24| L'arrivée

Newt Scamander était rongé par l'inquiétude.

Un sentiment envahissant et déstabilisant que le sorcier n'avait pas l'habitude de ressentir.

Il n'avait jamais été aussi préoccupé et, au fur et à mesure qu'il prenait conscience de cet état de constante anxiété, il allait de plus en plus mal. Il ne comprenait pas comment il pouvait être aussi calme face à un danger imminent et pourtant aussi déstabilisé par un changement aussi infime de comportement. Cela le rendait fou.

Depuis des jours, il se baladait avec cette boule à l'estomac qui l'empêchait de se détendre, avec ses pensées qui ne cessaient jamais de tourbillonner, et avec ses genoux qui ne semblaient pas pouvoir rester en place quand il était assis. Toujours à taper du pied, Augustus et Thésée en perdaient patience et obligeaient parfois le magizoologiste à s'arrêter en appuyant fermement leur main sur sa jambe. Le pire étant que, parfois, Newt ne se rendait même pas compte de ses actions, trop perdu qu'il était à essayer de se rassurer ou bien à trouver une solution.

Il voulait aider. Ils ne voulaient pas de son aide. Et cela le mettait dans un état de stress insupportable.

Un peu plus loin devant lui, Catherine parlait avec Nina en descendant le long de la passerelle en métal. Elle semblait désormais plus détendue mais Newt n'arrivait pas à oublier l'état dans lequel elle s'était retrouvée après lui avoir tiré les cartes, il y avait de cela plusieurs jours. Déconnectée, soucieuse, tendue. Toujours à jeter un regard par-dessus son épaule, comme si elle redoutait le pire à chaque instant. Sursautant constamment puis prétendant que tout allait bien. Newt lui avait demandé maintes fois de lui parler mais elle avait toujours nié avoir un quelconque souci. Il s'était sentit inutile.

Et puis, il y avait Thésée.

Lui aussi prétendait que tout allait bien mais Newt n'était pas dupe. Son frère était un Auror passé expert dans l'art du mensonge mais pour Newt, qui avait grandi avec lui, ses petites manies le trahissaient. Et en ce moment-même, Thésée était nerveux. Newt pouvait le voir à la manière dont son frère vérifiait pour la troisième fois en une heure que ses boutons de manchette étaient bien accrochés à sa veste et surtout que ses cheveux étaient bien coiffés. Des petites actions banales mais qui en disait long sur son état. Car Thésée adorait tout contrôler. Il fallait toujours que tout se passe comme prévu mais, hélas pour lui, la mission qui lui avait été confiée par le Ministère de la Magie, avait bien trop de variables qui étaient hors de sa portée et Thésée ne connaissait que trop bien l'adage qui disait : tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal. Il ne le souhaitait pas. Il le redoutait. Et cela le rendait fou. L'Auror se rabattait donc sur la seule chose qu'il pouvait contrôler : son apparence.

Thésée inspecta donc de nouveau ses boutons de manchette avant de suivre un Augustus joyeux le long de la passerelle. Newt le suivit.

Quand ses pieds martelèrent le sol en béton gris et triste du quai, il inspira. Il était de nouveau à New York. Mais tout était différent de la dernière fois.

En quelques foulées, il rejoint Augustus, Nina et Thésée dans la file pour la douane et observa, avec un pli soucieux sur le front, Catherine se diriger vers celle des ressortissants américains.

Il porta la main à son nœud papillon, se souvenant des mains de la jeune femme nouant le tissu bleu foncé autour de son cou seulement quelques heures auparavant.

Il ne savait plus quoi penser. Plus quoi ressentir.

Hier encore, il était profondément inquiet pour elle. Mais maintenant, et même s'il n'oubliait rien, il sentait son anxiété à son égard le quitter. Et il ne savait pas si cela était une bonne chose. Était-il censé tourner la page, comme elle semblait le faire ? Après tout, depuis la nuit qu'ils avaient passé ensemble la veille, la moldue semblait se porter à merveille. Peut-être avait donc-il vraiment plus de soucis à se faire...

