6| Rencontre du troisième type
Prise de nausée, Catherine Fleming s'agrippa au tissu épais qu'elle avait sous la main. La sensation de coton sous ses doigts l'aida à oublier l'horrible sentiment de déchirement qui la tiraillait de l'intérieur. Elle prit deux grandes inspirations avant de se rendre compte qu'elle avait fermé les yeux sous le choc. Prudemment, elle les rouvrit. Elle fut alors prise d'un léger vertige à la vue de son environnement. Elle serra dans sa main le bras qu'on lui tendait, s'y agrippant comme si sa vie en dépendait et dut cligner des yeux à plusieurs reprises pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
A la place de l'ambiance feutrée du bar clandestin et des cris qui résonnaient quelques secondes auparavant, elle se trouvait maintenant dans une ruelle faiblement éclairée et entourée d'un silence pesant.
Une exclamation de surprise traversa ses lèvres quand elle comprit ce qu'il venait de se passer. Reprenant ses esprits, elle baissa immédiatement les yeux pour savoir ce qu'elle tenait dans ses mains et aperçut alors le même manteau bleu foncé qu'elle avait si souvent vu au cours de ces dernières heures. Horriblement embarrassée, elle relâcha précipitamment son emprise des avant-bras de l'homme avant de relever la tête pour s'excuser.
Cependant quand elle croisa le regard du sorcier, elle fut immédiatement fascinée. Cet homme devant elle l'avait fait se téléporter. C'était de loin la chose la plus incroyable qu'elle ait vécu de toute sa vie. Et elle le lui devait. Elle l'aurait probablement remercié si elle été en mesure de parler.
Newt Scamander, quant à lui, était fasciné pour une autre raison. A la vue de l'expression nauséeuse de la jeune femme et de la façon dont elle s'était agrippée aux manches de son manteau, il lui parut évident qu'il avait transplané avec une moldue et il ne put s'empêcher de se demander comment la femme en face de lui avait réussi l'exploit de pénétrer dans un bar pour sorciers.
Alors même que la jeune femme retira ses mains de ses avant-bras, visiblement embarrassée, Newt remarqua qu'elle ne s'éloigna pas de lui pour autant, permettant au parfum au chypre qu'elle portait de venir chatouiller ses narines. Son regard croisant alors le sien, il sentit sa curiosité grandir et alors qu'il allait lui poser la question qui le taraudait, Porpentina Goldstein l'interrompit.
Cette dernière était consternée et légèrement paniquée. Premièrement, il lui avait fallu bien trop de temps pour réagir à la menace. Une aurore comme elle n'aurait jamais dut rester éberluée devant l'intruse aussi longtemps. Pour Jacob et Queenie, cela passait, mais certainement pas pour elle. Et deuxièmement, qui était cette personne qui était apparue de nulle part ?
La baguette levée, elle la pointa sur l'étrangère.
— Qui êtes-vous ?
Lorsque les yeux de Catherine quittèrent le vert émeraude de l'homme pour atterrir sur le bout de bois que tenait la femme au carré brun, elle eut un moment de pause. La jeune femme la regardait d'un air menaçant et il fallut à Catherine plusieurs secondes pour faire le lien entre cette tige de bois et l'utilisation qui en avait été faite dans le bar.
À ce souvenir, elle recula précipitamment, et fit en sorte que le sorcier au manteau bleu se situe entre elle et la sorcière.
— Donc tout est vrai ! La sorcellerie existe !, laissa-t-elle échapper, observant tour à tour les quatre sorciers qui l'entouraient.
À l'exception de la jeune femme aux cheveux bruns, les trois autres sorciers semblaient relativement pacifiques. La jeune femme blonde la regardait de manière intriguée et l'homme à la moustache lui souriait amicalement comme s'il venait de rencontrer un ami d'enfance. Pourtant Catherine eut beau se creuser la tête, elle ne l'avait jamais vu de sa vie.
Catherine aperçut les deux jeunes femmes échanger un regard et elle se mit soudain à se méfier, s'attendant à ce que quelque chose lui tombe sur la tête.
— Il semblerait qu'elle ait aperçu Newt et Jacob dans le parc cette nuit.
