Le lendemain, Mathieu était déjà parti au travail. J'avais senti le matelas bouger et puis un bisou se déposer sur mon front avant que la porte ne se ferme. Épuisée comme je l'étais, je réussis à me lever quand le réveil avait sonné. Apparemment, Mathieu l'avait activé pour moi. Touchée par son attention, je m'étais levée avec le sourire.

Au travail, Françoise fut tellement sympathique avec moi que je restais parfois bouche bée en essayant de la décrypter. Il lui arrivait de me parler comme avant, mais elle complétait ses ordres secs par des phrases plus douces. Durant la journée, elle appelait certaines personnes qui avaient envoyé leur candidature pour travailler dans la boutique.

Les demandes n'étaient pas nombreuses sachant les rumeurs sur ce magasin. L'attitude stricte, voire cassante, de la patronne s'était propagée assez rapidement à travers les autres boutiques de vêtements de luxe. J'avais moi-même au début hésité avant d'envoyer mon curriculum vitae. La réputation de Françoise n'étant pas des plus engageantes, peu de personnes osaient s'aventurer dans la boutique pour donner leur CV contrairement aux concurrents alentour.

Maintenant que l'attitude stricte de la vieille femme avait fait le tour du quartier, difficile de trouver quelqu'un d'intéressé. La plupart des candidats avaient apparemment déjà trouvé du travail autre part. Je restai muette à chaque fois qu'elle soupirait en raccrochant avec la déception sur le visage. Mais elle continuait. Tout au long de la journée.

À la fin, il y a bien eu trois personnes, deux filles et un garçon qui avaient accepté de venir pour un entretien avec Françoise.

« Comment va votre fille maintenant ? demandai-je tandis qu'elle fermait à clé la boutique.

– Très bien, merci à vous Nathalie. »

Je souris à la gentillesse dont elle me faisait part puis repartis dans l'appartement pour retrouver Mathieu. Le soleil encore dans le ciel éclairait bien mon chemin. Du monde était encore dehors alors qu'il était déjà dix-neuf heures passé.

« Je suis rentrée, criai-je en voyant les clés de mon colocataire dans le bol posé à l'entrée.

– Salut ! »

Mathieu me fit un grand sourire avant de me prendre dans ses bras. Lorsqu'il se détacha de moi pour que je me déchausse, je fus surprise de trouver ensuite, Sarah assise sur le canapé.

« Salut, me dit-elle en me faisant la bise.

– Salut, je ne savais pas que tu venais ici...

– Oh, c'est ma faute, avoua-t-elle. C'est moi qui suis venue à l'improviste. Bon, je vais vous laisser seule. Bonne soirée ! »

Je lui souhaitai une bonne soirée avant qu'elle ne prenne dans ses bras Mathieu. Celui-ci rendit son étreinte comme s'il ne s'était rien passé. Je restai muette quand elle partit, Mathieu la raccompagnant jusqu'à la porte d'entrée. Je partis prendre une douche. Rapide, je m'habillai en éclatant de rire soudainement. Il ne se rendait vraiment compte de rien cet idiot.

Soit il était vraiment amoureux de moi, soit... Je ne voyais pas d'autres solutions en vérité.

En sortant de ma chambre, je regardai Mathieu avec un sourire mystérieux.

« Quoi ? demanda-t-il.

– Sarah vient souvent à l'improviste ici ?

– Non, mais je ne pensais pas ça te dérangerait. Ça ne te dérange pas ? demanda-t-il, inquiet.

– C'est un peu trop tard pour me le demander non ? » dis-je en me détournant de lui.

Je l'entendis jurer tandis qu'à l'intérieur de ma tête, je souriais. Il ne voyait pas mon visage, mais voulait se rapprocher de moi. Je fis semblant de mettre en ordre quelques objets posés sur une étagère, puis me tournai quand il essayait de me regarder en face. Soudain, je n'en peux plus de ces tentatives d'excuses et éclatai de rire.

Il me regarda, surpris, avant que je ne lui dise que j'étais désolée. L'embêter était amusant. Vexé, le jeune homme s'ébouriffa les cheveux avant de sourire.

« Alors tu n'es pas fâché, demanda-t-il toujours avec une pointe d'inquiétude, en me prenant dans ses bras.

– Non, je ne le suis pas. C'est ton amie, mais elle est un peu collante non ?

– Pas vraiment...

– Pas vraiment, répétai-je en soupirant. Je suis allée te voir à la salle de sport hier et elle y était, depuis quand elle se muscle avec toi ? le questionnai-je tranquillement.

– Pourquoi tu n'es pas venue me voir ?

– Je ne voulais pas te déranger. Et réponds à ma question, exigeai-je.

– ça fait à peine quelques jours... Pourquoi ?

– Pour savoir. »

Alors elle avait commencé à tourner autour de Mathieu quand elle a su que je n'étais pas homosexuelle...

« Tu ne te rends vraiment pas compte, pas vrai ?

– Me rendre compte de quoi ? questionna-t-il.

– Que cette fille te veut ? m'écriai-je presque.

– Non, dit-il en secouant la tête.

– Euh si, dis-je en riant. Depuis qu'elle a su que je n'étais pas homo, elle s'est sentie en danger et a commencé à traîner plus autour de toi.

– Tu dois te tromper... souffla-t-il en fronçant les sourcils.

– Je ne pense pas non. »

Je souris et me détachai de son corps. Il me certifia qu'il lui dirait clairement qu'il n'était pas intéressé par elle. Mais je ne me fis pas de souci à ce sujet. Je savais que c'était elle qui était collante et pas lui. Il est vrai que les voir ensemble et surtout qu'elle le fasse sourire m'avait déplu, mais je savais qu'il n'avait pas de sentiment amoureux envers elle. Enfin je l'espérai...

Pour information, j'écris une nouvelle histoire pour le Camp NaNoWriMo. Je pense que je continuerai de poster ici et là quelques chapitres de cette histoire (et des quatre autres histoires en cours), mais vous savez maintenant que je suis bien occupée x)