Jacob Kowalski fut le premier à voir le drôle de phénomène qui se déroulait dans la boutique. Alors que Porpentina faisait promettre à Catherine de ne pas s'éloigner et de bien se tenir le temps qu'ils finissent leur mission et que Queenie s'entretenait avec Newt d'un sujet qui semblait visiblement mettre ce dernier terriblement mal à l'aise à la façon dont il évitait délibérément le regard de cette dernière, Jacob s'avança en direction de la vitrine de la boutique. Il lui semblait voir un sac glisser le long du bras d'un mannequin. Alors qu'il se rapprochait, il réalisa que le sac ne glissait pas non, il était tiré. Par quelque chose d'invisible.

Il appela Newt qui accourut à ses côtés, une expression soulagée sur le visage et Jacob se demanda si c'était parce qu'il venait, peut-être, de retrouver l'une de ses créatures où s'il était simplement heureux d'échapper à la discussion qu'il avait avec Queenie.

Alors que le sac disparaissait derrière le mannequin, comme emporté par un être invisible, les cinq compères pénétrèrent dans le magasin. Quand ce fut au tour de Catherine de passer le pas de la porte, elle hésita, sachant pertinemment qu'ils étaient en train de commettre un délit. Elle remarqua que l'homme à la moustache hésita lui aussi, jetant un coup d'œil aux alentours, comme pour vérifier que personne ne les observait, avant de pénétrer dans le bâtiment. Elle fit de même et le suivit.

Discrètement, ils pénétrèrent tous dans un grand rayon décoré richement sur le thème de Noël et alors que Porpentina et l'homme au manteau bleu se cachaient tout devant, derrière deux petits sapins en plastique, elle s'arrêta derrière l'homme moustachu qui se cachait derrière une poutre en marbre. Dans le magasin, tout était silencieux, bien loin de l'agitation des fêtes que l'on trouvait en journée. De plus, tout était sombre ; le peu de lumière qui éclairait les étalages provenant de l'extérieur.

Catherine observa le magasin vide, se demandant bien ce que les sorciers étaient venus chercher ici. De là où elle était, elle n'entendait pas la discussion entre l'homme et Tina et se demanda bien de quoi ils pouvaient parler. Sa curiosité la démangeant fortement, elle eut presque envie de venir se glisser derrière eux pour en apprendre plus mais son attention fut alors attirée par un mouvement un peu plus loin. Aussi étonnant que cela lui parut, une sorte de singe blanc était en train de faire ses courses à Macy's.

Croyant rêver, elle se pinça l'avant-bras et grimaça quand elle sentit la douleur parcourir ses muscles. Ce qui ressemblait à un singe avec de longs poils blancs tenait un sac à main sur son bras et fouillait dans un tas de cadeaux.

Plissant des yeux pour essayer de mieux discerner la créature dans le noir, elle se cogna contre l'homme à la moustache.

— Impressionnant, hein ?, lui souffla celui-ci, aussi émerveillé qu'elle devant cette vision.

Catherine hocha la tête, n'osant pas perdre des yeux la créature.

— Au fait, je m'appelle Jacob, Jacob Kowalski. Et vous ?

Catherine lui donna son nom et il lui sourit amicalement avant de suivre Queenie, Tina et l'autre homme qui s'étaient levés et pourchassaient discrètement la créature qui passait d'une salle à l'autre à la recherche de quelque chose.

— Vous vous y habituerez assez vite, vous verrez, lui souffla Jacob alors qu'ils s'arrêtaient de nouveau.

Catherine fronça les sourcils avant de lui demander à voix basse :

— Vous n'êtes pas un sorcier ?

Jacob laissa échapper un petit rire avant de lui répondre que non, qu'il ne faisait pas partie de ce monde de fou. Catherine se mordit la lèvre, hésitante, avant d'oser lui demander.

— Ces bouts de bois, à quoi est-ce que ça sert ?

Jacob leva un sourcil interrogateur avant d'hocher la tête, comprenant de quoi elle parlait.

