CAN'T STOP

Iding






–– Alors cette soirée ?




S’il n’était pas reconnu comme le connard numéro un de tout le bahut, je jurerais qu’Emerson est amoureux fou de Tilleul, le genre fichu pour toujours. La lueur morne et pitoyable dans son regard n’a peut-être durée qu’une nanoseconde, mais elle a bel et bien existé, lorsqu’hier, je suis entré dans la villa avec un sourire large d’enfoiré heureux, clamant haut et fort pour me faire entendre de tous, que le petit génie m’avait accordé sa soirée, et un baiser aussi brûlant qu’un échantillon de lave issue du Vésuve lui-même. Mais après l’avoir surpris ce matin en train de supplier presque à genoux, la sœur aînée de cette dernière, cette idée m’est enfin sortie de la tête.


Emerson déteste avoir la seconde place, c’est la seule raison pour laquelle il est sorti de ses gongs, et la nuit du concert, et hier à sa petite soirée en flanquant à la porte de sa piaule, comme le mauvais perdant qu’il est. Il est juste jaloux et furax de me voir réussir là où lui et une tonne d’autres ont échoué. Jusqu’à ce jour, il tenait sans ex-aequo le titre de Casanova à Duke. Aujourd’hui il doit se bouger les fesses pour le prouver à tous, maintenant que j’ai mes chances avec celle qu’aucun ici n’a jamais pu avoir.


Il se sent en danger, il a un concurrent. Je vais lui voler son trône, il le sent, et il flaire juste.
Duke désormais, c’est mon terrain de chasse, de jeu et guerre. Le roi va mourir, le nouveau sera acclamé. Ainsi ai-je projeté.




–– Tu vas me foutre à la porte du gymnase cette fois ? ricané-je, sans arrêter de chauffer la balle contre le sol. Autant mieux te prévenir qu’ici, tu n’en as pas et le droit et donc, je ne me laisserai pas faire.




Mon capitaine ––plus pour longtemps, j’espère–– siffle entre les dents et s’accorde une seconde distraction pour rouler des yeux. Seconde dont je me sers pour le doubler sur le côté, accélérer dans ma progression jusqu’au panier, avant de m’élancer dans les airs, pour y enfoncer la balle de plus près : dunk !

De quoi rendre ce connard furax et anéantir petit à petit son égo de super champion. Qu’il se le prenne bien dans les dents.




–– Fais chier, s’énerve ce dernier, avant de rejoindre le banc de touche. J’arrête là pour aujourd’hui. Je suis là depuis trop longtemps de toute façon.




C’est vrai, c’est un lève-tôt. Malgré sa vie de débauche, il s’investit à entretenir une certaine rigueur de vie que je me suis d’ailleurs permis de copier, puis de perfectionner, bien décidé à le surclasser.




–– Tu n’as pas l’air en forme aujourd’hui. Un problème ?




Il exhale généreusement, avant de s’accouder sur ses genoux pliés, épuisés par ce long entraînement. Contre ses paumes ouvertes, il se frotte ensuite le visage sans délicatesse.




–– Il me semble t’avoir posé une question avant non ?




Je souris, autant agacé qu’impressionné d’avoir trouvé un adversaire de taille. Même s’il m’est difficile de l’accepter, Emerson, contrairement à Teddy, Zav et la plupart des gens que je côtoie depuis mon arrivée ici, s’avère plus difficile à manipuler. Mais j’ai une longueur d’avance, j’évolue dans l’ombre, j’entretiens le mystère et donc je mène la danse. Assurément, ce léger imprévu sera résolu dans les temps. Je ne m’en fais pas tant que ça, je le sais, le moment viendra où se fera aussi docile que le reste.




–– Rien de plus à ajouter à ce que j’ai dit hier. On a bavardé, et elle m’a embrassé.




Un sourire dédaigneux plaqué au coin de ses lèvres, il forme un poing superposé sous son menton, tandis que je veille bien à ne pas laisser mon regard se figer sur sa personne. Les bras étalés sur le dossier de l’assise, je fais expressément osciller mes yeux dans toutes les directions, sans jamais réellement le perdre en cible. Le corps parle mieux que le cœur parfois. Mais pour se faire, il faut qu’il se croit en sécurité, pas épier.




