ALL NIGHT LONG

Iding



–– Oh mon Dieu ! s’extasie la fille à mes côtés, les mains réunies devant sa bouche constamment boudeuse.  C’est beau, c’est de toi ?



La montée d’ocytocine dans mes veines me fait plus suffisant que je ne l’ai été depuis le début de notre conversation. Erreur ! Le mépris qui succède aussitôt à l’admiration dans ses yeux, me l’atteste.



–– Finalement non, tu es aussi vantard et pompeux que tes coéquipiers.



Je veux bien me métamorphoser mais, devenir le gentil toutou ne fait certainement pas partir du processus. Ce gars-là est mort il y’a six ans maintenant. L’idéal serait de la faire changer elle. C’est bien ça le plan, en faire une marionnette, en prévision du grand feu d’artifice. Alors un peu galanterie et de sensibilité à cette carapace de dur à cuir propre aux Blue Devil me semble parfaite pour mener à bien mes desseins.



–– Tu as quoi avec le fait de s’affirmer et d’avoir conscience de son talent ?



Ses yeux rieurs s’écarquillent de surprise, à l’unisson avec sa bouche.



–– Rien, jusqu’à ce qu’on en vienne au narcissisme.



–– Et tu préfèrerais peut-être que les gens fassent semblant, comme toi ?



Touchée, coulée ! Fin de l’espièglerie dans son œil, place à la curiosité doublée d’une tristesse de coupable. J’ai visé juste, je le sais.



–– C’est pour ça que tu m’as regardé avec dégoût ce soir-là ?



Le nez dans les airs, elle attend ma réponse sans vraiment l’attendre. Je la sais intelligente et elle me sait direct. Alors c’est plus une affirmation et, dans le ciel, cette dernière ne cherche à me cacher sa honte.



–– J’étais plus en colère.



–– Ouah, les nouvelles vont encore plus vite que ce que je m’imaginais. Tu es là depuis quoi ? Deux semaines ?



–– C’est ça, lui confirmé-je, le sourire au coin des lèvres. Mais rassure-toi, je n’ai demandé qu’à savoir des choses sur la fille m’intéresse.



J’ai soudain l’impression d’avoir craché du feu, puisqu’elle accuse un geste de recul et réorientation son attention sur moi. Plus que ma déclaration, c’est ma franche attaque qui soulève son encéphale de prospectrice. C’est ancré en elle, tout comme son orgueil et son cynisme, ce besoin de tout analyser. Et pour elle, je représente cette exception, cette erreur de parcours, cette voiture qu’elle n’a pas vu venir en traversant la route. D’abord samedi dernier par ce baiser que je n’ai pas chercher à justifier par la suite et maintenant par cet aveu craché sans préambule. Il y’a juste que mon analyse à moi a déjà été faite. Sur elles, je sais tout. J’ai une longueur d’avance, elle ne se l’imagine pas. Tout comme elle n’est pas près de s’imaginer l’enfer que sera dès aujourd’hui, sa putain de vie… Celle qu’elles m’ont volées, elle et sa garce de sœur.



–– Je t’intéresse ? s’enquiert-elle incrédule, le visage toujours en retrait, les yeux pétillants néanmoins d’une certaine fierté.



Évidemment que cette nouvelle la gardera malgré elle, sur un petit nuage, aussi longtemps que je l’entretiendrai. Elle a beau croire le contraire pourtant, elle n’est pas différente des autres. Bon d’accord, peut-être avec un peu plus de matière grise et de talent, mais on ne va pas en faire des caisses non plus. C’est une peste dans l’âme, avec un coin fragile terré bien en profondeur, et qui a adopté l’hypocrisie comme life style, pour arriver à se fondre dans la masse comme tous les jeunes adultes. Même si, ses raisons à elle, vont bien au-delà du besoin d’être intégré. Je le sais, sans savoir de quoi il est exactement question.