— Ce sont des baguettes magiques. Ils s'en servent pour faire leurs affaires de sorciers, répondit-il en faisant de grands gestes avec ses bras pour imiter ce qu'il avait vu Newt faire auparavant.

Catherine fronça les sourcils avant de laisser échapper un petit rire face au sourire navré de Jacob. Celui-ci rit à son tour discrètement avant de suivre Queenie qui leur fit signe de la suivre. Ils s'arrêtèrent à hauteur des deux autres sorciers et l'homme leur murmura alors de partir par la gauche.

— Et surtout, essayer de ne rien faire de prévisible.

Queenie, Jacob et Catherine échangèrent un regard surpris avant de reprendre leur chemin, s'approchant discrètement de ce qu'elle avait compris comme étant un Demiguise lorsqu'ils s'étaient approchés de l'homme à la valise. La créature blanche ne resta pas longtemps à leur portée et s'engouffra dans un escalier. L'homme et Tina montèrent en premier, puis Queenie et Jacob. Catherine suivit avec appréhension, ne sachant pas à quoi s'attendre.

Les trois compères atteignirent la salle du haut, qui ressemblait fort à une remise, au moment où le sorcier à la valise s'agenouillait près du Demiguise. Celui-ci se laissa approcher facilement et ne donna pas l'impression de se sentir menacé. Catherine en déduit que la créature devait appartenir au sorcier. Celle-ci paraissait d'ailleurs tout à fait calme et adorable.

Distraite par la créature, il fallut à Catherine quelques secondes pour réagir aux propos de Tina à ses côtés qui avait les yeux rivés au plafond, un masque de peur sur le visage. Catherine en fit de même et sentit un frisson lui parcourir tout le corps quand elle aperçut ce qui ressemblait à un corps de serpent remplissant l'espace au-dessus d'eux. La bouche grande ouverte de stupéfaction, ses yeux descendirent progressivement pour suivre le corps gigantesque en mouvement et se fut avec une certaine panique et un certain émerveillement qu'elle vit une tête d'oiseau géante sortir de l'obscurité et descendre vers eux.

La créature immense qui avait de grands yeux verts, une peau bleue et un bec s'approchait lentement du Demiguise qui se mit à la nourrir et Catherine sentit son cœur se serrer à la vue de cela. C'était adorable.

Le sorcier au manteau avait reculé et gardait les mains en l'air pour que la créature puisse le surveiller, ce qu'elle faisait. Catherine l'entendit vaguement se mettre à expliquer que la créature, ce qu'il appelait un Occamy, grossissait pour s'adapter à son environnement mais il aurait tout aussi bien pu lui parler chinois ; elle ne voyait pas comment cela était possible.

Tournant les propos de l'homme dans sa tête, son cerveau se vida complètement quand l'Occamy se mit à s'approcher de l'homme. Elle retint son souffle, fascinée et paniquée. Plus aucun bruit ne venait perturber l'échange entre les deux êtres.

Catherine, totalement conquise par le spectacle devant ses yeux, n'aperçut pas Queenie s'avancer et percuter maladroitement une boule de Noël qui traînait sur le sol. Celle-ci se mit à rouler rapidement le long du parquet, entraînée par l'impact de la chaussure et faisant retentir bruyamment la petite clochette qui était accrochée dessus, rompant de la même occasion le silence qui régnait dans la pièce.

L'Occamy poussa alors un cri et le Demiguise courut dans leur direction, affolé. Catherine se baissa et tendit les bras, permettant à la créature de se lover dans ses bras et de s'accrocher à son cou. Catherine se releva difficilement, perturbée par le poids du Demiguise et recula précipitamment lorsque le sorcier au manteau se prit violemment l'aile de l'Occamy.

Dans l'agitation que provoquait l'Occamy en se mettant à bouger rapidement autour de la pièce, des étagères commencèrent à s'effondrer tout autour du petit groupe. Par-dessus le brouhaha, Catherine entendu le sorcier au manteau, qui était maintenant accroché au flanc de l'Occamy leur dire relativement calmement.

