Chapitre 8.

« Ailee ?

— Oui, Louis ?

— Tu ne te sens pas un peu seule ici ?

— Pourquoi cette question ?

— Tu ne connais personne à cette époque...

— Non, ça va, dit-elle en souriant tristement. Je préfère être ici qu'entre les griffes de ma mère.

— Tu es sûre ? Ton père doit te manquer pourtant.

— Ça c'est sûr mais ce n'est pas comme si je pouvais remonter le temps. Alors je vais bien.

— Tu voudrais qu'on fasse des recherches pour savoir ce qui est arrivé à ton père après que...

— Que ma mère m'ait congelée ? »

Louis ne répondit rien.

« Je n'ai pas vraiment envie de savoir pour l'instant... Je ne pense pas être prête. Et puis j'ai des choses plus importantes à faire.

— De quoi tu parles ?

— Il faut que j'arrive à m'intégrer à cette nouvelle époque. Après tout, je ne connais rien de cet endroit. Et ma première journée de cours n'a pas été une grande réussite.

— C'est vrai.

— Quand je serais prête, je ferais mes recherches. Mais il faut d'abord que je m'intègre et que je retrouve mes souvenirs, je ne me souviens plus de certaines choses...

— On est là pour t'aider si besoin. »

Il marqua une petite pause avant de dire :

« Au faites, ce bouton là c'est pour la température, si l'eau est trop chaude descends le bouton si c'est trop froid, monte-le.

— D'accord, merci. »

Louis sortit de la salle de bain et laissa Ailee qui referma la porte à clé avant de se déshabiller et de prendre une douche. L'après-midi n'avait pas été de tout repos pour elle, connaissant mal cette époque, elle avait fait pas mal de faux pas et avait eu un peu de mal à s'intégrer parmi les élèves. Malgré tout, ses nouveaux camarades de classe avaient été assez curieux à son propos et cela semblait normal étant donné qu'elle était assez mystérieuse et qu'elle hésitait toujours lorsqu'on lui posait des questions sur sa vie personnelle. Mais les garçons avaient été assez protecteurs avec elle et l'aidaient pas mal pour s'intégrer, ils lui avait présenté quelques élèves avec qui elle pouvait bien s'entendre. Elle avait l'air de plutôt bien prendre le fait de vivre ici. Le café étant fermé le lundi, Ailee, Stephen, Louis et Callum étaient seuls à la maison. Après sa douche, elle descendit pour préparer le dîner avec Louis.

« Où sont les autres ? demanda-t-elle.

— Noaz donne des cours particuliers à un enfant aujourd'hui, Tao est au magasin il y travaille comme caissier, Esteban donne des cours de guitare et Seiji des cours de japonais. On a tous un petit boulot. Ils arriveront quand le dîner sera prêt.

— Vous devez être super bien organisés.

— On l'est. On est bien obligés après tout. C'est pas facile de vivre sans adultes, de réussir à gérer nos cours, notre boulot et nos activités.

— Oui, je comprends.

— Je me pose une question à propos de ton père.

— Qu'est ce que c'est ?

— Pourquoi ne t'a-t-il pas protégée ? Il était au courant de ce que faisait ta mère ?

— Il le savait. Mais il ne pouvait pas l'abandonner, à cause d'une sorte de contrat. Il a tout fait pour me protéger.

— Alors comment as- tu fini comme ça ?

— Je ne m'en souviens plus. Je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé avant que je ne sois... »

Ailee ne finit pas sa phrase et un malaise pesa, Louis tenta de briser le silence en changeant de sujet.

« Tu as dit la dernière fois que tu ne savais pas cuisiner, tu voudrais que je t'apprenne ?

— Oui, j'adorerais.

— On a chacun notre jour pour préparer à manger, tu pourras aider quand tu auras envie.

— D'accord. Je vais vous aider autant que je peux, je n'ai pas envie d'être un poids pour vous. »

Louis lui lança juste un sourire puis lui montra quelques trucs faciles à faire en cuisine. Lorsqu'ils eurent fini Ailee mit la table et les garçons commencèrent à arriver.

« C'est un peu bizarre, dit-Seiji.

— De quoi ? demanda Stephen.

