19| Vie et habitat des animaux fantastiques

Un mois avait passé et Catherine s'habituait, lentement mais sûrement, à sa nouvelle vie en Angleterre.

La première chose qu'elle avait fait après son arrivée avait été de trouver un appartement. Sous les conseils avisés de Newt, elle avait trouvé un trois-pièces en périphérie de la capitale et à dix minutes de marche de chez le sorcier pour un prix dérisoire. L'appartement n'était pas fabuleux mais il était chaleureux et Catherine s'y sentait comme chez elle.

Ensuite, elle se mit à travailler sans relâche avec Newt pendant les deux semaines qui suivirent leur arrivée. Elle prit en photo tous les animaux présents dans la valise du sorcier et passa bien des nuits à les développer dans la chambre noire que Newt avait magiquement aménagée pour elle dans sa maison. Newt n'était pas en reste et il passa une majeure partie de ses après-midis à peaufiner ses textes. Il leur fallut un temps fou mais ils rendirent le manuscrit à temps à son éditeur des Livres Obscurus.

Les deux semaines qui suivirent, Newt fit visiter la ville et ses environs à l'américaine et leur relation devint plus intime. Non pas que ce soit suffisant pour que le britannique ne tente quelque chose, alors même qu'elle voyait bien qu'il ressentait la même chose qu'elle et qu'il voulait que leur relation passe à l'étape supérieure. Cependant, et contrairement à elle, il n'avait pas l'air particulièrement pressé de sauter le pas, au plus grand désespoir de Catherine.

Elle fut donc particulièrement surprise quand il l'invita à la soirée de lancement de son livre. Une soirée en compagnie d'une foule de sorciers dont certains invités faisaient partie des personnes les plus influentes de la communauté magique.

Catherine était intimidée à l'idée de se retrouver au milieu de personnes si différentes qu'elle mais elle accepta tout de même l'invitation du sorcier. Elle avait vu, au fil des jours suivant la délivrance de son manuscrit, à quel point il avait été heureux d'avoir enfin terminé son livre. À quel point pouvoir éduquer ses compagnons sorciers sur la cause animal comptait pour lui. Et surtout, à quel point il était impatient de voir tant d'années de dur labeur aboutir.

La moldue avait passé les jours qui suivirent son invitation à chercher avec frénésie une robe de soirée convenable. Elle ne connaissait rien à la mode sorcière et, dans un moment de panique, avait demandé des conseils à Newt. Elle se rendit cependant assez vite compte qu'il n'était pas le mieux placé pour lui répondre et retourna faire les magasins à la recherche de la robe parfaite.

Ce fut seulement deux jours avant la grande soirée que Catherine trouva ce qu'elle cherchait. Elle se trouvait dans une petite boutique près de Leicester Square et avait, sans grande conviction, fouillé dans les portants de robe. Son regard fut alors attiré vers une robe noire et dorée très simple mais dont le dos-nu lui donnait un charme fou. La robe, lui arrivant un peu au-dessus des genoux, était, on ne peut plus, convenable. Elle était aussi à la fois chic et décontractée et Catherine sut immédiatement qu'elle avait trouvé la bonne.

Et en se regardant dans le miroir, habillée et coiffée pour l'occasion, Catherine ne put s'empêcher d'espérer que cette soirée se terminerait différemment des autres. Elle se mentirait si elle disait qu'elle avait acheté cette robe sans penser à Newt. Elle espérait, au contraire, que la voir ainsi apprêtée le pousserait à tenter quelque chose. Catherine sourit avec espoir avant d'enfiler ses talons noirs. Quelques minutes après, Newt frappait à sa porte, pile à l'heure, comme à son habitude.

Catherine jeta un coup d'œil par la fenêtre de son salon en se dirigeant vers la porte, le parquet en bois grinçant sous ses pieds. Il faisait déjà nuit dehors et les étoiles se battaient en duel avec la lune pour éclairer le ciel. La jeune femme sourit en repensant à la soirée qu'elle avait passé en compagnie de Newt sur le pont du bateau les amenant à Londres. Cela avait été si romantique.

Sous l'influence de ce souvenir, elle ouvrit la porte de son appartement au sorcier avec un grand sourire. Celui-ci, caché derrière un bouquet de roses rouges immense, entra maladroitement dans son salon avant de le lui tendre.