Pourtant, il n'arrivait pas à oublier l'expression déchirante d'anxiété qu'elle avait eu lorsqu'elle était venue frapper à sa porte hier soir. Newt avait alors su que quelque chose clochait. Et quand, quelques heures plus tard, allongés l'un à côté de l'autre, il l'avait, de nouveau, interrogé à ce propos, elle avait alors prétendu avoir ressenti cela à cause de ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Newt n'en croyait pas un mot.

Quelque chose n'allait pas dans son comportement.

Il avait beau ne pas connaître Catherine depuis longtemps, il savait tout de même qu'elle n'était pas du genre à agir irrationnellement. Surtout pour ce genre de choses. Pourtant, hier soir, c'était exactement de cette manière qu'il avait eu l'impression qu'elle avait réagi. Plus particulièrement quand elle s'était emparée de ses lèvres avec une passion dévorante, le poussant sur le lit avec une force qu'il n'aurait pas pensé possible. À cet instant, il l'avait arrêté mais le regard suppliant qu'elle lui avait lancé l'avait amadoué et ses paroles l'avaient fait tout oublier. Il ne l'avait plus repoussé. Il avait même attisé la chose. Il s'était dit que, peut-être, cela apaiserait la jeune femme. Et à la voir aussi détendue désormais, il aurait pu penser que c'était le cas. Toutefois, il était tiraillé par le calme et la joie qui semblait émaner d'elle depuis ce moment-là. Il aurait dit qu'un poids semblait s'être détaché de ses épaules. Et pour lui, un tel soulagement ne pouvait pas avoir simplement affaire avec leur nuit passée ensemble.

— Arrête-ça !, le réprimanda Thésée à voix basse tandis que Newt se hissait sur la pointe des pieds pour s'assurer que Catherine allait toujours bien. Les douaniers vont penser que tu as quelque chose à cacher.

Newt acquiesça tandis qu'il se détournait de l'autre file. Elle allait mieux. Il irait mieux.

Il se passa une main sur le visage et serra les lèvres, vidant son esprit puis accepta la distraction plus que bienvenue qu'Augustus lui offrit quand il se mit à parler avec nostalgie de son premier voyage aux Etats-Unis en 1902. Derrière eux, Thésée et Nina discutaient tranquillement et Newt tâchait de deviner si le regard émerveillé de la jeune fille était pour la ville nouvelle qui l'entourait ou bien tout simplement pour Thésée.

— Votre passeport.

Newt sursauta, s'avança puis tendit le petit livret qu'il tenait dans sa main à l'homme trapu posté derrière la petite table en bois. L'homme l'ouvrit rapidement, observa Newt, sa valise, puis demanda :

— Rien de comestible ou de vivant là-dedans ?

Newt croisa son regard et répondit avec assurance par la négative. Cette fois-ci, le loquet de sa valise ne s'ouvrit pas et l'homme le laissa passer sans demander à la fouiller. Newt sourit, récupéra son passeport et fila en direction de Catherine qui l'attendait à quelques mètres de-là.

Le sorcier la rejoint en quelques enjambées et elle lui adressa un sourire radiant. Le cœur ne Newt bondit dans sa poitrine et il le lui rendit. Elle semblait si sereine. Newt voulait croire que tout allait bien.

Il s'approcha d'elle et la moldue se lova contre son torse. Le sorcier passa sa main dans ses cheveux noirs, les souvenirs de la veille le rattrapant au galop.

Le rouge qui avait envahi les joues de la jeune femme à mesure qu'ils s'embrassaient, son regard fiévreux quand il avait commencé à déboutonner son chemisier, sa respiration saccadée alors qu'ils devenaient plus intimes.

