- Chapitre 17 -


Samedi soir, 9 Octobre :

    Mon regard se posa sur Natsu qui m'observait déjà, installé à l'entrebâillement de la porte, les mains dans les poches.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Lui demandai-je.
- J'te signale que si tu voulais pas qu'on vienne te déranger, t'avais qu'à fermer la porte.
Je lâchai un soupir avant de ranger discrètement mon téléphone et de soigner ma coiffure. Natsu se posa à mes côtés, au bord de mon lit. Ses yeux examinèrent la pièce dans un troublant silence.
- Ça doit être du gâchis quand même. Finit-il finalement par lâcher.
- De quoi ?
- D'être mère ado'. Nan mais c'est vrai. T'imagines toi ? Tu mets à la trappe toute ta jeunesse. Qu'est-ce que tu comptes faire avec un gosse à seize ans franchement ?
Je restais interdite face à chacun de ses propos qui me poignardaient à tour de rôle. Ma vision se troubla légèrement alors que je tentais d'hydrater ma gorge. Je sentais que mes mains s'étaient imprégnées d'une dérangeante humidité.
   Son regard se tourna dans ma direction. Un sourcil arqué, il me considérait avec insistance, dérouté par mon soudain mutisme. Le rosé passa sa main devant mes yeux et l'agita avec frénésie. Son geste m'extirpa de mes pensées brouillées.
    Je me râclai la gorge et repris contenance, laissant un petit sourire cacher mon trouble.
- O-oh bah honnêtement, je me dis que si la fille a gardé le bébé, c'est qu'au fond, elle croyait pouvoir s'en sortir. Ok, c'est vraiment pas simple du tout mais après, chacun sa vie. Je ne vois pas en quoi ça nous concerne le temps qu'elle s'en occupe du mieux qu'elle peut.
- T'es sûre que ça va, Lucy ? T'as l'air pâle.
- Ça peut aller. C'est juste la chaleur... ça me fatigue un peu tout ça.
Natsu me dévisagea, sceptique, mais ne força pas plus.

    Enfoncée dans mes oreillers, je réfléchissais, oubliant la présence de Natsu. Quant à lui, il se contentait de me fixer de ses yeux verts. Il s'interrompait dans son intéressante observation de ma personne que pour embrasser ma chambre du regard. Mon instrument de musique attira subitement son attention et Natsu se tourna vers moi, un sourire au coin de ses lèvres.
- Tu joues du violon ?
- Natsu, le perspicace, le retour ?
Le concerné pouffa de rire avant de replonger son regard émeraude dans mes yeux. Un émeraude d'une beauté mystérieuse qui m'attirait plus que je n'osais l'admettre.
- Tu me montres ton niveau ?
Un rire sonore se faufila hors de moi, montrant à quel point je prenais sa proposition à la légère.
- Ja-mais. Au plus grand jamais ! Seule ma famille a le privilège de m'écouter faire un massacre auditif.
- Même tes meilleures potes ne t'ont jamais entendu ?
- Ah euh... si si. Juvia, une fois, voire deux... mais pas Erza. Ça fait quoi ? Un an que j'en fais régulièrement ? Nan, nan. C'est vraiment nul.
Le rosé haussa les épaules et se leva de mon lit, s'approcha dangereusement de mon précieux violon. Il l'attrapa, le contemplant longuement, et me rejoignit de nouveau.


  Natsu me le tendit, l'air nonchalant. Un air indifférent vite effacé par son petit sourire malicieux. Je considérai ce qu'il me tendait avant de poser mon regard sur lui.
- Nah. Repose le où tu l'as trouvé. Je n'en jouerai pas. Décrétai-je. C'est pas le moment et encore moins si c'est avec toi.
- Je ne suis donc pas à ton goût ?
Je levai les yeux au ciel dans un ricanement, replaçant une mèche derrière mon oreille. Je m'amusai à tripoter le bracelet que m'avait offerte Sting à nos douze ans.
- Je te l'ai dit. Que ma famille. Point final.
L'air boudeur, Natsu croisa les bras et dans un soufflement d'agacement, s'installa de nouveau sur mon lit. Il s'allongea dessus et, la tête à l'envers, il me détailla silencieusement.
- Ma mère en jouait. Elle adorait la mélodie du violon. M'avoua-t-il, l'air soudain songeur. Elle était douée. Vraiment douée...
J'observai Natsu, devenue immédiatement attentive à ce qu'il me racontait. Le timbre de sa voix s'était faite plus calme, plus basse. Je laissai un bref silence à sa confession et pris une inspiration, inquiète de l'hypothèse qui planait dans mon esprit.
- Elle est...
- Non, non. Ma mère est vivante. Ce que je voulais dire, c'est qu'elle jouait avant. Plus maintenant. Elle a arrêté.
Je m'autorisai un temps de latence pour me rasséréner. Toutefois, le sombre regard que Natsu gardait en fixant le vide me laissait perplexe.