–– Tu te rends compte que je cours après cette nana depuis la première année et qu’elle me rembarre à chaque fois sans raison ?




Quel con !




–– Tu te tapes sa sœur et tu t’attends à quoi ? Elle sait ce qu’elle vaut la petite chanteuse. Elle ne s’y croit pas seulement, elle y est aussi.



–– Tu parles d’un melon, pouffe ce dernier, sincère dans son hilarité. Tu sais, elle ne me plait pas tant que ça, s’agace-t-il juste après, disons seulement que j’ai horreur de me faire repousser.




–– Comme tout le monde, soufflé-je d’un air faussement compatissant. Si ça peut te consoler, elle n’y est pas allée de main morte avec moi. Elle m’a fait un de ces procès, ponctué-je, le rire dans la voix. On est passé à ça, du lynchage.




–– Mais elle a fini par t’embrasser, et c’est tout ce qu’on retiendra. Chapeau bas mon frère.




Cette fois il prend une profonde inspiration en se redressant, puis dépose une séquence de tapes que je ne prends pas le peine de dénombrer, trop absorbé par les pensées qui fusent de plus en plus dans mon cerveau.




–– Rien n’est encore officiel, tu te doutes bien qu’elle peut encore me jeter dans la benne à ordures.




Mon commentaire semble ranimer ses espoirs, puisqu’étant en accord avec ses souhaits puérils les plus secrets. Plié en deux de rire, c’est à peine s’il ne se déchire pas la mâchoire.
C’est ça, rigole salaud. Ça ne va pas durer bien longtemps.
Parce que je vais l’avoir Tilleul. Tilleul et toutes celles que je voudrais ensuite.




–– Ce serait un vrai coup de pute, ça non ?




–– Le pire qu’il ne m’aura jamais été fait, confirmé-je en quittant le banc à mon tour. Mais il est hors de question qu’une vacherie pareille me tombe dessus. Je lui fais de l’effet, c’est sûr. Cette fille, je vais la mettre dans mon lit, et prendre mon pied avec elle, jusqu’à ce que j’en ai assez.




Finalement, je suis peut-être allé un peu vite en besogne dans mes précédentes conclusions. Crispé de toute part, surtout au niveau de ses membres supérieurs, avec sa main qui froisse sadiquement la minuscule serviette dont il est servi quelques auparavant pour s’éponger le visage, son regard sombre me destine des foudres sataniques assez longtemps pour que je sois convaincue de ne pas être en plein rêve. Aussi un sourire malicieux étire le coin de mes lèvres. Je vibre d’anticipation, excité de découvrir à quel point la partie sera des plus animées. Mais alors que je m’y attends le moins, trop en harmonie avec ma dernière découverte pour chercher plus loin que le bout de mon nez, il aspire ardument l’air entre ses dents serrées, avant de se plaindre douleur.




–– Cette fichue douleur au dos ne veut pas me lâcher.




Chute libre, sans fracas peut-être, mais elle demeure honteuse. Je me suis encore trop vite avancé, et j’ai horreur de ça. Je déteste me tromper. Je déteste encore plus ne pas savoir à cent pour cent, sur quel pied danser avec cet équipier qui, selon mes calculs fera bien partir de mon petit jeu diabolique encore sur le départ
Dans l’espoir de voir aller les choses dans mon sens, je continue d’essayer d’entretenir notre fragile amitié aussi superficielle qu’un pet d’oiseau, en lui proposant mon aide, même si ce dernier préfère s’en passer, pour chercher tout seul un appui sur le banc que nous occupions tous les deux, à l’instant.




–– Tu es sûr que ça va aller ?
Bien sûr que ça ira. Il fera tout pour, parce que c’est toute sa vie, le basketball.




–– Sûr. Je crois que j’ai besoin d’un bon massage, c’est tout.