— La présence d'Ailee.

— Ça fait du bien une présence féminine, non ? Je trouve que ça change l'ambiance, c'est rafraîchissant.

— C'est vrai mais ça fait quand même bizarre. Ça ne te dérange pas de vivre avec seulement des garçons, Ailee ?

— C'est un peu étrange c'est vrai, Seiji. Mais ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix, et puis j'aime bien cet endroit alors ça ne me dérange pas trop, vous êtes sympas, dit-elle.

— Notre quotidien est un peu bouleversé avec ta présence mais Callum se plaignait toujours du fait que tous les jours se ressemblaient, dit-Tao.

— C'est vrai ! confirma Callum. Ça fait toujours du bien un peu de changement. J'ai l'impression que ça va être plus amusant à partir de maintenant.

— J'espère que ça ne vous dérange pas que je sois là.

— On était habitués à ne vivre que tous les sept mais ne t'inquiète pas, tu ne nous dérange pas. Il va juste falloir un temps d'adaptation avant que ça ne nous fasse plus bizarre dès que l'on te voit. »

Après quelques minutes, la conversation avait dérivé sur les cours.

« Tu as eu maths cet après-midi Ailee, n'est ce pas ? demanda Esteban.

— Hm oui. C'était super intéressant. J'adore cette matière.

— Vraiment ? La plupart des gens la déteste.

— Pourquoi ?

— Parce que c'est une matière compliquée, c'est beaucoup de réflexion contrairement aux matières comme l'histoire qui ne demande que des connaissances.

— Je n'ai pas trouvé que c'était compliqué pourtant, dit-elle.

— C'est fou, elle se débrouille super bien en mathématiques, dit-Stephen. J'ai voulu l'aider pour ses exercices mais quand j'ai regardé son cahier elle avait déjà tout fini et tout était bon.

— Vraiment ? C'est étrange, Ailee tu as déjà étudié les mathématiques ?

— Non, jamais.

— Alors comment ça se fait que tu aies autant de facilités ?

— Je ne sais pas, j'ai juste suivi mon instinct.

— Il se passe vraiment des choses étranges avec toi. »

Les garçons se posaient beaucoup de questions par rapport à Ailee et ses capacités ; elle s'en posait elle aussi beaucoup. Il y avait pleins de choses étranges à propos d'elle et rien ne semblait logique. Mais comme il n'y avait aucune réponse à leurs questions, et encore moins un seul indice, il se posaient ces questions en vain.

« Dites, c'est quoi la pièce qui est fermée à clef ? » demanda Ailee.

Les garçons se lancèrent un regard complice en souriant.

« C'est un secret, pour l'instant, dirent-ils.

— Un secret ?

— On t'en parlera quand on sera habitués à ta présence, okay ?

— Ça marche. »

Le dîner se finit et ils regardèrent un peu la télévision, Ailee était impressionnée parce qu'elle n'en avait jamais vu.

« C'est génial ! Comment c'est possible ? demanda-t-elle.

— C'est la magie de la technologie, répondit Seiji.

— Si tu as des questions sur l'électronique, le mieux placé pour t'aider c'est bien Seiji. Il est celui qui s'y connaît le plus.

— C'est vrai, confirma le principal intéressé. Je suis plutôt doué en informatique. »

Tout le monde savait que c'était un euphémisme. Ils continuèrent de regarder la télévision un moment puis allèrent se coucher. Le lendemain matin, quand Ailee se leva, Noaz était en train de préparer le petit déjeuner.

« C'est toi qui cuisine le mardi ? » demanda-t-elle depuis l'entrée de la cuisine.

Il se retourna, surpris.

« Ah, Ailee, c'est toi. Tu m'as fait peur.

— Désolé.

— C'est rien. Oui, c'est moi qui cuisine le mardi.

— Comme vous êtes sept c'est pratique, vous avez chacun votre jour pour cuisiner.

— C'est vrai, c'est assez pratique.

— Louis m'a appris quelques trucs hier, j'aimerais bien apprendre à cuisiner.

— Tu veux que je te montre d'autres choses ? Comme ça tu sauras faire plus de plats.

