21| Une langue bien pendue
Les deux frères s'enlacèrent sous le regard attendri de Catherine. Elle n'avait encore jamais vu Newt aussi heureux et détendu lors d'un contact physique aussi intrusif et elle sourit malgré elle devant ce spectacle. Quand Newt se sépara de son frère, il avait un large sourire sur les lèvres.
— Tu m'as manqué, lui souffla Thésée.
Il ébouriffa les cheveux de son frère en riant avant de passer une main sur sa veste pour retirer les plis qui s'y étaient formés. Newt ne répondit pas mais son sourire et l'expression embarrassée qu'il avait sur le visage suffisaient pour deviner qu'il ressentait la même chose.
Il fourra alors nerveusement ses mains dans ses poches, ne sachant soudainement pas quoi dire à son frère. Ils ne s'étaient pas vu depuis des années et il ne savait pas par où commencer. Il se rappela alors de la présence de Catherine à ses côtés et la présenta à son frère.
— Thésée, voici Catherine, ma-. (Newt ouvrit la bouche, puis la ferma aussitôt. Comment devait-il l'appeler ? Son amie ? Cela ne semblait pas correct. Ne sachant pas quoi dire, il prit la main de la moldue dans la sienne en lui souriant tendrement, espérant que son frère saurait comprendre ce qu'il ne disait pas.) Catherine, voici mon frère, Thésée.
Les yeux de Thésée volèrent de leurs mains jointes au visage de Catherine et il eut un sourire charmeur.
— Ravie de vous rencontrer.
Il prit sa main libre dans la sienne et y déposa un baiser, faisant sourire la jeune femme. Puis, il sourit à son frère et demanda :
— Newton, depuis combien de temps es-tu avec cette charmante demoiselle ?
Newt baissa la tête et Catherine se mordit la lèvre. Le rose gagnait leurs joues en repensant au baiser qu'ils avaient partagé il y avait de cela seulement une heure.
— C'est très récent.
Thésée sembla comprendre l'euphémisme de Newt à leurs expressions troublées et timides et il regarda son petit frère avec un sourire large empli de fierté.
Toutefois, il n'ajouta rien de plus et se mit plutôt à féliciter Newt pour son livre et Catherine, alors qu'elle les observait parler entre eux, ne put s'empêcher de les comparer.
Physiquement, il était assez difficile de dire qu'ils étaient frères. Tout d'abord, même s'ils faisaient tous les deux la même taille vertigineuse, Newt avait un corps de gymnaste : fin et élancé, alors que Thésée avait la carrure typique d'un soldat : imposant et musclé. Ensuite, alors que Newt avait des cheveux bruns-roux bouclés et des milliers de petites taches de son sur le visage, Thésée avait des cheveux bruns et lisses ainsi qu'une peau parfaitement unie. La seule chose qui pouvait vraiment prouver leur lien de parenté était leurs yeux d'un vert-émeraude profond.
Et même si Catherine était follement éprise de Newt, elle se devait d'admettre que Thésée était un homme indéniablement agréable à regarder.
Sur cette dernière pensée, elle se gratta la nuque, embarrassée, avant d'essayer de reprendre le fil de leur discussion. Cependant, elle fut distraite par la dizaine de sorciers qui se rassemblait à proximité des deux frères, essayant de trouver le courage de venir aborder Thésée. La moldue pouvait sentir les regards converger sur leur trio et elle se sentit soudainement mal à l'aise ; elle détestait attirer l'attention sur elle quand elle se trouvait dans une foule. Donc, quand Augustus vint se présenter à l'Auror, Catherine en profita pour glisser un mot à l'oreille de Newt et s'éclipser.
Elle se dirigea d'abord vers le fond de la salle avant de réaliser qu'elle se sentirait sûrement bien mieux dans le hall. Il y aurait moins de monde et elle apprécierait fortement la tranquillité qui y régnerait. Elle descendit donc l'escalier en marbre beige doucement, quittant la clameur de la salle de bal et quand elle se retrouva en bas des marches, se dirigea instinctivement vers les grandes portes à tambour dorées de l'hôtel.