–– Pourquoi je serais là, sinon ? Et pourquoi ce baiser, d’après toi ?



–– Toi alors, tu n’as rien à envier à un tramway. Tu vas vite.



Et ce n’est pas fait au hasard. Son cerveau finira bien par s’en rendre compte. Je souhaite que ce soit le plus tard possible.
Le marron clair de sa peau ne laisse pas voir sa gêne comme c’était cas pour Ann dont les joues rosissaient lorsque je lui glissais une suggestion romantique ou sexuelle. La gêne de Tilleul se laisse entrevoir par son sourire son sourire crispé et ses cils qu’elle papillonne à outrance, en direction du sol. Mine de rien, elle est mignonne. Ma hampe qui ne me le rappelle que trop bien, se chargera de bien le lui faire savoir d’ici peu, avant de le lui faire regretter plus tard.



–– Tu as dû t’en apercevoir, j’aime être franc. Ça évite toute sorte de malentendu. Mais je comprends aussi que tu puisses être sur tes gardes, c’est normal. Mais la vérité c’est que, je t’en parle aussi pour que tu saches que, contrairement à ce que tu penses, il y’en a qui te voient et qu’Harry est un idiot qui fait bien en fait de ne pas se décider à venir te parler.



Cette fois je lui décroche la mâchoire, après avoir aspiré tout aplomb chez elle. Son regard exorbité de terreur ne tarde pas sur moi, pris da saut par la honte qui la force à se cacher le visage telle une autruche, dans ses mains ouvertes. Lorsqu’elle se décide enfin à sortir de son pathétique terrier, c’est d’un embarras affirmé qu’elle froisse expressément son nez et étrécit ses yeux, pour m’affronter malgré son envie de prendre la poutre d’escampette.



–– Qui te l’a dit ? fait-elle, à mi-chemin entre la timidité et l’agressivité, convaincue qu’elle a été trahie par le seul ami sur qui elle peut réellement compter dans ce Bahut, mon compatriote Marin Desanges.



Moi je vois là, l’opportunité de faire passer la pilule que j’ai juste avant celle-ci mise dans sa bouche. La rassurer sur l’intérêt que je lui porte… Intérêt qui, je me dois de le préciser, est réel.



–– Je t’observe, je te l’ai dit. Et pour plus d’informations, tu le reluques plus que tu ne lis lorsqu’il est à la biblio.



Elle s’empresse à nouveau de se couvrir le visage. Je ne peux m’empêcher de la trouver drôle. Pour dire vrai, les rumeurs qui courent sur cette dernière n’ont rien à voir avec celle qu’elle est à cet instant. On la décrit comme un personne froide et hypocrite, moi je ne vois qu’un être cynique, imbue de sa personne et apeuré, sous cette apparence d’ange béni.

Tilleul est bien une de ces salopes qui se croient spéciales, à part, avec des idéaux inédits et qui rejoindra dans quelques années, et ce par ses propres moyens, la catégorie des un pourcent, le sommet de la pyramide où siège déjà son père. Elle croit en la résilience, en l’éducation, au dépassement de soi et en la persévérance. Elle prêche la tolérance, l’acceptation de soi, l’autodiscipline et l’amour de la connaissance… et c’est bien beau. Enfin, ça l’aurait été si ce n’était pas qu’un voile d’apparences. Parce qu’en réalité, ce n’est qu’un être hautain, roublard, une aiglefin prête à tout pour arriver à ses fins… Même à sacrifier la vie ; mais jamais la sienne.

Elle a beau avoir ce visage adorable, bardé de points de beauté, dont le regard légèrement étiré est aussi envoûtant que le noir des iris qui le composent, la seule raison pour laquelle je me retiens de gerber, est mon désir de vengeance.

Mon Ann Perry…



–– Oh la honte ! Je fantasme sur l’ex de ma sœur.