— Je veux bien. »

Pendant qu'ils cuisinaient, Ailee demanda :

« Louis court tous les matins ?

— Oui, c'est parce qu'il n'a pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil ; du coup comme il se lève avant tout le monde, il va courir tranquillement puis prend sa douche. La plupart du temps il retourne dans sa chambre après et attend en lisant.

— Hm d'accord.

— Pourquoi t'intéresse-tu à lui en particulier ?

— Je ne m'intéresse pas à lui en particulier mais je me pose beaucoup de questions à propos de vous tous.

— On se pose aussi beaucoup de questions à propos de toi. Tu es assez mystérieuse comme fille.

— Je suppose que tout le monde se pose toujours des questions.

— Tu dois aussi te sentir un peu perdu, non ? Tu as dit que tu avais oublié certaines choses à propos de ton passé.

— Oui, c'est vrai. Il y a certaines choses dont je n'arrive pas à me rappeler, par exemple comment j'en suis arrivé là ; je sais que c'est ma mère qui m'a fait ça mais je ne me souviens de rien d'autre.

— Même si tu dis le contraire, j'ai l'impression que ce n'est pas facile pour toi d'être ici.

— Tu as remarqué ?

— Je suis assez perspicace, mais c'est aussi assez évident. Je pense que tout le monde l'a remarqué mais qu'ils n'osent rien dire.

— Mon père me manque...

— Tu n'avais vraiment pas d'amis, à ton époque ?

— Non, pas vraiment. Je ne sortais pas beaucoup. Je passais surtout beaucoup de temps enfermée au château ou en voyage avec mon père.

— C'est ta mère qui t'empêchait de sortir ?

— Oui, elle était assez stricte avec moi. Mais elle n'accompagnait pas mon père dans ses voyages, c'est pour ça que je partais avec lui.

— Tu évitais ta mère...

— Oui... Disons qu'il y a pas mal de choses qui me font peur à cause d'elle.

— Tu n'as vraiment pas eu de chance. Mais pourquoi elle te déteste autant ?

— Je ne me souviens plus vraiment mais je crois que ça avait un rapport avec l'héritage de mon père.

— Ah, les héritages... C'est toujours une source de conflits. »

Ils finirent de préparer à manger et Ailee mit la table. Les garçons arrivèrent et ils mangèrent tous ensemble. Ailee, Stephen, Noaz et Louis partirent les premiers pour le lycée ; les autres commençant une heure plus tard. Ils commencèrent avec une heure d'anglais. La professeur demanda à Ailee de se présenter en anglais, ce qu'elle fit avec simplicité, la professeur lui fit des éloges. S'en suivit une heure de philosophie et deux heures de mathématiques ; ils rentrèrent ensuite tous chez eux et Noaz prépara le déjeuner.

« Alors, ton premier cours d'Anglais ? demanda Callum.

— C'est sympa mais un peu trop facile... C'est ennuyant.

— Cet après-midi tu vas aller au café avec Louis et Stephen comme vous n'avez pas cours. Tu verras, tu ne t'ennuieras pas.

— On a pas cours cet après-midi ?

— Non, dit Louis. On est en repos le mardi après-midi et le mercredi matin, du coup on va bosser au café.

— Ah, d'accord. Je n'ai pas encore vraiment lu notre emploi du temps. Mais et vous, vous avez cours ? demanda-t-elle à l'intention de Callum, Esteban, Seiji et Tao.

— Oui, on a deux heures de cours, dit-Callum. Je vous rejoindrai au café après les cours.

— Noaz, tu vas faire quoi cet après-midi ?

— En temps normal je fais un peu de ménage dans la maison et je travaille sur mes cours. »

Ils mangèrent tranquillement puis Ailee, Louis et Stephen partirent en direction du café.

« Ah, voilà la petite nouvelle, Ailee, c'est ça ? voulut confirmer le patron.

— Oui, c'est ça.

— C'est parfait, Louis va te montrer ce que tu dois faire. Louis, ça ira ?

— Oui, bien sûr.

— Bon, et bien, c'est parti ! »

Louis montra à Ailee tout ce qu'elle devait faire ; elle assimilait facilement ce qu'il lui montrait.

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