16.5| Deuxième round / A cœur ouvert

Ceci est un chapitre bonus, vous pouvez le lire maintenant, y revenir plus tard ou bien le passer sans perdre le fil de l'histoire.


Deuxième round

Quand Catherine retourna dans sa cabine après leur balade sur le pont, elle pouvait sentir son cœur battre la chamade. Newt était de loin l'homme le plus charmant qu'elle avait jamais rencontré et elle commençait à éprouver de forts sentiments pour lui. Elle ne savait pas s'il éprouvait la même chose pour elle mais elle espérait fortement que ce soit le cas. Elle s'endormit, ce soir-là, avec un sourire béat sur le visage.

Le lendemain matin passa à une vitesse folle. Catherine rayonnait littéralement de bonheur et elle était à peu près sûre que Newt aussi semblait être de bien meilleure humeur. Elle le surprenait souvent, quand elle s'affairait à nourrir des créatures, à lui jeter des regards en coin. Elle lui souriait toujours en retour et lui, au lieu de baisser la tête comme il le faisait ordinairement, lui souriait timidement en réponse.

Et quand c'était lui qui tournait le dos, alors c'était à son tour à elle de lui jeter des regards en coin. Elle adorait le voir interagir avec ses créatures quand il pensait qu'elle ne le regardait pas ; il se permettait plus de folies, il leur parlait, riait avec eux. Elle était même persuadée qu'elle l'avait entendu s'appeler « maman ». C'était adorable.

En fin de matinée et alors que Catherine portait Dougal dans ses bras, elle se dirigea vers Newt pour lui parler.

Il se tenait debout devant un grand enclos entouré de barricades en bois et semblait fasciné par l'Eruptif qui broutait devant lui.

En s'approchant du sorcier, Catherine le détailla.

Les manches de sa chemise blanche étaient retroussées sur ses avant-bras et le gilet marron qu'il portait par-dessus sa chemise était parfaitement taillé pour le mettre en valeur. De cette manière, Catherine pouvait voir à quel point il était fin. Il avait un corps de gymnaste et elle le trouvait absolument magnifique.

La moldue sourit idiotement à cette pensée et vint se placer près du sorcier. Newt lui sourit joyeusement avant de lui faire part de ses pensées. Des taquineries volèrent et les deux jeunes gens sourirent à en perdre toute sensation dans leurs lèvres.

La situation était étrange pour les deux créatures qui y assistaient. Dougal, dans les bras de Catherine, observait la scène avec intérêt. Quant à Pickett, il essayait vainement de comprendre pourquoi son humain se comportait de manière aussi mièvre.

Le Niffleur, quant à lui, attendait son heure près de la cabane en bois. Il aperçut les deux humains s'approcher. Le grand singe retourna dans son nid et les humains pénétrèrent dans la cabane. Il les suivit discrètement, essayant de ne pas faire tinter l'horreur à son cou. Le museau en l'air, il observa le sorcier. Il avait un sourire béat sur les lèvres et observait la moldue grimper hors de la valise.

La perte de vigilance du sorcier serait son ticket de sortie.

Sans attendre, le Niffleur s'élança à toute vitesse vers les marches qui menaient hors de la valise, les grimpa à vive allure, échappant de justesse aux mains du sorcier qui se refermèrent à quelques centimètres de ses pattes et sauta en dehors de la valise où il put sentir le doux air de la liberté.

Mais il avait sous-estimé la femelle du sorcier.

Celle-ci le récupéra de justesse alors qu'il atteignait la porte de la cabine et le porta contre sa poitrine.

Le Niffleur se débattit avec acharnement, faisant résonner fortement la petite clochette autour de son cou dans toute la cabine. Catherine contenait difficilement la petite créature, ses griffes étaient pointues et acérées et s'enfonçaient dans ses mains avec force.

Catherine fut alors distraite par Newt qui, en se précipitant hors de sa valise pour rattraper la créature, faillit tomber par terre. Il se rattrapa de justesse, une mèche de cheveux lui tombant devant les yeux, et Catherine pouffa, relâchant son emprise sur le Niffleur.

