Ailee et Louis avaient déjà bu plusieurs verres. Louis était toujours dans son état normal – il tenait bien l'alcool – mais Ailee commençait à être bourrée.

« Cette fille est trooop jolie, dit-elle.

— Tu es aussi jolie, Ailee. »

Ailee explosa de rire.

« Tu parles. Je suis trop vintage, moi.

— Vintage ? On dirait bien que tu t'habitue à cette époque. »

Elle prit un autre verre qu'elle bu cul-sec. Louis n'avait pas l'air de vouloir l'arrêter.

« Louis ?

— Quoi ?

— Je te plais ?

— Hein ? Euh, bah. C'est pas que tu me plais pas mais, je... »

Ailee riait encore.

« Je t'aime bien, t'es mignon. Louis, tu veux connaître la vérité sur moi ?

— La vérité ?

— Hm-hm. Oui, tu veux que je te raconte toute la vérité ?

— Et bien, oui.

— Je sais, dit-elle en riant. Tu es trop curieux. C'est pour ça que tu m'as emmené ici et que tu me laisses boire. »

Elle inspira, comme si elle essayait de se concentrer.

« Je ne suis pas Madeleine Moon.

— Quoi ? s'exclama Louis.

— La princesse, c'est pas moi.

— Qu'est ce que tu veux dire, tu n'es pas la fille du roi ?

— Ah, si ! Mon père est le roi, mais je ne suis pas la fille de la reine.

— Donc tu es bien Madeleine Moon ?

— Mais non ! Ça, c'est le nom de la fille du roi et de la reine. Pas le mien. »

Quelques larmes coulèrent le long de ses joues.

« Je ne connais même pas mon nom de toute façon.

— Mais qu'est ce que tu racontes ?

— Je vais te raconter une histoire. Elle répondra à toutes tes questions, tu verras.

— Hm, d'accord.

— Un jour, le roi de France, Philippe fût marié à une femme du nom de Katerina, c'était un mariage arrangé, pas un mariage d'amour. Le roi n'aimait vraiment pas la reine. Cependant, ils essayèrent de faire un enfant, mais malgré beaucoup d'essais la reine ne tombait jamais enceinte. Lors d'une rencontre entre familles, le roi fit la connaissance de la princesse, sœur de la reine. Il en tomba éperdument amoureux. Il coucha avec elle une seule fois, une seule et elle tomba enceinte. Quelques jours plus tard, la reine tomba à son tour enceinte. Le roi ne savait pas quoi faire. Il finit par dire toute la vérité à la reine qui ne lui en voulu pas vraiment. Ils décidèrent d'héberger la princesse au château en cachant la vérité au reste du monde. Les deux femmes accouchèrent à quelques jours de différence. La reine mit donc au jour la princesse héritière, Madeleine Moon. Étonnement les deux enfants se ressemblaient beaucoup, c'étaient deux petites filles qui avaient tout pris chez le roi, physiquement. Lorsqu'elles eurent 2 ans, la princesse tomba malade et mourût. La reine était effondrée. Quelques jours plus tard, alors que la nouvelle n'avait pas encore été annoncée au peuple, la sœur de la reine fût assassinée. La reine eut la bonne idée de faire croire au peuple que la fille de sa sœur était la princesse. Pourquoi ? Parce qu'autrement cette enfant n'avait ni père ni mère, puisque son père ne pouvait pas la montrer comme sa fille ; et parce que le roi avait besoin d'une héritière. L'enfant prit donc l'identité de Madeleine Moon. »

Ailee soupira tristement.

« Tu l'as deviné, cette enfant c'était moi. Malgré que ce soit la reine qui l'ai proposé, elle n'arriva jamais à me considérer comme sa fille et me maltraita, elle me répétait sans cesse que je n'étais pas sa fille et que je ne la remplacerais jamais. Voilà comment je suis devenue Madeleine Moon. Finalement je ne suis rien de plus qu'une remplaçante. Bien sûr, j'ai appris plus tard que c'était la reine qui avait tué ma mère. »

Louis était totalement sous le choc.

« Si je m'attendais à ça, dit-il.

— Je sais. C'est surprenant.

— Je suis désolé, dit-il.

— Pourquoi ?

— Parce que je t'ai laissé te bourrer. Peut-être que si tu étais dans ton état normal tu n'aurais rien dit. J'ai l'impression de t'avoir volé cet aveux. »

Ailee le regarda en souriant.

« Je suis encore sobre, Louis.

— Quoi ?

— J'avais juste besoin de parler.

— Mais je croyais que...

— Je sais. C'était juste l'effet de l'adrénaline avant de tout avouer. »

Ils continuèrent de boire jusqu'à ce qu'Ailee soit vraiment bourrée. Louis dû l'aider à marcher jusqu'à la maison. Les garçons, qui normalement auraient dû dormir, étaient dans le salon, en train de les attendre.

« Oh ! Ce sont les sauveurs de la princesse factice ! s'exclama-t-elle en repoussant Louis qui la tenait toujours.

— Elle est bourrée ? demanda-Stephen. Qu'est ce qu'elle raconte ?

— Je suis désolééééée, les gars, dit-elle. Je suis une menteuse professionnelle.

— Il s'est passé quelque chose, Louis ? »

Louis ne répondit rien et soupira.

« Je vous aime, dit-elle. Beaucoup, beaucoup, beaucoup. Vous êtes trop gentils. »

Quelques larmes coulèrent le long de ses joues. Stephen l'attrapa par les épaules et se baissa un peu pour être à hauteur de ses yeux.

« Ça va ? demanda-t-il.

— Non. J'ai envie de dormir. Très longtemps. Jusqu'à ce que la terre m'engloutisse et que je disparaisse.

— Ailee ?

– Je veux voir ma mère.

— Ta mère ? Mais, pourquoi ?

— Je vous expliquerais plus tard, dit-Louis.

— Dit, Stephen, continua-t-elle. C'est quoi mon prénom ?

— Ailee.

— Oui, c'est ça. Je m'appelle Ailee. Ce n'est pas comme si j'avais une autre identité de toute façon. Je ne suis rien de plus qu'Ailee l'usurpatrice. »

Sur ces mots, elle s'endormit dans les bras de Stephen. Il la porta jusqu'à sa chambre où il l'allongea sur son lit. Il redescendit ensuite.

« Je l'ai mise dans son lit » dit-il avant de demander à Louis des explications.

Louis leur expliqua tout ce que Ailee lui avait dit ce soir-là.