Prendre l'air lui ferait du bien.
Le tapis rouge et moelleux qui était étalé sur le trottoir devant l'hôtel étouffa le bruit de ses talons et elle s'arrêta. Elle releva la tête, observant la lune et les étoiles qui brillaient au-dessus d'elle tout en prenant une grande inspiration. L'air qu'elle expira ensuite par la bouche forma une petite fumée blanche devant elle et elle serra ses bras contre sa poitrine. Elle avait l'impression que la température avait baissé de dix degrés depuis qu'elle était sortie avec Newt pour prendre l'air.
L'idée de retourner à l'intérieur, bien au chaud, lui traversa l'esprit mais le froid l'aidait à réfléchir. Déjà, elle sentait ses pensées se former plus clairement dans son esprit alors, plutôt que d'aller récupérer son manteau, elle se mit à marcher le long du trottoir pour se réchauffer.
À mesure que ses pas l'éloignaient de l'hôtel, elle ne pouvait s'empêcher de sentir l'inquiétude grandir en elle, obscurcissant petit à petit la joie qu'elle éprouvait depuis son baiser avec Newt. Des dizaines de questions jaillissaient de toute part de son cerveau formant une boule de plus en plus grande dans son estomac.
Est-ce que Newt et elle formait un couple ? Et si oui, qu'elle était la suite pour eux ? Est-ce que le fait qu'elle soit une moldue était un problème ? Comment est-ce qu'ils vivraient ? Majoritairement avec des sorciers ou avec des moldus ? Devaient-ils remplir des papiers pour rendre officiel ce type de relation ?
Elle fronça les sourcils et se massa les tempes avant d'essayer d'imaginer leur futur ensemble. Si Newt n'avait pas été un sorcier, alors Catherine n'aurait eu aucun mal à imaginer la suite : elle aurait suivi le même chemin que ses sœurs : une mariage quelques semaines voire mois après leur premier baiser puis des enfants.
Mais Newt était un sorcier et elle n'avait aucune idée des conventions sociales et des mœurs de son monde. Et avoir une telle incertitude planer au-dessus de son futur l'inquiétait au plus haut point.
Bien sûr, si elle devait se fier à son cœur, Catherine savait que Newt était l'homme de sa vie et elle ne tenait pas à le perdre, mais d'un autre côté, tellement de questions entouraient leur relation qu'elle ne savait plus où donner de la tête. Dont la plus importante était celle de sa famille. Catherine connaissait ses parents ; s'ils venaient à savoir qu'elle était en relation avec un homme, ils feraient absolument tout pour le rencontrer et à ce moment-là, que se passerait-il ? Devraient-ils mentir sur la vraie nature de Newt ou leur avouer qu'il était un sorcier ? Et s'ils leur disaient tout mais que ses parents n'acceptaient pas leur union... Et si c'était les parents de Newt qui ne l'acceptaient pas...
Catherine se mit à se ronger les ongles nerveusement, habitude qu'elle avait depuis longtemps perdue, avant de s'arrêter. Elle arrivait déjà au bout de la rue, devant un pub presque désert au pied d'un immeuble de plusieurs étages.
Le froid commençait à se faire ressentir plus fortement et elle frotta ses mains contre ses bras pour se réchauffer avant de secouer la tête. Elle se posait trop de questions. Leur relation commençait à peine.
Elle allait repartir quand un battement d'aile se fit entendre au-dessus d'elle et elle releva la tête, oubliant tout de ses préoccupations. Un soudain courant d'air froid fit valser ses cheveux autour de son visage avant que le bruit d'un objet lourd se posant sur le toit d'un l'immeuble se fasse entendre.
Catherine se figea sur place, pétrifiée, et observa les toits des immeubles qui l'entouraient. Elle ne vit absolument rien. Tout semblait être absorbé par les ténèbres de la nuit.
Elle ne bougea pas pendant plusieurs secondes, aux aguets. Quand finalement, le silence se remit à l'entourer, elle fit demi-tour et avança avec précipitation vers l'hôtel, se demandant sincèrement si elle venait d'imaginer ces bruits étranges.
