Chapitre 6.

Les garçons l'emmenèrent rapidement à l'hôpital le plus proche. Un médecin commença à l'examiner mais ne trouva rien de suspect.

« Est-ce que ça lui est déjà arrivé ? » demanda le médecin à Louis.

Il était le seul, avec Stephen, à avoir eu le courage de rester à l'hôpital jusqu'à aussi tard le soir. Les autres étaient allés chercher à manger ou étaient partis dormir.

« Elle a été dans le coma pendant quelque temps... dit-il.

— Combien de temps exactement ?

— Je ne sais pas vraiment. C'est juste ma colocataire, je ne la connais que depuis peu.

— Je vois. Elle allait bien aujourd'hui ?

— Hm. Je pense que oui.

— Elle a fait beaucoup de choses ?

— Oui, on a pas mal bougé aujourd'hui.

— C'est peut-être ça qui a entraîné une rechute. Mais je ne vois pas les symptômes d'un épuisement, c'est étrange.

— Elle a juste eu un vertige avant de s'évanouir, elle s'est assise sur un banc et en se relevant elle s'est évanouie.

— Elle avait mal quelque part ?

— Non, je ne crois pas. En tout cas, elle n'a rien dit.

— Vous avez appelé ses représentants légaux ?

— Elle est majeure. Et elle n'a plus de famille.

— Vous avez ses papiers ?

— Oui, bien sûr. Ils doivent être dans son sac, attendez. »

Louis alla chercher Stephen qui avait le sac d'Ailee. Ils l'emmenèrent jusqu'au médecin et lui donnèrent la carte d'identité de la jeune fille. Après deux heures d'inconscience, Ailee se réveilla mystérieusement.

« Ailee, ça va ? demanda Louis.

— Oui, oui, ça va. »

Louis alla chercher le médecin qui lui posa plein de questions. Elle eut finalement le droit de rentrer à la maison le dimanche dans la matinée, comme rien d'inhabituel n'avait été trouvé sur ses résultats d'examens. Ailee avait quand même l'air un peu différente. Sur le chemin du retour, Stephen s'inquiéta pour elle.

« Tu es sûre que ça va Ailee ?

— Oui, oui.

— Ça n'a pas l'air...

— J'ai juste fais des rêves bizarres pendant mon malaise.

— Quoi comme rêves ?

— Je ne sais pas trop, je n'ai pas tout compris... »

Rentrés chez eux, ils mangèrent un peu et durent tous aller à la banque.

« On est désolés de vous faire travailler un dimanche, dit-Callum.

— Oh, ce n'est rien, je suis en vacances la semaine prochaine alors bon... Un jour de travail en plus, ça ne me tuera pas.

— On voudrait ouvrir un compte en banque et ajouter cette jeune fille au contrat de remboursement de la maison. Elle vient d'emménager avec nous. Elle a déjà un petit boulot.

— Vous voulez baisser vos parts ou juste qu'elle paye la même chose que vous pour rembourser la maison plus rapidement ?

— On se débrouille bien en ce moment, on a pas vraiment de problèmes d'argent alors je pense qu'on peux lui faire payer la même chose que nous.

— Très bien. »

Le banquier s'occupa du compte en banque, lui dit qu'il faudrait environ une semaine pour qu'elle reçoive sa carte bleue puis fit des calculs.

« Vous gagnerez deux ans, à cette vitesse.

— Deux ans ?

— Oui. Je vous avais toujours dit que vous devriez trouver un autre colocataire si vous ne vouliez pas être endettés trop longtemps. Vous ne m'aviez encore jamais écouté plus d'un an que vous êtes mes clients. Qu'est ce qui vous a fait changer d'avis ?

— Cette fois, on n'a pas trop eu le choix.

— Bon, ça vous convient ? On signe maintenant le nouveau contrat ?

— Oui, bien sûr ! »

Le banquier imprima le contrat autant de fois que nécessaire. Et tout le monde le signa.

« Il ne manque aucun exemplaire ?

— Non c'est bon, tout le monde en a un. »

Les garçons et Ailee saluèrent le banquier et partirent.

« C'est bien, dit-Noaz. On aura fini de rembourser la maison avant que je ne finisse mes études.

— Dites, demanda Ailee. C'est comment le lycée ?

— Tu as envie de savoir ?

— Oui, c'est pour ça que je demande.

— C'est un peu comme une prison. Tu es obligé d'y aller tous les jours et écouter les profs t'expliquer des choses sans intérêt, dit-Esteban.

— C'est comme ça que tu le vois toi ? dit-Noaz. Moi je le vois plus comme un endroit où au moins on a pas nos parents dans les pattes tout le temps. »

Ailee les regarda sans comprendre.

« Laisse-les, dit-Louis. Le lycée c'est juste comme la vie. Tu es obligé d'y rester, tu apprends des choses, il y a des conflits, des alliances, les plus riches gouvernent, tout le monde n'est pas toujours heureux, il y a des hauts et des bas, certaines choses que tu préfère à d'autres.

— Je vais pouvoir me faire des amis ? Je n'ai jamais eu d'amis.