— C'est pour te remercier. Pour les photos.

Catherine prit les fleurs dans ses bras, son large sourire toujours sur les lèvres.

— Merci mais tu n'aurais pas dû.

Newt sourit timidement, sa mèche de cheveux bruns-roux lui tombant sur le front et masquant son regard fuyant. Alors même qu'il était venu chez elle plusieurs fois depuis qu'elle avait emménagé, il semblait toujours se prendre d'intérêt pour un nouvel élément de son appartement pour masquer sa nervosité. Cette fois-ci, le parquet en chêne semblait accaparer toute son attention. Catherine en serait presque jalouse. Presque.

L'odeur de fleurs fraîchement coupées flottant dans l'air, la moldue sourit avant de venir déposer un baiser sur la joue du sorcier pour le remercier. Newt eut comme une sorte de spasme : il cligna des yeux plusieurs fois et ses lèvres se serrèrent en une ligne droite rigide avant de se soulever en un sourire timide.

Catherine retint son rire en se dirigeant vers sa cuisine pour mettre les fleurs dans un vase. Ce n'était pas la première fois qu'elle l'embrassait sur la joue et pourtant, il avait toujours la même réaction adorable.

La jeune femme déposa le vase en verre rempli de roses sur sa table à manger avant de se retourner vers Newt. Les yeux du jeune homme remontèrent brusquement sur son visage avant qu'il ne baisse la tête, cachant le rouge qui s'étendait sur ses joues.

Catherine sourit triomphalement. Elle savait que le dos-nu de sa robe ne le laisserait pas de marbre.

— On peut y aller.

Un petit sourire satisfait flottait sur ses lèvres alors qu'elle se dirigeait vers l'entrée pour récupérer son manteau et son sac. Newt passa devant elle et décrocha son manteau du porte-manteau avant d'aider Catherine à l'enfiler.

— Tu es un vrai gentleman.

Le sorcier baissa les yeux, n'aimant pas recevoir des compliments, mais en profita pour dire à voix haute ce qu'il pensait depuis plusieurs minutes déjà.

— Et toi, tu es magnifique dans cette robe. (Newt écarquilla alors les yeux, inquiet d'offenser Catherine et ajouta précipitamment.) Non pas que tu ne le sois pas d'ordinaire.

Les joues de l'américaine s'empourprèrent alors qu'elle nouait la ceinture de son trench-coat autour de sa taille et elle le remercia pour son compliment. Newt se massa la nuque nerveusement avant de tendre son coude vers Catherine pour qu'elle s'y accroche. Elle ne se fit pas attendre et Newt et elle transplanèrent en direction de la salle de bal réservée pour l'occasion.

Ils atterrirent directement dans le grand hall de l'hôtel, situé dans le centre-ville de Londres, et se mêlèrent à la dizaine d'invités déjà présent. Newt et Catherine observèrent leur environnement avec un certain émerveillement ; aucun des deux n'avait jamais mis les pieds dans un endroit aussi luxueux.

Le grand hall était magnifique. Les murs était d'un rouge bordeaux riche et de grandes plantes étaient nichées près d'immenses lampadaires en fer forgé. Au-dessus de leur tête, un lustre en cristal éclairait toute la salle ainsi qu'une grande bannière où était écrit en gros et gras : « Vie et habitat des animaux fantastiques. Soirée de lancement en compagnie de son auteur : Newt Scamander. »

La bannière était accrochée au-dessus d'un grand escalier qui menait à la salle de bal, où se déroulait la soirée, faisant qu'il était impossible de la louper. Newt baissa la tête, légèrement gêné. Son éditeur avait vu les choses en grand.

Pour se changer les idées, il récupéra le manteau de Catherine et partit le déposer, avec le sien, au vestiaire. Quand il rejoint l'américaine au bas des marches, une voix retentit derrière lui.

— Voilà la star de la soirée !

Augustus Worme, l'éditeur du sorcier vint se placer à côté de lui, un grand sourire sur le visage et une coupe de champagne déjà bien entamée à la main.

