tout comme, vue l’atroce douleur qui mobilise mon être entier. En fait, je veux plonger dans cette caisse de bois avec elle. Mais elle est close. Et puis de toute façon, personne ne me laissera faire alors, je me contente, silence aux lèvres et tempête dans le reste, de caresser le bois brun de ce coffre aux fioritures inutiles.

J’espère que tu peux sentir ma présence
Que dans le noir, ma main soit ton rempart
Ma belle colombe, paix de mon existence
Aujourd’hui, je n’ai que mes larmes
Ce sont les seuls restes de mon tiroir
Car avec toi, j’enterre ma foi

J’espère que tu entends ma voix
Quelle se fera lumière face aux ombres
Je ne sais qui de nous deux est le plus effrayé
Toi qui y fait face ou moi qui assiste au spectacle
Le mauvais sort de l’inertie
La dégénérescence, la fin du cycle
La mort il disent, la fin de vie aussi
Mais pourquoi diable, tout continue de bouger ?
Pourquoi suis-je encore debout, alors qu’usé ?
Je ne comprends pas, je m’y refuse

J’espère néanmoins que mes peines soulageront les tiennes
Parce que je sais, derrière ces sourires, se terrait de colère
Contre ce destin qui t’as été imposé
Contre ce ciel qui pleure aujourd’hui, de remord je l’espère
Même si son hypocrisie, est encore plus flagrante que la mienne

J’espère que tu me pardonneras mon absence
Parce que moi, je n’y arriverai pas
Fugace et pourtant, désormais éternelle
Cette seconde qui t’as pris ta chance
Nos rêves, tout ce que je n’aurais finalement pas

Ma blanche colombe, reposes-tu en paix ?
J’en doute, il n’y en pas dans l’obscurité
Mon amour, mon unique, dors-tu ?
Sans cœur, j’en doute
Lui seule détient ta tranquillité, moi
Et tu ne l’as plus.
Il bat ailleurs, pour une autre
Et moi je me brise ici, avec et pour toi

Que faire ? Je ne sais pas te dire au revoir
Même si je sais que jamais plus, je ne vais te revoir
Mon âme-sœur, ma muse, mon cœur
Mes pensées sont obscures,
Ta pureté les aimeraient-elles ?
Plus forte est cette voix qui dit non
Face à ton regard translucide d’excès, d’abus
Révulsé par la mesquinerie au nom de l’amour
Un cœur pour un cœur

Dans la mort pour la première fois
Dans la vie pour la prochaine
J’en fais le serment sur ta derrière demeure…



–– Mon amour, conclus-je pour elle et moi, tout en débutant pour le reste de l’assemblée venue lui dire au revoir. Ann Perry est mon amour, et je suis supposé lui dire adieu aujourd’hui. Partie trop jeune, trop vite et surtout avant nous tous. Quelle leçon j’en tire, rien du tout. J’ai la bouche amère, l’eau salée dans l’estomac, les bronches saturées. La tristesse. (Je ne parviens pas maintenir haute ma tête qui se baisse d’elle-même pour cacher cette déchirure que j’essaie tant bien que mal d’exorciser par ma voix, comme me l’a suggéré ma mère. Je fais silence pendant… je n’en sais rien). C’était quelqu’un de génial vous savez, reprends en inspirant eaux et morves. Cette tête pensante, pleine d’ambitions, elle rêvait de conquérir le monde. Elle disait « beaucoup n’est jamais assez Wyatt, il faut tout donner ». Bien au-delà des mots, ses actes prévalaient. Ann était loyale, c’était un leader. Derrière ce corps frêle se cachait une force de la nature. Ann en avait pour un bataillon ; toujours prête à se battre pour deux. Elle courait plus vite, tenté-je de sourire, la tête pleine de nos excursions dans la nature. C’était mon deuxième coach, mon meilleur supporter. C’était cette main qui soulage vos peines malgré les siennes. Je ne dirai pas que j’ai été heureux de la connaître, non… C’était plus une chance. Une putain de chance, grogné-je, la gorge serrée, les lèvres déformées par les sanglots que je ne veux plus retenir. Une putain de chance, répété-je, que je me refuse de voir partir. Putain, c’est l’amour de ma vie qui est couché dans ces plan…



Le reste s’évanoui sous une série de spasmes violents et des cris de fureur. Oui, je suis fou de rage, dévasté par la douleur. Une douleur tellement atroce, de l’ordre de celle qui vous dérègle le cerveau et qui vous fait perdre tout humanité.

Une seconde d’inattention, et me voilà, perdu… C’est tout ce qu’il a fallu pour qu’elle abandonne, pour qu’elle se fasse rouler… Parce que Eddy et Gina auront beau vouloir la cacher, moi je connais la vérité. Il en coutera ce qu’il faudra que ça coûte, tout comme cela prendra le temps qu’il faudra ça prenne mais, je la rétablirai. Pas certain que cela se fera dans les règles de l’art et d’usage. Pas certain que je me fasse respectueux. L’ont-ils été d’ailleurs ? Aucunement.
Alors ce sera un cœur pour un cœur.
Il faudra payer la note pour ce cœur… Pour mon cœur.

Adieu ma colombe. Surtout ne repose pas en paix… pas encore parce que, tes tourments alimenteront ma peine. La haine me maintiendra en vie, debout et déterminé. Qu’ils se préparent, ils en ont la possibilité ; eux qui vivent encore. Nous autres les morts, nous feront réviser au talion ses lois. Ce ne sera pas œil pour œil… Ce sera une tête pour un œil.







Voilà le premier pas vers cette histoire... Dites moi ce que vous en pensez en commentaires...

Et, disons nous rendez vous à mercredi prochain...

Love guys😜❤️

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