Chapitre 16 - Cœur culpabilise

Une routine s'installa. La seule différence avec avant était que Mathieu n'arrêtait pas de me prendre dans ses bras quand on était seul. Il m'embrassait souvent aussi. Non pas que cela me dérangeait vraiment ; j'aimais les sensations de son corps contre le mien.

C'était différent de Daniel. Ma relation avec lui avait commencé comme ça aussi. Avec des câlins à profusion, mais après seulement quelques semaines, plus rien ne venait de lui. Et moi, étant moi, je n'avais pas ce réflexe d'aller le prendre dans mes bras. Les autres me prenaient dans leurs bras, pas l'inverse, ça avait toujours été ainsi. Bien sûr, je le réconfortai quand les choses allaient mal, mais j'avais déjà senti qu'il s'éloignait de moi. Son esprit était ailleurs presque tout le temps, j'avais eu du mal à tenir une conversation banale avec Daniel.

Je passais mes nuits dans le lit de Mathieu. Il ne se plaignait pas, mais parfois il se réveillait le matin pour aller dans la salle de bain. Je sentais le matelas bouger, mais je savais qu'il reviendrait étant donné qu'il travaillait l'après-midi cette semaine.

Puis aujourd'hui, j'étais encore dans mes rêves quand Mathieu partit. Je bâillai tout en regardant son dos. Il referma à peine la porte ce qui m'incita à me lever aussi. J'appréhendai ma découverte. Parce que je savais pourquoi il partait tous les matins comme ça.

La culpabilité se peignait sur mon visage. Un sentiment fort qui pouvait détruire beaucoup de choses à l'intérieur de soi.

Je peignai grossièrement mes cheveux avec les doigts et avançai vers la porte de la salle de bain. La main sur le poignet, j'entendis des halètements de plus en plus rapides. Je pinçai mes lèvres en fermant les yeux. Cela faisait bien des jours qu'il se soulageait seul.

Nous n'avions pas parlé de sexe durant ces derniers jours et c'était une erreur.

J'ouvris la porte alors qu'il avait fini. Son short au sol, il était nu devant le lavabo. C'était la première fois que je le voyais sans un seul vêtement qui le recouvrait. Il ne m'avait pas vue entrer, son regard étant porté sur ses mains qu'il lavait. Il coupa l'eau avec un soupir.

Toujours dans l'encadrement de la porte, je le vis sursauter quand il se retourna vers moi. Il jura tandis que je ris doucement.

« Qu'est-ce que tu fais là ? dit-il en remettant son short.

– Mathieu, commençai-je. Je n'ai jamais dit que je ne coucherai pas avec toi ou qu'on ne pouvait pas faire autre chose. Le sexe oral c'est dans mes cordes, tu sais.

– Mais tu ne ressens pas de désir sexuel, dit-il, étonné.

– Oui, mais j'éprouve du plaisir. Mon corps réagit comme un autre corps, mais je vois pas du tout l'intérêt de faire l'amour. Je veux dire même cette expression est bizarre. Je n'ai pas besoin de faire l'amour pour être amoureuse de toi. C'est toi en entier que j'aime. Tes qualités comme tes défauts. Ton corps comme ce qu'il se passe dans ta tête. »

Il fronça les sourcils fixant le sol. Je le laissai réfléchir en essayant moi-même de trouver un moyen de mieux lui expliquer mon point de vue. Soudain, il releva la tête avec un sourire étrange.

« Alors tu m'aimes ?

– Q-Quoi ? bafouillai-je d'un air embarrassé. C'est pas ce que j'ai dit !

– C'est toi en entier que j'aime, répéta-t-il en s'approchant dangereusement de moi. Ce sont tes mots.

– Je parlais d'une manière générale ! » m'écriai-je en reculant jusqu'à être collée au mur du couloir, le coeur battant plus vite.

Il éclata de rire, se moquant ouvertement de mon embarras. Je frappai sa poitrine de mon poing avant que je ne le laisse me prendre dans ses bras. Mon visage contre son cou, je me laissai bercer par son odeur.

« Ça voudrait dire que tu pourrais faire l'amour, mais vu que tu n'y vois pas l'intérêt tu ne feras pas le premier pas. Comme pour les câlins. »

Je me raidis à son affirmation. Il n'avait pas pris un ton accusateur, mais je me sentais tout de même coupable. Ce n'était pas moi qui faisais le premier pas, et je ne le ferais peut-être jamais. Ce n'était pas naturel pour moi.

« Hey, tout va bien, c'est pas grave, souffla-t-il en prenant en coupe mon visage. D'accord ?

– Je suis dé... »

Il m'embrassa avant que je ne m'excuse. Et je me détendis contre lui en laissant ses mots me soulager de ma peine.

Je me rends compte que je ne sais pas du tout comment cette histoire va finir... Normalement, j'ai toujours une scène de fin, mais là j'avance un peu à l'aveugle.

Est-ce qu'il y a des scènes que vous voudriez que je mette qui permettraient de mettre en avant les discriminations concernant les personnes asexuelles ?

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