Newt lui sourit. Il appréciait cet homme qui était jovial et chaleureux mais il était souvent mal à l'aise en sa présence à cause de l'obsession que celui-ci avait de toujours le serrer dans ses bras. Ce soir-là, il ne s'en priva pas et Newt se crispa aussitôt quand les bras de l'homme d'une quarantaine d'années se resserrèrent autour de lui. Newt entendit Catherine rire devant sa raideur et il se détendit. Augustus recula avant de lui taper sur l'épaule, tout sourire. Ses cheveux noirs étaient parfaitement collés sur son crâne et sa longue moustache tombait sur les côtés, comme toujours, quand il demanda :

— Prêt à voir votre chef d'œuvre ?

Newt écarquilla légèrement les yeux avant d'accepter avec enthousiasme. Il avait rêvé de ce moment depuis des années. C'était enfin l'aboutissement d'années de travail. Il ne pouvait pas être plus heureux. Augustus surprit son enthousiasme et fit signe à lui et à Catherine de le suivre. Il les emmena dans une pièce près des vestiaires qui ressemblait beaucoup à une réserve et sur une table en bois placée au milieu se trouvait une vingtaine de copies de son livre. Newt en eut les larmes aux yeux.

— Un exemplaire pour chaque personnalité influente de la soirée, leur annonça l'éditeur avec un clin d'œil. Ces livres vont se vendre comme des petits pains, croyez-moi !

Newt écoutait à peine Augustus. À la place, il se rapprocha fébrilement de la table et prit en main un exemplaire de son livre. Ses yeux défilèrent sur la couverture bordeaux et sur le titre « Vie et habitat des animaux fantastiques » écrit en lettres dorées. C'était sobre mais Newt l'aimait de tout son cœur. Il aperçut alors son nom écrit sous le titre.

Newt Scamander.

Le sorcier fit glisser ses doigts sur les lettres dorées, une joie immense courant dans ses veines. Il sourit à Catherine qui se tenait silencieusement à ses côtés et il se rendit compte, alors qu'elle lui rendait son sourire, qu'il n'aurait voulu partager ce moment avec personne d'autre.

Avec enthousiasme, il ouvrit le petit livre qu'il avait dans les mains et se mit à le feuilleter. Il observa avec intérêt chaque page. Il n'avait pas les mots. Dire que voir ses textes et ses créatures en photo sur les pages d'un livre le rendait heureux était un euphémisme.

Il sourit face à une photographie de son Eruptif broutant dans l'herbe et ne put retenir un petit rire face à la photographie du Niffleur, une guirlande de Noël ressortant de sa poche ventrale. Catherine semblait, elle aussi, très amusée par l'image qu'ils avaient devant les yeux et tous deux se rappelèrent avec émotion du Noël qu'ils avaient passé ensemble, il y avait de cela à peine quelques semaines.

Les minutes défilèrent et Newt n'avait tourné qu'une dizaine de pages quand Augustus vint l'interrompre.

— Vous aurez le temps de le finir chez vous, un exemplaire devrait vous être livré demain. Il est temps d'aller vous mêler à vos invités.

Augustus récupéra le livre qu'il reposa sur la pile et poussa le sorcier et la moldue vers la porte. Newt était ivre de joie. Plus heureux qu'il ne l'avait été depuis longtemps. Tout semblait prendre une tournure fabuleuse dans sa vie.

Alors qu'il commençait à gravir les marches en marbre beige qui menait à la salle de bal, Catherine, à ses côtés, le fit s'arrêter.

Ses yeux noirs soutenaient difficilement le regard du sorcier et elle remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de dire à Newt ce qu'elle avait sur le cœur, un sourire sur les lèvres.

— Je suis contente pour toi, Newt. Tellement, si tu savais. Ce n'est pas rien ce que tu as accompli. (La jeune femme baissa les yeux et son sourire s'atténua.) Tu es, de loin, l'un des hommes les plus bons que je connaisse et j'espère que tu t'en rends compte. Peu de personnes t'arrivent à la cheville et aucune ne mériterait cela plus que toi. Tu vas probablement changer beaucoup de choses et influencer un nombre fou de personnes, c'est fabuleux.