Celui-ci en profita et partit se réfugier dans la première ouverture qu'il trouva. Il couina de bonheur quand il tomba nez à nez avec un magnifique métal doré qui brillait de mille feux. Il s'agrippa au pendentif, ses petites griffes raclant contre une peau chaude et douce. Le métal résista quelques secondes avant de lâcher sous son poids. Il tomba de quelques centimètres à peine avant de se retrouver compressé entre de la peau et un tissu en coton. Il fourra le joli métal doré dans sa poche ventrale et s'allongea sur le tissu. Il pouvait sentir une main maintenir le tissu en place sous lui et il s'installa confortablement. Il était aussi bien que dans son terrier. Il se roula en boule de contentement.

Catherine, elle, était totalement paniquée. Avec ses deux mains plaquées sur sa chemise, elle retenait le Niffleur contre son sternum et l'empêchait de tomber plus bas. Elle avait pensé qu'il serait ressorti mais visiblement la petite bête s'était installée confortablement. De plus, sa peau commençait à la démanger atrocement et en baissant la tête, elle y aperçut une dizaine de griffures, ainsi que la disparition du pendentif en or qu'elle portait toujours autour du cou.

— Newt, gémit Catherine, paniquée.

Mais Newt était pétrifié. Il aurait voulu aller récupérer le petit Niffleur et lui faire la leçon mais il ne se voyait vraisemblablement pas aller le chercher directement dans les vêtements de la jeune femme. Il était aussi impressionné face à la ressource de la créature. Celle-ci avait attendu que Newt soit déconcentré pour s'échapper.

Catherine se rapprocha, appelant Newt à l'aide et le sorcier baissa la tête avant de fixer son attention sur l'épaule de la jeune femme. Il avait l'air totalement désemparé.

— Je-je devrais peut-être sortir ?

Il lui jeta un rapide coup d'œil, attendant sa réponse mais Catherine s'approcha jusqu'à se trouver à quelques centimètres de lui et lui chuchota :

— Tiens-toi prêt à le récupérer.

Elle retira une main de sous la masse que formait le Niffleur au-dessus de sa poitrine et déboutonna un bouton. Newt sentit ses oreilles s'empourprer mais ne détourna pas le regard. Le tissu s'écarta aussitôt, poussé par le poids du Niffleur et la petite créature apparut face à Newt. Celle-ci leva la tête, dérangée, et croisa le regard de Newt. Elle porta aussitôt ses pattes à son ventre avant de se remettre à quatre pattes et de sauter hors du chemisier.

Newt sembla se reprendre aussitôt et attrapa la créature au vol.

— Petite crapule. Je suis sûr que tu es content de toi.

Le sorcier récupéra le pendentif de la poche ventrale de la créature avant de renvoyer le Niffleur dans la valise.

Catherine observa la scène avec amusement avant de reboutonner son chemisier comme avant. Elle en profita pour jeter un coup d'œil aux nombreuses griffures que le Niffleur avait laissé sur sa peau.

— Je dois avoir quelque chose pour cela.

Catherine tressaillit et releva la tête brusquement pour trouver Newt en train d'examiner les griffures sur son sternum. Il lui sourit avant de lui tendre son pendentif. Une fois que Catherine le récupéra, rougissant fortement, il ouvrit la valise et redescendit à l'intérieur.

Catherine resta un instant les bras ballants avant de le suivre, fermant le couvercle de la valise derrière elle, au cas-où le Niffleur retenterait de s'échapper.

Quand Catherine atteint le sol de la cabane en bois, Newt était déjà, la tête baissée sur son établi, en train de mixer des ingrédients dans un bol en bois pour en faire un onguent. La jeune femme serra le pendentif dans sa main. Le métal froid contre sa peau l'apaisa. Newt lui jeta un regard en coin et plaisanta :

— Il faudra faire attention, je crois qu'il a compris que ton chemisier est le seul endroit où je n'irais pas le chercher.

— Tu penses qu'il pourrait recommencer ?

— J'en suis certain.

Newt eut un sourire amusé sur le visage mais Catherine serra son pendentif plus fort dans sa paume. Le fermoir était cassé, elle ne pourrait pas le remettre autour du cou avant de l'avoir fait réparer. Cela lui brisa le cœur, elle ne l'avait jamais retiré auparavant. Jamais en dix longues années.

Le regard triste, elle sortit de la cabane et partit s'asseoir sur une chaise près du nid en bois vert des Occamy. Dougal, derrière, dormait à poing fermé.