–– Si tu le dis…




Des bruits de pas s’élèvent à l’autre bout de la salle, puis une voix joviale et aguicheuse le recouvre pour le plus grand plaisir de nos oreilles, puis de nos yeux. Acacia marque son arrivée et celle de son essaim d’abeilles à grands coups de déhanchés, agressant l’air comme si des deux, c’est elle qui régissait la vie sur terre. Décidée, hautaine et vorace, c’est le combo gagnant qui fait que par sa seule présence, le reste s’efface. Deux choix s’impose dans l’immédiat lorsqu’on pose son regard sur cette déesse nubienne dont le velours cuivré de sa peau s’étale suivant le relief vallonné de sa silhouette en sablier : crainte ou admiration. Mais peu importe le choix, une seule vérité prédomine, elle captive.


À l'inverse à sa sœur, elle est d’une violence charmeuse. Pas aussi belle que sa cadette certes, mais plus intéressante, elle déborde d’une confiance en elle qui font qu’on a envie de la suivre au bout du monde, tant elle, semble savoir exactement où elle va.


C’est une femme fatale. Je sais de source sûre, qu’elle est davantage létale. Et jamais, au grand jamais, avant de croiser ses iris caramels, je ne m’étais aussi clairement surpris l’envie de dominer, posséder et soumettre une femme, aussi bien par le sexe que par la volonté.


Les foudres d’un désir ardent s’abattent sur les coulées sanguines entre mes veines, tels des éclairs sur les flots marins en plein orage, et je peux sentir les effets de l’agitation qui en résulte, comme un rocher soumis au fouet barbare des vagues furieuses dont il ne peut ni se débarrasser, ni châtier les à-coups en retour. C’est dur, c’est euphorisant, unique et inédit, et ça aurait pu être bon si le contexte et les faits étaient différents. Mais voilà, s’y mêle avec la même virulence, une haine des plus coriaces, d’où ce rendu pénible et indigeste, réduisant mon corps à un champ de bataille à feu et à sang.




–– Que je sache, il n’y a pas entraînement pour vous aujourd’hui les loosers, alors qu’est-ce que vous faites là ? fait-elle sur un ton mauvais et boudeur, puis enchaîne sans faire de pause, afin de nous faire savoir qu’elle n’attend aucune réponse de notre part. Enfin peu importe, il est l’heure pour mes filles et moi d’occuper l’espace, alors tout simplement, vous dégagez.




D’un geste élégant de ses doigts tendus, elle illustre cet ordre sans cligner une seule fois des yeux, les lèvres tordues dans une moue de dégoût parfaitement imitée.

Quelle actrice !


Serait-ce héréditaire ? Peut-être bien. Certainement même. On sait tous qu’elle a plus les hormones en ébullition que le sang chaud de rage. Car, là où Emerson l’excite, moi je l’intrigue. En plus, elle a beau porter avec aisance son caractère de peste des beaux quartiers, personne ne soupçonnerait que derrière ce visage angélique se cache encore plus monstrueux. Surtout pas le fait, qu’elle et sa famille ont bâti leur maison sur du sang, de la chair et la terreur, ou qu’ils m’ont volé mon cœur.
Mais vous allez le payer ! Tous, sans exception. Tant pis pour les conséquences…




–– Nous étions sur le point de nous en aller Acha, soupire son ex en se remettant en selle. Pas besoin de faire ta chipie. Tu commences à te faire vieille pour ce genre de caprices tu ne crois pas ?




–– Venant de la part du roi des bouffons au pays des licornes, il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. Hors de ma vue Em. Tu pollues l’air negro.




Sa petite bande rempli l’espace de rires moqueurs dont l’effet incendiaire est un pur délice. Je dois me mordre l’intérieur de la joue jusqu’au sang pour maintenir l’air impavide sur mon visage resté figé sur la chef des cheerleaders posant comme sur un tapis rouge sous nos yeux. Le moins qu’on puisse dire est qu’aucune des sœurs n’a sa langue dans la poche. Ça tire à balles réelles avec elles, et ce n’est pas pour me déplaire. Au moins on ne me reprochera pas de suivre l’exemple à la lettre, le moment venu.



–– Tu aimerais que je te pollue autre chose pas vrai ?



Emerson s’approche d’elle, fière de sa prestance et de son charisme naturel accentués par son statut social, sa réputation de chasseur aguerri et son palmarès qui lui offrira pour sûr les portes de la NBA. Il en impressionne plus d’unes, si ce n’est toutes, et Acacia ne fait pas exception. La nervosité qui agite la profonde inspiration prise par celle-ci au moment où elle contourne mon capitaine, l’atteste.