    Une forte attraction à l'égard de ses cheveux en bataille naquit étrangement dans mon esprit. Leur couleur farfelue m'attirait. J'y passai doucement ma main dedans, provoquant un sursaut de la part de Natsu qui leva instantanément les yeux vers ma personne.
- La vache... ils sont doux. Soufflai-je, agréablement surprise.
- Head & Shoulders, princesse. Dit Nastu qui avait repris contenance.
Une grimace de dégoût crispa mon visage, ce qui amusa fortement le rosé.
   Ma main caressait avec tendresse sa soyeuse chevelure. Un rire m'échappa en remarquant Natsu se détendre totalement, laissant un sourire de satisfaction se dessiner sur son visage. Je laissai ma main s'y aventurer plusieurs minutes, ne me lassant pas de la plaisante sensation.
- Je parie qu'Erza doit me chercher...
Natsu laissa son regard entrer en contact avec le mien, qui examinait les moindres parcelles de son visage à ce moment là. Je m'étais concentrée dessus avec tant de sérieux et de fascination que j'en avais oublié la soirée.
    Son iris, d'un vert pourtant si sombre, pétillait d'une lueur qui m'envoûtait avec facilité. Plongée dans son regard, j'avais l'impression d'être transportée loin de tout, atterrissant dans le fin fond d'une forêt boisée. Les nuances onyx de vert me rappelaient celles des multiples et différentes feuilles qui composaient les arbres d'un futaie.
  Mon regard se baissa vers ses joues où, quand il souriait, des petites fossettes apparaissaient, comme pour prouver de son amusement ou de sa jovialité. Ces fossettes lui donnaient ce petit quelque chose enfantin que j'appréciais chez lui... Lorsqu'un sourire illuminait déjà son visage, ces petits creux qui se formaient sur ses joues rajoutaient davantage d'émerveillement à sa bonne humeur.
- T'as fini de me contempler ? Lâcha Natsu, amusé par la situation.
- T'as qu'à par être beau garçon. Rétorquai-je, toujours concentrée sur son faciès.
Son air décontenancé me scruta comme si je venais d'avouer être membre du Parti Nazi. Natsu tenta de masquer le résultat de sa gêne et détourna le regard.
- Ça t'amuse de prendre les gens au dépourvu ? Me demanda-t-il en déglutissant.
Je ris et dégageai ma main de ses cheveux. Il se redressa et me fit face, les joues portant encore la trace de son embarras.
- Mmh... oui ! C'est très drôle de te voir rougir, tu sais ?
- Ta gueule.
Je pouffai de nouveau et me levai de mon lit. Je soignai ma tenue et recoiffai brièvement ma chevelure.
- Bon, je vais en bas, et tu me suis. Je ne te laisserai pas seul dans ma chambre.
- Pourquoi ? Tu me fais pas confiance, Luce...? Me demanda-t-il sur un ton qui se voulut charmeur alors qu'il écourtait la distance entre nous
Je tirai une grimace et me décollai de lui en sautant hors de mon lit.
- Va faire ton pervers ailleurs que dans ma chambre ET loin de moi. Dis-je en attrapant la poignée de porte.
- T'as fait ça pour moi. Lâcha alors Natsu, me stoppant dans mon action par le sérieux de sa voix. Je me tournai et lui jetai un regard. Il restait à m'obsever, l'air imperturbable. T'as voulu faire cette soirée pour que je m'intègre. Je me trompe ?
Un silence s'installa progressivement. Tandis que mes yeux le détaillaient, l'embarras me montait. Il avait toujours su mes intentions et n'avait rien dit. De son sourire en coin, je compris que mes efforts pour l'intégrer dans la classe le touchaient.
   Natsu s'avança jusqu'à moi, son regard toujours posé sur moi, et il m'attrapa la main. Son pouce effleura tendrement le dos de cette dernière alors que j'observais avec attention ce contact qui me donnait la chair de poule.
   Le rosé cessa ses caresses et s'approcha de mon bureau d'où il prit un crayon. Natsu attrapa une feuille et griffonna dessus, sous mon regard perplexe.
- Qu'est-ce que tu fais encore ? Lui demandai-je.
Natsu déposa le crayon sur la papier et ouvrit la porte de la pièce. Il se retourna et me regarda une dernière fois, un sourire étirant sur ses lèvres.
- Merci. Vraiment. Passe une bonne soirée, Luce.
Il quitta ensuite ma chambre dont Natsu ferma la porte derrière lui, me laissant médusée. Je repassai en boucle la scène avant de toucher ma main. Celle qu'il avait doucement caressée le dos.