Sa voix craqua et elle lui sourit faiblement, tâchant de dissimuler la peur qui lui rongeait l'estomac que Newt ne réalise qu'il pouvait trouver mieux qu'une simple photographe moldue. Quant à lui, les paroles sincères de la jeune femme lui allèrent droit au cœur et il hocha aussitôt la tête quand celle-ci s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras, son regard lui demandant la permission.

Catherine enroula alors ses bras autour du cou du sorcier avant de venir se coller à lui. Elle enfouit son visage dans son cou et tâcha de ne pas se laisser submerger par toutes les émotions qui naissaient en elle, aussi fortes qu'un geyser. Les mains de Newt se posèrent sur sa taille et elle fut parcourue de frissons. Elle aurait aimé rester dans cette étreinte pendant des heures. À la place, elle se détacha du sorcier.

Avec difficulté, Newt retira ses mains de la magnifique femme qu'il avait en face de lui et bientôt seule la faible odeur de jasmin de son parfum qui flottait autour de lui ne témoignait du moment qu'ils venaient de partager.

Catherine le regarda affectueusement avant de diriger son regard vers la salle de bal, à quelques mètres d'eux.

— Il est temps de se mêler aux autres, bredouilla-t-elle, nerveuse.

— Tout va bien se passer.

Newt lui sourit avant de prendre sa main dans la sienne. Il pouvait sentir un léger tremblement parcourir son bras à cause de toutes les émotions qu'il ressentait au souvenir de Catherine collée contre lui. Anxieusement, il baissa la tête et se mit à lisser sa veste de costume noire avant de s'assurer qu'il n'avait pas oublié de fermer un bouton de sa chemise blanche. Il jeta un rapide coup d'œil à son nœud papillon noir avant de finalement monter les dernières marches qui les séparaient de la salle de bal et se mêlant, par la même occasion, aux autres invités en costumes sobres et robes de soirées lumineuses qui faisaient l'ascension à leurs côtés.

Arrivé en haut des marches, l'opulente salle qui se présenta devant eux éblouit Newt. La salle, qui était grande, était entourée d'une dizaine de grandes baies vitrées de tous les côtés, entourées, elles aussi, par de grands rideaux bordeaux. Au-delà des baies, Newt pouvait apercevoir ce qui ressemblait à un jardin privé composé de haies et d'arbres en tout genre. Au sol, le même marbre beige se dévoilait à perte de vue. De plus, plusieurs lustres en cristal pendaient au plafond et illuminaient les quelques tables rondes recouvertes de nappes blanches hors de prix qui étaient disséminées autour de la salle afin de permettre aux invités de s'asseoir pour discuter et boire leurs coupes de champagne. Enfin, au fond de la pièce, le sorcier vit une grande estrade avec, accroché juste derrière, un immense poster montrant une photographie de Newt et de son livre. Le sorcier baissa la tête, embarrassé par une telle mise en scène, et se retourna vers sa partenaire.

Catherine avait, elle aussi, vu l'immense photographie et le taquina :

— Je me demande bien qui est ce charmant gentleman... Est-ce que tu penses qu'il serait possible que je le rencontre ?

Newt sourit. Il était tellement heureux qu'elle soit là avec lui. Il la remercia du regard puis s'avança dans la salle. À peine quelques secondes s'étaient écoulées que déjà plusieurs invités venaient le saluer. Il lâcha la main de Catherine, et par la même occasion sa chaleur réconfortante, pour serrer les mains qu'on lui tendait. Catherine lui sourit avant de s'éloigner, voulant le laisser profiter de cette soirée qui était organisée pour lui mais Newt se sentit soudain pris au piège, entouré d'une foule de personnes qu'il ne connaissait pas.

L'heure qui suivit passa atrocement lentement pour le sorcier. Il dut serrer plus de mains et parler à plus de personnes qu'il ne l'avait fait dans toute sa vie. Et même malgré les individus fascinants qu'il rencontra et les discussions fabuleuses qu'il eut avec des collègues magizoologiste qui étaient venu pour le féliciter, Newt était exténué. Il suivit donc Augustus avec une certaine appréhension, se demandant bien à quelle autre personne il allait avoir affaire.