Quand finalement, elle atteignit les portes de l'hôtel, elle était frigorifiée, et elle pénétra donc dans le hall avec précipitation, jetant un regard derrière elle, mais ne voyant rien de plus qu'auparavant.
Aussitôt qu'elle fut dans le hall, une agréable chaleur l'entoura et la jeune femme soupira, soulagée de pouvoir enfin se réchauffer mais aussi se sentant soudainement bien plus en sécurité qu'avant.
Elle fit quelques pas timides en jetant un dernier coup d'œil dans la rue qu'elle venait de quitter avant d'éternuer fortement, se cognant au passage contre une masse dure.
Elle recula précipitamment et tomba nez à nez avec Newt qui avait une expression inquiète sur le visage. Il se pencha aussitôt sur elle pour poser sa main sur son front. Un froncement de sourcils soucieux apparut sur son visage avant qu'il ne retire sa veste de smoking et ne la pose sur les épaules de Catherine.
— Tu n'aurais pas dû sortir sans ton manteau, tu risques de tomber malade, la réprimanda-t-il gentiment en frottant ses mains contre les manches de sa veste pour la réchauffer.
Catherine rougit, peu habituée à sentir les mains de Newt sur elle alors qu'un sourire flattée s'épanouissait sur ses lèvres devant les petites attentions du sorcier. Ce qui la touchait le plus était de voir qu'il semblait s'inquiéter autant pour elle que pour ses créatures. Après tout, elle l'avait déjà vu plusieurs fois s'inquiéter quand l'un de ses Occamy ou Veaudelune tombaient malades et elle retrouvait, sur son visage, la même expression soucieuse que pendant ces moments-là. Cela lui fit chaud au cœur. Cependant, elle savait aussi que si elle ne tentait pas de le rassurer maintenant, il ne la laisserait pas partir avant d'avoir fait toutes sortes de tests sur elle pour s'assurer qu'elle allait bien.
— Ne t'inquiètes pas pour moi, je suis plus résistante que j'en ai l'air.
Catherine lui sourit et Newt pencha la tête, peu convaincu. Elle se surprit alors à vouloir l'embrasser. Elle se moquait bien d'être entourée de dizaines de sorciers, elle aurait tout aussi bien pu être seule avec Newt dans cet hôtel londonien. Catherine l'aurait fait si elle n'avait pas eu la désagréable impression d'être observée. Un regard par-dessus l'épaule de Newt le lui confirma. Augustus, en haut des marches menant à la salle de bal, semblait attendre impatiemment Newt.
Catherine soupira et se reconcentra sur Newt qui était occupé à lui prendre son pouls. Le front plissé sous la concentration, il tenait fermement le poignet de Catherine dans sa main. Elle attendit qu'il finisse son petit test, se doutant fortement qu'il serait loin d'être concluant considérant la façon complètement erratique qu'avait son cœur de battre en la présence du sorcier. Avec un froncement de sourcils désorienté, Newt lâcha son poignet et Catherine, resserrant la veste autour de ses épaules, le prévint immédiatement qu'Augustus l'attendait.
Newt sembla ravaler son interrogation et tourna la tête dans la direction de l'éditeur. Puis, les yeux baissés sur le sol, il se retourna et déposa un baiser sur la joue de Catherine.
— Je vais faire vite, promis.
— C'est ta soirée, je peux attendre.
Il plongea son regard dans le sien, souriant timidement avant de s'éloigner d'elle. Catherine l'observa monter les marches de l'escalier en se mordillant la lèvre inférieure. Elle avait toujours trouvé le magizoologiste attirant mais le voir en simple chemise blanche, son nœud papillon défait et les cheveux légèrement ébouriffés, elle ne pouvait s'empêcher d'être en admiration devant lui. Il était terriblement beau.
Alors qu'elle se dirigeait vers un banc derrière elle, elle se demandait comment elle avait fait pour avoir une telle chance.