   Les gens de ma classe commençaient à rentrer chez eux. Je passais la maison de fond en comble, cherchant mes amies d'une part et vérifiant que personne ne s'amusait à faire des galipettes chez moi d'une autre – ce qui n'était heureusement pas le cas.
    Juvia avait disparu de la circulation, tout comme Lyon, et l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose m'inquiétait. Je me ressaisis et tentai de réfléchir de façon rationnelle. Elle doit sûrement être rentrée chez elle. Mais elle m'aurait prévenue... Oui mais peut-être qu'elle est avec Lyon. Elle est pas du genre à faire ça... Fais pas ta petite sainte-nitouche ! À disparaître telle Cendrillon à la soirée de Mira, hein ? Gnegnegne...
    Je me repris et fis taire mon subconscient. Pour autant, je n'avais toujours pas retrouvé Erza. Il me restait encore quelques pièces où je devais un coup d'œil.
 
    En montant les escaliers, un fou rire, provenant de la chambre de mon frère, attira subitement mon attention. Avec méfiance, je jetai un coup d'œil à l'intérieur et mes yeux se posèrent sur mon amie écarlate qui riait à gorge déployée. Je la dévisageai, un sourcil arqué, et Erza remarqua ma présence.
- Lucy ! Tu vas jamais me croire ! Me dit-elle, les yeux brillants.
- Mais qu'est-ce que t'as, toi ?
Elle s'approcha de moi et me montra son téléphone. Je lui lançai un regard, perdue, et Erza ravala un rire.
- Lucy ? M'interpella une voix masculine qui résonnait du téléphone que l'écarlate tenait en amin. Lucy ! Putain, OUI ! Lucy, je t'en supplie, aide moi !
- Sting ? Mais- Attends... qu'est-ce que t'as encore foutu ?
- J'TE JURE QUE C'EST PAS MOI !
Je levai les yeux au ciel tandis qu'un soupir m'échappa devant son idiotie.  J'attrapai le cellulaire qu'Erza me tendait et mis le son en haut-parleur.
- T'as quoi encore ? Soufflai-je, excédée.
- J'SUIS COINCÉ DANS LA PLACARD À BALAIS. Me répondit mon frère que je sentais atteindre l'affolement. AIDE MOI À SORTIR DE LÀ !
J'étouffai un rire à l'entente de son problème que je ne pus retenir davantage en croisant le regard de ma meilleure amie. J'éclatai d'un rire incontrôlable tandis que l'image de mon frère, qui tambourinait en larmes dans le placard, se dessinait dans mon esprit.
- Nan mais comment t'as fait pour rester bloqué toi ?! Demandai-je, entre deux fous rires.
- JE SAIS PAS. J'me suis réveillé ici ! Viens m'aider, soeurette, s'il te plaît !
- Tu t'es réveillé là-bas ? Mais what ?
- CHERCHE PAS À COMPRENDRE PUTAIN.
- MAIS C'EST PAS MA FAUTE SI LA SITUATION EST CHELOUE AUSSI.
- TA GUEULE ET VIENS M'AIDER.
- Ok bah, puisque c'est comme ça...
Avant qu'il ne réplique quoi que ce soit, je raccrochai au nez de mon frère. Un hurlement se fit entendre d'en bas et mon rire reprit de plus belle. Erza ne tenait plus sur ses jambes, les larmes roulant le long de des joues. Elle était littéralement pliée de rire devant tout ce cinéma, et l'alcool n'arrangeait rien.
- Tu... tu vas le laisser là-bas ? Me demanda l'écarlate après avoir repris son souffle.
- J'aimerais bien mais... mes parents vont pas tarder et je pense pas que ma mère sera ravie de le voir se plaindre des " tortures que je lui ai infligées ".
- Au fait, t'as fait comment pour avoir la maison ?
J'haussai les épaules, m'asseyant sur le bureau de mon frère, qui était presque bien organisé si l'on oubliait les verres et la crème d'eczéma qui s'y trouvait. J'attrapai une feuille dont une note était disposée au coin de la feuille, raturée de vert.
- Avant-hier, j'ai passé un coup de fil à ma tante.
- Tante Anna ?
D'un hochement de tête, je lui donnai raison. Je passai mes mains dans ma chevelure que je montai en queue de cheval haute, attachant ma prise d'un élastique. Je rejoignis par la suite mon amie sur le lit de Sting.
- Du coup, vu que ça faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vu, ça n'a pas été très difficile de lui proposer de manger chez elle ce soir. Puis j'ai dit que Sting avait un match de baseball demain et qu'il devait se reposer. Pour moi, ç'a été un peu plus compliqué mais le principal, c'est que j'ai réussi.
- Et puisque ta tante a la manie de trop parler...
- Elle allait donc les occuper très longtemps. La devançai-je.
- Malin comme plan ! Me félicita Erza, m'adressant un clin d'œil.
- Malin, mais pas difficile à comprendre. Si mon père n'a rien dit, c'est qu'au fond, il me faisait confiance. Alors, quand il va revenir, mon père va inspecter de fond en comble la maison.
- Donc, tu risques rien. Tu as été la plus responsable de tous et c'est une évidence logiquement logique. Bon, je pense que je vais te laisser. Il se fait tard et j'ai pas envie d'avoir des problèmes avec ma madre. Dit Erza en se levant. Tiens moi au courant pour ton stupide frère.
- Oh merde, mon frère ! M'exclamai-je, l'ayant presque oublié.
Mon amie écarlate ricana. Elle s'avança jusqu'à moi pour m'ébourriffer et, avant de quitter mon domicile, je remarquai le regard qu'elle me lançait. Un doux regard reconnaissant qui exprimait, d'après moi, une sorte de fierté.
  