Ce qui le réconfortait était d'apercevoir Catherine. Il avait fait de son mieux, au fil de de la soirée, pour garder un œil sur elle et ainsi s'assurer qu'elle passait un bon moment et à chaque fois qu'il la voyait s'entretenir avec d'autres sorciers, il sentait le soulagement grandir en lui. Il savait à quel point elle avait été anxieuse à l'idée de ne pas pouvoir être acceptée par ses pairs et Newt était infiniment heureux de constater que tout se passait à merveille.

Ce fut donc de manière machinale, alors que Newt marchait à côté d'Augustus, qu'il jeta un regard circulaire autour de la salle afin d'apercevoir la jeune femme. Ses yeux passèrent sur un groupe d'hommes travaillant au ministère et il l'aperçut, dans sa magnifique robe noire et dorée qui lui faisait ressentir des choses qu'il n'avait jamais éprouvé avant.

Ses yeux défilèrent de son dos à son visage. De profil, elle parlait avec énergie à deux hommes d'une quarantaine d'années. Elle semblait passer un très bon moment et Newt sourit devant son enthousiasme. Sa joie fut de courte durée. Alors que Catherine prenait une gorgée de sa boisson, l'homme sur sa gauche se pencha vers elle pour lui susurrer quelque chose à l'oreille, sa main s'aventurant au creux de ses reins. Newt s'arrêta aussi net, sentant son cœur battre plus fort dans sa poitrine à la vue de l'homme faisant courir ses doigts sur sa peau nue. Le sorcier fut aussitôt assailli par une tristesse sans égale et aussi par ce qu'il devinait comme étant une profonde jalousie.

La tête baissée, il tâcha de chasser cette image de son cerveau alors qu'Augustus retraçait ses pas pour venir lui demander ce qui n'allait pas. Newt, la mâchoire serrée, ne put s'empêcher de penser qu'il n'avait aucune chance avec elle. Elle était magnifique ; elle pouvait trouver bien mieux que lui. Pourquoi se contenterait-elle d'un simple magizoologiste quand elle pouvait être avec un éminent homme politique ?

Il ne put aussi s'empêcher de s'en vouloir d'avoir attendu aussi longtemps pour avouer à Catherine ses sentiments. Après tout, tout aurait pu être différent s'il avait eu le courage de le faire bien avant. Il aurait pu être à la place de cet homme. Il aurait pu être celui faisant glisser ses doigts le long de son dos. Celui pouvant la serrer contre lui et celui pouvant l'embrasser comme il avait, tant de fois, rêvé de le faire.

À la place, il releva la tête et sourit faiblement à Augustus. Avant de se remettre à marcher derrière son éditeur, il jeta involontairement un dernier regard en direction de Catherine.

La tension et la jalousie qui lui nouaient l'estomac disparurent aussitôt quand il la vit repousser l'homme en question, le visage assombrit par la colère. Newt ne souhaitait alors qu'une chose : aller la voir et la prendre dans ses bras. Il voulait lui montrer à quel point il tenait à elle, à quel point ses sentiments pour elle étaient forts mais Augustus vint le prendre par les épaules et aussitôt, Newt fut entouré par une dizaine de politiciens, dont le nouveau bras droit du ministre de la magie, remplaçant contesté de celle qui occupait auparavant ce poste.

Newt s'entretint avec le groupe pendant une dizaine de minutes et alors qu'il pensait qu'il allait pouvoir s'éclipser, Augustus l'entraîna sur l'estrade pour qu'il dise quelques mots. Sa gorge se serra à la vue du parterre impressionnant d'invités qui portèrent leurs attentions vers eux. Le sorcier passa un doigt dans son col pour desserrer un peu son nœud papillon et attendit que son éditeur ne le présente, jouant distraitement avec ses mains. Augustus, le livre à la main, parlait avec excitation et quand il se tourna vers Newt, criant son nom, le cœur du sorcier se mit à battre plus fort.

Alors que des applaudissements se faisaient entendre, Newt baissa aussitôt la tête et se dirigea maladroitement vers le micro qui trônait au milieu de la scène. Il avait préparé un discours, ou du moins, avait écrit rapidement quelques mots mais cela ne le rassurait pas pour autant ; il avait toujours détesté parler devant autant de personnes.

