Le fantôme du passé

Il allume la lumière et remarque une présence. Une silhouette féminine qui se dégage de l'ombre. Un instant, il bat des cils, entrouvre ses lèvres, cherche un mot, une phrase, quelque chose à dire, n'importe quoi. Et puis il referme la bouche pour ne pas avoir l'air idiot. Il ne sait pas quoi dire. La surprise le glace d'effroi.

Là, belle, fière, immuable, implacable, elle se tient devant lui, aussi belle qu'au premier jour de leur rencontre, mais avec un air triste, incroyablement triste. Valentin recule prudement, effrayé.

– Tu es morte... tu t'es noyée...

La jeune femme s'avance vers lui, de l'eau dégouline de sa main qu'elle tend vers lui.

– Tu en sais quelque chose, c'est à cause de toi que je me suis donné la mort.

Valentin recule plus rapidement, nerveux, il se cogne dans un meuble, et s'effondre au sol, continuant à reculer comme si le contact de cette femme allait le brûler.

– Vas t'en fantôme!

Elle avance vers lui, se penche comme si elle allait l'embrasser ou lui arracher la peau du visage avec les dents.

– Je ne suis pas là pour ça. La vengeance est inutile. Je t'ai regardé, et je n'ai rien vu d'aussi triste. Tu hante ce monde tel un fantôme. Es-tu encore humain? Ressens-tu encore quelque chose? Es-tu seulement encore capable de pleurer? Ou de rire?

Il secoue la tête frénétiquement, se refusant à la regarder dans les yeux, comme si cette vision du passé allait lui brûler la rétine.

– Tu es morte!

Le fantôme s'est éloigné dans un vif mouvement de sa victime, elle s'approche désormais de la fenêtre où l'on peut voir la neige tomber. Au loin, un couple s'unis pour s'embrasser sous le guis, tandis qu'un père de famille passe dans la rue les bras chargés de cadeaux.

– C'est la nuit de noël ce soir, Valentin. Mais je doute que ce mot ai un quelconque sens pour toi.

Il lève la main, le regard dans le vague.

– Qu'est-ce que tu peux en avoir à faire de ce qui a du sens pour moi ou pas? Tu es morte, et ce depuis longtemps. Si tu veux te venger, vas-y, maintenant, sinon laisse moi en paix.

Elle se retourne, son visage tremblant de colère.

– Te laisser en paix? Mais on t'a laissé en paix pendant tout ce temps, et regarde ce que tu as fait de ta vie!

Valentin hausse les épaules, mais ce geste ne fait qu'irrité un peu plus le fantôme. Ce dernier s'avance vers le jeune homme, écumant de rage. Son visage n'a plus rien d'angélique ou d'innocent, il n'est que rage et fureur.

– Tu as fait tant de mal Valentin, tant de choses mauvaises, et aujourd'hui tu as laissé un homme mourir sans même ressentir la moindre pitié pour lui. Tu l'as regardé crevé sans rien faire. Et le pire, c'est que tu t'en moquais. Tu aurais regardé un ballet que tu aurais ressenti la même chose, n'est-ce pas?

Le jeune homme la foudroie du regard, mais à l'instant où il croise son regard, il redevient un petit garçon terrifié. Le fantôme n'apprécie pas qu'on tente de se montrer en colère contre lui, encore moins si ça vient de Valentin. La silhouette devient plus floue, plus vague, plus transparente encore qu'elle l'était.

– Mais tu ne m'écoute pas, n'est-ce pas? Tu t'en moque bien de ce que je peux te dire. Alors je vais te le montrer. fit-elle.



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