Maya et Yutako galopaient depuis 2 heures déjà quand le soleil commença à décliner. Ils s'arrêtèrent donc pour passer la nuit.

— Finalement, nous dormirons encore une nuit sur la plaine. Soupira Maya d'un air lasse.
La chevauchée avait été éprouvante. La jeune fille montait à longueur de journée, mais la présence d'un deuxième cavalier avait perturbé sa monture et il avait fallu à Maya beaucoup plus de concentration que d'ordinaire.

Maya reporta son regard sur son amant.

Les yeux noisette de Yutako luisaient de faim. Le désir assombrissait ses traits.
Maya savait que les hommes étaient des animaux carnassiers. Cependant, elle tombait de fatigue. Elle tenta quelque chose qu'elle n'aurait jamais essayé avec les hommes de son clan.

— Pas ce soir. Je suis fatiguée.

Yutako baissa la tête, déçu, mais l'objecta pas. Une expression étonnée se peignit sur le visage de Maya. Mais elle l'effaça bien vite. Elle sourit. Maintenant qu'elle savait qu'elle pouvait dire non, elle ne s'en priverait pas.

Yutako observa un instant le changement d'expression de Maya.
Elle était vraiment particulière. Une seconde, elle était un oiseau libre comme l'air et l'autre un chien en cage.
Le jeune homme détourna les yeux. Il avait du travail.

Maya observait le paysage autour d'elle, fascinée. Elle n'était jamais allée bien loin dans la plaine. Son peuple ne migrait pas, contrairement à celui des Yankies. Le voyage était tout nouveau pour elle et lui faisait ressentir des émotions qu'elle n'avait jamais ressenties auparavant.

La plaine avait changé depuis leur départ. Maintenant, les arbrisseaux étaient un peu plus hauts et l'humidité était plus présente. Sur le sol, des fourmis gambadaient. Elle avaient une jolie couleur rosé qui présageait une piqûre douloureuse. Sur le tronc du plus grand arbuste, un écureuil escaladait, à la recherche de nourriture. Et enfin, sous terre, Maya percevait des présences animales inconnues.
Elle avait toujours eu l'ouïe fine et elle entendait le moindre bruissement. Prise de curiosité, Maya colla son oreille contre le sol. Des petits sons de pattes galopant dans des galeries lui parvenaient. La jeune fille repéra une crevasse de quelques centimètres non loin d'elle. Elle était assez grande pour qu'on puisse y passer la main. Maya n'hésita pas. Ses doigts se retrouvèrent au milieu des racines.
Elle les fit jouer dans le vide un instant, s'habituant aux sensations nouvelles de cette expérience.

Soudain, un minuscule animal poilu lui passa entre les doigts. Surprise, Maya referma la main et la remonta à la surface. Au creux de sa paume, se tenait une musaraigne. Cette dernière la mordit, et Maya relâcha la bête avec un léger cri de souffrance. Yutako l'entendit et se précipita près d'elle.

— Qu'il y a-t-il ?

— Une simple petite bête. Elle m'a mordue.

— Les musaraignes n'aiment pas être dérangées. La prochaine fois évite de l'attraper ou même de la toucher. Tu as eu de la chance que celle-ci ne fasse que te mordre. Elle aurait pu te griffer le visage ; et quelle perte ç'aurait été !

Maya lui jeta un regard rayonnant, se releva et l'embrassa en guise de remerciement. Puis elle demanda :

— Où dormirons-nous ?

— Pendant que tu faisais le papoose, j'ai installé un camp de fortune.

Il la mena jusqu'à une sorte de clairière. Elle était formée par des rochers. Un cercle naturel les attendait là. Il attendait vaillamment des visiteurs. Maya remarqua que le sol avait été garni de feuilles sèches et qu'un feu avait été allumé au centre du cercle.

— C'est incroyable... souffla Maya, Comment as-tu fais ça ? Je ne me suis retournée que quelques minutes.

— Ça a suffit. La coupa-t-il.
Je faisais souvent ça avec mon clan quand on s'arrêtait pour bivouaquer avant d'atteindre le campement.

Maya nota qu'il avait employé le passé et sans savoir pourquoi, cela lui serra le cœur.

Ils mangèrent des baies trouvées dans les buissons et des lézards grillés qui avait un goût assez relevé.

Puis ils s'installèrent l'un à côté de l'autre et s'endormirent, réchauffé par l'idée d'être ensemble.