S'arrêtant devant le micro, il s'éclaircit la gorge avant de jeter un coup d'œil dans la salle. Devant toutes ces personnes présentes pour l'écouter, Newt se sentait comme pris au piège. Il se sentait même plus intimidé et en danger devant tous ces regards que devant n'importe quel dragon récalcitrant qu'il avait eu à entraîner pendant la guerre.

Quand il commença son court discours, sa voix lui parut faible.

— Je tiens à tous vous remercier de- d'être venu ici ce soir pour la sortie de notre livre. (Les yeux rivés sur le bois de l'estrade, il lança un regard en direction d'Augustus sur sa droite qui salua la foule avec un grand sourire. Newt se détendit légèrement.) Ce livre est le fruit de plusieurs années de recherches et j'espère que cela pourra servir à montrer à tous les sorciers que les créatures qui nous entourent ne sont pas aussi dangereuses que l'on voudrait bien le penser et méritent notre protection. (Il s'arrêta avant de relever la tête. Ses yeux tombèrent sur la personne qu'il cherchait, debout au deuxième rang.) Et je voudrais remercier Mlle Fleming, ici présente, pour bien avoir voulu égayer mes textes de ses magnifiques photographies. (La jeune femme, qui auparavant rayonnait de bonheur et le regardait avec fierté, rougit quand plusieurs des invités se tournèrent vers elle. Newt baissa la tête, prêt à quitter la scène.) Merci à tous.

Il serra la mâchoire et se força à regarder les invités une dernière fois avant de descendre de l'estrade. Augustus lui tapa dans le dos avant de venir ajouter des détails techniques sur le livre, dont le prix et où les invités pourraient se le procurer. Newt desserra complètement son nœud papillon, ne se souciant guère des convenances, et sursauta légèrement quand la voix familière de Catherine retentit derrière lui.

— J'ai l'impression que tu as bien besoin de prendre l'air.

Le sorcier se retourna, sentant déjà l'embarras de ce petit discours le quitter. Un sourire apparut sur son visage alors qu'il plongeait ses yeux verts dans ceux de la jeune femme. Celle-ci pencha la tête sur le côté et le regarda avec surprise avant de l'entraîner avec elle vers une des grandes baies vitrées sur leur droite et Newt se demanda ce qu'elle avait bien pu voir sur son visage pour la faire réagir ainsi.

La baie vitrée les emmena directement sur une petite terrasse en pierre et ils descendirent les marches qui se trouvaient sur leur gauche pour atteindre le petit jardin privé que Newt avait vu auparavant.

L'air frais de janvier soufflait autour d'eux et les feuilles des chênes bruissaient à chaque courant d'air. Ils marchèrent en silence le long d'un sentier recouvert de pavés avant de s'asseoir sur un banc en pierre au pied d'un grand saule pleureur.

Aucun des deux ne dit un mot pendant de longues minutes, profitant de la fraîcheur de la soirée et du calme qui régnait autour d'eux. Au-dessus de leur tête, la lune étincelait et projetait une faible clarté sur leur visage, bien loin de la forte lumière qui provenait de la salle de bal dans leur dos. Catherine fut la première à rompre le silence, sa voix à peine plus forte qu'un murmure.

— Merci pour ce que tu as dit. Tu n'étais pas obligé.

Newt lui sourit et il vit dans son regard qu'elle était bien plus touchée par son geste qu'elle ne le disait réellement. Elle baissa les yeux et Newt fut momentanément ébloui par ce qu'il voyait. La lune éclairait son visage d'une lueur argentée et pendant quelques secondes, elle semblait être entourée d'un magnifique halo blanc.

Le cœur de Newt se mit à battre plus fort et il sut qu'il ne trouverait pas de meilleur moment. Alors qu'il s'apprêtait à prendre la parole, il sentit des doigts effleurer sa main. Catherine, les sourcils froncés, touchait du bout des doigts la longue cicatrice en forme de lune qui s'étendait du pouce du sorcier à son index.

— C'est une morsure de Murlap, non ?

Newt hocha la tête avec un sourire. Il avait du mal à cacher sa fierté : elle avait tellement appris depuis qu'il l'avait rencontré.

Les yeux rivés sur ses doigts caressant sa peau, Newt sut, à la chaleur qui envahissait tout son corps, que ce qu'il ressentait pour elle n'était pas qu'un simple coup de cœur, non il était définitivement et infiniment épris d'elle.