–– Pas la peine, chéri. On sait tous les deux que tu m’as déjà dans la peau. Les filles, je vous ai dit que ce grand Emerson, le tout puissant capitaine des Blue Devils m’a supplié de me remettre avec lui ce matin ?



Ça glousse de toute part, ça ulule çà et là, et moi je me contente de continuer à entretenir le mystère autour de moi en restant le plus silencieux et le plus impénétrable possible. Quoi de mieux qu’être inaccessible pour susciter la curiosité ? Rien de mieux que l’indifférence pour provoquer l’attrait. Et concernant Acacia en particulier, mes hameçons ont déjà été lancés. Assurément elle va y mordre. Une fois est un hasard, deux fois une coïncidence, mais trois fois ? Impossible de ne pas y voir de la préméditation, du calcul et qui sait, un vice… Acacia a un penchant avéré pour tout homme qui s’approche de sa sœur, si ce n’est pour tout être humain, parce qu’elle œuvre même à s’accaparer ses amitiés, d’après ce que j’ai pu constater. Alors c’est garanti, je ne ferai pas exception.


Au regard lubrique intercepté à l’instant, aussi fugitif fut-il, je peux programmer pour très bientôt, la réalisation de ce dessein. La hâte m’exalte. Un sourire m’échappe, et pour bien me certifier que je suis sur la bonne voie, la providence fait qu’elle seule l’attrape.




–– Ça fait de moi un homme qui sait ce qu’il veut. Ça s’appelle être pragmatique et si tu consentais à grandir un peu chérie, chute-t-il avec une langueur en toc, tu saurais ce que c’est. Tu devrais suivre l’exemple de sœur tiens.




Le croche-pied efficace pour faire tomber Acacia ! Tout Duke le sait, elle a horreur d’être comparée à sa cadette. Et ainsi Emerson vient de l’achever. Ou de la mener à l’endroit voulu. Hors d’elle, la pom-pom girl rétrécit la distance entre eux pour lui assener une gifle qu’il intercepte sans difficulté, avant de l’embrasser avec une fougue qui n’a d’égale que le désir malsain à l’origine de la pérennité du couple malsonnant et ridicule qu’ils forment.

Le spectacle à lui-seul est une prouesse. D’une des plus attendues de l’année à Duke, après que leur relation ait eu volée en éclat devant tous sur les réseaux sociaux, l’été dernier. L’excitation est à son paroxysme et ce n’est que normal. Ce qui ne l’est pas par contre, c’est cet aigre pincement dans mon palpitant. Pire encore, cette sèche et acide chaleur qui me brûle la gorge, sans jamais la laisser en cendres.


Mon cœur s’affole, mon cerveau invoque aussitôt Ann Perry. Que son souvenir me délivre des pouvoirs maléfiques de ces succubes. Parce qu’hier, j’ai adoré le baiser de sa sœur et qu’aujourd’hui je bave, quoique bouillonnant de colère aussi, devant celui qu’elle donne à un autre.

Il n’y a pas d’autre explication, la folie veut m’emporter. Mais ça, il en est hors de question ! La morte devra me prendre avec elle avant. Je ne peux pas trahir l’amour de ma vie, autant mieux renoncer à vivre tout de suite.

Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Impossible d’y réfléchir devant autant de flashs et dans un brouhaha aussi accablant, tant il jette du vinaigre sur cette plaie insensée dont mon corps souffre à présent, malgré moi. Voilà pourquoi je m’éloigne. Subtilement au début, puis sur un pas de fuite, une fois hors du gymnase.











Hey. De retour ici. J'espère que vous allez bien. Ça fait un moment je sais. Mais cette fois c'est le retour. J'avais besoin de me concentrer sur une de mes histoires à présent bouclée et donc je vais pouvoir revenir ici.

J'espère que vous appréciez toujours l'histoire. N'hésitez pas à me laisser vos avis en en commentaires surtout. Il me seront vraiment utiles.

Sinon, quels sont vos avis sur les personnages à ce stade. Vous aimez, vous aimez pas ? Lâchez vous.

Sur ce je vous dis ciao et à très vite.

Love guys 😜❤️
🖤🖤🖤
Alphy.

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