— Nous avons besoin d'un insecte.

Elle échangea alors un regard perplexe avec Jacob et Queenie avant que l'autre sorcier ajoute, remontant maintenant le long de l'Occamy jusqu'à se trouver derrière sa tête.

— N'importe quel type d'insecte. Et une théière.

Catherine serra le Demiguise plus fort dans ses bras à la vision de l'homme assis sur une créature immense et volante. Il n'avait pas l'air effrayé et semblait même plutôt calme vu les circonstances. Elle se souvint alors qu'il avait aussi capturé la créature immense du parc et avait parut, là-encore, relativement à l'aise. Ses pensées se mirent alors à se bousculer dans sa tête à mesure qu'elle essayait d'imaginer quel genre de métier il pouvait bien faire pour se retrouver si calme face à un tel danger. Elle revint à la réalité quand l'homme leur cria :

— Trouvez une théière.

A ce moment-là, ce fut comme si Jacob, Tina, Queenie et Catherine sortaient de leur hébétement. Ils se mirent alors tous en mouvement, cherchant désespérément un insecte ou une théière.

Alors, tout s'enchaîna dans une grande confusion. Des étagères tombaient, des objets se fracassaient sur le sol et des cafards couraient entre leurs jambes. Alors que Catherine tentait, en vain, d'attraper à main nu un autre cafard tout en essayant de ne pas blesser le Demiguise toujours accroché à son cou, elle se retrouva plaquée contre une poutre en bois à côté de Jacob. Le corps de l'Occamy pressant contre leur bassin et les empêchant de bouger.

Dans l'instant qui suivit et après la confusion qui régnait, ce fut comme si tout avait été mis sur pause. Plus personne ne bougeait, même l'Occamy s'était arrêté.

Catherine posa d'abord le regard sur le Demiguise dans ses bras qui disparut aussitôt. Elle s'exclama de surprise avant de se rendre compte qu'elle sentait toujours son corps contre ses bras. Il s'était rendu invisible.

Elle échangea ensuite un regard paniqué avec Jacob qui se trouvait sur sa gauche. Elle remarqua alors que celui-ci avait la main tendue et qu'un cafard était coincé entre ses doigts. A peine eut-elle vu cela que son regard fut attiré par un léger mouvement à quelques centimètres de sa main. L'Occamy venait de cligner des yeux. Celui-ci avait le regard fixé sur l'insecte dans la main de Jacob et était totalement immobile comme s'il attendait que Jacob le lui donne. Jacob qui aperçut l'expression terrifiée de Catherine suivit son regard et se retint de lâcher une exclamation de surprise.

Catherine aperçut alors la tête du sorcier au manteau bleu dépasser de derrière la tête de l'Occamy et il dit le plus faiblement et le plus calmement possible à Jacob d'envoyer l'insecte dans la théière que tenait Tina, debout à plusieurs mètres de lui.

Catherine, sa respiration coincée dans sa gorge et les bras serrés autour du Demiguise, observa avec la plus grande ferveur Jacob lever la main lentement, faisant bouger l'Occamy qui suivait son geste avec intérêt, puis lancer le cafard en direction de Tina.

Les grands yeux verts de l'Occamy brillèrent dans la pénombre de la pièce et en moins de quelques secondes tout fut fini.

L'Occamy se précipita à la poursuite de l'insecte, desserrant, au passage, son emprise sur Jacob et Catherine. Le sorcier au manteau bleu sauta du cou de la créature pour se réceptionner sur le sol en bois et Tina accourut pour récupérer l'insecte dans sa théière. La créature qui s'était élevée dans les airs pour prendre de l'élan redescendit à toute allure vers la théière et sous les yeux ébahis de Catherine, rapetissa jusqu'à entrer en entier dans celle-ci. Le couvercle de la théière glissa par-dessus, obstruant l'ouverture et prenant au piège la créature.