Peut-être que c’est tout le contraire. Mes investigations montrent clairement qu’Acacia tacle systématiquement tous les mecs qui ont le béguin pour sa sœur. Emerson lui-même me l’a confirmé le soir du concert. Celle qui l’intéressait c’était Tilleul, et ce, depuis la première année. Pour être sincère, je crois qu’il en pince encore pour cette dernière ––chose qu’il nie catégoriquement. C’est d’ailleurs dans le but tester la véracité de ses démentis que je suis monté sur ce podium embrasser sa petite chanteuse, comme l’appellent Teddy et Zav.

Finalement j’en suis sorti le seul gagnant. Je ne pouvais pas rêver d’une meilleure approche en matière, en plus de la récompense qui s’en est suivie, puisqu’Emerson s’est malgré lui emporté, me permettant ainsi de gagner mille dollars.
Le seul hic était ce baiser. Son goût ? Fade. J’ai eu envie de rire contre ses lèvres à maintes reprises. Tant de gaucherie, c’était juste à en pleurer de rire. Et qu’on ne fasse pas croire qu’elle est une vierge effarouchée, je sais de source sûre que ce n’est absolument pas le cas.

Mais bon, ce n’est pas le sujet. Il est plutôt question d’essayer de la rassurer et marquer des points en parallèle. Quoi de mieux que la poésie, pour émerveiller ses oreilles d’érudite.



–– Ainsi se joue le jeu de la vie
À coups de secondes
Et de péripéties
Rien qu’on ne sonde

À coups de hasards
Un corps qui attend
Que le train rendre en gare
Brule du temps

À coups d’ignorance
Limité par les sens
Ne sait pas de quoi
Demain blâmera le roi



Ces mots me viennent de l’âme. Cette entité invisible qui fait pourtant de moi, tout ce que je suis. Elle qui pleure sans jamais s’arrêter car, loin de l’apaisement. Le jeu de la vie, c’est l’ensemble des vacheries qu’elle nous flanque à gueule sans préavis ni permissions. Ce poème je l’espère fusera de résilience à ses yeux, même si je le sais être l’expression cru de tout mon désespoir.

Plus bouleversé par toute la magie derrière ces paroles, qui sonnent si vraies en moi, je la remplace dans cette position méditative en renversant en arrière ma tête, pour offrir au ciel qui m’a tout pris, ce que j’ai de plus mensonger : mon visage paisible. Son silence fait écho au mien, bien qu’il également mon rescapé de cœur pour qui, il est insultant de s’imaginer qu’elle puisse d’une jouir d’une once de sensibilité… Pire encore, que celle-ci puisse aller en direction des sentiments derrière ces mots. Elle gémit, et je sursaute, plus énervé qu’étonné mais, serre in-extrémis dents et maxillaires pour contenir mon animosité et la convertir plutôt en une émotion qui servira mieux mes intérêts.



–– Vivre n’a pas de prix Ti. Personne ne pourra te l’acheter alors, tu n’as pas à donner à le pouvoir à d’autres de la diriger…



Un grand silence, voilà ce qu’elle m’oppose à nouveau. Il aurait pu être serein ––ce qui est d’ailleurs le cas de son point de vu, si j’en crois les traits émerveillés de son visage mis à ma portée par les lumières artificielles de la nuit. Moi j’enrage, j’aurais voulu reformuler ces phrases. Mieux ne les lui dire qu’à moitié. Personne ne peut acheter une vie, et encore moins ruser pour l’arracher, au détriment de la naïveté et de la gentillesse des autres. Mais ce n’est que partie remise, voilà qui me console. Et je bande encore plus lorsque le fantasme de moi en train de la narguer avec ces mêmes paroles, tout en lui ôtant sa misérable vie, remue ma boite crânienne. Il n’y a rien de plus vivifiant que ce dessein-là… Ce moment où elles paieront pour mon cœur.

