Le fantôme du noël présent

– Tu croyais qu'on allait abandonner aussi vite, Valentin?

Le jeune homme sursaute, fait tomber la bouteille qui s'écrase au sol, et regarde le nouveau fantôme qui est apparu. C'est un homme dont il n'a aucun souvenir. Valentin se creuse la tête, à tenter de comprendre qui est cet homme sans même obtenir le moindre résultat, pourtant ce visage lui ai familier.

– Tu m'as déjà oublié? Je suis mort il y a une heure à peine, tu m'as regardé mourir et tu n'as rien fait. Mais je suppose que c'était trop demandé que d'implorer ta pitié.

Valentin ouvre la bouche mais aucun son n'en sort. Il pose sa main sur la déserte, un éclat de verre s'enfonce dans sa peau. C'est douloureux, bien sûr, mais c'est mieux que de ne rien ressentir du tout. Il préfère souffrir et savoir qu'il ne rêve pas. Sinon, il va devenir fou.

– Allons, n'ai pas peur, je ne veux pas me venger.

A l'instant où le fantôme fait un pas vers lui, Valentin effrayé, se retourne et cherche à sortir d'ici au plus vite, se mettant à courir, il ne voit pas le fantôme se matérialisé devant lui, le traverse et sent ce froid intense qui le gèle jusqu'à la moelle, et tombe.

– Je ne vais pas abandonner, Valentin. Tu me suivras que tu le veuilles ou non.

Le nécromant hoquette de terreur, mais parvint à formuler cette question:

– Que me veux-tu?

Le fantôme sourit et lui rend la main.

– Sauver ton âme, te montrer tes erreurs, enfin tout le baratin habituel quoi.

Ont-ils voyagé dans le temps? Dans l'espace? Valentin n'en sait rien. Il se sent seulement nauséeux alors qu'il observe autour de lui pour comprendre où il est. La neige tombe sur lui. Mais rien ne semble avoir changé excepté qu'il est au dehors, et devant une fenêtre, une nouvelle fois. Mais ce n'est pas le passé qu'il regarde, juste le présent. Une famille, un sapin, des cadeaux, pas beaucoup, et une impression de terrible tristesse.

– Qu'est-ce qu'ils ont, pourquoi ils pleurent? demande Valentin, épuisé par ce petit jeu, mais résigné désormais.

– C'est ma famille. Ils ont déjà perdu tant de choses. La richesse, la bonne réputation, un enfant, et aujourd'hui un père.

Valentin regarde ces visages tristes qui tentent tout de même de sourire parce que ce soir c'est noël et que rien ne devrait gâcher la fête, parce que s'ils peuvent espérer ne serais-ce qu'un instant, c'est ce soir.

–Désolé, je ne savais pas, fit-il, pour la première fois depuis longtemps, il a l'impression de le penser vraiment.

Le fantôme racle sa gorge. Le nécromant se tourne vers lui. Il a le sentiment que le fantôme est triste, mais pas à cause de sa famille.

– Non, c'est faux. Tu t'en moquais. Que j'ai une famille ou non, ça ne comptait pas dans la balance. De toute façon, tu ne voulais pas savoir. C'est plus simple ainsi, n'est-ce pas?

Valentin déglutit avec difficulté. Oui c'est plus simple de ne rien savoir. Tous ces gens qu'il avait tué, directement ou indirectement, il n'avait jamais imaginé qu'ils puissent avoir une famille, des amis, des espoirs, des rêves, ou alors il avait cessé d'y penser. A quel moment avait-il cessé de voir en ces gens des êtres vivants? A quel instant s'était-il mis à penser comme les vampires qu'il côtoyait? Avant au moins, quand il infligeait la souffrance c'était en toute connaissance de cause, il prenait son pied en imaginant la famille de ses victimes, en se demandant s'ils pensaient à leurs enfants, à leur petite amie, à leurs rêves qui s'effondrait, mais maintenant, il ne voit même plus tout cela.

– Il fallait que tu ouvre les yeux, Valentin. Je ne fais que te montrer la porte, c'est à toi qu'appartient de choisir de l'ouvrir ou pas.

Le jeune homme regarde autour de lui. Il est revenu à son appartement. L'intérieur si impersonnel le rassure. Il voudrait pouvoir s'asseoir dans son fauteuil, regarder la télé ou lire un livre. Mais ce maudis fantôme ne veut pas partir.

– Vous voulez quoi, que je vous dise que je vais arrêter de faire le mal, que je deviendrais un gentil garçon? Ne rêvez pas trop. Ce n'est pas parce que j'ai versé une petite larme pour votre famille que je vais changer et ce dès demain.

Valentin reprend de l'assurance à mesure que ses lèvres forment des mots, que ses pas marchent sur son parquet, dans son appartement, et dans le présent, bien réel.

– J'ai peut-être ressenti de la tristesse, de la pitié ou du regret, mais ce ne sont que des sentiments passagers. Plus le temps passe, plus ce genre de sentiments n'ont plus de prise sur moi.

Le fantôme fonce sur Valentin, exprimant colère et noirceur, tandis qu'une brume fantastique l'enveloppe.

– Ne t'imagine pas t'en tirer si facilement! Car voilà le fantôme des noëls futurs!


Le nécromant se met à rire alors que le fantôme disparaît dans un effet théâtrale.

– C'est facile de faire peur quand on est un fantôme! Mais ça ne marche plus. Vous allez me montrer ma mort, seul, amer et haït de tous, c'est ça? Comme si j'en avais quelque chose à foutre! fit-il rugissant de colère.

Valentin était rarement vulgaire, lorsqu'il le devenait c'était souvent sous l'effet de la colère. Il regarda autour de lui, il n'y avait personne. Et bien quoi? Il n'avait pas le droit à sa visite dans le futur? Le nécromant se mit à rire à nouveau, cette fois-ci c'était du soulagement qu'il ressentait. Et soudainement alors qu'il s'approche de sa déserte, il voit alors sa silhouette, pas vraiment différente de celle qu'il a à présent, mais quelque chose est différent.

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