Elle s'assied sur le banc et Pickett en profita pour sortir de la poche de la veste du sorcier et jouer avec les fils de la robe de la moldue en émettant des petits cliquetis sonores. Catherine l'observa avec un sourire maternel en attendant qu'Augustus et Newt finissent de saluer les invités sur le départ. À sa plus grande surprise, Thésée vint la rejoindre quelques minutes après. Alors qu'il s'asseyait à côté d'elle, il lança un sourire charmeur à une jeune sorcière rousse aux grands yeux verts et celle-ci transplana, rougissant fortement.
— Vous avez passé une bonne soirée ?, demanda Catherine avec un sourire en coin.
— Très bonne. (Les yeux pétillants, il sourit de toutes ses dents avant de reprendre, un sourire triste remplaçant le précédent.) Cependant, j'aurais préféré ne pas arriver si tard.
Il passa une main dans ses cheveux, ruinant au passage sa coiffure avant de river ses yeux sur les cuisses de Catherine.
— Qu'est-ce que c'est ?, demanda-t-il en fronçant les sourcils.
— Oh lui, c'est Pickett, le Botruc de Newt.
Thésée rit de bon cœur avant de tendre la main vers la petite créature. Celle-ci prit peur et se réfugia dans la main de Catherine. La moldue l'a remis en sécurité dans la petite poche alors que Thésée disait :
— Il n'a absolument pas changé, c'est impressionnant. (Catherine tourna curieusement la tête vers Thésée.) Newton a toujours été passionné par toutes les créatures magiques qui existaient. Quand on était enfants, il passait d'ailleurs ses journées dans l'enclos des hippogriffes de notre mère. Je n'ai jamais vu quelqu'un gagner leur confiance aussi facilement.
Thésée rit, nostalgique, alors que Catherine fronçait les sourcils.
— Des hippogriffes ?
L'Auror hocha la tête en souriant pour confirmer mais face à la curiosité visible sur le visage de la jeune femme, le sorcier haussa les sourcils. Il ouvrit ensuite légèrement la bouche, surpris, avant d'esquisser un sourire amusé.
— Cela ne m'étonne même pas. Vous êtes une moldue, pas vrai ? (Catherine acquiesça et Thésée coula vers son frère, occupé à serrer des mains, un regard amusé.) Newton n'a jamais vraiment tenu compte des règles ou des conventions sociales.
Catherine eut soudainement un très mauvais pressentiment. Cela dut se voir sur son visage car Thésée reprit :
— C'est que, ce n'est pas très courant pour un sorcier et une moldue de- hum, enfin, vous voyez, de devenir proche.
Catherine marmonna un petit oui avant de baisser la tête. Voilà bien une information dont elle se serait passée. Elle n'osait même pas imaginer le nombre de problèmes qu'ils pourraient avoir. Thésée parut sentir son inquiétude.
— Ne vous inquiétez pas, nous sommes bien plus ouverts sur ce type de relation ici qu'aux Etats-Unis, par exemple. Ce sont de vrais cul-serrés, là-bas !
Il sourit faiblement dans une attente désespérée de faire oublier à Catherine la bêtise qu'il venait de dire mais celle-ci n'eut qu'un sourire poli et Thésée souffla.
— Vous êtes américaine, n'est-ce pas ? (Quand Catherine confirma, il baissa la tête.) Je n'étais pas sûr de la provenance de votre accent. J'enchaîne les idioties, excusez-moi.
— Ce n'est pas la peine de vous excuser.
Catherine lui adressa un sourire faible, s'en voulant de le voir ainsi embarrassé avant de se mettre à observer ses mains avec tristesse. Sa relation avec Newt était-elle vouée à finir avant même d'avoir commencée ?
Un silence pesant s'abattit sur eux jusqu'à ce que Thésée se racle la gorge.
— Pour ce que ça vaut, je suis content que Newton ait trouvé quelqu'un comme vous, Catherine. Vous savez, il a toujours été plus à l'aise avec ses créatures qu'avec d'autres êtres humains, mais je ne vous apprends rien. (Catherine eut un petit rire et Thésée sourit, soulagé d'avoir détendu l'atmosphère.) J'ai toujours eu peur qu'il- enfin vous voyez, finisse seul.
Une ombre passa sur le visage de Thésée et Catherine se demanda ce à quoi il pensait. L'Auror avait les yeux rivés sur son frère, une profonde tristesse se lisant sur son visage.
