Chapitre 30.

Les garçons étaient silencieux depuis une dizaine de minutes. Stephen brisa ce silence pesant.

« Mais, c'est vrai, elle était sérieuse ?

— Je ne l'ai jamais vu aussi sérieuse, répondit Louis.

— Alors pendant tout ce temps. Ça n'a vraiment pas dû être facile pour elle.

— On est censés faire comment demain ? demanda Callum. On fait comme si de rien n'était et on attend qu'elle en parle d'elle-même ?

— Je suppose que c'est mieux. Si elle ne veut pas en parler, il ne faut pas la forcer. »

Le lendemain matin, au petit-déjeuner, l'ambiance était tendue, personne n'osait parler. Ailee, les yeux rivés sur son chocolat chaud décida de dire quelque chose.

« Je suis désolée d'avoir menti, articula-t-elle. Quand je me suis réveillée ici, je me suis présentée comme Madeleine Moon parce que je n'avais pas d'autre identité à donner. Et puis je n'ai jamais réussi à éclaircir le malentendu par la suite, je n'arrivais simplement pas à vous dire la vérité. J'avais, juste une fois, envie d'être la fille de mon père. Celle que le monde entier connaissait comme sa fille et pas une simple remplaçante.

— Tu es la fille de ton père, dit-Louis. Comment pourrait-il en être autrement ? Celle que le monde connaît c'est toi, pas ta demi-sœur morte. Ton vrai prénom n'est peut-être pas Madeleine mais tu es bien une Moon peu importe ce que dit l'Histoire. Et tu te trompes lorsque tu dis que tu ne connais pas ton vrai nom. Tu as dit que ton père t'avait dit que si cela ne tenait qu'à lui, il t'aurait appelée Lili. Dans ton sang coule celui de ton père mais aujourd'hui tu es Ailee LeeHa, tu dois passer à autre chose maintenant. Je ne te dis pas d'oublier ton identité, mais il faut apprendre à vivre avec ton passé et profiter de ta nouvelle vie. »

Les autres garçons étaient assez surpris du discours de leur ami qui n'avait pas l'habitude de parler de ce genre de choses. Louis se rendit compte, en parlant, qu'il avait besoin de parler avec son propre père, il comprenait qu'il ne pouvait pas rester indéfiniment sans exprimer ses sentiments. Ailee lui ouvrait les yeux, il devait faire quelque chose pour arranger les choses avec son père avant de le perdre définitivement et de le regretter.

« Je vais profiter de noël pour essayer de lui parler calmement » pensa-t-il.

Le week-end repris comme si de rien n'était même si Ailee semblait plus mélancolique. Elle parla un peu avec chaque garçon pour s'expliquer. Le début de semaine arriva rapidement et Ailee décida de parler de sa situation avec Laura, elles étaient amies maintenant après tout. Le lundi soir, elles allèrent donc chez Laura et parlèrent. Laura était très étonnée et pensait à une blague au début mais elle finit par comprendre qu'Ailee était sérieuse.

« Donc c'était toi sur le portrait au musée ?

— Oui. »

Laura était surexcitée, elle adorait l'histoire et demanda donc à Ailee plein de détails sur son époque. Ailee était assez contente, elle ne s'imaginait pas que Laura le prendrait aussi bien. Le lundi matin, après le cours d'histoire, le professeur demanda à Ailee de rester pour parler pendant la pause. Elle accepta sans réfléchir.

« Madeleine. Je pense que je te dois la vérité. »

Il eut un rire nerveux.

« C'est bizarre, dit-il. Être en face de toi comme ça, te parler. Je ne m'attendais pas à pouvoir te voir réveillée.

— Je ne comprends, dit-elle.

— Tu te souviens de ce jeune écuyer qui t'a sauvé de ta mère à plusieurs reprises ?

— Bien sûr. J'étais amoureuse de lui.

— S'il avait su cela, il aurait été le plus heureux des hommes.

— Et donc ?

— Je suis son descendant. Il avait promis au roi qu'il te protégerait au prix de sa vie. Quand tu as été enfermée par Katherina, il t'a surveillé pendant des années en espérant que tu te réveille. Quand la reine est finalement morte, le sort qui t'a été jeté à commencé à faire n'importe quoi donc il a passé un pacte avec le sort.

— Un pacte, avec un sort ?

— Oui, le sort a commencé à avoir une volonté propre lorsque la reine est morte. Le pacte disait que ma famille devrait te protéger jusqu'à ce qu'il trouve la personne parfaite pour te sauver. Donc j'ai hérité de cette tâche, j'entends toujours le sort me parler. On t'a déplacé au musée de cette ville pour que j'ai le temps de chercher quelqu'un qui ferait l'affaire, c'est pour ça que je ne donnais pas cours pendant ce temps-là. Puis un jour, le sort m'a dit qu'il avait trouvé, que tu venais d'être délivrée, donc je suis rentré.

— Mais, vous parlez toujours avec le sort ?

— Oui.

— Pourquoi ? Je suis libérée alors pourquoi est-il toujours présent ?

— Le sort à une durée de vie de dix mille ans.

— Dix mille ans ?

— Oui, il disparaîtra dans neuf-mille-trois cent soixante-dix-huit ans.

— Comment ça ?

— Ailee – puisque c'est ton nom maintenant – tu es immortelle.

— Quoi ? s'exclama-t-elle.

— Le sort te rend immortelle. Tu mourras dans neuf-mille-trois cent soixante-dix-huit ans, on en tout cas, tu recommencera à vieillir à ce moment-là.

— Je ne comprends rien » dit-elle.

Son cœur battait à la chamade, elle n'arrivait plus à réfléchir correctement.

« Neuf mille ans ?

— Oui.

— Mais alors, je vais voir les garçons vieillir et mourir.

— Oui, ce sort est bien cruel, bien que ce ne soit pas volontaire de sa part.

— Mais, je ne vais pas vieillir ?

– Non, tu auras toujours l'apparence d'une adolescente de 18 ans.

— Mais... Imaginons que j'ai des enfants, que se passera-t-il pour eux ?

— Je n'en ai aucune idée, mais je suppose qu'il vieilliront et mourront comme le commun des mortels.

— Mais ça ne va m'apporter que l'immortalité, ce sort ? N'est ce pas ?

— Pas tout à fait. À vrai dire, tu t'en ai peut-être rendue compte mais parfois tu entends des choses que les autres ne disent pas, n'est ce pas ?

— Euh, oui, c'est vrai.

— Pour l'instant tu n'entends que quelques mots et phrases mais ta capacité va se développer et tu pourras un jour entendre toutes les pensées des gens, dit-il en se mordant nerveusement la lèvre.

— Je pourrais lire dans les pensées ? C'est ce que vous êtes en train de dire ?

— Oui. »

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