— Ben, oui, je suppose. Tu n'as jamais eu d'amis ?

— Non. Je passais tout mon temps soit au château soit en voyage avec mon père.

— Donc tu n'as jamais eu de petit-ami ? demanda Stephen.

— Un petit-ami ?

— Oui, un copain, quelqu'un que tu aimes.

— J'avais un fiancé mais je ne l'aimais pas.

— Pourquoi ?

— C'était un futur mariage arrangé. Mais avant d'avoir 18 ans, j'ai refusé de me marier avec lui.

— Ta mère ? demanda-Louis

— Quoi ?

— C'est ta mère qui voulait te marier avec lui ?

— Oui, comment tu le sais ?

— L'instinct.

— J'ai vraiment trop envie d'aller au lycée !

— Au fait Ailee, dit Tao, hier j'ai été t'acheter ton matériel scolaire pendant que tu étais évanouie.

— Mon matériel scolaire ?

— Oui, des cahiers, des stylos, tout ce qu'il faut pour étudier.

— Merci ! »

L'après-midi passa rapidement, Tao montra à Ailee l'utilité de chacun de ses nouveaux outils de travail. Ils dînèrent ensuite.

« Tu es prête pour aller au lycée ? demanda Callum. Il faudra te lever tôt demain matin

— Oui, j'ai hâte d'y être !

— Tu crois que tu vas t'en sortir ?

— Je ne sais pas vraiment. On verra bien. Je pense que je vais avoir un peu de mal à m'habituer à cette époque mais j'espère que ça va bien se passer.

— Ça risque d'être difficile au début mais tu vas t'y faire. Tant que tu arrives à passer inaperçue.

— Pourquoi passer inaperçue ?

— Disons que pour éviter d'avoir des problèmes, c'est mieux d'être discret.

— Quel genre de problèmes ?

— Au lycée, il n'y a pas que des gens qui te veulent du bien, dit-Louis. Certaines personnes aiment bien ennuyer les autres. Mais personne n'aime être ennuyé.

— Et vous les laissez faire ?

— On a pas tant de pouvoir que ça pour régler les problèmes des autres.

— Mais vous m'avez aidée moi.

— Parce qu'on ne voulait pas te laisser seule livrée à ce monde de brutes. Chacun à ses problèmes, certains devraient apprendre à les régler seuls, et d'autres ont besoin d'aide pour les régler, comme toi. Les gens au lycée se font embêter parce qu'ils ne savent pas comment se débrouiller seuls, les aider à s'en sortir cette fois ne les aidera pas pour la suite.

— Je ne pense pas comme toi, Louis, dit-Ailee. On devrait aider les gens, peu importe qui ils sont.

— Et bien tu peux avoir cet avis là mais je ne suis pas d'accord avec toi. Je ne dis pas que certains ne méritent pas d'être aidés mais simplement que ce que tu penses pouvoir faire ne les aidera pas à s'affirmer. Ils passeront juste le reste de leur vie à se cacher derrière les autres pour survivre.

— Et alors, si c'est la seule solution pour qu'ils vivent. Est-ce que ça importe vraiment ?

— Bien sûr que oui. S'ils ne sont pas assez forts pour survivre dans ce monde par leurs propres moyens alors autant mourir tout de suite. »

Ailee gifla Louis. Tout le monde les regardaient se disputer depuis qu'ils avaient commencé leur débat. Ils eurent tous l'air choqués de la situation.

« Tu trouves ça humain de penser ainsi ? demanda-t-elle. Tout le monde doit avoir l'opportunité de vivre, peu importe ses faiblesses. J'ai passé toute mon enfance à fuir, est-ce que ça signifie que je ne devrais pas vivre ? Tout ça sous prétexte que je n'ai pas la force de faire face à mes problèmes ?

— Chacun a ses problèmes. Ta vie ne m'intéresse pas. J'ai aussi des problèmes, et j'y fais face. Seul. »

Louis monta dans sa chambre et claqua violemment sa porte.

« Ne fait pas trop attention à ce qu'il a dit, fit-Stephen. Il a ses raisons, et il ne pense pas ce qu'il vient de dire alors ne lui en veux pas trop. C'est la solitude qu'il a ressenti toute sa vie qui le fait parler comme ça. »

Ailee le regarda étonnée.

« Disons qu'il a des circonstances atténuantes. Je ne pense pas que ce soit à moi de t'en parler, il le fera s'il le veut.

— D''accord, dit-elle en regardant l'escalier sombre.

— Ici on a tous notre petite histoire. On se connaît bien les uns les autres mais en dehors de nous on en parle rarement. On a tous nos problèmes respectifs et on a pas vraiment le temps de s'occuper de ceux des autres.

— Je devrais sans doute aller m'excuser...

— Si tu le fais ce soir, il n'acceptera jamais tes excuses. Même s'il sait qu'il est en tort. Tu devrais t'excuser de l'avoir giflé mais à ta place, plutôt que d'y aller de front, je m'occuperais de lui faciliter la tâche demain matin.

— Comment ?

— Il te suffit juste de... »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top