Si j’étais objectif, je la décrirai comme étant la plus belle fille que j’ai vu dans les environs. Elle a un regard révolver, comme dirait Marc Lavoine, le nez camus parfaitement aligné avec sa petite bouche pulpeuse, et dont l’arrête est assurément le prolongement du sommet qui souligne la fossette sur son menton. Elle me fait penser à un chat déterminer à ravir le cœur de son maître. Toute douce et fatalement belle, avec des mimiques débordant d’innocence mais tellement charmeuses à la fois. En un battement de cil, elle aurait réussi à me mettre à genou si… Et j’ai beau ne pas être près de lécher le sol sur lequel elle marche, cela n’empêche l’artiste en moi soit happé par cette beauté rare, mystique… et injuste. Sorcière dans l’âme, elle aurait dû en porter la marque évidente, une sorte de Trigger warning pour prévenir de la laideur de son âme… Pas ce visage trompeur, d’ange.



–– Et si tu me chantais cette nouvelle composition, relancé-je la conversation, de plus en plus intrigué par son silence et submergé par mes ruminations.



Elle acquiesce avec véhémence entre plusieurs reniflements. C’est alors que je remarque qu’elle pleure, ce qui m’incite à ramener aussitôt ma tête à sa position initiale.



–– Tu vas bien ?



–– Oui, gémit-elle. Ce sont juste tes mots, ils m’ont rappelé des souvenirs douloureux.



J’espère ! Pourvu que tu souffres réellement.



–– Je suis désolé, mens-je en renonçant au final à la distance que je garde depuis le début et qui a dû sonner comme une marque de chevalerie à ses yeux alors qu’il n’est en réalité que question de rejet.



–– Non, ne le soit pas. Je crois que c’est plutôt bon signe. Ta sensibilité fait écho à la mienne.



Cette fois, elle cherche mon regard et lui impose le sien émerveillé, dont la beauté n’a d’égal que sa profondeur. Une nuit noire pourrait se refaire une réputation à côté de ce gouffre obscur que représentent ses iris empreintes d’une fausse gentillesse. Elle me rend malade. Oui, malade à être aussi parfaite dans son jeu.

Le moment aurait pu être romantique, même qu’il l’est certainement pour elle, tant le lieu, le temps et les bruits d’insectes et de crapauds encore plus propriétaires des lieux que nous, sont parfaits. Le baiser du siècle, je le verrais bien être filmé ici, par une nuit pareille, dans une ambiance aussi harmonieuse et tiède.

Concrétiser une seconde fois serait un pas énorme vers l’avant alors, je m’approche davantage, mais pas assez vite pour me laisser le temps de me préparer mentalement à recevoir pour la deuxième fois, le baiser le plus dégueulasse de ma vie. Encouragé je l’avoue par ses halètements, et sa bouche qu’elle doit inconsciemment avoir ouverte, mes lèvres finissent par s’écraser sur les siennes, avec une violence à peine contenue. Grande est ma surprise de constater qu’elle ne s’en offusque pas, et même qu’elle y répond avec la même vivacité. Dans l’urgence, nos dents entrent plusieurs fois en collision, tout comme nous retrouvons en déphasage à maintes reprises dans les premières secondes. Le temps étant de notre côté, nous finissons par nous accorder et à trouver une certaine synchronie à ce baiser explosif qui n’en finit pas de me surprendre. Tilleul prend les commandes, donne le ton au baiser, après s’être mis à califourchon sur moi. Par ailleurs, après m’avoir interdit de sucer sa délicieuse bouche par l’apposition sensuelle de son index entre nos bouches, m’imposant plutôt sa langue balayeuse, elle me mord d’un coup sec la lèvre inférieure, au moment où je m’y attends le moins, avant de s’écarter, mettant ainsi un terme à cet échange physique.