— J'ai vraiment cru qu'il n'arriverait jamais à oublier Leta.
Catherine se figea aussitôt. Thésée, les yeux toujours sur son frère, ne le remarqua pas et celle-ci ne put s'empêcher de regarder Newt à la dérobée.
Leta ?
Elle n'était pas particulièrement étonnée de n'avoir jamais entendu ce prénom auparavant : Newt était un homme très réservé ; mais elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer toutes sortes de raisons pour lesquelles il n'avait rien dit, dont la première était qu'il éprouvait toujours des sentiments pour elle. Elle baissa la tête, se réprimandant aussitôt de ressentir de la jalousie pour une femme qu'elle ne connaissait même pas. Newt semblait heureux avec elle, elle n'avait pas de soucis à se faire.
Thésée, sur sa droite, rit brusquement, semblant soulagé.
— Mais visiblement, je m'inquiétais pour rien.
Il lui sourit et Catherine en fit de même. Il fallait qu'elle arrête, elle aussi, de s'inquiéter pour si peu.
***
La jeune moldue, bien au chaud dans son épais manteau noir, attendait patiemment que Newt ne se sépare d'Augustus alors que les portes de l'hôtel se refermaient derrière eux.
L'éditeur, plusieurs litres d'alcool coulant dans les veines, était complètement saoul. Satisfait du succès de la soirée, il était prêt à faire le tour des bars encore ouvert pour célébrer leur réussite.
— Allons, Scamander, venez avec nous chez Trista. C'est le meilleur pub de tout Londres !
— Il se fait tard et j'ai déjà promis à Catherine de lui faire visiter la ville de nuit.
Augustus sourit de toutes ses dents, prêt à lui proposer de les accompagner quand Thésée, qui discutait avec deux femmes d'une trentaine d'années, vint prendre l'éditeur par les épaules pour l'emmener avec lui, lui promettant une folle soirée.
Newt remercia son frère d'un regard puis se retourna vers Catherine et soupira, soulagé de voir cette soirée riche en émotions toucher à sa fin.
Catherine prit aussitôt sa main dans la sienne et se mit à marcher, l'attirant derrière elle et cherchant à mettre le plus de distance entre eux et le petit groupe qui bavardait joyeusement devant l'hôtel.
Newt la suivit sans broncher même s'il était légèrement déconcerté face à son enthousiasme. Ils marchèrent ainsi en silence sur plusieurs mètres, la voix d'Augustus diminuant petit à petit. Catherine entendit Thésée faire une blague ainsi que les rires des femmes qui les accompagnaient. Elle ne put s'empêcher de sourire. L'un des deux frères était un charmeur invétéré.
Quant à l'autre, il était loin d'être le plus honnête.
— Je ne me souviens pas t'avoir demandé de me montrer Londres de nuit, dit-Catherine sur le ton de la plaisanterie, faisant apparaître un sourire gêné sur le visage du sorcier prit en flagrant délit.
— Je voulais profiter un peu plus de la soirée avec toi.
— M. Scamander, je ne vous savais pas aussi fourbe.
Newt rit.
— Fourbe ? J'aurais dit astucieux ou malin à la rigueur. (Le sorcier baissa la tête sans s'arrêter de parler.) Je ne pense pas qu'Augustus m'en tiendrait rigueur de toute manière. Il est très-
Newt se mit alors à débiter une foule d'informations sur son éditeur et Catherine s'arrêta.
Après avoir passé autant de temps avec lui, il lui devenait assez facile de se rendre compte des petites manies du sorcier et quand celui-ci se mettait à parler sans raison comme cela, cela ne voulait dire qu'une chose : il était nerveux.
Sentant son bras être tiré en arrière, Newt releva la tête et se retourna. Les yeux écarquillés, il arrêta son babillage et jeta un coup d'œil rapide dans la rue où ils se trouvaient, se demandant si quelque chose avait interpellé Catherine avant d'observer rapidement son frère, à quelques mètres derrière eux, qui semblait toujours en pleine discussion. Rien de suspect dans les parages et Newt pencha la tête avant de se rapprocher de la jeune femme.