   Je me laissai un temps de réflexion avant que je ne soupire, descendant au salon. En bas, des coups contre la porte sous l'escalier attira mon attention. Des coups lents, comme las de réitérer la même action.
  Je me plaçai devant la porte que j'ouvris enfin, laissant mes yeux assister à la scène qui se déroulait. Mon frère se trouvait à genoux, la tête en avant, prête à frapper une nouvelle fois une porte qui avait disparu. Sting se ramassa alors et j'étouffai tant bien que mal un rire.
- Aïe... Souffla-t-il avec un certain temps de latence.
- Bonjour à vous, Harry Potter ! C'est un véritable honneur de faire votre connaissance. Me moquai-je en faisant une maladroite révérence.
Mon frère, qui s'était relevé, me faisait face, l'air déterré et un peu éméché. Il me toisa avant de soupirer.
- Ta gueule, Dobby. Cracha Sting en poussant le passage.
- Un merci m'aurait aussi faite plaisir !
- TA GUEULE, DOBBY.
J'éclatai de rire alors que l'image de mon frère, désespéré, tournait en boucle dans ma tête.

  Après avoir tour rangé, j'accueillis mes parents qui rentraient, éreintés de leur soirée passée chez la grande sœur de ma mère. Ma mère m'avait rapidement embrassée avant de se jeter dans son lit, s'endormant aussitôt, tandis que mon père m'avait posée de simples petites questions.
  Dans ma chambre, je fermai la porte, m'ôtant promptement de mon haut pour me retrouver la poitrine dénudée. Je soufflai de soulagement et retirai ensuite mon bas, m'habillant d'un simple t-shirt oversize que m'avait offerte Juvia. 
   Je me tournai vers mon instrument de musique et l'observai un long instant avant de lorgner la papier sur mon bureau. Je m'y rendis en deux pas et l'attrapai de ma main. Je concédai à un petit sourire à la commissure de mes lèvres, plaquant le post-it sur le mur.
  Je m'affalai sur mon lit et tournai mon regard vers le papier jaune. Son numéro hein... J'émis un petit rire avant de me faufiler sous ma couette.

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Credit to @July_26_

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