Il retourna doucement sa main et pris celle de la jeune femme dans la sienne. Il fit glisser son pouce le long de ses doigts fins avant de porter sa main à sa bouche et de déposer un baiser sur ses phalanges.

— Catherine, je-, Newt laissa retomber leur main sur le banc et plongea son regard dans le sien. J'aurais probablement dû te le dire avant mais tu- tu comptes énormément pour moi. Je n'ai jamais été aussi heureux que depuis que je t'ai rencontré. Et- et je-

Newt fronça les sourcils, ne sachant même plus ce qu'il voulait dire. Catherine, dont la surprise se lisait sur son visage, se rapprocha du sorcier et posa une main sur sa joue.

— Tu comptes énormément pour moi aussi, Newt, chuchota-t-elle, les larmes aux yeux.

Newt sentit son cœur s'emballer. Plus rien ne comptait alors que la jeune femme en face de lui et son regard suppliant. Il avait toujours été plus doué pour lire les animaux que les êtres humains mais cette fois-ci, il n'avait aucune difficulté à comprendre ce qu'elle essayait de lui dire.

Sans même réfléchir, Newt se pencha en avant et déposa sa main sur la nuque de Catherine. Les cheveux de la jeune femme glissant sur ses doigts, il sépara toute distance entre leur visage. Ses lèvres rencontrèrent celles douces et chaudes de sa bien-aimée en un baiser tendre et lent qui provoqua un feu d'artifice dans le cœur du sorcier. Les lèvres de la jeune femme répondirent aux siennes et le britannique sentit tout son corps frissonner.

Il avait voulu cela depuis si longtemps. Il avait aussi tellement douté, inquiet qu'elle ne ressente pas la même chose que lui. Maintenant, tous ses doutes semblaient s'évaporer. Il l'embrassait et elle lui rendait son baiser.

La douceur de leur échange provoquait chez le sorcier un bien-être intense et alors qu'il se laissait aller à la chaleur qui l'enveloppait, un chirp aigu provenant de sa veste le fit reculer de celle qui avait jeté un sort sur son cœur. Encore sous le choc de ce qu'il venait de se passer, il baissa la tête vers Pickett qui s'exclamait avec de grands gestes depuis la poche extérieur de sa veste noire. La joie du Botruc fit rire Catherine et le son résonna jusque dans les oreilles du sorcier. Newt ramena son attention sur elle.

L'américaine avait les deux mains collées contre son cœur et semblait au bord de larmes. Newt cligna des yeux plusieurs fois avant de retirer sa main de sa nuque, terrifié à l'idée d'avoir mal interprété son expression et d'avoir fait une horrible erreur.

— Tout va bien ?

— Magnifiquement bien.

Elle lui sourit avant de s'essuyer les yeux et les lèvres de Newt se soulevèrent en un sourire soulagé avant de retomber. Il baissa les yeux sur la bouche pulpeuse de la jeune femme et se demanda s'il pouvait se permettre de l'embrasser de nouveau. Il en avait terriblement envie, comme si tout son univers allait s'écrouler s'il ne pouvait pas se laisser aller à cette simple action.

C'était un choc pour lui. Il ne pensait pas qu'une chose aussi élémentaire que cela le bouleverserait autant. Et le rende aussi heureux.

Il lança un regard interrogateur à Catherine et surprit la même question dans son regard. Soulagé, il se pencha de nouveau au moment où la voix grave et forte d'Augustus Worme retentit de la terrasse derrière eux.

— M. Scamander ? Où êtes-vous ?

Newt se retourna et aperçut la silhouette trapue de son éditeur. L'homme se retournait déjà en pestant contre les auteurs, ces êtres si inconstants.

— Il vaut mieux y retourner, la star de la soirée ne doit pas s'absenter trop longtemps. (Newt se retourna et Catherine lui sourit tendrement.) On a tout le temps devant nous après tout.

Elle se leva et Newt fit de même. Il prit sa main tremblante d'émotions dans la sienne et acquiesça. Ils avaient toute la vie devant eux.

Les deux jeunes gens échangèrent un regard amoureux puis se dirigèrent vers la salle de bal, leur cœur battant à l'unisson.

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