Tandis que Newt était toujours occupé, elle ouvrit le médaillon et eut un sourire triste à la vue des deux photographies qui y étaient gardées.

Elle glissa son pouce sur la photo de gauche.

Atsuo.

Son sourire malicieux sur les lèvres, il la regardait avec un air de voyou. Mais elle savait très bien que derrière cette façade, Atsuo avait toujours été le garçon le plus adorable du monde. Une larme glissa sur sa joue et elle l'essuya du revers de sa main.

Elle renifla et ferma le pendentif dans un bruit sec. Un Veaudelune qui la regardait de loin, se figea et Catherine lui sourit. La créature au long cou s'avança avec précaution près de la jeune femme et quand elle arriva à sa hauteur, elle se mit à renifler ses mains.

Catherine se prit d'affection pour la petite bête et se mit à lui caresser la tête. En entendant Newt descendre les marches de la cabane un peu plus loin, elle arrêta son geste et une seconde après, elle sentit le Veaudelune frotter sa tête contre sa main.

Catherine se retourna face à la petite créature. Avec ses yeux grands ouverts, cette expression joyeuse et cette façon de demander plus d'attention et de caresses, elle lui rappelait affreusement Caporal.

Catherine sentit la tristesse l'envahir de nouveau et alors qu'elle se battait pour ne pas se mettre à pleurer, le Veaudelune, sentant sa tristesse, déposa sa tête sur ses genoux et la regarda avec de grands yeux implorants, comme un chien.

Catherine éclata alors en sanglots.


A cœur ouvert

La jeune moldue se cacha aussitôt le visage entre les mains alors que son corps était traversé de sanglots déchirants.

Newt se précipita aussitôt à ses côtés, le visage décomposé par la surprise et l'inquiétude.

— Catherine, qu'est-ce qu'il se passe ?

La jeune femme ne sembla pas l'entendre et il s'agenouilla devant elle.

Il posa l'onguent à côté de lui et posa ses mains sur les genoux de la moldue pour lui faire prendre conscience de sa présence.

Un Veaudelune gigotait nerveusement sur sa droite.

— Catherine, parle-moi.

La jeune femme sembla se calmer au son de sa voix. Il l'entendit renifler et elle écarta ses mains de son visage pour s'essuyer le nez. Newt sortit aussitôt un mouchoir en tissu de la poche de son pantalon pour lui donner.

Elle le remercia d'un sourire faible avant de se moucher. Des larmes coulaient toujours sur ses joues mais elle ne semblait plus aussi dévastée qu'il y avait quelques minutes.

— Excuse-moi, répondit-elle après plusieurs secondes, la voix légèrement tremblante.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Est-ce que- est-ce que j'ai dit quelque chose que je n'aurais pas dû ?, demanda alors aussitôt Newt, rongé par l'inquiétude.

Il passa en revue ce qui s'était passé un peu avant et tout ce qu'il avait dit. Il ne lui semblait pas avoir dit quoi que ce soit de mal.

— Non, non Newt, se précipita-t-elle de répondre.

Elle baissa les yeux sur ses cuisses et observa le médaillon que Newt avait récupéré de la poche ventrale du Niffleur. Elle s'humecta les lèvres et se sécha les yeux du revers de la main avant de dire :

— Tu sais, je n'ai pas été tout à fait honnête avec toi, quand je t'ai parlé des hommes que j'ai connus. J'en ai omis un. Le plus important de tous.

Newt sentit son cœur se serrer. Voulait-il vraiment entendre cette histoire ?

Catherine continua, le regard fixé sur le médaillon doré.

— Quand j'étais plus jeune, je passais énormément de temps avec l'un de mes voisins du même âge que moi. Il s'appelait Atsuo. Jusqu'à nos 17 ans, nous sommes restés les meilleurs amis du monde. Même un peu plus sur la fin. (Elle renifla avant de continuer.) Pour être honnête, j'étais persuadée que nous finirions notre vie ensemble. On avait déjà commencé à parler de mariage et j'étais follement amoureuse de lui.

Catherine eut un sourire triste avant d'ouvrir le pendentif pour montrer le portrait d'Atsuo à Newt.

Le regard du sorcier fut automatiquement attiré par les deux photographies.