Newt la serra plus fort dans ses bras. Il n'avait pas pensé qu'il ressentirait un tel bonheur aussi rapidement avec elle mais cela était le cas. De plus, de nouveaux sentiments naissaient en lui et il voulait les partager avec elle. Il voulait tout partager avec elle. Mais il voulait aussi attendre encore un peu, attendre le bon moment. Ce voyage ne représentait que la première partie de ses préparatifs.

Cependant, quand Catherine leva les yeux vers lui, une tendresse évidente dans le regard et que tout l'être de Newt se focalisa sur elle, il sentit les mots se former tout seul sur sa langue. Seule une tape forte dans son dos l'empêcha de les prononcer à voix haute.

— On bouge !, les informa Thésée.

L'Auror, Nina et Augustus commençaient déjà à s'éloigner et Newt entraîna Catherine derrière eux. Il aurait tout le temps pour le lui dire.

***

— Nous aurions probablement dû les prévenir ?

Catherine pencha la tête sur le côté, perplexe.

— Peut-être. Il est trop tard pour ça maintenant.

Elle lui sourit avant de frapper à la porte de l'appartement.

Newt jeta un regard nerveux dans le hall, au pied de l'escalier, pour s'assurer que la gardienne des lieux n'allait pas les surprendre. Il tenait fermement son livre dans ses mains, impatient de revoir les Goldstein, ainsi que, il l'espérait, Jacob.

Newt avait voulu rendre visite à son ami en premier, mais il n'avait eu aucune idée de l'endroit où le moldu pouvait bien se trouver et Catherine avait intelligemment proposé de demander directement aux sœurs Goldstein. C'était la raison qui les avaient amenés dans leur immeuble seulement quelques heures après leur arrivée, alors qu'Augustus et Nina travaillaient d'arrache-pied avant la réunion avec les Wellington le lendemain matin et que Thésée s'était éclipsé au MACUSA.

Le bruit d'une porte qui s'ouvrit fit se tendre le sorcier et quand il croisa le regard étonné de Tina Goldstein, il tenta un sourire. Elle écarquilla les yeux, sourit, remarqua Catherine, fronça les sourcils, pencha la tête, puis sourit de nouveau.

— Newt, Catherine. C'est- je- bienvenue !, finit-elle, déconcertée.

— Ne me dis pas que-

Queenie apparut derrière sa sœur dans un bruissement d'étoffe et le sourire qui illumina ses traits apaisa Newt.

— Vous êtes revenu, s'exclama-t-elle en passant devant sa sœur et en frappant plusieurs fois dans ses mains.

Elle prit Newt dans ses bras avant de se détacher. Une lueur malicieuse traversa son regard alors qu'elle remarquait Catherine, ainsi que leurs mains jointes. Elle prit la moldue dans ses bras puis se détachant, dit au sorcier :

— Je me doutais bien que tu ne l'as laisserais pas filer.

— N'en dit pas plus, la supplia Newt, en baissant les yeux, un sourire timide sur les lèvres.

Queenie eut un petit rire, lisant les pensées du sorcier mais ne put s'empêcher d'ajouter.

— La première qu'il t'a vu, il en a été tout émoustillé. C'était tout bonnement adorable !, confia la Legilimens à Catherine.

Catherine écarquilla les yeux, à la fois stupéfaite et légèrement inquiète ce qui surprit Newt. Mais la moldue cacha son appréhension rapidement et sourit timidement.

— Ne restez pas dehors, entrez !, intervint Tina qui semblait mal à l'aise.

À peine eurent-ils pénétrés dans l'appartement chaleureux des sœurs que Queenie lâcha une exclamation de surprise. Elle se retourna vers Newt qui prit aussitôt une expression paniquée. Queenie semblait sur le point de crier de joie et regarda Tina puis Catherine avec allégresse puis elle se mordit la lèvre inférieure et tâcha de prétendre que rien ne s'était passé. Ils ne se passèrent que quelques minutes avant que Newt et elle ne parte ensuite discuter ensemble un peu plus loin.