Catherine observa avec de grands yeux la femme blonde qui venait de dire à voix haute quelque chose qu'elle n'aurait pas dut savoir. Elle était persuadée que personne ne l'avait vu. Celle-ci lui sourit chaleureusement avant de sourire aux deux hommes.
Ceux-ci échangèrent alors un regard complice avant de croiser le regard accusateur de la jeune femme brune, les blâmant visiblement pour toute cette situation. Le plus grand des deux hommes baissa la tête, comme s'il était embarrassé, mais un léger sourire resta plaqué sur ses lèvres et quand il jeta un regard curieux vers Catherine dans l'instant qui suivit, elle n'y vit aucun remords.
L'attention de Catherine fut alors attirée de nouveau vers la jeune femme blonde qui laissa échapper un petit bruit, son expression était devenue lugubre.
— Ainsi que l'obscurus.
— L'obscurus ?, demanda Catherine, inquiétée par les regards qu'échangèrent les sorciers autour d'elle.
Visiblement, cette chose semblait les effrayer.
— Il va falloir lui faire tout oublier.
À ces mots, Catherine se retourna vers la femme brune qui pointait toujours son arme dans sa direction. Lui faire tout oublier ? En était-elle capable ? Il était hors de question qu'on lui efface la mémoire, pas après qu'elle ait enfin appris la vérité.
— Je vous le déconseille, s'exclama Catherine avec force, surprenant les sorciers, et elle-même, par cet élan de confiance. J'ai pris des clichés de ce que j'ai vu cette nuit-là et je pense que même sans ma mémoire, je trouverais ce que j'y verrais très intéressant. Digne d'une première page de journal même. Il y a d'ailleurs un journaliste au New York Clarion très intéressé par le sujet de la sorcellerie, je pense qu'il devrait apprécier cette trouvaille.
Un lourd silence accueillit la déclaration de Catherine. Celle-ci bluffait, cependant elle espérait que les sorciers ne le découvriraient pas. Jamais elle n'irait publier les photos qu'elle avait prises. D'un, parce que personne ne la croirait, les photos étant probablement floues et sombres et de deux parce que même si elles ne l'étaient pas, elle se doutait qu'une telle révélation ne serait bonne pour aucun des deux camps. Accepter des personnes différentes de soi est toujours un défi pour l'être humain, qui sait combien de personnes souffriraient à cause d'elle.
La jeune femme brune sembla peser le pour et le contre, mais Catherine pouvait voir la colère briller dans son regard. Elle comprenait. Personne n'aimait être mit au pied du mur comme cela.
Les deux hommes, quant à eux, semblaient être très mal à l'aise. Catherine les apercevait du coin de l'œil s'échanger des regards inquiets comme s'ils ne savaient pas très bien s'ils devaient intervenir ou attendre que la situation se calme d'elle-même.
La tension était à son comble quand la jeune femme blonde se mit à rire. Tous les regards se tournèrent vers elle et celle-ci s'avança, fit un clin d'œil complice à Catherine, laissant cette dernière décontenancée, avant de commencer à pourparler avec la femme brune. Catherine entendit la femme prendre sa défense et demander à celle qu'elle appelait Tina de baisser sa baguette.
— Vous avez vraiment pris des photos ?
La voix de l'homme déconcentra Catherine et elle perdit le fil de la discussion des deux femmes dont elle avait maintenant appris les noms : Tina et Queenie. Des prénoms très banals pour des sorciers.
Catherine hocha la tête sans quitter des yeux la jeune femme brune qui tenait littéralement sa mémoire entre ses mains. Cependant, alors même qu'elle ne voulait rien louper de la discussion des deux femmes, elle ne put s'empêcher d'ajouter :
— Je ne compte pas vraiment les faire publier. C'est- Disons que j'aimerais garder ma mémoire intacte si possible.
Elle croisa le regard de l'homme à la valise et lui sourit. Il avait l'air différent de son amie, elle ne voulait pas qu'il croit qu'elle révélerait leur secret.