Je suis tout brûlant à la fin de ce jeu de langues, et cet échange de salive. L’épiderme entier recouvert de grains et le poil hérissé suite au désir immense né de cette étreinte qui a manqué de tout, sauf de volupté. En colère contre mon être appréciateur, je serre les dents, pestant mentalement contre moi-même. Il aurait peut-être mieux valu qu’elle ne sache pas embrasser, ou qu’elle demeure gauche comme la dernière fois. Je me sens coupable, dans la peau d’un traitre…

Pardon Ann Perry… Pardon mon amour…



–– Je crois que je te devais ça, m’arrache la sorcière de mon arbre à palabre, déjà prête à partir, puisque debout et en possession de toutes ses affaires. La dernière fois, j’étais un peu crispée devant tous ces gens et je t’ai laissé faire tout le travail, confesse-t-elle malgré son malaise.



Toujours assis, les coudes sur mes genoux relevés, je reste à contempler le sol, le seul qui nous soutienne en toute situation, que ce soit au moments des chutes ou des jubilés, il demeure cette force extérieure à qui on oublie souvent de dire merci. À cet instant encore, c’est lui qui supporte le poids de mon trouble, cette masse énorme qui me fait plus lourd qu’une pierre sur le moment. Et aussi parce que j’ai appris à lui faire confiance, que je finis par me relever, malgré mes incertitudes à pouvoir porter ma propre anatomie comme un grand.



–– C’était magique, reconnais-je à contrecœur, la bouche nauséeuse.



Fière d’elle, Tilleul sourit, entraînant ses yeux dans le processus. On croirait voir une boule de lumière. Un obscur lumineux en somme.



–– Il faut que je rentre maintenant, je dois réviser très tôt demain.



–– Et ma chanson alors ?



–– Je peux te la chanter en marchant.



–– Est-ce là une invitation à te raccompagner ? lui demandé-je sur un ton enjoué en rangeant mes mains dans mes poches pour renforcer ma prestance.



Je la regarde rire, tête baissée vers son pied droit en agitation inutile.



–– Parce que tu comptais me laisser rentrer toute seule ? Quel gentleman, tiens.



Sa petite moue de dindon parvient à nouveau à m’arracher un rire franc. Et ce n’est pas tant sa bouche aplatie en ce moment qui en est responsable, mais plutôt ses yeux chargés d’une lueur étrange. Ils se veulent menaçants mais suscitent plus l’hilarité que la peur, à croire qu’elle ne possède aucun grain de méchanceté en elle.

Quelle comédienne ! Franchement, chapeau bas.



–– Je suis un Blue Devils, lui rappelé-je en français.



–– Je ne risque pas de l’oublier, renchérit-elle dans la même langue en haussant les sourcils, avant de virevolter, donnant ainsi dans le plus quiet des silences, l’ordre de nous mettre en route.



Surpris par sa maîtrise de la langue, je mets du temps à remonter en scelle. Je l’avais manqué celle-là. Pourtant, je suis censé tout savoir sur elle. Pour mieux pouvoir l’abattre.



–– Tu parles français ?



–– Oui, espagnol, chinois, russe, wolof, fang et lingala, m’apprend-elle comme si ce n’était de bien spécial.



–– D’où le décryptage rapide de mon nom, je comprends.



–– Ouais, et justement, juste pour savoir, lequel de tes parents est africain ? Je suppose que l’idée du prénom vient de lui ? Attend je devine, d’amuse-t-elle à mes dépens, c’est ta mère. Les femmes sont plus sensibles à ces détails-là, c’est forcément elle.



–– Aucun, réponds-je d’une voix blanche, pour masquer ma gêne.



Sauf que cette fille est pire qu’une loupe. En perpétuel charbonnage dans sa caboche, lorsqu’elle discute, elle met un point d’honneur à rechercher les incohérences. Je crois que c’est l’obstacle le plus difficile auquel je devrais me confronter pendant ma quête.



–– J’ai parlé de quelque chose qu’il ne fallait pas, excuse-moi.



