Chapitre 33.
Le soir même, vers 22h, Louis croisa Stephen dans la maison.
« Elle est où Ailee ? demanda Louis. Je voulais aller la voir dans sa chambre mais elle n'y est pas.
— À l'heure qu'il est, elle doit m'attendre, seule sous la pluie. Pourquoi ? demanda Stephen avec un air innocent.
— Quoi ? s'exclama-t-il.
— Je lui ai proposé un rendez-vous. Elle a accepté, je veux voir combien de temps elle va m'attendre avant de comprendre que je ne viendrais pas. »
Louis s'énerva.
« Tu te fous de moi ? Je peux savoir pourquoi tu fais ça à Ailee ?
— En quoi ça te concerne, Louis ? Tu n'es pas son petit-ami à ce que je sache.
— Comment tu peux dire ça ? Elle est plus importante que ça à mes yeux !
— Je sais Louis, mais tu es bien trop aveugle.
— Quoi ?
— Tu ne comprends donc pas ? Louis, si elle est si importante à tes yeux, c'est parce que tu l'aimes. Il faut que tu ouvres les yeux, arrête de te voiler la face. Je sais très bien que ça fait pas mal de temps que tu te demandes pourquoi tu te comportes comme ça avec elle alors que les gens ne t'ont jamais intéressé.
— Comment tu sais ça ?
— Louis, c'est flagrant, presque tous les garçons l'ont remarqué. Tu es toujours jaloux lorsqu'il s'agit d'elle. Mais arrête de réfléchir et rejoint la !
Louis ouvrit grand les yeux, mit ses chaussures à la hâte et sortit en courant. Il courut jusqu'à retrouver Ailee, qui était assise sur un banc à l'abri de la pluie. Il était, quant à lui, complètement trempé.
« Quel idiot je fais » pensa-t-il. « Comment j'ai fait pour ne pas voir que je l'aime ? »
Ailee entendit les pensées de Louis et releva le visage vers lui. Ils se regardèrent dans les yeux un long instant et Ailee se releva de son banc. Louis se dirigea d'un pas rapide vers elle et se mit à l'abri de la pluie.
« Qu'est ce que tu fais encore là ? » demanda-t-il.
« J'étais tellement inquiet. »
« J'attendais, répondit-elle.
— Stephen ne viendra pas.
— Je sais.
— Mais alors pourquoi tu attends ?
— Je n'ai jamais dit que j'attendais Stephen.
— Comment ça ?
— Je t'attendais Louis. Je savais très bien ce que Stephen avait prévu. Qu'il m'avait menti à propos de ce rendez-vous.
— Je ne comprends pas » dit-il.
Ailee sourit. Elle attrapa le bras de Louis et le tira vers elle. Elle posa ses lèvres sur les siennes. Louis parut étonné de cet acte soudain. Il se laissa faire et finit par rendre son baiser à Ailee. Ils se séparèrent et Ailee se mit à rire.
« Tu es trempé.
— J'étais inquiet.
— J'ai un parapluie. On rentre ? Tu vas attraper un rhume. »
Louis acquiesça. Ailee lui passa son manteau pour qu'il se couvre puis ils rentrèrent en marchant sous le parapluie. Lorsqu'ils furent à la maison, Louis alla se changer puis ils discutèrent dans la chambre d'Ailee.
« Comment tu t'es rendue compte que tu m'aimais ? demanda Louis.
— Je ne sais pas, ça s'est fait naturellement. Je pensais souvent à toi, j'étais curieuse à ton propos. Je me suis rendue compte que je tenais à toi différent, par rapport aux autres. Je vous aime autant les uns que les autres, mais mes sentiments pour toi sont différents, ils ont une signification différente, je le sais.
— Comment tu peux dire ça ?
— Quoi ?
— Comment peux tu tous nous aimer autant ? Tu dois m'aimer plus que les autres. »
Ailee explosa de rire.
« Tu es vraiment incorrigible, Louis. Je te l'ai dit, même si je vous aime autant, mes sentiments pour toi sont différents. Comme les sentiments que j'éprouve pour mon père, j'aime autant mon père que je t'aime toi et les garçons mais c'est un sentiment différent qui anime cet amour. Tu comprends ?
— Bien sûr. Mais je suis quand même un peu jaloux. Ne fais plus de câlin à Stephen.
— Louis, tu sais que tu devrais avoir un peu plus confiance en toi. Ne sois pas jaloux, l'amour c'est aussi laisser son espace à l'autre. »
Louis fit mine de bouder puis prit Ailee dans ses bras.
« Et si je ne veux pas te laisser ton espace ?
— Alors reste coller à moi pour l'éternité.
— Ça c'est une bonne idée. Du coup, notre mensonge n'en est plus un, à propos de mon père.
— C'est vrai ça. Du coup ce sera moins embarrassant. »
Ailee et Louis se tenaient par la main tout en discutant.
« C'est un peu étrange quand même, dit-Louis.
— Tu trouves ?
— Oui, on se connaît depuis, quoi ? Un mois et demi. Et on sort déjà ensemble. Tout s'est fait très rapidement non ? Est ce que ce n'est pas trop tôt pour savoir que l'on s'aime ?
— Je ne sais pas. Je pense que l'amour ne se contrôle pas, tu peux tomber amoureux au premier regard comme tu peux prendre 15 ans avant de tomber amoureux de quelqu'un. Et puis tu peux tomber amoureux au premier regard et ne t'en rendre compte que 15 ans après. Mais si tu hésites, ce n'est rien, prends ton temps pour y réfléchir. Je ne suis pas pressée, après tout j'ai attendue pendant plus de six cent ans, le jour où quelqu'un me libérerait enfin. Alors, si je dois attendre encore afin d'être avec celui que j'aime, j'attendrai, autant de temps qu'il faudra. Sache juste que mon cœur ne sera peut-être pas aussi patient.
— Ailee, tu fais déjà partie de moi, je ne peux pas le nier. J'ai juste l'impression que tout ça est irréel. Je me demande comment j'ai pu tomber amoureux aussi facilement alors que pendant tout ce temps j'ai été incapable de me rapprocher de n'importe quelle fille à cause de ce qui est arrivé à ma mère. J'évitais toujours tout le monde avant l'année dernière et puis j'ai rencontré les garçons et j'ai réussi à me lier d'amitié avec eux mais je n'arrivais toujours pas avec les filles. Et soudainement tu es arrivée dans ma vie et franchement tu as chamboulé ma vie. Je me suis énervé contre toi une fois, tu te souviens ? »
Ailee acquiesça.
« Je ne m'étais jamais énervé sur quelqu'un comme ça avant. Mais ce que tu as dit ce jour-là, je savais que tu avais raison mais je me sentais tellement coupable. Tu m'as vraiment ébranlé ce jour-là. Ton arrivée était tellement inattendue et tu étais tellement différente de ces autres filles. Tu m'as beaucoup fait rire, je me suis senti mal à l'aise par moment, comme ce jour dans le magasin de sous-vêtements, je me suis senti moins seul lorsque tu étais là. Tu es vraiment unique à mes yeux. Ailee, avant que tu n'arrives dans ma vie, je n'étais qu'une coquille vide avec une pointe d'espoir, l'espoir que m'avaient transmis les garçons. »
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