Celui-ci lui sourit en retour mais contrairement à ce que Catherine pensait, ce n'était pas par politesse. Au contraire, Newt Scamander était véritablement enchanté à l'idée de savoir que des photographies de lui et d'une de ses créatures pouvaient exister. Il ne lui était jamais venu à l'esprit d'essayer de s'en procurer mais maintenant que l'idée avait germée dans son cerveau, il ne pensait pas qu'elle repartirait de sitôt. Il était d'ailleurs tenté de demander à la jeune femme en face de lui de lui procurer un exemplaire des siennes, cependant il savait que Porpentina ne le laisserait pas faire. Il lui jeta un rapide coup d'œil avant de reporter son attention sur la femme qui le regardait avec une pointe d'appréhension dans les yeux. Newt baissa les yeux avant de lui sourire timidement, osant replonger son regard dans les yeux foncés de la femme.
Catherine sauta sur l'occasion. Elle se voyait mal poser cette question aux autres sorciers. De plus, celui-là semblait être le plus amical et le plus disposé à l'aider.
— Est-ce que vous pouvez vraiment faire cela, m'effacer la mémoire ?
La question sembla surprendre l'homme mais il hocha la tête, confirmant les peurs de Catherine. De la même façon, cependant, cela la rendit encore plus curieuse. Qui sait tout ce qu'il était possible de faire avec la magie ? Elle comprit aussi pourquoi personne ne semblait être au courant ou croire à la magie, à part certains rares individus. Les sorciers devaient faire le ménage derrière eux à chaque fois qu'une personne qui ne devait pas être au courant apprenait la vérité, comme ce qu'ils comptaient faire avec elle.
Alors que l'homme porta son attention sur la discussion des deux femmes, Catherine se surprit à l'observer. Il y avait quelque chose chez lui qui l'interpellait. Cette façon un peu particulière qu'il avait de baisser la tête assez souvent avant et après un contact visuel ou bien simplement d'observer quelqu'un en penchant la tête , comme s'il se préparait, à chaque instant, à devoir baisser les yeux pour éviter un autre contact visuel. Catherine en vint à penser qu'il devait tout simplement être mal à l'aise avec ce genre d'interactions sociales.
Le regard insistant de Catherine fit tourner la tête de l'homme dans sa direction et quand les regards des deux jeunes gens se recroisèrent, ils baissèrent les yeux, embarrassés. Catherine, à la pensée qu'il venait de la surprendre en train de le regarder de près, et Newt, qui n'était pas habitué à ce genre d'attention venant d'une femme.
— Je vous ai déjà vu quelque part.
Catherine tourna la tête vers le deuxième homme qui la regardait maintenant avec insistance, comme s'il essayait de retrouver d'où il l'avait déjà vu et elle l'en remercia du fond du cœur. Tout pour éviter de recroiser le regard de l'autre sorcier après ce moment incroyablement gênant.
Jacob Kowalski observa la jeune femme devant lui. Ces yeux foncés, ce teint pâle. Où avait-il put la croiser ?
— C'était vous ! Quand nous sommes entrés dans le bar, vous étiez derrière moi !
Newt écarquilla les yeux, c'était donc comme cela qu'elle avait pénétré dans le bar : grâce à eux. Il jeta un autre coup d'œil rapide à Tina et Queenie et fut rassuré de voir qu'aucune des deux n'avaient entendu les propos de Jacob. Il n'avait pas besoin qu'on leur reproche quelque chose de plus.
Il en profita pour se joindre à leur conversation. Queenie semblait être sur le point de réussir à convaincre Porpentina que Catherine n'était pas une menace et Newt se joint à elle. Ils n'avaient plus de temps à perdre. Le plus tôt ils récupéreraient ses deux dernières créatures, le plus tôt ils pourraient s'innocenter.
Porpentina accepta à contrecœur et Newt sortit de la ruelle, sa valise à la main. Queenie le suivit, en adressant un grand sourire à Jacob et à Catherine. Porpentina adressa quelques mots à Catherine avant de lui faire signe de la suivre. Quant à Jacob, il observa les deux femmes sortirent de la ruelle, interloqué. Que venait-il de se passer ? Quelques secondes auparavant, tout le monde était occupé à parler et maintenant, voilà qu'il se retrouvait tout seul dans cette ruelle. Les sorciers ne communiquaient-ils jamais entre eux ?
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