Catherine les observa converser avec curiosité. Newt semblait inquiet, Queenie, surexcitée. Un grand sourire sur les lèvres, elle portait constamment ses mains à son cœur.

— Queenie s'emporte facilement, ce n'est probablement rien, intervint Tina en jetant un coup d'œil aux deux sorciers dans le salon.

— Tu penses ? Elle a l'air tellement heureuse.

Tina haussa les épaules, une petite moue sur le visage avant de se mettre à faire du thé. Catherine s'assit alors à la table de la salle à manger et observa la magie de Tina. Elle n'avait encore jamais vu un autre sorcier utiliser la magie, autre que Newt, et cela la fascinait. Ils semblaient tous utiliser leurs baguettes différemment. Tina sentit son regard sur elle et les deux femmes échangèrent un sourire réservé. Elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de se connaître et Catherine était sûre qu'elles pourraient très bien s'entendre.

Les deux femmes commençaient d'ailleurs à parler de tout et de rien quand Queenie et Newt les rejoignirent. Queenie semblait toujours aussi joyeuse, quant à Newt, un certain soulagement se lisait sur son visage.

Il déposa alors son livre sur la table et les deux sœurs sourirent en même temps.

— Tu l'as terminé, c'est merveilleux !, s'exclama Tina en prenant avec délicatesse le petit livre bordeaux dans ses mains.

— Il faut fêter cela ! Jacob sera tellement heureux !

Newt releva aussitôt la tête à la mention de son ami et Queenie sourit.

— Il a retrouvé la mémoire. Comme Catherine. Et il a ouvert sa pâtisserie, grâce à toi.

Queenie posa sa main sur celle de Newt pour le remercier et le sorcier, à la nouvelle de la mémoire retrouvée de son ami, sourit de toutes ses dents.

— Tu ne leur as pas dit la meilleure nouvelle.

Tina eut un sourire joyeux et regarda sa sœur avec tendresse. Queenie se mordit la lèvre inférieure puis montra sa main gauche au couple. Un anneau doré entourait son annulaire.

— Nous nous sommes mariés !

Catherine eut un grand sourire et félicita avec enthousiaste la sorcière. Elle avait toujours trouvé les deux sorciers adorables ensemble. Elle était tellement heureuse. Newt, plus restreint, les félicita aussi, un sourire émerveillé sur le visage.

— Nous vous aurions invité mais cela s'est fait à la dernière minute, s'excusa la sorcière avant que Newt ne lui fasse comprendre qu'il ne lui en voulait pas. Il ne devrait d'ailleurs pas tarder à arriver. Il vient souvent me rendre visite en attendant que nous trouvions un endroit où vivre ensemble, confia-t-elle d'un air rêveur. Mais ce n'est pas la seule bonne nouvelle !

Queenie tapa dans le coude de sa sœur qui la regarda surprise. Puis, elle comprit.

— J'ai été réintégré en tant qu'Auror. (Elle eut un sourire soulagé et heureux.) Il semblerait que participer à la capture de Grindelwald ait aidé. Même si tout le mérite te revient, Newt.

Le sorcier ignora sa dernière phrase, préférant la féliciter, quand la porte de l'appartement s'ouvrit.

Le moldu à la moustache noire ouvrit la bouche, à court de mots avant de la refermer. Il jura alors qu'un sourire immense s'épanouissait sur ses lèvres. Puis, il se précipita pour serrer Newt contre lui.

Newt ne pouvait pas être plus heureux, entouré ainsi de tous ses amis. Catherine, elle aussi, semblait heureuse et il en oublia tous ses soucis.

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Hello, juste une petite précision pour ceux qui ne le sauraient pas, il ne reste que quatre chapitres à cette histoire avant la fin !

En tout cas, j'espère qu'elle vous a plu et vous plais toujours ! J'avoue ne pas être tout à fait contente de la tournure qu'elle a pris donc n'hésitez pas à partager votre ressenti (même s'il n'est pas positif !) que ce soit sur l'écriture,les dialogues, l'action, bref tout :)

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