Le fantôme des noëls à venir

C'est les lieux. La température. Il ne neige pas. Il fait plutôt chaud. Et au dehors il y a des bruits bizarres, comme si on éclatait des pétards. La pièce est sombre. Il voit sa propre silhouette affaissée sur elle-même, le bras tendu, un élastique autour, et une aiguille plantée dans son propre bras. C'est ça mon futur ? se demande-t-il, impossible. Il regarde cet être qui lui ressemble en tout point s'injecter une quelconque drogue, et expirer longuement, la tête basculée en arrière.

– Tu aurais pu passer ce noël avec une amie. Elle t'a laissé trois messages sur le répondeur, mais tu n'as pas prit la peine de lui répondre. Non, Valentin, tu ne vas pas mourir seul parce que tout le monde t'auras abandonné. Tu vas mourir tout seul parce que c'est que tu veux.

Le Valentin de 1988 observe son futur qui soudainement est secouée de soubresaut, de la bave s'accumule sur ses lèvres, son corps est secoué de tremblement. Il se précipite vers lui même pour l'aider, lui tient la tête, l'empêche de se cogner, mais rien n'y fait, le corps se secoue de plus en plus, et puis plus rien.

– C'est impossible, je suis immortel, réplique-t-il en tournant la tête vers le fantôme des noëls futurs.

Il ne distingue pas ses traits, c'est juste une silhouette lointaine.

– Pas si Vassily est mort.

Valentin secoue la tête, refusant d'y croire. Vassily mort ? Impossible. Le vampire était le Prince de Moscou. Et si Vassily venait à mourir, par un étrange coup du sort, il le suivrait dans la mort. C'était la règle des liens du sang tissés avec un immortel. Il n'était immortel que grâce au sang du vampire, si celui-ci cessait de lui en donner ou de vivre tout simplement... alors lui aussi mourrait.

– Pas si quelqu'un t'a fait un massage cardiaque. Supposons que cela soit possible, tu serais redevenu humain. Mais sans motivation, sans envie de vivre, sans même vouloir ressentir quelque chose, la drogue semble une bonne option. Et une fois qu'on tombe dedans, si l'on a rien à quoi se raccrocher, ça devient une addiction. Jusqu'au jour où tu force sur la dose.

– Non ! Non, je suis immortel ! Immortel !

La créature désabusée, la bave mousseuse aux lèvres, le regard vitreux se met à rire comme en réponse à cette négation, à cette supplique.

– Tu devrais savoir, non, que rien n'est immortel, rien n'est intouchable, et qu'à la fin, tout se paie. Je suis toi, dans le futur, Valentin, et je suis seul, j'agonise dans ce corps mortel, que je méprise. Le monde n'a jamais été aussi froid, ni aussi fade. Je ne suis qu'un fantôme, un fantôme de ton avenir. Change le, si tu le peux ! le défia son moi du futur avant de tomber, mort, d'une overdose.

Le Valentin de 1988 continuait d'hurler non non non quand le décor disparu au fur et à mesure. Il tenta de s'y accrocher, sans réellement savoir pourquoi, mais ce futur hypothétique et si effrayant disparu devant ses yeux remplis de terreur. Au dehors, le bruit des pétards résonnaient. Bientôt, l'année de 1988 allait s'achever, et le mur de Berlin tomberait, et avec lui, beaucoup de tête allaient tomber y compris celle d'un certain prince vampire...

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