Ses dents mis en évidence ne sont pas signe de bonheur, plutôt une preuve de ses remords. Ne voulant laisser à sa portée aucune de mes faiblesses, je m’empresse aussitôt de renchérir.



–– Pas du tout, j’ai été adopté par un couple de blanc alors, je ne sais pas grand-chose de mon histoire. Par contre mes parents ont certains de leurs investissements de ce côté du monde et ont appris à connaître les traditions de là-bas avec le temps. Je suppose que c’est de là que leur est venu l’idée du nom.



Tout est mensonge, sauf les placements financiers de mes parents. Mais je me souviens tellement bien de la réaction qu’avait eu Ann après lui avoir parlé de cet aspect de ma vie que, jamais plus je n’ai eu le courant d’en reparler à qui que ce soit. Voir la pitié dans les iris des autres, n’est pas plus salvateur que garder en soi ses maux. Cependant, il n’y en a pas beaucoup avec cette présence d’esprit nécessaire pour apaisée un esprit tourmenté alors, un bon nombre de blessés conservent leurs plaies, jusqu’à la mort.

Le silence nous accompagne sur quelques pas, avant d’être englouti par la voix velouté de Tilleul. Elle reprend en entier, le couplet sur lequel elle bloquait tout à l’heure. Et j’écoute perdu, partagé entre cette envie de l’embrasser en guise de félicitations pour tant de talent et celle de la gifler en qualité de représailles. Elle ne mérite de porter sur elles de telles aptitudes. Pas certain qu’elle les utilise à bon escient.

Ceci me ramène d’ailleurs à une interrogation qui est née de mes récentes observations. Pourquoi ne montre-t-elle pas plus ce côté artiste de sa personne ? De ce que j’ai pu voir, sur scène, sa sœur occupe plus d’espace. D’ailleurs avant samedi dernier, tous leurs fans et moi-même pensions que Tilleul n’était qu’une figurine dont on pouvait se passer.



–– Tu marches sur les pas des plus grands, la félicité-je dès qu’elle s’arrête. Tu devrais te montrer plus souvent.



–– Et si je n’en ai pas envie ?



–– Tu veux dire que tu laisses expressément la vedette à ta sœur ?



Elle se contente de hocher la tête.



–– Pourquoi ?



–– Parce que c’est son rêve à elle, se hâte de bafouer cette dernière, pas le mien. Mais nous sommes sœur et à une certaine époque, nous faisions tout, ensemble. Même si ça a un peu changé aujourd’hui, tant que ça reste drôle, on maintient le cap.



Si elle espérait calmer ma curiosité avec ça, elle peut considérer qu’elle vient d’échouer lamentablement. Au contraire, je suis encore plus curieux qu’avant. Il y a baleine sous moquette, ça oui. Et je compte bien la faire sortir. Pas aujourd’hui il en va de soi. Et encore moins en lui demandant directement. Il est clair que d’elle, je ne te tirerai rien… Pour le moment.

Voilà pourquoi je change de sujet du tout au tout. J’essaie de la faire rire avec des histoires montées de toutes pièces par mon imagination d’écrivain amateur. Elle rit à la lune, m’encourageant à affuter ma manœuvre, jusqu’à ce qu’il soit l’heure de prendre enfin congé, l’un de l’autre.



–– Je passe mes dimanches toute seule. Peut-être pourrait-il devenir notre jour. Iding, souffle-t-elle avec une flamme de désir dans l'œil.


Ou notre nuit, ne peux-je m’empêcher d’opposer en silence, au moment où j’opine du chef avec un sourire reconnaissant.

  




J'accuse un retard c'est clair mais, le voilà enfin... Le nouveau chapitre est dispo. J'espère qu'il vous a plu. On découvre notre héros et sa colère.

Que reproche t'il aux sœurs d'après vous?

Dites moi ce que vous en pensez et ce que d'après vous il pense faire à Tilleul ?

Je vous dis à mercredi prochain, prenez soin de vous.

Love guys 😜❤️

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