— Que se passe-t-il ?
Catherine pouvait sentir l'incompréhension de Newt dans sa voix. Elle sourit. Elle voulait profiter de leur intimité provisoire. Elle se rapprocha donc de Newt et se mit sur la pointe des pieds. Le sorcier cligna des yeux plusieurs fois quand il comprit ce que Catherine allait faire et c'est avec un sourire amusé, qu'elle déposa un léger baiser sur les lèvres de Newt.
— Je voulais simplement faire ça.
Son sourire toujours figé sur les lèvres, elle trouva impossible de s'éloigner du sorcier et posa alors ses mains sur son torse, jouant distraitement avec l'écharpe jaune et grise que Newt portait toujours autour du cou. Le magizoologiste sembla rester confus pendant quelques secondes avant de prononcer le nom de la jeune femme avec une infinie tendresse. Catherine plongea alors fébrilement son regard dans le sien. Le sorcier lui sourit avant de se pencher, ses yeux naviguant sans arrêt de ceux noirs de la jeune femme à ses lèvres, cherchant son approbation pour continuer.
Elle s'agrippait maintenant désespérément à son écharpe, son cœur battant si fort dans sa poitrine qu'elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa cage thoracique. Quand les lèvres hésitantes du sorcier touchèrent les siennes, Catherine sut que ce baiser serait différent des deux premiers.
Elle pouvait sentir tous les sentiments qu'elle éprouvait pour lui et qu'elle avait si difficilement retenus au fil des semaines être libérés brutalement. Son corps sembla réagir de lui-même et elle fit glisser sa main le long de sa mâchoire, sentant son début de barbe naissante, avant de nouer ses bras autour de son cou, l'embrassant si passionnément en retour qu'elle sentit Newt se figer contre elle pendant un dixième de seconde, surpris face à une telle ardeur.
Mais Catherine ne s'arrêta pas. Elle avait voulu faire cela tant de fois. L'embrasser comme si rien d'autre ne comptait, comme si rien d'autre n'existait, comme si c'était leur dernier jour sur terre.
Et elle ne s'attendait pas à ce qu'il montre autant de passion quelle, alors quand les lèvres du sorcier se mirent à dévorer les siennes, ce fut comme si une onde de choc traversait tout son corps.
Elle sentit les bras de Newt se refermer autour de sa taille puis une de ses mains remonter le long de son dos pour venir se nicher au niveau de ses omoplates.
Les joues de Catherine étaient en feu, comme tout le reste de son corps, et elle passa la main dans les cheveux du sorcier, faisant glisser ses doigts entre ses boucles. À son geste, Newt l'embrassa avec plus d'ardeur et Catherine se retrouva bientôt à bout de souffle.
Avec réticence, elle se détacha légèrement de lui, un sourire s'épanouissant aussitôt sur ses lèvres ainsi qu'un manque affreux. Newt déposa son front sur le sien, les yeux toujours fermés et les joues rougies par le froid et leur baiser.
Alors qu'un bruit sourd résonnait du trottoir d'en face et que Catherine faisait retomber ses mains sur le manteau bleu familier du sorcier, Newt ouvrit les yeux. Il balaya le visage de la photographe du regard, la bouche légèrement entrouverte et parut sur le point de lui faire une déclaration quand le même battement d'aile que tout à l'heure se fit entendre sur sa droite. Catherine tourna brusquement la tête et fut soulagée de voir Newt faire de même. Elle n'avait donc pas imaginé le bruit la première fois.
Un craquement sonore de bois s'ensuivit, puis un autre. Elle était persuadée que quelque chose d'immense se trouvait tout près d'eux et s'approchait lentement. Quand un bout de toiture de l'immeuble, sur le trottoir d'en face, s'écroula sous leurs yeux, elle en eut le cœur net.
Newt se plaça aussitôt devant elle et Catherine entendit, de derrière lui, un rugissement mélodieux et faible s'élever dans l'air. Thésée se précipita vers eux, sa baguette projetant une forte lumière blanche et devant leurs yeux ébahis, une créature immense aux écailles vertes apparut.
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