Sur le côté droit se trouvait un portrait de Catherine, probablement quand elle avait 16 ans. Avec une frange et un sourire malicieux. Sur le côté gauche du médaillon se trouvait le portrait d'un garçon aux traits asiatiques et aux cheveux bruns. Il avait un air sûr de lui et charmeur.

Newt voyait très clairement ce que la jeune femme avait pu lui trouver.

— Et quelques jours avant mes dix-sept ans, reprit-elle, alors que je revenais de l'école, mes parents m'ont assise à la table à manger de notre cuisine pour me parler. A leur air grave, j'ai tout de suite su que quelque chose n'allait pas. (Elle déglutit, les mains tremblantes et Newt les entoura des siennes.) Atsuo avait eu un accident. En promenant son chien. (Elle secoua la tête et sécha les larmes qui s'étaient remises à couler sur ses joues.) Une voiture arrivait un peu trop vite, le chien était un peu trop excité. Et il a voulu le sauver en se précipitant sur la route. Il est tombé dans le coma et est mort quelques jours après. Le chien est mort sur le coup.

Newt baissa les yeux. Il ne savait pas quoi dire. Il ne savait même pas s'il devait vraiment dire quelque chose.

— Le pire était que le conducteur de la voiture était son frère. Ce dernier n'a pas supporté ce qu'il avait fait et a mis fin à ses jours peu de temps après la mort d'Atsuo. Avec toutes ces pertes, j'étais dévastée. Au début, mes parents ont été compréhensifs mais après plusieurs mois, ma sœur, Trish qui était fiancée au frère d'Atsuo, a commencé à leur retourner le cerveau. (Elle grimaça, comme si y repenser lui faisait mal.) Je n'ai jamais compris comment mais Trish avait réussi à faire son deuil bien plus rapidement que moi. Quelques mois après leur mort, elle recommençait déjà à rencontrer de nouveaux prétendants. C'est à partir de là que je me suis éloignée d'elle. Je ne comprenais pas comment elle pouvait tourner la page aussi vite. Et puis, elle a convaincu mes parents qu'il était temps que je fasse de même. Ils sont passé de compréhensif à impatient. Selon leurs dires, il fallait que je me remette en selle, que je me marie. C'est pour ça que je suis partie. Je n'en avais pas envie. Je n'en pouvais plus de devoir aller à des rendez-vous avec des parfaits inconnus pour satisfaire leur besoin de me voir marier. (Elle s'arrêta et croisa enfin le regard de Newt. Il y lit une profonde tristesse et lassitude.) Cela va faire dix ans. Je- j'ai tourné la page depuis mais je ne leur ai pas pardonné.

Newt hocha la tête. Il comprenait.

— Et quand j'ai vu ce petit Veaudelune, continua-t-elle en caressant la tête de la créature. J'ai tout de suite repensé au chien d'Atsuo. Ils sont identiques à bien des égards et ça a été trop dur.

— Peut-être que l'on pourrait la nommer comme son chien ?, proposa Newt, pensant que cela aiderait peut-être Catherine à aller mieux.

La jeune femme eut un rire amusé ce qui surprit et réconforta Newt.

— Caporal ? Non, ça ne va pas.

Newt sourit.

— Effectivement, ça ne va pas.

Catherine observa le Veaudelune, caressant sa tête avec tendresse, avant de reporter son attention sur son habitat ainsi que la lune gigantesque qui brillait au-dessus.

— Qu'est-ce que tu dis de Luna ?, demanda-t-elle à la créature.

Le Veaudelune ferma les yeux et frotta sa tête contre la main de Catherine et elle sourit. Elle jeta tout de même un regard à Newt pour avoir son approbation et il acquiesça.

— Adjugé pour Luna alors.

Elle sourit tendrement avant de le regarder dans les yeux et de confier plus sérieusement.

— Tu sais, c'est grâce à lui que je suis ici avec toi. Atsuo m'avait toujours conseillé de faire tout pour m'épanouir. J'ai quitté mon travail en repensant à ses paroles. J'ai embarqué sur ce bateau en repensant à ses paroles. Et maintenant que je suis ici avec toi, entourée de toutes ces créatures, je ne regrette rien.

Newt la regarda, touché. En la voyant ainsi, fragile et forte à la fois. Il se rendit compte à quel point il tenait à elle, de manière amicale mais aussi tellement plus que ça.

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